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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Menace sur " l'islam noir " Par Ousman Blondin DIOP


Menace sur " l'islam noir " Par Ousman Blondin DIOP
Le fondamentalisme avance en Afrique, au sud du Sahara

Il y a encore peu, l'Afrique subsaharienne semblait épargnée par l'intégrisme religieux musulman, notamment sous sa forme terroriste. La prise du pouvoir en 2006 par les Chebab en Somalie constituait une exception très localisée.L'irruption du mouvement armé Ansar Eddine, qui se propose d'instaurer la charia au Mali, vient apporter un démenti préoccupant à cette tranquille certitude.

Ainsi, en dépit de l'attention soutenue portée par les pays voisins et amis du Mali (Algérie, Mauritanie, Niger, Tchad et France) au projet de l'ancien Guide libyen de créer un Etat saharien arabe, nul ne s'attendait à une telle accélération et radicalisation sur la voie de l'islamisation politique en plein Sahel.

Si rien ne permet d'affirmer l'existence d'un lien organique entre Al-Qaida et Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), on peut toutefois constater que la région fait face à des mouvements islamistes structurés et puissants : Boko Haram au Nigeria, un pays dont certains Etats réclament également l'instauration de la charia, au point de menacer la stabilité du pouvoir central ; la montée des périls entre les deux Soudans qui exacerbera, sans nul doute, les violences entre Noirs chrétiens du sud et Arabo-Musulmans du nord ; sans oublier les effets collatéraux des circonstances de la chute du Guide libyen Kadhafi et l'incommensurable circulation d'armes qui en résulte.

Bref, en atteignant le nord du Mali, dans un Sahel frappé par la sécheresse et une sévère crise alimentaire, les groupes armés islamistes sont désormais la principale menace de déstabilisation de la région. Si l'urgence reste bien de rétablir durablement l'Etat du Mali dans son intégrité territoriale, il faut également reconnaître qu'une autre menace se profile à l'horizon, celle qui pèse sur l'islam noir.

Historiquement, l'islamisation de l'Afrique noire s'est construite sur la rencontre entre des sociétés aux traditions sociales et spirituelles indigènes avec des valeurs nouvelles, différentes et d'origine arabo-berbère, véhiculées par le commerce caravanier, mais qui parviendront à un syncrétisme religieux tout à fait original. Ces sociétés préislamiques sont caractérisées par une conception de l'univers, la " weltanschauung ", fondée sur l'animisme, la force et la présence des esprits, la possibilité d'un dialogue avec les morts, d'où le culte des ancêtres, et la capacité d'agir sur les événements grâce aux pouvoirs supposés " surnaturels " détenus par certains membres de la communauté (chamans ou marabouts). Mis ensemble, tous ces éléments seront incorporés dans l'acceptation de la soumission à l'islam dont la foi est simple, claire et solide.

Cette africanisation de l'islam favorise l'expansion de cette religion entre 680 et 1840 (arrivée des premiers Portugais) pour en faire un instrument de résistance face au christianisme, religion des envahisseurs étrangers véhiculée par les administrateurs coloniaux et les missionnaires.

Ainsi, si l'islam a pu épouser les valeurs et pratiques antéislamiques des sociétés spirituelles traditionnelles des Africains, cela tient précisément à sa souplesse d'adaptation qui n'entraînait pas de rupture avec la coutume. Tolérance de la polygamie, maintien de l'esclavage, des rites funéraires locaux, les lignages matrilinéaires et des croyances non systématiques, y compris les fétiches.

S'y ajoutent le sentiment coreligionnaire qui rejoint l'esprit communautaire africain et surtout la propagation par des Africains eux-mêmes qui contribua à ôter à l'islam son caractère étranger.

Si l'islam s'est imposé sans mal, c'est parce qu'il apportait une plus-value au corps social endogène, par empilement et non par substitution. Aujourd'hui encore en Afrique, on voit même des marabouts se consacrer autant à la prière qu'à certaines pratiques animistes. De même, en Afrique du Nord, les confréries religieuses noires continuent de se livrer à des danses de possession tout en portant des vêtements musulmans. Aussi substrat et emprunt sont-ils difficiles à distinguer tant la symbiose entre animisme et islam a enraciné l'un dans l'autre.

La crise du nord du Mali met certes en lumière la revendication touareg, une communauté portée par le sentiment d'être des citoyens maliens de seconde classe. Sans être à proprement parler des Arabes, les Touareg sont des produits du fait colonial qui a confiné ces anciens seigneurs du désert dans des frontières ressenties comme limitatives de leur nomadisme. Il n'y a pas d'évidence que les Touareg soient soudainement devenus des partisans fanatiques d'un islam politique radical.

En revanche, ils ont toujours revendiqué plus de liberté et une autonomie accrue. Il appartient à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et au Mali de trouver des réponses adéquates à cette vieille revendication.

Reste la réponse au fondamentalisme musulman et au projet d'instauration de la charia par le mouvement Ansar Eddine. Face au risque de disparition ou de renoncement à leur identité, les leaders d'opinion et intellectuels africains du Sahel doivent d'urgence revendiquer leur attachement à leur islam au nom de l'unité du corps social africain. La mondialisation des conflits et la faiblesse institutionnelle de nombreux pays africains devraient inciter, pour leur part, les leaders politiques négro-africains et ceux du monde arabo-berbère à s'atteler à créer un cadre nouveau de débat et de dialogue qui va au-delà de la sempiternelle distribution de pétrodollars pour se pencher sur leurs urgences sociétales et civilisationnelles.

Les élites des deux parties doivent ensemble ouvrir le débat de l'islam sur sa propre diversité et reconnaître, enfin, l'exception religieuse négro-africaine au même titre qu'il existe un islam turc, irano-indien, malaisien, pakistanais, etc. Car le projet de charia engage dans son sillage des règles juridiques importées d'une autre ère de l'islam, d'une autre culture, ainsi que des valeurs, un modèle de société et de développement.

A cet égard, il y a lieu, de la part des pays arabes qui accordent des libéralités importantes aux institutions religieuses d'Afrique de reconsidérer leur générosité dès l'instant où elle est détournée de son objet.

Enfin, l'Afrique subsaharienne ne doit pas se laisser divertir de ses propres urgences de développement face aux défis contemporains, au moment où elle entre dans sa propre période d'invention de sa place dans le monde. Face aux risques de division entre coreligionnaires musulmans, elle doit, au contraire, renouveler la prophétie de Mahomet - le fatum mahometum - et reprendre à son compte l'engagement initial de l'islam par un code social nouveau qui prône l'égalité entre tous les êtres humains, protège l'honneur des femmes, met fin à toute forme d'esclavage, en vue de développer des postures dynamiques inclusives inspirées des principes de base de l'islam.

Oui, l'Afrique des " Lumières " doit savoir dire non à un islam qui se poserait comme un frein à l'épanouissement des libertés et serait facteur de choc des cultures.

Ousman Blondin Diop
Sociologue, diplomate sénégalais en poste auprès de l'Unesco

Le Monde

Source: le site de l'AJD/MR
Mercredi 30 Mai 2012 - 12:22
Mercredi 30 Mai 2012 - 12:29
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