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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Intervention de M Abdoul Aziz SOUMARE, président de l'OCVIDH, à la Journée des Martyrs organisée par l'AVOMM le 5 décembre 2010


Intervention de M Abdoul Aziz SOUMARE, président de l'OCVIDH, à la Journée des Martyrs organisée par l'AVOMM le 5 décembre 2010
 Chers compatriotes et amis,
Monsieur le Président de l'AVOMM,
Chers camarades de l'AVOMM,


Avec la permission de mon ami, Ousmane Abdoul SARR, Président de l'Association "Aide aux Veuves et Orphelins de militaires mauritaniens", à l'initiative de cette journée de recueillement, de prières et de souvenirs, consacrée à la mémoire de nos Martyrs et qui  amicalement  nous y a associés,  j'adresse à tous ici présents, aux amis et compagnons absents, un salut fraternel et militant,  
Cher Ousmane, tu me fais un redoutable honneur, celui d'ouvrir en ton nom la journée.
Exercice d'autant plus périlleux qu'il s'agit, pour tous ici réunis, de dire combien est encore vivace la tragédie de notre peuple souffrant.
Car voilà des femmes, des hommes qui ont été  les victimes, soixante années après la fin du nazisme, d'un système raciste ayant planifié le génocide des populations noires du pays, après leur avoir dénié le simple droit à la citoyenneté par un refus à l'accès égal à l'emploi, aux soins, aux responsabilités et j'en passe.
Sous le pouvoir de sinistre mémoire du colonel Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya, le racisme d'état en Mauritanie a atteint à son paroxysme.
Obnubilé par ses peurs et défiant à l'endroit de ses collaborateurs, surtout négro-mauritaniens qui, pourtant en 1984 lui avaient offert sur un plateau le pouvoir.  Maaouya était arrivé sur le fauteuil présidentiel par un accident de l'Histoire. Même en ses rêves les plus hardis, cet homme  médiocre ne l'envisageait guère. Il était devenu au fil du temps, un dictateur sans foi ni loi, soumettant le sud noir à une terrifiante et lourde répression. Assisté d'alliés bâathistes et nasséristes, il avait mis  point un plan funeste d'éradication des éléments noirs des corps de l'Etat et de la communauté nationale.   De 1986 à 1991, avec férocité et sang-froid, Maaouya et  ses séides ont sévi.
Le bilan ne saurait être exhaustif, certains chiffres sont connus mais il faudra attendre que les charniers de Sori Malé et autres places de la Vallée révèlent la dimension  des massacres gratuits dont ils avaient été témoins.
On se rendra compte alors que l'horreur dépasse tout ce que l'on a pu croire ou écrire sur le règne criminel du tyranneau de Nouakchott.
L'AVOMM en décidant de rendre hommage aux Martyrs de la cause noire en Mauritanie et en choisissant ce jour du 5 décembre 2010 nous ramène à une date, celle du lugubre dimanche 6 décembre 1987.
Ce matin-là  après un procès inique et que le colonel Ould Taya, sans prendre la peine de l'étudier, ait refusé d'exercer son droit de grâce, animé  par sa haine féroce des noirs, trois êtres héroîques furent passés par les armes. Leurs "crimes" ? Avoir souhaité  une répartition plus juste des charges et des ressources nationales,  avoir fondé l'espoir d'une Mauritanie meilleure parce que plus juste, s'être prêtés à une réflexion, pas même suivie d'action, en vue d'examiner les possibilités de changer l'ordre injuste des choses. Avoir été animés par le rêve d'une véritable et égale citoyenneté, un mieux-être de la communauté noire de Mauritanie au sein de la communauté nationale.  
Saïdou SY, Seydi BA et Amadou SARR, devenus dans l'aube froide du dimanche 6 décembre 1987 à Jreïda, par la volonté maléfique d'un homme et du système qui le soutenait, nos premiers Martyrs. 
Ils sont allés à la mort avec un courage digne d'éloges.  En ont été témoins tout ce que le procès comptait de participants. 
Personne ne soupçonnait alors que les trois officiers ouvraient une trop longue et triste liste de victimes du racisme d'état.
Une année après, presque jour pour jour en 1988, ironie de l'Histoire, d'autres soldats, maures cette fois, avaient été convaincus d'intelligence avec l'ennemi.  Ils émargeaient sur des listes auprès d'une ambassade, celle de l'Irak,  étaient rétribués, fonctionnaient en cellule cloisonnées et projetaient de prendre le pouvoir par la force, en dehors de toute légalité.
Leurs sanctions ? "Libérés de obligations militaires", par une mesure pudiquement qualifiée de "réforme par mesure administrative"
Deux poids, deux mesures. 
D'un côté, une tentative de putsch à l'état de conception, sans aucun début de mise en oeuvre sanctionné férocement. Trois exécutions capitales, de nombreuse et lourdes peines de travaux forcés, une composante des forces armées mise au ban, dépossédée de toute autorité et de gestion des hommes et du matériel, isolée et affectée dans les garnisons les plus reculées  
De l'autre, des militaires au service avéré d'une puissance étrangère, disposant de moyens matériels de combat et de fonds considérables, délicatement mis en marge de l'armée, avec des égards surprenants à qui connait la méchanceté foncière et la rancune tenace de Maaouya. 
Les soldats en question avaient dû leur salut à Saddam Hussein dont Ould Taya était devenu le vassal transi, allant même et peu de temps après - 1989-1991 - jusqu'à adopter et appliquer  les méthodes brutales et sanglantes du nouveau maître qu'il s'était choisi.   
Dans sa folie destructrice, appuyé par tout ce que les forces de défense et de répression comptaient alors de racistes refoulés et assumés, Maaouya a fait arrêter, déposséder, violer, torturer et déporter des milliers d'êtres innocents.
Plusieurs centaines voire des milliers de noirs mauritaniens furent victimes d'assassinats extra-judiciaires.
Les listes établies  pour les seules forces armées au lendemain des libérations de rescapés se chiffraient à 513 (cinq cent treize) 
Dans les écrits rédigés pour tenter de décrire les souffrances endurées, nous affirmions que les casernes de détention et de tortures appelés "sites" ou encore "sites de traitement", n'avaient rien à envier aux camps nazis.
Seule existait une différence d'échelle qui n'ôtait rien à la cruauté et au sadisme des méthodes utilisées.
Rien n'y était respecté, les seules règles étaient de la responsabilité des chefs de garnisons qui, à de rares exceptions près, sévissaient avec la plus extrême dureté, forts de la carte blanche accordée par le ministre de la défense nationale et par ailleurs chef des armées, le colonel Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya. Bien d'entre eux auraient pu affirmer avec raison que Most était leur "seule conscience".
Il est important de souligner, sans intention de charger la barque déjà bien pleine de ce piètre individu, que Maaouya n'ignorait rien des crimes commis avec sa bénédiction.   
Aux populations civiles de la Vallée,  qualifiée de "Vallée des larmes", rien ne  fut épargné. Les souffrances de notre Peuple sont indicbles.
Nous faisons nôtre la phrase des Juifs au lendemain de l'Holocauste : "Plus jamais çà ! "
Non,  jamais plus jamais ne sera toléré en ces contrées, un massacre planifié ou non des négro-mauritaniens.
Parce que cela ne sera plus de la seule responsabilité des tueurs et de leurs commanditaires. Nous la partagerions.
Notre première arme est celle de la mémoire. Elle inquiétait si fort nos geôliers et tortionnaires de la veille au point que le colonel Sidyé Ould Mohamed Yahyé, chef d'état-major adjoint nous a tenu, le 15 avril 1990,  un langage où le surréalisme le disputait à la mauvaise foi :  
"Le président du cmsn,  - comité militaire de salut national - (Most) a pris la décision de vous accorder à l'occasion de l'aîd sa grâce. Vous allez recevoir des pécules, rentrer chez vous, passer les fêtes en familles.  Nous sommes musulmans et ce qui vous est arrivé était écrit. Mektoub
Vous appartenez aux forces armées. Nous avons des secrets, des choses en commun que l'on est pas obligé d'aller livrer aux autres" fin de citation  (les autres, sous-entendu les civils) 
 Vous en conviendrez, le sujet est difficile, le 27 novembre 2010, au cours de la conférence-débat organisée par l'AJD-MR, mon alter-égo, ami de trente ans, compagnon des jours moins ou plus heureux, Mahamadou SY,  connu pour être l'auteur de "l'Enfer d'Inal", avait remué de terribles souvenirs en l'auditoire de la salle. Lui-même n'en était pas sorti indemne.
Mais en dépit de l'insoutenable douleur, à nos Martyrs,  jeunes gens frappés en plein envol, espoirs anéantis, vies gâchées par la folie d'un homme, par la lâcheté de ses nervis, nous sommes redevables d'un devoir de mémoire sans faille. Nous le devons aussi à nous-mêmes, rescapés des bagnes de Ould Taya.  Revenus pour dire à la face du monde la tragédie de notre communauté martyre du racisme d'état en Mauritanie. De retour, pour livrer un combat sans répit afin que les responsabilités des uns et des autres soient délimitées, que le prix en soit acquitté aux hommes et à la société.
Sans haine ni rancune.
Sans faiblesse.  
Avant de terminer et de passer la parole à nos illustres invités, je veux remercier l'AVOMM, avec à sa tête Ousmane Abdoul SARR, pour le travail remarquable qu'il déploie tant sur le terrain que dans son refus de tendre la deuxième joue, à travers la plainte déposée et déclarée recevable en Belgique contre le sinistre personnage dont il était question plus tôt et ses complices.
Je veux dire à Ousmane combien nous nous sommes honorés par l'amitié qu'il nous manifeste,
du soutien de l'AVOMM qui ne nous a jamais fait défaut et de la satisfaction éprouvée dans les moments de solidarité partagée au service - ô  combien modeste - de nos compatriotes,  trop nombreuses victimes fragiles des années de braise. 
Puisse notre lutte commune aboutir afin que naisse une autre Mauritanie, aimante et juste, respectueuse de toutes ses filles et de ses fils, dans leur diversité qui constitue, à n'en point douter, son trésor le plus précieux.
Dieu protège mon pays.
  
Je vous remercie
Mantes-La-Jolie, Dimanche 5 Décembre 2010 


Abdoul Aziz SOUMARE
Président de l'OCVIDH
Jeudi 17 Mars 2011 - 08:00
Jeudi 17 Mars 2011 - 08:00
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1.Posté par Goguiyanke le 07/12/2010 19:30
Emouvant, ce qui doit nous rapprocher tous, des jours pareils. C'était une journée pleine d'émotion .

2.Posté par joom le 08/12/2010 09:50
Le discours du président de l'OCVIDH est tres bien, nos felicitations à AVOMM aussi


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