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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Soutien de Kadhafi au Général Aziz, soutien de la corde au pendu: Abrégé de la guigne en politique


Soutien de Kadhafi au Général Aziz, soutien de la corde au pendu: Abrégé de la guigne en politique
For-Mauritania a reçu, dans sa boîte aux lettres électronique, cet article. Au lieu de le publier dans la rubrique "articles et soumissions", la Rédaction à choisi de le proposer aux visiteurs à la Une du site. Instructif, bien documenté et bien écrit, cet article jette un éclairage particulier sur la médiation Kaddafi. Ceux qui célèbrent l'idylle avec le Guide libyen gagneraient à méditer les leçons que tire l'auteur de cet article de la longue carrière du Colonel libyen. Bonne lecture.






Soutien de Kadhafi au Général Aziz, soutien de la corde au pendu: Abrégé de la guigne en politique
Les Africains, hésitants à se réjouir de la nouvelle Présidence en exercice de l’Union doivent se référer au parcours acrobatique du Guide de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne, pour tenter de comprendre ce qui les attend. En mars 2009, de la Mauritanie, au Niger, en passant par la Guinée Bissau, les premiers pas du prétendu Roi des Rois traditionnels du Continent ne présagent pas la réjouissance. Pourtant, il n’y pas lieu de subir la surprise ou la déception. Mouammar Kadhafi se révèle d’une certaine constance, dans l’erreur et la volte-face. S’en faire un ami prépare toujours à la plus certaine des déconvenues.
Diagnostic
En effet, depuis les décennies de son pouvoir presque sans bornes ni contestation, le Guide – bien sot lui confierait sa destination - apporte son appui, de façon spectaculaire, à des régimes ou des hommes qui en ont souvent pâti, au-delà même de leur faculté au cauchemar. Ses faveurs passionnées et encombrantes pèsent, toujours, de conséquence lourde sur le bénéficiaire. Avoir Kadhafi pour ami équivaut à une malédiction quasiment irrémissible et prélude d’atroces trahisons. Le présent rappel des faits retrace, à la manière d’un traité de prudence par l’exemple, combien la proximité du personnage porte pire péril et conduit sûrement à l’infortune. L’auteur de tentatives de ménage avortées avec tous les Etats de la Ligue Arabe a fini par désespérer de ses congénères, coreligionnaires et voisins jusqu’à la nausée de la désillusion. D’expérience, le phénomène Kadhafi, en soi d’une consistance résiduelle, se cristallise dans le concept du dépit amoureux, chair et hargne se fécondant à l’envie.

Soutien de Kadhafi au Général Aziz, soutien de la corde au pendu: Abrégé de la guigne en politique
Symptômes
Commençons, de mémoire faillible sans doute, par la guerre entre la Tanzanie et l’Ouganda en Octobre 1978 où il vola au secours de son « frère et ami », le très folklorique et sanguinaire dictateur Idi Amin Dada, boxeur de profession, vaguement trouffion de la Couronne britannique et président par défaut.
Le Colonel Kadhafi engage, pour sa protection, 3000 soldats libyens ; envoyés au front dans la forêt, ils durent se battre dans un environnement d’hostilité intégrale. La plupart découvrent l’adversité du terrain et en périssent. Les combats en tuent d’ailleurs moins que la malaria. La moitié de l’effectif finit aux mains des troupes Tanzanie, entrainant la débâcle de l’armée Ougandaise. Le 11 Avril 1979, après la cinglante défaite de ses troupes, Idi Amin Dada s’enfuit, dans un avion libyen, à destination de Tripoli ; il abandonne son palais de Kampala au prédécesseur et opposant civil, Milton Obote. L’humiliante épopée ne s’achèvera pas ici.
Idi Amin débarque en héros, reçu à bras ouverts, par Kadhafi, lequel retournera le déshonneur et l’amertume contre l’hôte au physique considérable et l’expulsa vers l’Arabie Saoudite. Idi Amin, né musulman dans une ethnie du Nord de l’Ouganda, achèvera ses jours chez les Wahhabites, en plein désert, maudissant, aux rares interlocuteurs, son cornac de malheur, sans l’affection duquel, la chute eut été moins prompte. En quelques jours, l’armée d’opérette de Tripoli dirigea les opérations militaires sur le terrain; la maladresse et l’improvisation stupéfiante dont elle fit montre démoralisèrent le camp du despote et précipitèrent sa déconfiture.
Là encore, comme plus tard au Tchad, la Libye a dû obtenir la libération de ses prisonniers par le versement de centaines de millions de dollars au gouvernement tanzanien, en guise de dommages de guerre.

Soutien de Kadhafi au Général Aziz, soutien de la corde au pendu: Abrégé de la guigne en politique
En Janvier 1979, après les violentes manifestations d’élèves et étudiants dans les rues de Bangui, une crise politique et sociale secoue l’empire de Centrafrique, tout juste sorti de son écrin de diamant.
Les 17 et 19 Avril 1979, l’autre « frère » du colonel Kadhafi, sa Majesté l’Empereur Jean Bedel Bokassa 1er e et dernier réprime les marches et ordonne des arrestations et tueries d’élèves; la presse occidentale l’accuse même de cannibalisme. La crise atteint son paroxysme, les relations avec la France de Giscard d’Estaing se détériorent. Les rapports personnels du président Français et du souverain de pacotille se dégradent, aussi, de jour en jour. Devant la fragilité de l’ordre à Bangui, le Colonel Kadhafi décide de lui tendre le bras de secours, sans tirer les leçons du fiasco Ougandais. D’un coup de pétrodollars, il annule les ennuis financiers de Bokassa, lui envoie un avion rempli d’armes et de troupes d’élite pour sa protection rapprochée, défie la France et fustige l’Occident, ses droits de l’Homme et sa démocratie, dans des termes comparables aux siens, le 11 mars 2009, dans l’amphithéâtre du Palais des congrès à Nouakchott.
Euphorique, il invite son nouveau héros, l’Empereur Jean Bedel Bokassa, qu’il célèbre, à Tripoli, le 19 septembre 1979. Il lui promet la protection, l’Aman s’il le faut et de transformer son pays en paradis, grâce aux ressources pétrolières. Lors de leur entretien récent en Libye, il réitère la même promesse, au général Ould Abdel Aziz de Mauritanie, qui venait d’inaugurer la réouverture de la saison du putsch sur le Continent, après quelques années d’accalmie et d’effort vers une démocratisation ô combien laborieuse. Lors de son discours de bienvenue à L’Empereur, le Colonel Kadhafi prend l’engagement, devant Dieu et jure de défaire l’impérialisme en Centrafrique.
48 heures suivant, le 21 septembre 1979 à l’aube, les troupes françaises lancent l’opération Barracuda de destitution de l’hôte du colonel Kadhafi et le remplacent par son cousin et prédécesseur David Dacko.
Dans l’après midi, 17 militaires libyens se laissent arrêter et désarmer, dans une villa à moins de 500 mètres de l’aéroport ; 20 autres de leurs compatriotes en uniforme se rendent quelques minutes plus tard, dans une autre maison banalisée, sur l’avenue Boganda. Le reste de la troupe, venue sauver le frère Bokassa, abandonne fusil, barda et drapeau, pour se refugier dans les locaux de la représentation diplomatique de la Jamahiriya, devenus, en la circonstance, d’une embarrassante exiguïté. Les commandos Barracuda saisissent des Toyota équipées de mitraillettes, des centaines de Kalachnikovs, des mitrailleuses lourdes, des lance-roquettes RPG7 et d’énormes quantités de munitions, tous gadgets de mort fraichement débarqués de Tripoli.
Le Colonel Kadhafi, fou de rage, menaça de lâcher les masses populaires sur la communauté Française de sa capitale. La nuit portant conseil de pragmatisme, le lendemain, des émissaires libyens vinrent transmettre un message radical à Bokassa : il n’est plus le bienvenu et doit impérativement quitter le territoire.

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Endémie
Au Tchad, le Guide de la Révolution Libyenne a investit des milliards de pétrodollars, pendant toute une décennie, pour soutenir à tour de rôle puis combattre chacune des tendances en armes, depuis la chute de François Ngarta Tombalbaye en 1975. Toutes y sont passées, à nulle exception.
Il commence par équiper d’abord le FROLINAT du Docteur Abbas Siddick et pousse Hissène Habré à le destituer ; ce dernier, nationaliste ombrageux, personnage retors, intransigeant et impérieux, rejette toute ingérence libyenne dans la vie du mouvement, en particulier la gestion de l’enlèvement de l’anthropologue Françoise Claustre. Faute de parvenir à influencer Habré, les Libyens le lâchent pour mettre en orbite Goukouni Weddeye, un chef Toubou dont l’esprit d’indépendance les surprendra. Président du gouvernement d’union nationale du Tchad (GUNT), il s’improvise acteur majeur de la crise, grâce à l’appui massif et sans réserves du Guide ; le voisin du Nord mettra à son service, avec plus ou moins de bonheur, des divisions entières, des centaines de blindés, une aviation de guerre et la fameuse légion islamique. Kadhafi engagera une guerre totale et sans merci aux côtés de son allié, dans le désert du Tibesti.
Face aux revers subis par ses vaillants révolutionnaires et malgré les moyens colossaux, Kadhafi retourne sa colère contre Goukouny Weddeye. Il décrète, le 17 Octobre 1986, son arrestation et remplacement par Acheikh Ibn-Oumar, leader des Conseils de Défense de la Révolution (CDR). Il envoie de nouveaux renforts aux confins de Faya Largeau, Ouadi Doum et à l’intérieur de la bande d’Aouzou et s’escrime, en vain, à consolider la présence de ses troupes tandis que l’insatisfaction y gronde et la mutinerie menace.
Le 2 Janvier 1987, le Commandant en chef des Forces Armées Tchadiennes, Hassan Djamous surprend les libyens et leur inflige un revers cuisant; 781 soldats périssent et 81 sont prisonniers ; d’importantes saisies d’armes, de tous calibres, attestent l’énormité de la défaite.
Au lieu de tirer la leçon, Kadhafi choisit l’escalade et généralise le bombardement, par son aviation, sur le nord et l’est du pays.
La réponse ne tarde, le 22 mars 1987, lorsqu’une armée tchadienne, en haillons et complètement démunie, occupe, au terme d’un engagement intense, la base libyenne de Ouadi-doum.
Le bilan frise l’hécatombe humaine : 1269 libyens décèdent et 438 se rendent. Y figurent des détenus prestigieux, tels le chef des opérations, le général Khalifa Haftar, membre du Conseil de Commandement de la Révolution et le commandant Sabhane Al Maghrahi cousin du commandant Abdessalam Jalloud, à l’époque numéro 2 du régime ; parmi les détenus, les services de renseignements occidentaux s’intéressent, aussi, au Commandant Sabah, maitresse préférée du Guide et sa première femme garde corps du corps.

Soutien de Kadhafi au Général Aziz, soutien de la corde au pendu: Abrégé de la guigne en politique
Rechute
Revenons un instant, à Bangui, en République Centrafricaine, 23 ans après la liaison malheureuse avec l’Empereur Jean Bédel Bokassa. Le 25 Octobre 2002, Ange Félix Patassé, victime d’une tentative de putsch, perpétrée par son chef d’état major François Bozizé, se débat dans l’incertitude primordiale du président de république bananière en proie à l’incertitude de se faire occire derrière chaque feuille de palétuvier. L’insurrection échoue et l’auteur se réfugie au Tchad voisin.
Kadhafi, dans tous ses états d’hystérie circonstancielle, fustige les prises de pouvoir par la force et s’engage à ne plus jamais accepter de coup d’état en Afrique. A tous ses interlocuteurs, avec la force d’une conviction vieille d’évidence, il décrète, révolue et de basse civilité, l’ère de l’aggiornamento en politique. Il apporte, au Président élu, Ange Félix Patassé, des garanties et des assurances éloquentes et lui envoie des fantassins, pour défendre son carré de préséance et préserver sa sécurité. Kadhafi organisera, en Libye et à grands frais d’annonce, une rencontre entre Ange Félix Patassé et Idriss Deby Itno, afin d’obtenir de ce dernier, l’extradition du général Bozize vers Bangui.
Le Guide est d’autant plus déterminé qu’il va convaincre Jean-Pierre Bemba, promu « mon fils », d’intervenir militairement, en Centrafrique, au profit du Président en sursis.
Avec sa bénédiction, son soutien logistique, ses armes et moyens financiers, les mercenaires du rejeton par courtoisie traversent le fleuve Oubangui qui les sépare de la capitale. Telle une anachronique invasion de Huns et de Tatars, ils sèment la terreur et la ruine sur leur passage. Bozize revint à la charge et chassa Patassé, lequel, appauvri par ses conseillers aigrefins, s’exile, à Lomé.
De ses crimes en Centrafrique, Jean Pierre Bemba, le chef du Mouvement de Libération du Congo (MLC), candidat parvenu au second tour de l’élection présidentielle dans son pays, doit rendre compte, aujourd’hui, devant la Cour Pénale Internationale. Au moment des actes présumés de crimes de guerre, crime contre l’humanité et viols collectifs, Bemba se trouvait en Afrique du Sud où il participait à des négociations inter congolaises.
Au scrutin du 30 juillet 2006, le Guide voulait ardemment la victoire de Jean-Pierre Bemba et y engloutit des ressources colossales, jamais utilisées dans une campagne en Afrique, pour acheter les grands électeurs, arpenter les circonscriptions, entretenir de 2 chaines de télévision et tout un réseau de radios libres. Son poulain ne put remporter la compétition et l’affection du Guide l’a conduit en cellule, dans une prison de La Haye, aux cotés d’un autre protégé de Kadhafi, Charles Taylor Ghankay.

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Dissémination
C’est la Libye du Colonel Kadhafi qui héberge ce dernier après son évasion d’une prison du Massachussetts, aux Etats Unis d’Amérique ; il croupissait en cellule pour avoir détourné 1 million de dollars, en sa qualité de directeur du service des achats de l’administration du Libéria, qu’il fuyait en 1983.
La Jamahiriya lui offre asile et entraine ses hommes, dont le tristement célèbre Prince Johnson. L’on se souvient de sa responsabilité dans la torture, la mutilation et l’assassinat sauvage, devant les caméras, de l’ancien Président, le sergent-chef Samuel Doe, auteur de la première prise de pouvoir par les autochtones, au détriment de l’élite métis dont descend Taylor. Huit années durant d’une violence primitive d’un autre âge, les services libyens, sur instructions du Guide, forment, équipent, acheminent au Libéria et financent, la geste carnassière de Taylor.
La contagion n’épargne les voisins. Ainsi, la Jamahiriya créée et surarme la rébellion du Front Révolutionnaire Uni (RUF en Anglais), ces fameux bataillons de mineurs soldats, coupeurs de mains, mi drogués mi prospecteurs de gemme; Foday Sankoh et Sam Bokary, criminels de facture libyenne, ont imposé, au peuple de la Sierra Léone, des amputations singulière dans un Continent pourtant martyre mille fois. L’alternative « manche longue/manche courte » accordera, à leur boucherie, la notoriété du genre.
Aujourd’hui, Charles Taylor, protégé de Kadhafi, décrépit lui aussi dans une cellule de la Cour Pénale Internationale (CPI). Quant à Foday Sankoh et Sam Bokary, ils ont payé, de leur vie, les faveurs du Guide éclairé. Victorieuses pourtant, les milices suscitées par la Libye s’entretuèrent aux portes de Freetown et dans ses faubourgs, dans un accès d’irrationalité polémologique.

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Incurable
La maladie du Tchad tenaille toujours, le patient. L’anecdote vaut bien la parenthèse : En 1993, éclate une discorde entre le Président du Tchad Idriss Déby et son Chef d’Etat Major et homme fort, le Colonel Abbas Koty qui entra en rébellion armée contre Ndjaména. Suite à d’importantes pressions, l’insurgé se rend en Libye où, sous l’égide du Guide, des négociations, entre les deux camps aboutissent à un accord, sur l’honneur, signé le 14 Aout 1993, devant le médiateur Libyen, le Colonel Kadhafi lui-même.
En son article 1er, l’entente stipule que le Colonel Abass Koty, son collaborateur et son garde du corps retournent à N’djamena, accompagnés d’une délégation de la grande Jamahiriya, dans le cadre de l’amnistie, déclarée par le gouvernement de la République du Tchad. Ils bénéficieront, sur place, de la protection du facilitateur, garant de leur sécurité physique. Deux jours après, le 16 Aout 1993, ils arrivent dans la capitale, sous escorte d’un imposant dispositif de sécurité libyen ; le colonel Abdou Rahman Al Seyid, représentant de la Grande Jamahiriya aux négociations, commande la manœuvre et garantit les termes de la conciliation.
Le 22 Aout 1993, le colonel Abass Koty, son collaborateur, son garde corps et certains membres de sa famille sont assassinés à 13h, pendant qu’ils déjeunaient, dans son domicile, à N’djamena. Jamais le Guide Libyen n’a protesté.
Le défunt Président du Niger, le Général Ibrahim Mainassara Baré s’attira la sympathie enthousiaste du Guide après son coup d’état en janvier 1996 ; ce dernier avait alors réuni, à Syrte, tous les responsables de l’opposition, regroupés au sein d’un front républicain pour la restauration de la démocratie (FRDD). A ces démocrates chevronnés, il tenait le même monologue obsessionnel, qu’à la classe politique de Mauritanie, le 11 Mars 2009, au Palais des congrès de Nouakchott.
Après l’assassinat du Général Baré le 9 Avril 1999, Alpha Oumar Konaré à l’époque Président du Mali s’insurgea contre la barbarie du putsch, refusa d’en croiser l’instigateur et s’obstinait, selon une admirable rigueur, à plaider la suspension du Niger de toutes les instances sous régionales et régionales. Hélas, c’était sans compter avec le cynisme héroïque et la loyauté friable du bienfaiteur de feu Mainassara ; Kadhafi manifesta, énergiquement, du respect et de la sollicitude, pour l’assassin de son ami et frère de la veille, le chef de bataillon Daouda Malam Wanké qu’il invita et reçut, faste et honneurs en confirmation, au sommet fondateur de l’union Africaine, du 9 septembre 1999, à Syrte.
Le 15 Septembre 2004, le chef d’escadron Daouda Malam Wanké meurt, dans la misère, abandonné par le colonel Kadhafi, désormais fidèle à son successeur, Mamadou Tanja.
La liste des privilèges accordés par Kadhafi et dont les bénéficiaires les acquittent au prix fort s’allonge encore partout en Afrique et ailleurs ; comble du ridicule et si loin de la Chahama – la dignité des preux chez les Arabes- lorsque ses amis déchoient, toujours les abandonne-t-il au triste sort et se lie à leurs tombeurs.

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Impuissance
D’une sincérité un peu délicate à évaluer faute de sérénité intime, Kadhafi s’avère un homme profondément malheureux, parce que trop fier, irrégulier, sans stratégie mais d’une inefficacité performante ; ses actes, spectaculaires et irréfléchis accouchent de l’échec, peu lui importe le naufrage des individus qui sombrent de son erreur. Même la mémoire, qui enseigne la prudence empirique à la plupart des espèces vivantes, lui fait défaut.
En 1969, il s’improvisait conscience active du nationaliste arabe et militant révolutionnaire dont les combats et rêves tenaient à l’unification de la Umma. Il va s’y investir tambour battant. Or, toutes les intégrations, en chantier consécutifs, vont connaître une déroute tellement répétitive qu’elle en frisait le fétichisme masochiste; avec la Tunisie en 1973, par la suite l’Egypte, la Syrie, le Maroc, le Soudan, un moment Chypre et même la très chrétienne Malte, il aura désiré l’improbable amour et notre souvenance, s’épuise à recenser tant de désinvolture.
Déçu des refus opposés à ses offres, chagrin d’éconduite perpétuelle, il change de stratégie et s’avise d’obtenir l’étreinte convoitée, à coup de millions de dollars et de déstabilisation des régimes prudes. Si tu ne lui vends pas ton amitié ou ton estime, si tu déclines sa fraternité lucrative, le Guide s’emploie à t’infliger bien des misères. Par les opposants aux pouvoirs rétifs à sa séduction, il confectionne, en Libye, des mouvements de libération plus ou moins crédibles dont les figurants se naturalisent ou repartent, sur la pointe des pieds, tremblants de peur, surtout au lendemain de la disparition, le 31 août 1978, du Chiite libanais Moussa Sadr. Certains croyaient en l’homme et son idéal mais se retrouvent, pieds et poings liés, dans le laboratoire de sévices d’une officine de renseignements de leurs pays.
Comme à son habitude, en dépit de la facture colossale et du désir ardent de se dépasser, Kadhafi peine à produire un début de changement chez un peuple frère, même pas la Mauritanie du colonel Mohamed Khouna Ould Haidalla.
Au lieu de rassembler sa race comme il en cultive le mythe, Kadhafi l’incompris se confine dans la solitude et l’amertume envers l’ensemble de ses pairs de la Ligue et s’éloigne des factions palestiniennes qu’il présumait prendre sous son aile.
Un jour, tirant, pour une fois, la leçon de ses déboires, il renie désormais l’arabité, et décrète le peule Libyen, d’origine plutôt bantou, davantage parent des congolais, des gabonais que des bédouins du Maghreb. Rajeuni par un soupçon de lucidité fugitive, il s’investit dans une nouvelle entité des Etats-Unis d’Afrique. L’homme croit aux chimères, adule l’utopie et y gaspille du temps et surtout les richesses de son sous-sol. Cependant, pour annoncer, aux africains, sa vison d’un avenir radieux, il renvoie chez eux, avant chaque sommet de l’UA, par charters, dépossédés, humiliés, frustrés, de paisibles immigrés, venus chercher leur pitance, à la sueur du front, chez le promoteur même du lendemain meilleur.
Complexe
A présent, le chantre du nationalisme arabe, bonifié par le panafricanisme du pagne, mue en héraut de la monarchie. Le gauchiste de naguère, tombeur de l’égrotant Abdallah el-Senoussi, auteur de la première république en Libye et inventeur de la Jamahiriya état des masses, pendant 40 ans détracteur de toutes les féodalités contemporaines, s’autoproclame Roi des Rois et chefs traditionnels d’Afrique. Comment s’empêcher de concevoir, au moins, un peu de perplexité, devant de si pathétiques revirements !
Depuis sa distinction accidentelle par putsch, le Colonel Mouammar Kadhafi, Guide de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste, récemment auto-promu Roi des Rois et chefs traditionnels Africains, a voulu, les millions de dollars en guise d’argument diplomatique, parfois par la guerre au besoin, résoudre les conflits, dans le seul but de se donner un rôle majeur mais le succès manque.
Il s’est impliqué - mandaté ou non - dans le règlement des crises d’autorité et de légitimité, même les plus exotiques, sans parvenir jamais à en clore aucune.
Faute de caution, dans ce nouveau rôle, par les vrais aristocraties coutumières du Continent tels Mohamed VI du Maroc, Mswati III du Swaziland, Letsie III du Lesotho, Otumfuo Oséi Tutu II tout puissant maître de l’Empire Ashanti qui couvre une partie du Ghana et de la Cote d’ivoire, le Mogho Naba Tigré des Mossi au Burkina-Faso et bien d’autres Emirs du Sahara et Chefs de case prestigieuse du Sahel, Kadhafi brigue et achète le couronnement par des pieds nickelés, un peu bouffons à l’encan, dont le déguisement sert de gagne-pain. Avec Mouammar, l’intercontinentale de l’escroquerie au titre de noblesse prend siège à Tripoli. Elle tient, à longueur d’année, une représentation sous guichets très ouverts, dans les couloirs de l’hôtel Funduq Al-Kebir, sur la corniche de Tripoli. Un noble guerrier de l’Ouest ivoirien qui s’afficha avec le Guide se vit, au retour, déposer par ses pairs, au motif de « mauvaise fréquentation » !
Danger mortel!
John Jerry Rawlings, ancien président réformateur du Ghana et vieil familier de Kadhafi dont il partagea les confidences, les illuminations et quelques délires de rédimer le monde, en témoigne, sur le mode du désenchantement amer: « c’est un homme avec qui l’on ne peut partager des valeurs et dépourvu de toute vertu ».
Le jour où j’ai appris, un peu amusé par la perspective comparative et ses récurrences, que Kadhafi disait du bien du Général Aziz, je compris à quel point les jours de ce dernier sont désormais comptés. L’hôte, imprévisible en tout sauf dans la malchance dont il asperge ses émules, aura scellé, de quelques compliments mortels, le sort du putschiste mauritanien. Le Général Aziz, malgré les manifestations et toutes les sollicitations de son peuple depuis des années avant lui, refusait de rompre ses relations avec l’état d’Israël, avant de céder, in extrémis, aux exigences de la Libye, la veille de la visite controversée du Guide; au pris modique de 10 millions de dollars, livrés en liquide, le jour de la fermeture de l’ambassade de l’état hébreu à Nouakchott, le dirigeant de la junte joue mise de hasard sur la vie, avec toutes les conséquences d’une tel choix pour lui et son pays, dans la configuration du rapports de force, entre les Etats-Unis, l’Europe et surtout les institutions financières internationales.
L’arrivée en Mauritanie du Colonel Kadhafi a suscité, chez ce peuple fier et humble, voire parmi ses chefs militaires, l’espoir insensé, bientôt déçu, de les aider à affronter l’hostilité du monde. Paradoxe pitoyable, Mouammar Kadhafi, par sa partialité, en violation d’un mandat reçu de l’Union Africaine qu’il vient à peine de présider, pousse les deux principales forces politiques du pays, le RFD et le FNDD, à une ébauche d’accord contre sa médiation.
La visite du Guide démontre, aux Mauritaniens, combien leur général renonce, vite, à la souveraineté du pays, pour la sauvegarde de ses intérêts immédiats. Nombre de ses compatriotes se sentent encore bafoués et ressassent la blessure morale de ces 72 heures de siège, dans leur capitale, sous la botte de courtisans, collaborateurs et gardes de corps d’un chef d’état étranger, avec la bénédiction du haut conseil d’état et de son président.
Les images de cette virée de potaches, diffusées en courbe par la télévision libyenne, choquent qui connaît bien les mauritaniens et leur monomanie de la grandeur. Des dizaines de jeunes filles, selon une sélection au faciès, toutes habillées en uniforme blanc et maquillées pour la circonstance, buvaient la parole d’or du Guide, sous l’œil, torve et goguenard, des membres de sa suite. Que recherchait-on au travers de cette mise en scène indécente et insultante pour la République Islamique de Mauritanie ?
Généralement, la déchéance de la culture et des mœurs, à ce degré de déficit en vergogne, se paie d’une lourde contrepartie.
Le surlendemain, Kadhafi s’en allait semer la semence du doute en Guinée Bissau et au Niger et le Général Ould Abdel Aziz, à la conquête de l’électorat, une rare assurance sur les lèvres. Fort d’une sollicitude inespérée de l’hôte de la veille, il défie le monde et se paie de témérité. Comme le pendu agitant sa corde afin de se libérer de son emprise, plus il remue, mieux le nœud coulant lui enserre le cou. L’étouffement précipite le terme fatal. Partout sur terre, l’on meurt de bêtise ; en cela les Français s’étonnent, à juste titre, au constat que le ridicule ne tue plus autant.




Maitre KAMGA Souaib
Avocat, Président du Mouvement Démocrate Africain
Yaoundé-République du Cameroun
kamgsouaib@yahoo.fr


Jeudi 19 Mars 2009 - 15:21
Jeudi 19 Mars 2009 - 15:42
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