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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

L’origine des Maures: Par Dr Hamahou allah 0uld Salem,Professeur d’Histoire à l’Université de Nouakchott


L’origine des Maures: Par Dr Hamahou allah 0uld Salem,Professeur d’Histoire à l’Université de Nouakchott
Premiere partie:
Le «Tarikh al beydhane» qui signifie l’histoire de ce qu’on appelle communément la société maure renvoie à la fin d’une période historique qui s’achève en 1903 avec la colonisation française du territoire qui sera celui de l’actuelle république islamique de Mauritanie. Au-delà des frontières tracées par la colonisation, cette histoire concerne un espace naguère connu sous le vocable «Bilad Chinguitt». C’est l’espace dans lequel se sont déroulées les toutes premières opérations du mouvement almoravide et qui a connu, dés le XIVeme siècle, la substitution de la langue arabe aux dialectes berbères.
Cet espace est, également, considéré comme un ensemble humain qui a subi les mêmes influences historiques et dont le parler commun dérivé de l’arabe s’effectue par «le hassaniya» lequel constitue l’un des dialectes les plus proches de la langue arabe pure.
Compte tenu de ce qui précède , l’histoire des Maures s’identifie à celle de l’espace qui comprend, outre la Mauritanie, d’autres régions voisines liées avec elle par une foule de facteurs tels que la parenté, la langue, les usages et coutumes. Cet espace mouvant dans lequel les chameliers sont, constamment, à la recherche de pâturages s’étend vers le nord jusqu’au Wad Noun marocain et jusqu’ aux confins du Touat algérien. A l’Est, l’espace des Maures qu’ils appellent, eux mêmes «Trab el Bidhane» par opposition à «Trab Assoudane», englobe la région de l’Azaouad (au Mali).
Une telle délimitation nous permet de contourner les frontières politiques lesquelles impliquent des lectures historiques controversées, pour explorer un univers culturel plus à même de renseigner sur la vie des gens ainsi que sur les mutations sociales survenues dans le temps et dans l’espace.
Le «pays des Maures» ainsi compris a été désigné par diverses appellations dont les plus connues sont «Bilad Al Moutalathimin», qui veut dire «le territoire des hommes enturbannés», ou encore «Bilad Chinguitt». Cette dernière appellation, assez ancrée dans l’imaginaire des Arabes de l’Orient, est intimement liée à la multiplication des pèlerinages organisés par les habitants des anciennes cités du Sahara. Le terme «Sahara» est, par ailleurs, souvent utilisé pour désigner ce vaste territoire peuplé, à travers les ages, par des grands nomades. Il est intéressant, à ce sujet, de remarquer que l’expression «Mauritanie» qui correspond à un concept romain bien connu dérive, elle même, du mot Amazigh «Atmour tnagh ou Tmour tenna» qui signifie «notre terre», cette appropriation, qui évoque un sentiment national, est probablement liée à la forte résistance que les célèbres tribus maures ont opposé aux Romains, aux Vandales et autres conquérants des anciennes terres amazigh.
De nos jours, l’histoire des Maures ou «tarikh al bidhane» constitue un aspect fondamental de l’histoire de l’actuelle Mauritanie. Mais pour des raisons évidentes ce tarikh se limite à l’histoire des «Arabes du Grand Sahara» ou «les arabo-berbéres» (selon une terminologie assez courante) y compris le groupement haratine majoritairement originaire des peuples anciens lybico-berberes, notamment des Gara mantes ou «berbères noirs». Cette histoire n’englobe pas celle des habitants du pays issus d’autres collectivités «négro-africaines» (Soninkés, Hal pular, Wolofs.). Ces collectivités sont, cependant, fortement liés avec l’ensemble maure et ont, elles mêmes, fondé des entités étatiques d’un intérêt capital pour l’histoire de la sous région. D’ailleurs, les mouvements de grandes reformes qui se sont développés au sein de ces collectivités ont exercé une influence notoire sur toute l’étendue de « Bilad al Bidhane».
Parmi les plus anciennes de ces entités étatiques «négro-africaines», l’empire du Ghana dont la seconde capitale «Koumbi Salah» se situe au sud-est de la Mauritanie (fondée par Saleh Al Idrissi, l’ancêtre des chérifs de Tichit) et qui a dominé, dans l’actuel Mali, jusqu’au XVème siècle a constitué l’une des étapes importantes du commerce transsaharien.
Dans le même ordre d’idées, il conviendrait de citer l’avancée du conquérant peulh Tanguella et celle de son fils Colé qui ont envahi la haute vallée du fleuve Sénégal au niveau de laquelle ils ont soumis la SénéGambie et introduit le dialecte Pular provoquant ainsi une profonde mutation qui s’est soldée par l’assimilation de nombreuses tribus devenues, depuis lors, partie intégrante du peuple «Hal pular» (les gens dont le parler s’effectue par le Pular ou la Fulaniya).. Il importe de souligner que cette mutation similaire à celle qui s’est produite au niveau de la société maure a accompagné l’expansion des tribus arabes des Bani hassanes qui ont, dans les mêmes conditions imposé leur pouvoir et leur dialecte aux autochtones Sanhaja.
Plus récemment, la plus influente de ces entités «négro- africaines» a incontestablement été l’Etat fondé par Al Haj Omar Al Fouty (m. 1864) lequel a, complètement, bouleversé les équilibres politiques, religieux et humains dans les vallées des fleuves du Sénégal et du Niger et qui a eu une influence, aussi bien positive que négative, dans divers domaines.
Cette précision étant apportée, il convient de signaler que l’étude du tarikh précité parait d’autant plus indispensable que les approches existantes, en la matière, sont largement insuffisantes
.Dans ce domaine, l’offre se limite à des travaux académiques trop spécialisés ou à des études dont l’historicité est bien douteuse. Dans certains cas, la méthodologie fait, cruellement, défaut aux études disponibles tandis que dans d’autres cas, celles-ci correspondent à une compilation maladroite des légendes et des mythes ou à une manipulation des faits, voire à un trafic des généalogies. En outre, ces études sont, souvent, discréditées par les invraisemblables hypothèses et par le manque d’honnêteté intellectuelle de leurs auteurs.
Pour surmonter ce genre de lacunes courantes, il faudrait éviter les conclusions faciles et les déductions rapides en se concentrant sur les profonds bouleversements qui ont façonné la société maure. Dans cette perspective, il conviendrait de mettre l’accent sur des grands événements tels que les énormes mouvements migratoires, les principaux conflits, les changements structurels au niveaux social, politique, spirituel et économique qui ont été à l’origine de la formation de l’ensemble maure. Cette origine (Asl) se dessine, globalement, à travers les mutations fondamentales qui ont résulté de la conquête islamique, de l’Etat almoravide, de l’immigration arabe «hassane», du conflit entre les Sanhaja et le Bani Hassane. La pénétration coloniale est, également, un événement d’un grand intérêt dans l’étude de cette histoire mais contrairement aux mutations précédemment citées, cette pénétration n’a pas eu d’incidence notable sur l’organisation sociologique des Maures et ce, malgré l’atrocité des comportements que les envahisseurs français ont adopté vis à vis des autochtones.
Il existe, en plus, d’autres événements qui n’ont pas eu d’incidence notable dans la vie des maures même si, par ailleurs, ils les ont conservé dans leur mémoire collective. C’est, notamment, le cas de la campagne du Roi Mansour Assa’di (Maroc) contre l’Etat Songai (1591) qui s’est soldée par la chute de Toumbouctou, capitale culturelle de cet empire noir et qui occupe une place prépondérante dans l’histoire culturelle des Maures. C’est aussi, la précédente campagne, moins connue et sans effets notoires, des mêmes saadites en 1584 qui a visé tout le littoral atlantique jusqu’à l’embouchure du fleuve Sénégal et dont l’aboutissement pacifique est dû à succès des négociations menées par le représentant des autochtones, Brahim Ben Redouan, l’ancêtre des Fal Gannar.
Mais c’est, surtout, le cas de la «guerre de Char Babba» déclenchée par Nacer dine (d’origine lemtouna) qui s’est déroulée dans le sud ouest mauritanien à la fin du XVIIeme siècle et qui a été un événement d’une courte durée, d’ailleurs, limité à une zone bien précise. Cette guerre, dont l’étrangeté est d’être décrite, uniquement, par les vaincus, possède une valeur symbolique aux yeux des tribus Zwayas qui y ont participé, mais paradoxalement, dans la mémoire des vainqueurs, issus des tribus arabes., d’habitude enclins à la célébration de leurs exploits, cette guerre fait figure d’un non événement.

(A suivre)
(II éme Partie)
Pour remonter l’origine des Maures, il conviendrait, tout d’abord, d’explorer des ages aussi anciens que confus. Ce temps s’achève avec l’islamisation dont les débuts se situent aux VIIeme et VIIIeme siècles de l’ère chrétienne




Mais l’étape qui suscite davantage l’intérêt dans la formation de la société maure correspond, sans aucun doute, à la genèse, dans le Sahara des hommes enturbannés, de l’Etat almoravide.
L’histoire de cet Etat qui a pris naissance en Mauritanie actuelle et dans ces environs immédiats a été suivie d’une époque qui s’étend du XIIeme au XVI eme siècles et dont les données sont, pratiquement, absentes de l’enseignement de l’histoire. Viennent ensuite d’autres périodes qui sont, successivement, l’arrivée des Arabes Hassanes, la fondation des cités, la formation des émirats et des chefferies hassanes, la prospérité puis la décadence de la société tribale, le début de la Sayba (anarchie) qui a accompagné une profonde crise accentuée par l’embargo européen destiné à préparer l’occupation du pays. Toutes ces périodes constituent des étapes essentielles et peuvent servir comme un fondement à une périodisation.

Périodisation de l’Histoire de la Mauritanie.
La périodisation est, par nature, un exercice complexe dont le but est de repartir l’histoire universelle en étapes. Elle consiste à sélectionner des événements décisifs qui annoncent une ère laquelle devrait se terminer par d’autres événements d’une intensité similaire. Cet exercice devient plus difficile quand il s’agit d’aborder l’histoire régionale ou locale. Globalement, l’histoire universelle est composée par des grandes périodes qui se succèdent selon le schéma suivant :
L’histoire ancienne qui commence à partir de l’apparition de l’alphabet et se termine par la chute de Rome, l’histoire médiévale qui s’achève par la découverte de l’Amérique, l’Histoire moderne dont la révolution française constitue l’aboutissement, l’histoire contemporaine qui prend fin avec la seconde guerre mondiale, laquelle constitue, le début de ce qu’on a pu designer, de manière quelque peu équivoque, par l’histoire actuelle. Il reste entendu que les historiens sont divisés aussi bien au sujet de ces périodes que sur les débuts et les fins précédemment évoquées. Il faut dire, aussi, que la dite périodisation est purement académique. Son but est de faciliter l’étude de l’Histoire. Une telle répartition artificielle heurte le sens de l’histoire de l’expérience humaine laquelle correspond à un fleuve des événements dont le cours est bien difficile à détourner. Au demeurant, la périodisation universelle, construite par les historiens de l’Europe et ceux de l’occident contemporain, ne saurait être contraignante pour l’ensemble des civilisations, dans la mesure où la répartition de l’Histoire qui en résulte découle de leur expérience spécifique et de leur regard à l’autre. De ce fait, la périodisation universelle ne peut être appliquée à l’étape médiévale qui commence avec l’apparition de l’Islam et se termine avec la chute de Bagdad. Durant cette époque, la civilisation arabo-islamique a connu une exceptionnelle prospérité tandis que l’Europe vivait à l’ombre de ce qu’elle appelle, elle même, «le moyen age obscur». A ceci, il convient d’ajouter que la fixation des commencements et des fins relève d’une manifeste abstraction qui autorise bien de divergences au sujet des événements décisifs. C’est ainsi que la chute de Rome qui constitue une référence d’un intérêt capital au niveau européen, n’a pas pour les musulmans, une importance particulière.
Néanmoins, la logique des deux histoires islamique et européenne se confond au sujet de certains grands événements qui ont influencé sur le cours de «l’Histoire universelle» comme la fixation du début de l’Histoire moderne par la chute de Grenade ( 1492) qui correspond à la découverte de l’Amérique. Le XVeme siècle aura, de ce point de vue, été le début du repli de la civilisation islamique et, en même temps, celui de la renaissance européenne.
La périodisation de l’Histoire d’un pays déterminé ou celle d’un territoire délimité comme la Mauritanie ou d’autres pays est, quant à elle, assez délicate dans la mesure où ce genre de périodisation implique le respect d’un équilibre entre les événements d’une portée universelle et ceux qui n’ont qu’une dimension locale. A cet effet, il est indispensable d’assurer une cohésion entre les mutations survenues à la périphérie et celles qui se sont produites au centre. Avec un peu d’audace, il est, cependant, permis de répartir l’Histoire de la Mauritanie selon les ages suivants :
L’Histoire ancienne qui correspond à une période incluse entre le second millénaire avant J-C et le VIIeme siècle de l’ère chrétienne. Cette période commence avec l’apparition des Chars introduit par le peuple des Gara mantes. Cette apparition constitue, en elle même, une révolution dans l’histoire du Sahara et un début des échanges effectifs avec les Romains de l’Afrique du Nord. C’est, d’ailleurs, pour cette raison que les autochtones ont, depuis cette époque jusqu’à nos jours, collé la qualification de « Aghremman» à ces «berbères noirs», ancêtres de la majorité des actuels haratines. La qualification qui signifie littéralement les petits Romains traduit, en fait, une référence aux relations commerciales et politiques que les Gara mantes entretenaient avec les Romains. L’Histoire ancienne ainsi délimitée s’achève avec la conquête islamique du Sahara au VIIeme siècle après J-C.
L’histoire médiévale qui commence avec la conquête islamique au VIIeme siècle de l’ère chrétienne, premier siècle de l’hégire et se termine en 1591. Cette période correspond au Temps des Sanhadja qui se divise en deux : Le premier temps des Sanhadja qui commence par la conquête islamique et s’achève avec la fondation de l’Etat almoravide et durant lequel, les tribus des Mutalthimoun (les enturbannés) ont fondé un Etat dont la capitale fut Aoudaghost ( situé au Hodh El Gharby actuel). Le Second temps de Sanhadja débute, quant à lui, sur la naissance de l’Etat almoravide et prend fin avec le désordre consécutif à la chute de Tombouctou ( 1591) Cet événement a, profondément, bouleversé la vie au Sahara et a provoqué , notamment dans la zone située au Nord du fleuve du Niger, l’écroulement des institutions religieuses, culturelles et économiques. Cette chute, a également, été suivie «d’une migration des cerveaux» vers le Nord, d’une dispersion des chemins des caravanes aussi bien au Nord qu’à l’Est ainsi que de l’ascension des principautés païennes au sud. Cette ascension fut, par ailleurs, accompagnée de la présence européenne sur la façade maritime du pays. Au total, la chute de Tombouctou qui a mis fin à l’existence de l’Etat Songai a été un événement majeur qui a, fortement, secoué la stabilité des entités politiques et sociales au Sahara et au Soudan. .
L’histoire moderne correspond, globalement, à ce qu’on peut appeler le temps des Hassane .C’est, en effet, durant la période qui va de la chute de Tombouctou ( 1591) au célèbre combat de Lehneikat ( 1778) que la domination de ces tribus arabes, sur la quasi totalité du territoire de la Mauritanie actuelle, a été effective. L’une des conséquences immédiates de ce combat entre les Idaw ich d’origine Sanhadja et les Arabes Beni Hassan, fut la fondation de l’Emirat du Tagant et a, long terme, ce combat a eu pour effet la fin du vieux conflit déclenché depuis le XIVeme siècle et qui opposait les Emirats lemtouna aux tribus arabes .La fin de ce conflit a été déterminante dans la constitution de la société maure dans sa forme actuelle.
L’histoire contemporaine : Cette période commence à partir de la fin du combat de Lehneikat en 1778 et se termine en 1903 avec la domination coloniale.
Histoire actuelle : il s’agit d’un concept nouveau qu désigne la période incluse entre l’après seconde guerre mondiale et la fin de la guerre froide .On peut considérer que le début effectif de cette période en Mauritanie correspond à la naissance, en 1960 , de l’Etat national.

A vrai dire, la périodisation de «l’Histoire nationale» est, quelque soit le pays étudié, une entreprise délicate qui ne saurait être définitive. Cette périodisation se construit su un discours identitaire, naturellement, controversé. De même une telle entreprise s’inscrit, forcément, dans une perspective évolutive et obéit à une incontournable révision et à un débat permanent.


(A suivre)

source : TAHALIL HEBDO (Mauritanie )
Dimanche 12 Novembre 2006 - 09:13
Dimanche 12 Novembre 2006 - 09:16
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