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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Dynamiques multiculturelles : Entre identité, diversité et pluralisme ?


Dans le cadre du Festival Racines africaines et afro-descendants / ASSOCIATION DEKKAL THIOSSAN : Contribution : Dr. SAO Ousmane.

« Pour moi, la culture c'est ce qui définit un homme et le positionne au milieu des autres. La culture permet une connaissance de soi pour une meilleure compréhension de l'autre ». Luccia Ongouya Synopsis : Au XXIe siècle, la plupart des sociétés modernes sont confrontées à une réalité incontournable : celle de la diversité culturelle.

Qu’elle soit le fruit de migrations anciennes ou récentes, de métissages, ou encore des échanges globaux accélérés par la mondialisation, cette diversité bouscule les repères traditionnels. Elle soulève des questions essentielles : Qu’est-ce qu’être "soi" dans une société composée d’"autres" ? Peut-on vivre ensemble sans se ressembler ? Faut-il faire disparaître les différences pour construire une unité ?

Ce sont ces dynamiques multiculturelles, ces mouvements d’interactions entre différentes cultures au sein d’un même espace social, qui dessinent les contours des sociétés contemporaines. Et avec elles, émergent trois notions fondamentales : identité, diversité et pluralisme.

Vivre dans une société multiculturelle, c’est faire l’expérience quotidienne de la rencontre avec l’autre un autre qui ne me ressemble pas toujours par la langue, la religion, les coutumes, ou l’histoire. C’est à la fois une richesse, car cela permet d’ouvrir son esprit à d’autres réalités, et un défi, car la différence peut parfois provoquer de l’incompréhension, voire de la méfiance.

Dans un monde où les frontières deviennent plus poreuses, la question de l’identité se pose avec de plus en plus d’intensité : qui suis-je, dans un environnement où les repères traditionnels (nation, culture d’origine, religion, etc.) sont remis en question ou confrontés à d’autres ? L'identité n'est plus quelque chose de figé, mais une construction personnelle, souvent multiple et en mouvement.

La diversité, quant à elle, ne peut pas être simplement tolérée : elle doit être comprise, reconnue, valorisée. Mais cela ne va pas de soi. Dans certaines sociétés, elle est vécue comme une menace pour l’unité. Dans d’autres, elle est instrumentalisée à des fins politiques, créant des divisions plutôt qu’un réel dialogue.

Le pluralisme, enfin, me semble être le chemin le plus juste, mais aussi le plus difficile. Il exige que chacun accepte que sa propre vision du monde ne soit pas la seule, ni la meilleure, mais une parmi d’autres. Il demande un véritable effort d’écoute, de respect et de compromis. Et cela ne signifie pas tout accepter, mais poser des limites claires : celles du respect des droits fondamentaux, de l’égalité, de la dignité humaine.

Identité : entre héritage et construction

L'identité est une notion complexe, à la fois héritée (langue, religion, origine, histoire familiale) et construite (choix personnels, valeurs, parcours de vie). Dans un monde où les cultures se rencontrent, s'entrechoquent parfois, chacun est amené à redéfinir son identité, à la situer par rapport à celle des autres.

La question de l'identité devient alors centrale : peut-on être fidèle à soi-même tout en s'intégrant à un ensemble plus large ? Pour certains, la diversité peut sembler menaçante, voire source de confusion ou de dilution des repères. Pour d'autres, elle est une richesse, une opportunité d'élargir son horizon.

Dans les sociétés multiculturelles, cette tension identitaire peut provoquer des replis communautaires ou, à l’inverse, favoriser des identités hybrides, où les individus naviguent entre plusieurs appartenances culturelles.

Diversité culturelle : une richesse sous condition

La diversité est d'abord un constat : les sociétés ne sont plus culturellement homogènes, si tant est qu’elles ne l’aient jamais été. Langues, religions, cuisines, modes vestimentaires, expressions artistiques, conceptions du monde : tout coexiste, parfois dans un même quartier, une même école, une même entreprise.

Cette diversité peut être source d'enrichissement : elle permet le dialogue interculturel, la créativité, l’ouverture d’esprit. Mais elle peut aussi être source de tensions si elle n'est pas accompagnée par une politique de reconnaissance, d'inclusion et de lutte contre les inégalités. Lorsque la diversité devient inégalité, elle menace la cohésion sociale. Elle ne peut donc être une richesse que si elle est accompagnée d’un véritable effort de justice sociale, d’équité et de reconnaissance mutuelle.

Le pluralisme : un projet de société

Le pluralisme, contrairement au simple fait du multiculturalisme, est une volonté politique et éthique : celle de faire coexister, dans un même cadre commun, des différences culturelles, religieuses ou philosophiques, sans hiérarchie.

Il suppose la mise en place de droits égaux pour tous les citoyens, mais aussi la reconnaissance des spécificités de chacun. C’est un équilibre délicat à trouver : comment faire coexister la liberté de coutume ou d'expression avec les valeurs fondamentales d’un État comme la démocratie, l’égalité, ou la laïcité ?

Le pluralisme est un défi permanent. Il demande à chacun de faire un pas vers l’autre, sans pour autant renier ses propres valeurs. Il repose sur le dialogue, la tolérance active et le respect des différences dans le cadre de la loi.

Le vivre-ensemble : entre idéal et réalité

Vivre ensemble dans une société multiculturelle ne va pas de soi. Cela demande des efforts constants de compréhension mutuelle, de médiation, d'éducation.

Le vivre-ensemble est un idéal souvent invoqué dans les discours politiques et médiatiques. Il incarne l’aspiration à une société plus juste, tolérante et solidaire, où chacun peut s’épanouir tout en respectant autrui. Cependant, dans la réalité quotidienne, cet idéal semble difficile à atteindre : les conflits identitaires, les discriminations et les exclusions sociales remettent en question la possibilité d’un tel équilibre.

Les préjugés et stéréotypes :

- Les inégalités sociales et économiques qui recoupent souvent les différences culturelles : Les inégalités sociales et économiques constituent l’un des principaux obstacles à une coexistence harmonieuse entre individus et groupes dans une société. Ces inégalités touchent souvent des populations appartenant à des minorités culturelles, ethniques ou religieuses, renforçant ainsi un sentiment d’exclusion et de marginalisation.

- La méfiance réciproque alimentée par des discours politiques ou médiatiques :

La méfiance entre différentes communautés au sein d’une société est souvent exacerbée par certains discours politiques et médiatiques qui tendent à stigmatiser ou à caricaturer des groupes spécifiques. Ces discours, qu’ils soient motivés par des enjeux électoraux, des intérêts idéologiques ou simplement par la recherche d’audience, peuvent diffuser des clichés, des peurs irrationnelles, voire des préjugés ouvertement discriminatoires.

Mais il existe aussi des leviers puissants pour favoriser le vivre-ensemble :

- L’école, qui peut transmettre des valeurs d’ouverture, de respect et d’histoire partagée ;

- Les institutions publiques, qui doivent garantir l’égalité des droits, contre le racisme et l’exclusion.

Ainsi, le vivre-ensemble ne peut être pleinement réalisé sans une action volontariste pour réduire ces inégalités structurelles, qui fragilisent la cohésion sociale et nourrissent les tensions. Les espaces de dialogue, où chacun peut exprimer son point de vue sans crainte.

Des exemples internationaux montrent que le pluralisme peut fonctionner (le cas de l’Afrique du sud). L’Afrique du Sud : l’arc-en-ciel après l’apartheid ou le concept de "nation arc-en-ciel", popularisé par Desmond Tutu, visait à créer une identité nationale inclusive fondée sur le respect de la diversité. Malgré des tensions persistantes, ce pluralisme constitutionnel permet une représentation équitable et une reconnaissance symbolique de toutes les composantes du pays.

Pour ne pas conclure : un défi du présent et de l’avenir

Les dynamiques multiculturelles ne sont ni un danger, ni une solution magique. Elles sont une réalité incontournable du monde contemporain. La diversité est là. Le défi, aujourd’hui, est de l’organiser politiquement et socialement, de lui donner un cadre juste et équitable.

Le pluralisme ne signifie pas tout accepter sans limite. Il signifie reconnaître à chacun le droit d’exister dans sa différence, tant que cette différence respecte les droits et la dignité de l’autre. Construire une société pluraliste, ce n’est pas effacer les identités, c’est apprendre à vivre avec elles, dans le respect, la justice et la solidarité. Le futur ne sera pas monoculturel. Il sera partagé ou il ne sera pas.

Pour vivre dans une société multiculturelle sans perdre ni son identité ni sa liberté, il faut être capable de penser l’unité dans la diversité. Cela implique une éducation à l’ouverture d’esprit, une lutte contre les préjugés, et un engagement à construire ensemble un espace commun où chacun peut exister sans s'effacer.

Au fond, le défi des dynamiques multiculturelles est peut-être celui-ci : apprendre à ne pas avoir peur des différences, mais à s’en nourrir pour mieux se connaître soi-même, et mieux vivre avec les autres.

Références

Souleymane Bachir Diagne : La tradition et l'identité : ce que la philosophie peut apporter à la question de la culture (2006)

David Pratten et Atreyee Sen (éd.) : Global Perspectives on Subnational Identity in Africa (2019) Études contemporaines sur les identités subnationales et leurs enjeux.

“Multiculturalism in Africa: Challenges and Perspectives” Journal of African Cultural Studies, 2017 Article général sur la diversité culturelle et les défis du multiculturalisme africain.

“Language Diversity and Nation Building in Africa” : UNESCO Report, 2015, Rapport sur l’importance des langues dans la construction des États africains.

Source : Ousmane Sao
Mardi 7 Octobre 2025 - 22:07
Mardi 7 Octobre 2025 - 22:14
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