Al-Qaida au Maghreb se réorganise

Afin d'échapper à la traque des services de sécurité algériens, le groupe terroriste dénommé GSPC - aujourd'hui rallié à Al-Qaida - se redéploie dans le désert et adopte un nouveau mode de fonctionnement, rapporte le quotidien Le Soir d'Algérie.










Quatre zones au lieu de six, de nouveaux chefs pour chaque région, des armes plus sophistiquées et des moyens de liaison satellitaire. C'est la nouvelle organisation du Groupe salafiste pour la prédication et le combat [GSPC], rallié à Al-Qaida depuis 2006, adoptée il y a tout juste un mois en vue d'une tentative de redéploiement. Quant au nombre des terroristes toujours en activité, il avoisine, selon des sources sécuritaires, les 1 600, dont 600 sévissent dans la région du Centre et 136 dans le Sud. Ils sont répartis en trois principaux groupes.

Le GSPC ne désarme pas. Ces derniers temps, le groupe terroriste tente de se restructurer en adoptant une nouvelle organisation, selon des sources sécuritaires qui affirment que la carte géographique de l'Algérie, qui a été divisée en six zones, a été remplacée il y a tout juste un mois par une autre de quatre zones seulement : Sud-Ouest, Centre, Sud-Est et Sud. Chaque région est sous les ordres d'un nouveau chef qui coordonne avec les émirs des groupes sous son commandement. Une manière de se renforcer à la suite des nombreux coups assénés par les services de sécurité.

Armés de kalachnikovs, de RPG (roquettes propulseuses de grenades) et de mortiers, se déplaçant à bord de Toyota Station, les terroristes du GSPC semblent de plus en plus maîtriser les moyens de communication les plus modernes. Ils utilisent même la liaison satellitaire, selon ces sources sécuritaires. Cependant, le noyau dur des terroristes, selon les mêmes sources, reste dans la région du Centre, où pas moins de 600 hommes seraient toujours en activité. Ces éléments sont répartis en plusieurs groupes. Ceux qui suivent de très près la situation sécuritaire dans cette région estiment que, dans leur quasi-majorité, les terroristes ont des liens familiaux, ce qui rend toute dénonciation difficile. Les dernières captures effectuées livrent des renseignements sur la nouvelle option de recrutement dans les quartiers pauvres des villes, notamment de la capitale, et précisent également que les discussions dans les maquis sont souvent liées à la situation en Irak.

Pour ce qui est de la région Sud-Est, où pas moins de 450 terroristes s'activent, elle s'étend de Béjaïa et Jijel jusqu'à Tébessa. Il faut préciser que c'est dans cette région que se déroulent les entraînements. Selon nos sources, la période de l'entraînement de base est de six mois pour chaque nouvelle recrue. Quant au Grand-Sud, il a tendance à devenir un no man's land dans lequel les terroristes sont bien implantés. Grâce à des alliances familiales tissées avec les chefs de tribu, ils réussissent à circuler en toute liberté. C'est le cas de Mokhtar Belmokhtar, marié avec quatre femmes des quatre tribus différentes du nord du Mali, dont la tribu d'El-Barabichacha. Dans cette région, il est bien protégé et, contrairement aux informations évoquant son éventuelle reddition, nos sources affirment qu'il ne s'est pas rendu avec quinze de ses hommes.

La misère qui sévit dans cette région et l'étendue des lieux ont fait de l'espace désertique compris entre au moins cinq pays - Tchad, Mali, Niger, Mauritanie, Algérie - une bande très chaude. Elle est actuellement sous l'autorité de Jouadi Yahia. Le nombre des terroristes qui y sévissent ne dépasse pas les 140, répartis en trois groupes principaux. Le premier composé d'une soixantaine de personnes est sous le commandement de Belmokhtar, qui serait en train de négocier pour les otages autrichiens [enlevés en Tunisie fin février] depuis quinze jours. Ce groupe est spécialisé dans l'achat des armes et l'approvisionnement.

Le deuxième groupe, composé de 54 terroristes, est sous la tutelle du sinistre Hamadou Abou Zeid, et le troisième (près de 22 terroristes) est sous le commandement de Jouadi Yahia. Ce dernier, selon nos sources, aurait quitté la zone Sud vers Tébessa, précisément vers Djebel Labiod. Enfin, il est à noter que la lutte antiterroriste dans notre pays a connu un nouvel essor depuis la mise en application du nouveau programme et le renforcement des unités de l'armée, mais il ne faut pas oublier que les terroristes ont réussi à apprendre les techniques d'endurance et de guérilla en milieu désertique.

Ilhem B. Tir, Le Soir d'Algérie

Source: courrierinternational
(M)