Crise au sommet: Les choses se dégradent

La situation du pays s’est carrément dégradée, ces derniers jours. L’arrangement obtenu au sommet n’a pas tenu longtemps. L’irruption de la première dame dans le débat a, semble-t-il, précipité le débat vers la rupture entre les deux camps.

En réponse à son intervention, les députés, aux aguets, ont décidé de franchir un pas dans la confrontation: exiger une session extraordinaire du Parlement pour évoquer des sujets, jugés par leurs adversaires, provocateurs.

Le Président de la République a écourté sa visite en Espagne. Il est rentré hier au pays. On lui prête l’intention d’être revenu pour affronter sérieusement ses adversaires avec les armes que lui confère la constitution. À ce titre, les observateurs estiment qu’il va peut être procéder à la dissolution de l’Assemblée Nationale. Cette attitude est plus ou moins facilement décelable du lancement que fait la télévision Al Jazira pour l’interview qu’il avait accordée à cette chaîne et qui va être diffusée le vendredi prochain, juste après la prière, à 14h30min. Dans ce spot très court, il affirme qu’il pourrait bien faire appel à l’arbitrage du peuple si les députés continuent de l’empêcher de réaliser le programme pour lequel il a été élu. Il affirme également qu’il restera au pouvoir jusqu’à la fin de son mandat. Déjà bien avant cela, on racontait dans les salons à Nouakchott la possibilité pour le Président de recourir à cette mesure. On va même au-delà pour dire qu’il serait même prêt à aller plus loin que la dissolution de l’Assemblée: limoger les généraux qui encouragent les députés et autres personnalités de la majorité à sortir des rangs et à le défier publiquement, lui et son gouvernement.

Interrogés par rapport aux intentions du Président, certains frondeurs, tel que Cheikhna Ould Nenni, secrétaire général du groupe dénommé les “Forces nouvelles du Changement” (un conglomérat qui s’est illustré dès le début de la crise pour son ralliement aux généraux et son soutien de la motion de censure contre le gouvernement demis), a déclaré que lui et ses amis vont s’opposer à toute décision pareille, même s’il faut mobilier le peuple pour descendre dans la rue. Il affirme que tous les groupes de la majorité opposés au gouvernement allaient se réunir afin d’étudier les voies et moyens nécessaires pour contrecarrer une éventuelle décision de dissolution de l’Assemblée.
Le député frondeur Sidi Mohamed Ould Maham a, quant à lui, déclaré qu’une telle décision relève des compétences du Président et qu’il n’avait rien à dire par rapport à cela.

Session extraordinaire

C’est à un véritable dialogue de sourds entre le Président et sa “majorité opposée” que nous assistons. Pendant que Nouakchott brouille de rumeurs relatives à la dissolution de l’Assemblée, les députés frondeurs mettaient les dernières touches sur la lettre qu’ils avaient préparée pour demander la tenue d’une session extraordinaire du Parlement. En début d’après midi, ils avaient remis au troisième vice-président de l’Assemblée Nationale, Kane Hamidou Baba, qui assure l’intérim, une demande signée par une cinquantaine de parlementaires de la majorité et de l’opposition, réclamant la tenue d’une session parlementaire extraordinaire (voir encadré). Dans ce cas, le Président qui est le seul à pouvoir convoquer le Parlement, doit accéder à cette demande si elle est approuvée par la majorité simple des députés. Aujourd’hui, dans l’atmosphère de dissensions et de tensions, on ne sait quelle réponse va réserver le Président à cette requête, assimilée -par ses soutiens- à une pure provocation. Ces derniers estiment qu’elle fait partie d’un vaste programme, peaufiné par les officiers généraux et destiné à déstabiliser le Président de la République aux fins de le dégoûter avant de le bouter hors du pouvoir. Ce scénario vise, à terme, l’avènement d’un nouveau Président de la République plus conciliant ou plutôt plus mou. La faiblesse de ce camp est qu’il ne compte pas de nouvelles figures charismatiques qui incarnent le discours de changement qu’il prône.

Autre faiblesse de ce scénario: notre système est ultra présidentiel et accorde au chef de l’État toutes les prérogatives. Cela est d’autant plus vrai que le Président Sidi détient encore quelques cartes qu’il n’a pas encore utilisées.

Pendant que les deux camps se disputent le contrôle des affaires du pays, les problèmes du petit peuple se multiplient et se compliquent. La situation de crise est appelée encore à perdurer. On n’entrevoit aucune solution possible autre que la victoire écrasante de l’une des deux parties et l’écrasement de l’autre.

Ould Bladi


DEMANDE DE SESSION EXTRAORDINAIRE DU PARLEMENT

Les Députés, ci-dessous signataires de la présente requête, conformément à l’article 53 de la Constitution de la République Islamique de Mauritanie, demandent la réunion en session extraordinaire du parlement mauritanien le 10 Août 2008 sur l’ordre du jour suivant:

1- Examen et discussion des règlements de l’Assemblée Nationale.
2- Élection des membres de la Haute Cour de Justice.
3 – Examen de la proposition de loi relative à la protection des consommateurs
4- Création d’une commission de contrôle parlementaire (par l’Assemblée Nationale) sur le PSI.
5- Création d’une commission d’enquête parlementaire (par le Sénat) tendant à faire la lumière sur la gestion et les modes de financement de la fondation KB.
6- Création d’une commission de contrôle parlementaire (par le Sénat) de la gestion financière et administrative du Sénat.

La présente demande a été signée par les Députés suivants, représentants la majorité des membres de l’Assemblée Nationale, condition requise par l’article 53 de la Constitution de la République Islamique de Mauritanie.

Liste des signataires

Sidi Mohamed Ould Mohamed Fall
Sidi Mohamed Ould Maham
Moustapha Ould Abeïderrehmane
Eghleyouha Mint Lehghana
Mariem Mint Heymoud
Sid’Ahmed Ould Ahmed
Cheikh Ahmed Ould Lekhliva
Mohamed Aly Cherif
Mohamed Abdallahi Ould Guelaye
Camara Ali Gueladio
Kaba Ould Elewa
Boua’Ahmed Ould Chrif
Vih Elmane Ould Ghacha
Elbou Ould Khattouri
Babah Ould Ahmed Babou
Abderrehmane Ould Cheïne
El Moktar Ould Teyeb Ould Elemine
Mohamed El Moktar Ould Zamel
Fatimettou Mint Mohamed Yarba
Mohamed Yahya Ould Kharchi
Bâ Houdou
Lalla Mint Hassenna
Naha Mint Mouknass
Ely Ould Teyeb Ould Ehbib
Ehbib Ould Diah
Quassem Ould Bellali
Mohamed Salem Ould Ahmedou
Jamal Ould Yedaly
Mohamed Abdellahi Ould Mohamed Lemine
Ibrahim Camara
El Arbi Ould Sidi Ali
Moulaye Ould Brahim
Saleh Ould Henenna
Mohamed Lemine Ould Sidi Mohamed
Taleb Ould Lekhliva
El Houssein Ould Ahmed Elhadi
Louleid Ould Weddad
Aichettou Mint Amar
Abderrehmane Ould Tolba
Abderrehmane Ould Mini
Ahmedou Ould Abdel Kader
Ahmed Ould Hefdh Alla
Cheikh Ould Hemdi
Kane Hamidou Baba
Mah Mint Semetta
Mariem Mint Bilal
Mohamed Lemine Ould Cheikh
Mohamed Ould Bebana
Mohamed Ould Boïlil
Mohamed Mahmoud Ould Lematt
Nanna Mint Cheikhna
Mohamed Fall Ould Mohamed Alem
Yacoub Ould Moïne


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Source: biladi
(M) avomm