
La mission de sapeurs-pompiers allouée au panel de Chefs d’Etat africains n’avait aucune chance d’aboutir. L’intermédiation africaine rejetée par les rebelles eux-mêmes avorte donc dans l’œuf. Le refus d’une solution politique, seule hypothèse, à même de résoudre la crise libyenne, risque de laisser libre cours à la voie des armes.
Les qataris directement impliqués dans ce conflit organisent, à leur tour une table-ronde internationale consacrée à ce pays. Volonté de torpiller l’initiative africaine ou désir réel de sortir de l’impasse? Le diable demeure dans les détails!
La mission du comité ad hoc des chefs d’Etat africains ne semble, dans l’immédiat en tout cas, pas porter ses fruits. Le semi-échec reste lié au refus des rebelles de l’est libyen d’envisager une issue politique sans le départ préalable de Ghaddafi et de son système. Vaste programme! Sur le terrain, l’escalade militaire continue inlassablement.
Dans les faits, les rebelles ne doivent leur salut qu’à l’armada déployé par l’Otan pour freiner l’avancée des troupes loyalistes, parvenus jusqu’à Jdabiya, non loin de leur fief de Benghazi. Même si l’avis des responsables des opérations de l’Otan parlent de l’impossibilité pour les rebelles d’en finir avec Ghaddafi, par leurs propres moyens, la France et la Grande Bretagne, tentent encore de pousser l’Otan à redéployer plus encore sa force contre les troupes loyalistes au Colonel Ghaddafi. Mais l’impasse militaire se corse aujourd’hui d’une impasse diplomatique.
Initiatives diplomatiques tous azimuts.
Même s’il s’avère encore tôt de jauger du succès ou de l’échec de la mission du comité ad hoc africain, il était peu probable dans la pratique pour le comité ad hoc, dont les décisions ne sont pas contraignantes pour les deux parties au conflit, de les résoudre à accepter ses recommandations pour une période de transition politique dans le pays. La surprise est même venue de l’acceptation par Ghaddafi de cette feuille de route alors que les représentants des rebelles ne voulaient pas en entendre parler.
Il faut dire que le CNT, installé par la rébellion à Benghazi, n’avait pas cure de cette mission pour la simple raison qu’il était reconnu par certains Etats importants sur l’échiquier diplomatique international, et engagés avec lui, sur le terrain militaire, dans la perspective de déloger Ghaddafi d’un Pouvoir qui le grise depuis 42 ans maintenant.
Les rares révélations de la feuille de route évoquent, en effet, une plus grande ouverture démocratique dans le pays, sans évoquer la condition sine qua non réclamée des rebelles à savoir le départ de Ghaddafi et de son système du Pouvoir. Les réactions des rebelles contre l’intermédiation africaine qu’ils soupçonnent favorable à Ghadafi a parfois frisé le ridicule, dans l’accusation de tous les dirigeants africains de «marionnettes » entre les mains du Guide devenu paria de la communauté internationale.
Les rebelles oublient très souvent que les régimes qui soutiennent leur insurrection ont aussi flirté avec le Colonel Mouammar Ghaddafi, qu’ils en sont même la production. Confondus, à tord d’ailleurs, avec tout le Peuple libyen, les rebelles emmenés par Moustapha Abdel Jalil, épinglés par Amnesty International et qui jusqu’au 21 février 2011, était encore un ministre de Ghaddafi, les rebelles suscitent encore de grandes interrogations quant au soutien d’intrus terroristes affiliés à Al Qaeda.
Il est de toute évidence clair aujourd’hui que même leurs alliés ont des doutes sur la présence louche d’éléments fichés comme des adeptes de la nébuleuse terroriste et sur le transfert d’un arsenal sophistiqué (Sam7) vers ces groupes dans la région sahélo-sahélienne. Mais quoiqu’on dise aujourd’hui, la feuille de route africaine s’apparente à l’initiative turque, pour une sortie de crise en Libye.
Elle envisage d’abord un cessez-le feu immédiat entre les belligérants et la poursuite de rencontres politiques pour une sortie de crise ainsi qu’une transition que pourrait mener son fils Saif El Islam. Même les Usa ont également dépêché deux émissaires en Libye pour une mission diplomatique sur le terrain.
Que peut Doha?
L’impasse diplomatique et le constat d’enlisement militaire éventuel de l’Otan en Libye aidant, d’autant que les dommages collatéraux n’ont pas épargné les civils, une nouvelle initiative est prise à Doha. Vise-t-elle à torpiller l’initiative africaine. Il est permis d’en douter car si le Qatar est partie prenante dans ce conflit, à travers et ses avions, la commercialisation du pétrole libyen et sa chaine Al Jazeera, en arabe, force est de croire que l’instigation d’une telle rencontre a été montée plus haut.
Et alors que les combats continuent de faire rage sur le terrain, notamment à Jdabiya (Est) et misrata (ouest) de la Libye, beaucoup de raisons président à l’échec annoncé de l’initiative africaine parmi lesquelles le soutien diplomatique aux rebelles des monarchies arabes et les plus puissantes forces de frappe militaires occidentales.
Nonbstant ses appels répétés, depuis le déclanchement des opérations occidentales, pour une solution politique en Libye, appels restés sans écho auprès des blocs les plus puissants de la Communauté internationale (Usa, Ue, Nato et les monarchies arabes), l’Ua est aujourd’hui envoyée au charbon, sans espoir de pouvoir convaincre des rebelles de la «feuille de route» proposée pour une transition politique. L’une des délégations africaines (la délégation malienne) aurait même été prise à partie par les manifestants pro-rebelles à son départ de Benghazi, deuxième étape du périple de la mission africaine, après Tripoli.
Dans le registre militaire, la suprématie des loyalistes, mieux armés et mieux organisés, augure d’une guerre déséquilibrée et difficile à remporter par les rebelles. Et c’est ce qui inquiète l’Occident. Mais ce déficit militaire est comblé par l’interprétation parfois abusive de la résolution 1973, sous le couvert de laquelle l’Otan intervient aujourd’hui en Libye. La résolution du Conseil de sécurité, obtenue à 10 voix contre 5 abstentions l’avait été à l’issue d’une réunion d’urgence de Ligue arabe.
La résolution 1973 avait été adoptée le 17 mars 2011 C’est donc dans cet engrenage diplomatico-militaire libyen que se tiendra le 13 avril, la rencontre de Doha où l’Union Africaine sera représentée, pour une fois, sur les discussions concernant l’un de ses membres. Absente à Paris et Londres, empêchée de se rendre en Libye, sans le consentement de l’Occident, l’Ua, qui se doute du soutien de ces grands ensembles occidentaux et arabes aux rebelles, tentera de présenter sa «feuille de route» déjà acceptée par Ghaddafi pour un «cessez-le-feu» et une coopération de ses troupes pour «faciliter l’acheminement diligent de l’assistance humanitaire aux populations dans le besoin».
Le soulèvement des populations de Benghazi, intervenu le 17 février 2011, dans le sillage des révolutions tunisienne et égyptienne, contre le régime de Ghaddafi, depuis 42 ans au Pouvoir, a très vite tourné à la guerre ouverte entre les autorités libyennes et leurs opposants qui s’étaient entre temps emparés d’un important arsenal. Les premiers succès remportés, à la faveur, de l’effet de surprise totale contre l’armée libyenne, avaient fait croire que le régime de Ghadafi pouvait capituler.
Mais c’était compter sans la témérité du «Guide ». La Ligue arabe réunie en urgence au Caire donnait, elle-même, le feu-vert aux forces occidentales par le biais de l’adoption de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations unies. Une résolution consensuelle «pour protéger les civils» contre la folie meurtrière de Ghaddafi.
Elle disposait qu’elle permettait «aux pays qui le souhaitent de participer à une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye pour protéger la population civile, et de « prendre toutes mesures nécessaires (…) pour protéger les populations et les zones civiles menacées d’attaque en Jamahiriya arabe libyenne». Une diligence que l’on n’a pas vu s’opérer en décembre 2008 lorsque Tsahal tuait 1300 civils palestiniens dont une majorité d’enfants.
Il faut donc croire que le monde « civilisé » agit selon des œillères qui lui sont propres. Après l’envoi de leurs armadas contre la Libye et son régime dictatorial, les principales forces militaires occidentales va-en-guerre, France, Usa, Angleterre, Italie ont miné la première initiative africaine.
Les Etats africains sont aujourd’hui attentifs à ce conflit pour la simple raison qu’il ouvrirait la porte au soutien hégémonique de l’Occident à d’autres insurrections armées sur le Continent, déjà le théâtre à maintes atrocités commises au nom de la lutte pour les droits humains.
Ceci est d’autant plus vrai que les conséquences sécuritaires du conflit libyen sont incommensurables pour toute l’Afrique et même pour l’Europe où déferlent des dizaines de milliers de réfugiés.
Jedna DEIDA
Source : Le Quotidien de Nouakchott
via cridem.org
Les qataris directement impliqués dans ce conflit organisent, à leur tour une table-ronde internationale consacrée à ce pays. Volonté de torpiller l’initiative africaine ou désir réel de sortir de l’impasse? Le diable demeure dans les détails!
La mission du comité ad hoc des chefs d’Etat africains ne semble, dans l’immédiat en tout cas, pas porter ses fruits. Le semi-échec reste lié au refus des rebelles de l’est libyen d’envisager une issue politique sans le départ préalable de Ghaddafi et de son système. Vaste programme! Sur le terrain, l’escalade militaire continue inlassablement.
Dans les faits, les rebelles ne doivent leur salut qu’à l’armada déployé par l’Otan pour freiner l’avancée des troupes loyalistes, parvenus jusqu’à Jdabiya, non loin de leur fief de Benghazi. Même si l’avis des responsables des opérations de l’Otan parlent de l’impossibilité pour les rebelles d’en finir avec Ghaddafi, par leurs propres moyens, la France et la Grande Bretagne, tentent encore de pousser l’Otan à redéployer plus encore sa force contre les troupes loyalistes au Colonel Ghaddafi. Mais l’impasse militaire se corse aujourd’hui d’une impasse diplomatique.
Initiatives diplomatiques tous azimuts.
Même s’il s’avère encore tôt de jauger du succès ou de l’échec de la mission du comité ad hoc africain, il était peu probable dans la pratique pour le comité ad hoc, dont les décisions ne sont pas contraignantes pour les deux parties au conflit, de les résoudre à accepter ses recommandations pour une période de transition politique dans le pays. La surprise est même venue de l’acceptation par Ghaddafi de cette feuille de route alors que les représentants des rebelles ne voulaient pas en entendre parler.
Il faut dire que le CNT, installé par la rébellion à Benghazi, n’avait pas cure de cette mission pour la simple raison qu’il était reconnu par certains Etats importants sur l’échiquier diplomatique international, et engagés avec lui, sur le terrain militaire, dans la perspective de déloger Ghaddafi d’un Pouvoir qui le grise depuis 42 ans maintenant.
Les rares révélations de la feuille de route évoquent, en effet, une plus grande ouverture démocratique dans le pays, sans évoquer la condition sine qua non réclamée des rebelles à savoir le départ de Ghaddafi et de son système du Pouvoir. Les réactions des rebelles contre l’intermédiation africaine qu’ils soupçonnent favorable à Ghadafi a parfois frisé le ridicule, dans l’accusation de tous les dirigeants africains de «marionnettes » entre les mains du Guide devenu paria de la communauté internationale.
Les rebelles oublient très souvent que les régimes qui soutiennent leur insurrection ont aussi flirté avec le Colonel Mouammar Ghaddafi, qu’ils en sont même la production. Confondus, à tord d’ailleurs, avec tout le Peuple libyen, les rebelles emmenés par Moustapha Abdel Jalil, épinglés par Amnesty International et qui jusqu’au 21 février 2011, était encore un ministre de Ghaddafi, les rebelles suscitent encore de grandes interrogations quant au soutien d’intrus terroristes affiliés à Al Qaeda.
Il est de toute évidence clair aujourd’hui que même leurs alliés ont des doutes sur la présence louche d’éléments fichés comme des adeptes de la nébuleuse terroriste et sur le transfert d’un arsenal sophistiqué (Sam7) vers ces groupes dans la région sahélo-sahélienne. Mais quoiqu’on dise aujourd’hui, la feuille de route africaine s’apparente à l’initiative turque, pour une sortie de crise en Libye.
Elle envisage d’abord un cessez-le feu immédiat entre les belligérants et la poursuite de rencontres politiques pour une sortie de crise ainsi qu’une transition que pourrait mener son fils Saif El Islam. Même les Usa ont également dépêché deux émissaires en Libye pour une mission diplomatique sur le terrain.
Que peut Doha?
L’impasse diplomatique et le constat d’enlisement militaire éventuel de l’Otan en Libye aidant, d’autant que les dommages collatéraux n’ont pas épargné les civils, une nouvelle initiative est prise à Doha. Vise-t-elle à torpiller l’initiative africaine. Il est permis d’en douter car si le Qatar est partie prenante dans ce conflit, à travers et ses avions, la commercialisation du pétrole libyen et sa chaine Al Jazeera, en arabe, force est de croire que l’instigation d’une telle rencontre a été montée plus haut.
Et alors que les combats continuent de faire rage sur le terrain, notamment à Jdabiya (Est) et misrata (ouest) de la Libye, beaucoup de raisons président à l’échec annoncé de l’initiative africaine parmi lesquelles le soutien diplomatique aux rebelles des monarchies arabes et les plus puissantes forces de frappe militaires occidentales.
Nonbstant ses appels répétés, depuis le déclanchement des opérations occidentales, pour une solution politique en Libye, appels restés sans écho auprès des blocs les plus puissants de la Communauté internationale (Usa, Ue, Nato et les monarchies arabes), l’Ua est aujourd’hui envoyée au charbon, sans espoir de pouvoir convaincre des rebelles de la «feuille de route» proposée pour une transition politique. L’une des délégations africaines (la délégation malienne) aurait même été prise à partie par les manifestants pro-rebelles à son départ de Benghazi, deuxième étape du périple de la mission africaine, après Tripoli.
Dans le registre militaire, la suprématie des loyalistes, mieux armés et mieux organisés, augure d’une guerre déséquilibrée et difficile à remporter par les rebelles. Et c’est ce qui inquiète l’Occident. Mais ce déficit militaire est comblé par l’interprétation parfois abusive de la résolution 1973, sous le couvert de laquelle l’Otan intervient aujourd’hui en Libye. La résolution du Conseil de sécurité, obtenue à 10 voix contre 5 abstentions l’avait été à l’issue d’une réunion d’urgence de Ligue arabe.
La résolution 1973 avait été adoptée le 17 mars 2011 C’est donc dans cet engrenage diplomatico-militaire libyen que se tiendra le 13 avril, la rencontre de Doha où l’Union Africaine sera représentée, pour une fois, sur les discussions concernant l’un de ses membres. Absente à Paris et Londres, empêchée de se rendre en Libye, sans le consentement de l’Occident, l’Ua, qui se doute du soutien de ces grands ensembles occidentaux et arabes aux rebelles, tentera de présenter sa «feuille de route» déjà acceptée par Ghaddafi pour un «cessez-le-feu» et une coopération de ses troupes pour «faciliter l’acheminement diligent de l’assistance humanitaire aux populations dans le besoin».
Le soulèvement des populations de Benghazi, intervenu le 17 février 2011, dans le sillage des révolutions tunisienne et égyptienne, contre le régime de Ghaddafi, depuis 42 ans au Pouvoir, a très vite tourné à la guerre ouverte entre les autorités libyennes et leurs opposants qui s’étaient entre temps emparés d’un important arsenal. Les premiers succès remportés, à la faveur, de l’effet de surprise totale contre l’armée libyenne, avaient fait croire que le régime de Ghadafi pouvait capituler.
Mais c’était compter sans la témérité du «Guide ». La Ligue arabe réunie en urgence au Caire donnait, elle-même, le feu-vert aux forces occidentales par le biais de l’adoption de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations unies. Une résolution consensuelle «pour protéger les civils» contre la folie meurtrière de Ghaddafi.
Elle disposait qu’elle permettait «aux pays qui le souhaitent de participer à une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye pour protéger la population civile, et de « prendre toutes mesures nécessaires (…) pour protéger les populations et les zones civiles menacées d’attaque en Jamahiriya arabe libyenne». Une diligence que l’on n’a pas vu s’opérer en décembre 2008 lorsque Tsahal tuait 1300 civils palestiniens dont une majorité d’enfants.
Il faut donc croire que le monde « civilisé » agit selon des œillères qui lui sont propres. Après l’envoi de leurs armadas contre la Libye et son régime dictatorial, les principales forces militaires occidentales va-en-guerre, France, Usa, Angleterre, Italie ont miné la première initiative africaine.
Les Etats africains sont aujourd’hui attentifs à ce conflit pour la simple raison qu’il ouvrirait la porte au soutien hégémonique de l’Occident à d’autres insurrections armées sur le Continent, déjà le théâtre à maintes atrocités commises au nom de la lutte pour les droits humains.
Ceci est d’autant plus vrai que les conséquences sécuritaires du conflit libyen sont incommensurables pour toute l’Afrique et même pour l’Europe où déferlent des dizaines de milliers de réfugiés.
Jedna DEIDA
Source : Le Quotidien de Nouakchott
via cridem.org