Il est étonnant de constater que la victoire de l’AJD/MR aux législatives et aux municipales n’est pas considérée comme un événement décisif dans la longue marche de la lutte des opprimés, dont certaines et certains ont payé cher pour que des sièges soient arrachés avec un mérite indéniable.
Comment travestir le bonheur de la victoire en déception, en regrets et en reniements ?
Il y a un fond de pessimisme entretenu par une forme de volonté incompréhensible de ne pas prendre acte du fruit d’un combat acharné, ayant surmonté de rudes épreuves, et ce, depuis plusieurs décennies.
La recomposition du paysage politique qui se dessine, à travers la clarification des appartenances idéologiques, réveille des susceptibilités conservatrices en tout genre. C’est ainsi que les forces du conservatisme rétrograde affrontent la logique de la marche progressiste et démocratique vers l’émancipation et la libération dont le seul objectif est de permettre aux élus de porter la parole des opprimés au sein des espaces institutionnels de cette République qui repose sur le déni de citoyenneté de la composante noire. Perdre de vue cette dimension de notre combat politique, c’est faire preuve d’une cécité inqualifiable.
Le système est en train de transformer cette victoire inespérée en défaite, par la voix même des membres de la composante niée. A la mobilisation du système, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays de rendre invisible et inaudible notre combat pour la justice, l’égalité et la démocratie, s’ajoute une contribution incompréhensible par la fureur d’une liturgie qui n’est point d’actualité. Cette contribution trouve également son écho dans une forme de rhétorique incolore, inodore qui s’annule par son manque de positionnement et de clarté dans son parti pris. Il y a comme une volonté de ternir l’image d’un combat inaltérable par la détermination, le courage et l’engagement généreux de militantes et de militants ayant consenti des sacrifices pour l’avènement d’une société mauritanienne débarrassée de l’esclavage, du racisme et de l’impunité.
Les démons ataviques de la légendaire léthargie de notre communauté, reprennent de la force et s’épuisent ainsi à faire l’impasse sur la brèche ouverte par ses élections, dont les lueurs d’espoir redonnent un souffle nouveau à notre histoire marquée par les souffrances, les larmes et le sang. La résistance - a -t-elle changé de camp ?
Hier, victimes sans voix, sans autorisation à l’expression publique de nos revendications, de notre programme qui s’inscrit dans le droit fil de tous les combats historiques pour la reconquête de la dignité et de la liberté, aujourd’hui, il y a comme des réticences à prendre acte du monde nouveau qui se dessine sous nos yeux. Des combattants ont pris leur courage en mains pour affronter un système qui ne leur a fait aucun cadeau et des victimes qui n’ont pas encore soldé leur peur devant l’ampleur des exactions haussent le ton maintenant, devant le silence médusé de tous les témoins d’hier et d’aujourd’hui.
Personne ne veut procéder à un appel à vigilance, préférant laisser s’envenimer la situation, traduisant ainsi un repli qui entretient le flou et le flottement. Un silence de la complicité, voire de la lâcheté au grand dam des victimes du système et des acteurs majeurs de notre combat. L’instrument au nom duquel le combat a été possible n’a de sens que par son inscription dans la dynamique de l’histoire et des aspirations de notre peuple à assumer son destin dans les espaces publics et institutionnels. Revendiquer la pureté et la perfection qui ne sont pas à la portée de l’humaine condition, c’est se tromper de combat et d’adversaire. En Mauritanie, les opprimés n’ont qu’un seul adversaire, trop connu et clairement identifié : le système raciste et esclavagiste. Il n’y en a pas d’autres et il n’est pas question d’en chercher. Les idéologues et les rhéteurs qui cachent mal leur combat personnel ne font que renforcer le sentiment d’un complot interne qui n’existe nulle part, sinon dans leurs fantasmes.
En effet, la tradition veut que l’on reconnaisse le mérite de ceux et de celles qui ont gagné, surtout quand nous prétendons défendre la même cause. Les individus doivent canaliser leur égo au service de la cause qui est la seule matrice qui légitime et fonde notre volonté d’être au service du combat pour la justice, la liberté, la dignité et la démocratie. La volonté d’enterrer ceux et celles qui ont contribué et contribuent encore au combat pour l’avènement d’une autre Mauritanie, est révélatrice d’un misérabilisme qui ne peut pas inhiber le processus engagé et qui pointe à l’horizon la victoire de la démocratie sur la décomposition du système.
Il n’est plus possible de continuer à entretenir le calvaire d’un peuple. La vitrine que le régime actuel veut présenter à la communauté internationale pour faire bonne figure dans le concert des nations est sans lendemain. Cette vitrine cache mal la malhonnêteté consubstantielle au système politique qui règne en Mauritanie. Le vrai visage de ce système est fondé sur l’esclavage, le racisme, l’impunité, l’oppression de la composante africaine noire mauritanienne
. En conséquence, la seule mobilisation qui vaille et qui soit porteuse de sens est le combat contre le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz, dont la politique est une actualisation du système qui prévaut depuis les indépendances.
Il faut dire que les adeptes de la critique interne, (qui n’est en réalité que du dénigrement) et les artisans du brouillage des cartes n’ont plus d’avenir, parce que la société mauritanienne a pris conscience que pour entrer dans la modernité, il faut se libérer du fascisme structurel du système, de l’intégrisme, du conservatisme, du féodalisme et de l’exaltation d’une histoire dont la médiocrité et la nullité ont marqué même les plus instruits.
L’histoire politique de la Mauritanie est l’histoire d’un processus de déviance et de dérives criminelles, qui a marqué une certaine élite plongée dans la mécanique de la routine et des pesanteurs sociologiques. Cette élite est façonnée par une somme de déterminismes qui inhibent ses capacités de pensée et de résistance. Il ne faut plus compter sur cette élite. Il faut avancer dans notre longue marche vers la liberté, la justice, la reconquête de notre dignité et la démocratie sans égard pour cette élite archaïque et incapable.
Nostalgique d’un âge aussi mythique que stérile, cette élite est défaillante du fait même de la logique de l’oppression au quotidien et du poids de l’arriération et de l’appel à préserver une identité figée par une forme de misère culturelle et morale. L’absence de passion pour les idées, pour les courants théoriques, pour la production intellectuelle, a enfanté une élite abandonnée à elle-même sans espaces de débats, de discussions dialectiques et de joutes intellectuelles. Il en a résulté un confinement dans la sphère privée, avec comme conséquences : une forme de suffisance, d’ego exacerbé et d’auto-exaltation de soi et des siens. En lieu et place de l’humilité intellectuelle, de l’examen critique, le dogmatisme doublé de la vacuité notoire a produit des intellectuels, dont l’expertise réside dans le verbiage et le délire.
Artisans de la phraséologie, de la phrase recherchée comme pour se prouver qu’ils savent écrire, qu’ils étaient forts en rédaction ou qu’ils ont rattrapé leurs retards, les contributions de ces écrivailleurs ne font avancer personne. Sous le coup d’une colère émotionnelle, instinctive, non éthique, nos phraseurs se livrent à des productions qui n’ont de clarté que la confusion, caractéristique de leurs énoncés. Esthètes sans exigence de qualité, leurs propos sont ternes, sans aucune consistance discursive et sans dimension éthique.
Il est temps de se rappeler que notre résistance politique est fondée sur l’injustice et l’arbitraire qui ont fait payé cher à toute une communauté. Il y a eu des morts sauvagement assassinés, exécutés, des disparus, des déportés, des prisonniers, des expropriés, des maltraités, des humiliés, des marginalisés, des exclus, des écartés. Toutes les caractéristiques d’une condition tragique sont réunies au point que le vécu insoutenable de la communauté africaine noire mauritanienne n’est rien moins qu’un génocide.
Il ne faut pas oublier qu’en ce mois décembre 2013, anniversaire de l’exécution des trois officiers noirs en décembre 1987 au nom de la haine raciale, des condamnations fermes dans le mouroir d’Oualata, la petite victoire hautement significative de l’AJD/MR mérite d’être saluée, acclamée et célébrée. N’en déplaise aux détracteurs de la cause et de notre combat, certains élus ont connu la prison de Oualata : Ibrahima Moctar SARR et Mamadou Bocar BA ; d’autres ont subi des exactions et des humiliations.
Le sens de la grandeur, de la pudeur, de la dignité, nous impose le devoir de veille, de vigilance et de lucidité. La haine et le dénigrement constituent le terreau de l’avilissement, de l’abaissement et conduisent tout simplement au reniement des valeurs qui élèvent l’humain et à la perte de la dignité personnelle.
L’exigence éthique est de se concentrer sur l’Essentiel : devoir de mémoire et exigence de justice.
Notre ennemi est le système qui est en train de nous divertir en nous détournant de notre vocation à le combattre sans concession.
Paris le 24 décembre 2013
SY Hamdou Rabby
Philosophe et Militant des Droits humains
[avomm.com]url:http://www.avomm.com/
Comment travestir le bonheur de la victoire en déception, en regrets et en reniements ?
Il y a un fond de pessimisme entretenu par une forme de volonté incompréhensible de ne pas prendre acte du fruit d’un combat acharné, ayant surmonté de rudes épreuves, et ce, depuis plusieurs décennies.
La recomposition du paysage politique qui se dessine, à travers la clarification des appartenances idéologiques, réveille des susceptibilités conservatrices en tout genre. C’est ainsi que les forces du conservatisme rétrograde affrontent la logique de la marche progressiste et démocratique vers l’émancipation et la libération dont le seul objectif est de permettre aux élus de porter la parole des opprimés au sein des espaces institutionnels de cette République qui repose sur le déni de citoyenneté de la composante noire. Perdre de vue cette dimension de notre combat politique, c’est faire preuve d’une cécité inqualifiable.
Le système est en train de transformer cette victoire inespérée en défaite, par la voix même des membres de la composante niée. A la mobilisation du système, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays de rendre invisible et inaudible notre combat pour la justice, l’égalité et la démocratie, s’ajoute une contribution incompréhensible par la fureur d’une liturgie qui n’est point d’actualité. Cette contribution trouve également son écho dans une forme de rhétorique incolore, inodore qui s’annule par son manque de positionnement et de clarté dans son parti pris. Il y a comme une volonté de ternir l’image d’un combat inaltérable par la détermination, le courage et l’engagement généreux de militantes et de militants ayant consenti des sacrifices pour l’avènement d’une société mauritanienne débarrassée de l’esclavage, du racisme et de l’impunité.
Les démons ataviques de la légendaire léthargie de notre communauté, reprennent de la force et s’épuisent ainsi à faire l’impasse sur la brèche ouverte par ses élections, dont les lueurs d’espoir redonnent un souffle nouveau à notre histoire marquée par les souffrances, les larmes et le sang. La résistance - a -t-elle changé de camp ?
Hier, victimes sans voix, sans autorisation à l’expression publique de nos revendications, de notre programme qui s’inscrit dans le droit fil de tous les combats historiques pour la reconquête de la dignité et de la liberté, aujourd’hui, il y a comme des réticences à prendre acte du monde nouveau qui se dessine sous nos yeux. Des combattants ont pris leur courage en mains pour affronter un système qui ne leur a fait aucun cadeau et des victimes qui n’ont pas encore soldé leur peur devant l’ampleur des exactions haussent le ton maintenant, devant le silence médusé de tous les témoins d’hier et d’aujourd’hui.
Personne ne veut procéder à un appel à vigilance, préférant laisser s’envenimer la situation, traduisant ainsi un repli qui entretient le flou et le flottement. Un silence de la complicité, voire de la lâcheté au grand dam des victimes du système et des acteurs majeurs de notre combat. L’instrument au nom duquel le combat a été possible n’a de sens que par son inscription dans la dynamique de l’histoire et des aspirations de notre peuple à assumer son destin dans les espaces publics et institutionnels. Revendiquer la pureté et la perfection qui ne sont pas à la portée de l’humaine condition, c’est se tromper de combat et d’adversaire. En Mauritanie, les opprimés n’ont qu’un seul adversaire, trop connu et clairement identifié : le système raciste et esclavagiste. Il n’y en a pas d’autres et il n’est pas question d’en chercher. Les idéologues et les rhéteurs qui cachent mal leur combat personnel ne font que renforcer le sentiment d’un complot interne qui n’existe nulle part, sinon dans leurs fantasmes.
En effet, la tradition veut que l’on reconnaisse le mérite de ceux et de celles qui ont gagné, surtout quand nous prétendons défendre la même cause. Les individus doivent canaliser leur égo au service de la cause qui est la seule matrice qui légitime et fonde notre volonté d’être au service du combat pour la justice, la liberté, la dignité et la démocratie. La volonté d’enterrer ceux et celles qui ont contribué et contribuent encore au combat pour l’avènement d’une autre Mauritanie, est révélatrice d’un misérabilisme qui ne peut pas inhiber le processus engagé et qui pointe à l’horizon la victoire de la démocratie sur la décomposition du système.
Il n’est plus possible de continuer à entretenir le calvaire d’un peuple. La vitrine que le régime actuel veut présenter à la communauté internationale pour faire bonne figure dans le concert des nations est sans lendemain. Cette vitrine cache mal la malhonnêteté consubstantielle au système politique qui règne en Mauritanie. Le vrai visage de ce système est fondé sur l’esclavage, le racisme, l’impunité, l’oppression de la composante africaine noire mauritanienne
. En conséquence, la seule mobilisation qui vaille et qui soit porteuse de sens est le combat contre le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz, dont la politique est une actualisation du système qui prévaut depuis les indépendances.
Il faut dire que les adeptes de la critique interne, (qui n’est en réalité que du dénigrement) et les artisans du brouillage des cartes n’ont plus d’avenir, parce que la société mauritanienne a pris conscience que pour entrer dans la modernité, il faut se libérer du fascisme structurel du système, de l’intégrisme, du conservatisme, du féodalisme et de l’exaltation d’une histoire dont la médiocrité et la nullité ont marqué même les plus instruits.
L’histoire politique de la Mauritanie est l’histoire d’un processus de déviance et de dérives criminelles, qui a marqué une certaine élite plongée dans la mécanique de la routine et des pesanteurs sociologiques. Cette élite est façonnée par une somme de déterminismes qui inhibent ses capacités de pensée et de résistance. Il ne faut plus compter sur cette élite. Il faut avancer dans notre longue marche vers la liberté, la justice, la reconquête de notre dignité et la démocratie sans égard pour cette élite archaïque et incapable.
Nostalgique d’un âge aussi mythique que stérile, cette élite est défaillante du fait même de la logique de l’oppression au quotidien et du poids de l’arriération et de l’appel à préserver une identité figée par une forme de misère culturelle et morale. L’absence de passion pour les idées, pour les courants théoriques, pour la production intellectuelle, a enfanté une élite abandonnée à elle-même sans espaces de débats, de discussions dialectiques et de joutes intellectuelles. Il en a résulté un confinement dans la sphère privée, avec comme conséquences : une forme de suffisance, d’ego exacerbé et d’auto-exaltation de soi et des siens. En lieu et place de l’humilité intellectuelle, de l’examen critique, le dogmatisme doublé de la vacuité notoire a produit des intellectuels, dont l’expertise réside dans le verbiage et le délire.
Artisans de la phraséologie, de la phrase recherchée comme pour se prouver qu’ils savent écrire, qu’ils étaient forts en rédaction ou qu’ils ont rattrapé leurs retards, les contributions de ces écrivailleurs ne font avancer personne. Sous le coup d’une colère émotionnelle, instinctive, non éthique, nos phraseurs se livrent à des productions qui n’ont de clarté que la confusion, caractéristique de leurs énoncés. Esthètes sans exigence de qualité, leurs propos sont ternes, sans aucune consistance discursive et sans dimension éthique.
Il est temps de se rappeler que notre résistance politique est fondée sur l’injustice et l’arbitraire qui ont fait payé cher à toute une communauté. Il y a eu des morts sauvagement assassinés, exécutés, des disparus, des déportés, des prisonniers, des expropriés, des maltraités, des humiliés, des marginalisés, des exclus, des écartés. Toutes les caractéristiques d’une condition tragique sont réunies au point que le vécu insoutenable de la communauté africaine noire mauritanienne n’est rien moins qu’un génocide.
Il ne faut pas oublier qu’en ce mois décembre 2013, anniversaire de l’exécution des trois officiers noirs en décembre 1987 au nom de la haine raciale, des condamnations fermes dans le mouroir d’Oualata, la petite victoire hautement significative de l’AJD/MR mérite d’être saluée, acclamée et célébrée. N’en déplaise aux détracteurs de la cause et de notre combat, certains élus ont connu la prison de Oualata : Ibrahima Moctar SARR et Mamadou Bocar BA ; d’autres ont subi des exactions et des humiliations.
Le sens de la grandeur, de la pudeur, de la dignité, nous impose le devoir de veille, de vigilance et de lucidité. La haine et le dénigrement constituent le terreau de l’avilissement, de l’abaissement et conduisent tout simplement au reniement des valeurs qui élèvent l’humain et à la perte de la dignité personnelle.
L’exigence éthique est de se concentrer sur l’Essentiel : devoir de mémoire et exigence de justice.
Notre ennemi est le système qui est en train de nous divertir en nous détournant de notre vocation à le combattre sans concession.
Paris le 24 décembre 2013
SY Hamdou Rabby
Philosophe et Militant des Droits humains
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