Au terme d'une visite de dix jours en Mauritanie, le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme des migrants, Gehad Madi, a exhorté Nouakchott à "respecter les norme internationales en matière de droits humains". Pour lutter contre l’immigration irrégulière, une vaste campagne d'expulsions de personnes en situation irrégulière a été menée par les autorités mauritaniennes en début d'année. Une politique dénoncée par l'ONG Human Rights Watch qui évoque de "graves violations des droits humains".
Le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme des migrants a exhorté vendredi 12 septembre les autorités mauritaniennes à "mieux aligner les pratiques dans le pays sur les normes internationales en matière de droits humains", au terme d'une visite de 10 jours dans ce pays.
Le rapporteur de l'ONU, Gehad Madi, avait pour objectif d'évaluer "les lois, politiques et pratiques actuelles du pays" et "leur impact sur les droits humains des migrants". S'il a félicité Nouakchott pour avoir "adopté des lois contre la traite, le trafic des migrants, la création de centres d’accueil et le renforcement des opérations de recherche et de sauvetage en mer", Gehad Madi a aussi insisté sur le traitement réservé aux migrants.
La Mauritanie, pays majoritairement désertique d'Afrique de l'Ouest situé sur la côte atlantique, est devenue ces dernières années un point de départ pour de nombreux migrants venus de tout le continent, qui tentent désespérément de rejoindre l'Europe clandestinement par la mer. En 2024, plus de 46 800 exilés ont ainsi atteint l'archipel espagnol situé au large des côtes marocaines, du jamais vu.
"Arrestations arbitraires, détention prolongées..."
"Au cours de ma visite, j'ai entendu des témoignages faisant état de cas d'arrestations arbitraires, de détentions prolongées dans des conditions difficiles et d'expulsions collectives sans évaluation individuelle ni accès à une assistance juridique", a déclaré Gehad Madi dans un communiqué. "Je suis également préoccupée par la situation des femmes et des enfants migrants, particulièrement exposés aux risques de violence, de séparation familiale et de vulnérabilité accrue."
Pour lutter contre l’immigration irrégulière, une vaste campagne d'expulsions de migrants a été menée par les autorités de Nouakchott. Les arrestations de personnes en situation irrégulière ont été quasi-quotidiennes en Mauritanie en début d'année. Pour Mohamed Salem Ould Merzoug, le ministre mauritanien des Affaires étrangères interrogé par RFI au mois d’avril, "il n’y a pas [eu], à proprement parler, de mesures particulières enclenchées". "Notre politique vis-à-vis de la migration irrégulière est restée la même : appliquer la règle de droit et être très ferme, par rapport aux réseaux de migrants irréguliers en particulier", a-t-il dit.
Dans le communiqué onusien, Gehad Madi a également dénoncé "des allégations de pratiques discriminatoires [...] impliquant certains agents de sécurité", ciblant en particulier les migrants originaires de pays d'Afrique subsaharienne. "J'exhorte les autorités mauritaniennes à mener des enquêtes sur ces incidents et à prendre des mesures préventives".
Des migrants envoyés à Rosso, à la frontière sénégalaise
Les personnes arrêtées en Mauritanie peuvent se retrouver dans l'un des cinq centres de rétention du pays. D’autres sont directement expulsés vers les zones frontalières. Comme l'a documenté InfoMigrants, de nombreux migrants ont été envoyés à Rosso, ville frontalière avec le Sénégal. Là-bas, seul un centre de la Croix-Rouge est susceptible d’accueillir les refoulés mais les fonds et capacités d’assistance sont limités.
Au cours des six premiers mois de 2025, le gouvernement mauritanien a déclaré avoir expulsé plus de 28 000 personnes. Et en 2024, 16 410 personnes avaient été refoulées contre 9 426 personnes en 2023 et 3 533 en 2022.
Un climat de peur s’est installé parmi les étrangers installés dans le pays. Même les personnes régularisées craignent les expulsions. Des travailleurs sénégalais installés légalement dans le pays ont affirmé avoir été eux aussi victimes de cette politique anti-migrants. Et ce, en dépit d'un accord migratoire passé entre Dakar et Nouakchott.
"Ils nous ont déshabillés"
Au mois d’août, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait déjà accusé les autorités mauritaniennes de "graves violations des droits humains" à l'encontre de migrants et de demandeurs d'asile entre 2020 et début 2025. Dans son rapport, l’organisation a compilé plus de 200 témoignages de migrants.
On peut notamment y lire les mots d’Ousmane Diallo, un Guinéen de 22 ans. Ce dernier a déclaré que la police mauritanienne l’avait arrêté avec un autre migrant près de la frontière nord. "Ils nous ont déshabillés, ont pris nos vêtements, nous ont laissés allongés sur le sol de 1 à 2 heures du matin. Puis, ils nous ont dit : 'Allez' et nous ont laissés marcher dans le froid à moitié nus".
En mars 2024, la Mauritanie avait également signé avec Bruxelles un partenariat visant à lutter contre l’immigration illégale. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles. Le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.
Source : Info Migrants (France)
Le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme des migrants a exhorté vendredi 12 septembre les autorités mauritaniennes à "mieux aligner les pratiques dans le pays sur les normes internationales en matière de droits humains", au terme d'une visite de 10 jours dans ce pays.
Le rapporteur de l'ONU, Gehad Madi, avait pour objectif d'évaluer "les lois, politiques et pratiques actuelles du pays" et "leur impact sur les droits humains des migrants". S'il a félicité Nouakchott pour avoir "adopté des lois contre la traite, le trafic des migrants, la création de centres d’accueil et le renforcement des opérations de recherche et de sauvetage en mer", Gehad Madi a aussi insisté sur le traitement réservé aux migrants.
La Mauritanie, pays majoritairement désertique d'Afrique de l'Ouest situé sur la côte atlantique, est devenue ces dernières années un point de départ pour de nombreux migrants venus de tout le continent, qui tentent désespérément de rejoindre l'Europe clandestinement par la mer. En 2024, plus de 46 800 exilés ont ainsi atteint l'archipel espagnol situé au large des côtes marocaines, du jamais vu.
"Arrestations arbitraires, détention prolongées..."
"Au cours de ma visite, j'ai entendu des témoignages faisant état de cas d'arrestations arbitraires, de détentions prolongées dans des conditions difficiles et d'expulsions collectives sans évaluation individuelle ni accès à une assistance juridique", a déclaré Gehad Madi dans un communiqué. "Je suis également préoccupée par la situation des femmes et des enfants migrants, particulièrement exposés aux risques de violence, de séparation familiale et de vulnérabilité accrue."
Pour lutter contre l’immigration irrégulière, une vaste campagne d'expulsions de migrants a été menée par les autorités de Nouakchott. Les arrestations de personnes en situation irrégulière ont été quasi-quotidiennes en Mauritanie en début d'année. Pour Mohamed Salem Ould Merzoug, le ministre mauritanien des Affaires étrangères interrogé par RFI au mois d’avril, "il n’y a pas [eu], à proprement parler, de mesures particulières enclenchées". "Notre politique vis-à-vis de la migration irrégulière est restée la même : appliquer la règle de droit et être très ferme, par rapport aux réseaux de migrants irréguliers en particulier", a-t-il dit.
Dans le communiqué onusien, Gehad Madi a également dénoncé "des allégations de pratiques discriminatoires [...] impliquant certains agents de sécurité", ciblant en particulier les migrants originaires de pays d'Afrique subsaharienne. "J'exhorte les autorités mauritaniennes à mener des enquêtes sur ces incidents et à prendre des mesures préventives".
Des migrants envoyés à Rosso, à la frontière sénégalaise
Les personnes arrêtées en Mauritanie peuvent se retrouver dans l'un des cinq centres de rétention du pays. D’autres sont directement expulsés vers les zones frontalières. Comme l'a documenté InfoMigrants, de nombreux migrants ont été envoyés à Rosso, ville frontalière avec le Sénégal. Là-bas, seul un centre de la Croix-Rouge est susceptible d’accueillir les refoulés mais les fonds et capacités d’assistance sont limités.
Au cours des six premiers mois de 2025, le gouvernement mauritanien a déclaré avoir expulsé plus de 28 000 personnes. Et en 2024, 16 410 personnes avaient été refoulées contre 9 426 personnes en 2023 et 3 533 en 2022.
Un climat de peur s’est installé parmi les étrangers installés dans le pays. Même les personnes régularisées craignent les expulsions. Des travailleurs sénégalais installés légalement dans le pays ont affirmé avoir été eux aussi victimes de cette politique anti-migrants. Et ce, en dépit d'un accord migratoire passé entre Dakar et Nouakchott.
"Ils nous ont déshabillés"
Au mois d’août, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait déjà accusé les autorités mauritaniennes de "graves violations des droits humains" à l'encontre de migrants et de demandeurs d'asile entre 2020 et début 2025. Dans son rapport, l’organisation a compilé plus de 200 témoignages de migrants.
On peut notamment y lire les mots d’Ousmane Diallo, un Guinéen de 22 ans. Ce dernier a déclaré que la police mauritanienne l’avait arrêté avec un autre migrant près de la frontière nord. "Ils nous ont déshabillés, ont pris nos vêtements, nous ont laissés allongés sur le sol de 1 à 2 heures du matin. Puis, ils nous ont dit : 'Allez' et nous ont laissés marcher dans le froid à moitié nus".
En mars 2024, la Mauritanie avait également signé avec Bruxelles un partenariat visant à lutter contre l’immigration illégale. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles. Le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.
Source : Info Migrants (France)