Union africaine : Le temps des épreuves

Au lendemain de sa réunion sur Madagascar qui « exprime sa grave préoccupation », selon une formule désormais consacrée, l’Union africaine, confirme ce qu’on nous savons tous : une chaîne ne sera jamais plus forte que le plus faible de ses maillons. Et des maillons faibles, l’organisation continentale en a mais la réalité semble même dépasser la fiction, plombant la météo.

L’élection du Guide libyen à la tête de l’Union africaine avait, on s’en souvient, déclenché des avis de tempêtes que nous trouvions prématurés.

Depuis, et sans perdre de temps, Khadafi désigné médiateur, dit-on, par le Groupe de Contact sur la Mauritanie, a tranché. Le « shrik » ce rafraîchissant breuvage mauritanien, est tiré, il faut le boire. En d’autres termes, le Général Ould Abdel Aziz est aux commandes, il a le droit d’y rester, même venu par le moyen d’un putsch. Et donc, que tout le monde se positionne pour l’élection décidée par la junte, ou la boucle !

Dans la foulée, Niamey, et alors que selon un membre influent de son parti, Tandia s’était résolu à ne pas avancer dans le projet de révision constitutionnel susceptible de lui assurer un troisième mandat, voilà le Président en exercice de l’UA,dans un de ses exercices favoris : la limitation des mandats présidentiels est anti-démocratique. C’est là un des piliers de la doctrine politique du Guide basée sur le rejet du pluralisme et de la démocratie.

Alors que justement, ceux-ci constituent les pierres d’angle de la Charte de l’Union africaine et que c’est précisément sur ces questions-là et celle de la participation des peuples à son projet, que l’Union Africaine tranche d’avec l’OUA. Si on ajoute aux derniers propos du Guide, les points de doctrine de l’UA, à travers son Conseil de Paix et Sécurité, on ne peut s’empêcher de frémir. La Guinée Bissau, ce n’est pas un coup d’Etat ?

Attention à la jurisprudence créée pour les candidats au putsch. Ils bousilleront le président élu, le remplaceront selon le mode d’emploi prévu par la constitution et tireront un moment les ficelles, le temps d’échapper aux sanctions. Or en 2009 et 2010, il y aura une dizaine d’élections sur le continent. Et bien d’autres mandats électifs seraient en train de finir en 2011 et 2012. L’Union africaine, sauf, à faire comme l’OUA, ne peut survivre à autant de turbulences, car il est indéniable que la gouvernance africaine est en train de subir ses plus gros orages depuis les fameux vents d’Est.

Le vaisseau, sous le poids des erreurs humaines, est en train de crasher. Il faut juste savoir, s’il le fera avant le prochain sommet de l’organisation continentale prévu à Madagascar en juillet prochain. Sans commentaires.

Adam Thiam

Source: maliweb