
Née dans les années 1960 à Mederdra (Trarza) dans une famille de griots, fille de Moktar Ould Meidah, Malouma est une référence dans le monde musical traditionnel de la République islamique de Mauritanie. Dix ans d’interdiction de chanter l’amour n’ont rien changé chez elle. La chanteuse mauritanienne n’a jamais cessé de jouer, de s’exprimer, de se rebeller.
Fille de musicien traditionnel qui fait référence, elle a connu les hauts et les bas de la vie d’artiste étouffée par un régime autoritaire. Aujourd’hui, considérée comme une des plus grandes musiciennes de son pays, Malouma ne fait que commencer sa conquête des autres contrées après avoir été nommée sénatrice en 2007.
On savait d'elle qu'elle était l'une des voix les plus populaires de la Mauritanie. Depuis la sortie de l'album Dunya, enregistré à Nouakchott en décembre 2002 pour le label Marabi, on avait appris à connaître son histoire. Celle d'une chanteuse rebelle dont les chansons ont longtemps déplu aux autorités militaires de son pays. Evoquer les relations conjugales, les inégalités sociales, militer pour la lutte contre le sida, contre les mariages arrangés, promouvoir la vaccination des enfants, l'alphabétisation ou la promotion de la femme y ont fait grincer beaucoup de dents.
Les spots qu'elle a tournés pour l'Unicef ont été censurés, son téléphone coupé… Depuis des années, la chanteuse, proche de l'opposition, était interdite d'antenne. Aucune de ses chansons n'était diffusée par les médias audiovisuels nationaux en Mauritanie.
Si elle dérangeait la classe dominante, Malouma gagnait en revanche l'estime de la jeunesse qui appréciait son franc-parler et sa manière de renouveler la musique du pays. Puisant dans le fond traditionnel, elle inventait son propre style, un monde musical à la lisière du passé et du présent. Elle utilisait l'ardin et le tidinît, les luths de la tradition, mais s'autorisait aussi des inventions franchement osées depuis le jour où elle a trouvé des parentés entre la musique pentatonique traditionnelle mauritanienne et le blues américain, découvert à la radio et grâce aux disques de son père.
Aujourd'hui, Malouma franchit un nouveau pas avec Nour (lumière), enregistré sous la direction de Philippe Tessier du Cros, un ingénieur du son à l'oreille affûtée qui a su se faire apprécier dans des univers aussi variés que ceux de Marcel Kanche, Smadj, Rokia Traoré, Vincent Segal ou Magic Malik. Nour cultive l'ouverture, ouvre des pistes novatrices à la musique mauritanienne.
Artiste et Sénatrice
Cet appétit pour la dissidence musicale ne date pas d'aujourd'hui. Dans un album sorti en 1998, son ouverture musicale s'exprimait à travers une reprise de Fa Fa Fa, l'un des titres les plus célèbres d'Otis Redding.
Malouma est une artiste atypique en Mauritanie. Depuis le 21 janvier, date du second tour des élections sénatoriales dans le pays, elle y endosse un nouveau rôle, qui la rend encore plus singulière. Elle est désormais artiste et sénatrice. En prenant la défense du sexe faible et de l’égalité, on se souvient de cette scène qui s'est passée le jeudi 24 avril 2008 devant le portail du Palais des Congrès, où se tenait la réunion de concertation sur le Programme d'urgence, présidée par l’ex-Premier ministre Yahya Ould El Waghef qui était alors ministre, secrétaire général de la présidence de la République. Devant le Sénat, le ministre Mhamed Mahmoud Ould Brahim Khlil qui présentait comme d’usage sa communication, avait déclaré que la position non consensuelle de l’opposition sur le projet de loi était un signe d’échec de celle-ci.
Aussitôt, la sénatrice Malouma, en colère, a déclaré au ministre Ould Brahim Khlil : ‘Je vous ordonne de retirer ces paroles immédiatement!’ Devant le brouhaha des sénateurs face à cette attaque de la sénatrice contre le ministre chargé des Relations avec le Parlement et la Société civile, le président du Sénat, Bâ M'Baré, a interrompu ce débat houleux et a invité Malouma à plus de retenue et ses honorables collègues à se prononcer sur le projet de loi. Après dix ans d'exclusion des médias de son pays, la chanteuse peut maintenant combattre concrètement les discriminations que subissent ses compatriotes féminines.
Car la chanson, pour cette Mauritanienne, n’est pas uniquement synonyme de joie. A travers sa musique, elle dénonce les injustices sociales, promeut la paix, parle de la condition des femmes. Un combat qui lui a valu dix ans d’exclusion des médias mauritaniens, de 1992 à 2002. Ses chansons n’ont pas été diffusées par les radios mauritaniennes durant cette période. Une mise à l’écart qui lui a assuré un grand succès dans les autres pays arabes et ailleurs.
Elle ne cherche pas seulement à sensibiliser les hommes à la question de l’émancipation des femmes, mais surtout les femmes elles-mêmes pour une loi sur la scolarisation des femmes. La période de mise au ban de Malouma est terminée. En janvier dernier, elle est devenue sénatrice dans son pays, et peut maintenant agir concrètement en faveur des femmes.
Mame Seydou DIOP
____________
Source: walfad
(M) avomm
Fille de musicien traditionnel qui fait référence, elle a connu les hauts et les bas de la vie d’artiste étouffée par un régime autoritaire. Aujourd’hui, considérée comme une des plus grandes musiciennes de son pays, Malouma ne fait que commencer sa conquête des autres contrées après avoir été nommée sénatrice en 2007.
On savait d'elle qu'elle était l'une des voix les plus populaires de la Mauritanie. Depuis la sortie de l'album Dunya, enregistré à Nouakchott en décembre 2002 pour le label Marabi, on avait appris à connaître son histoire. Celle d'une chanteuse rebelle dont les chansons ont longtemps déplu aux autorités militaires de son pays. Evoquer les relations conjugales, les inégalités sociales, militer pour la lutte contre le sida, contre les mariages arrangés, promouvoir la vaccination des enfants, l'alphabétisation ou la promotion de la femme y ont fait grincer beaucoup de dents.
Les spots qu'elle a tournés pour l'Unicef ont été censurés, son téléphone coupé… Depuis des années, la chanteuse, proche de l'opposition, était interdite d'antenne. Aucune de ses chansons n'était diffusée par les médias audiovisuels nationaux en Mauritanie.
Si elle dérangeait la classe dominante, Malouma gagnait en revanche l'estime de la jeunesse qui appréciait son franc-parler et sa manière de renouveler la musique du pays. Puisant dans le fond traditionnel, elle inventait son propre style, un monde musical à la lisière du passé et du présent. Elle utilisait l'ardin et le tidinît, les luths de la tradition, mais s'autorisait aussi des inventions franchement osées depuis le jour où elle a trouvé des parentés entre la musique pentatonique traditionnelle mauritanienne et le blues américain, découvert à la radio et grâce aux disques de son père.
Aujourd'hui, Malouma franchit un nouveau pas avec Nour (lumière), enregistré sous la direction de Philippe Tessier du Cros, un ingénieur du son à l'oreille affûtée qui a su se faire apprécier dans des univers aussi variés que ceux de Marcel Kanche, Smadj, Rokia Traoré, Vincent Segal ou Magic Malik. Nour cultive l'ouverture, ouvre des pistes novatrices à la musique mauritanienne.
Artiste et Sénatrice
Cet appétit pour la dissidence musicale ne date pas d'aujourd'hui. Dans un album sorti en 1998, son ouverture musicale s'exprimait à travers une reprise de Fa Fa Fa, l'un des titres les plus célèbres d'Otis Redding.
Malouma est une artiste atypique en Mauritanie. Depuis le 21 janvier, date du second tour des élections sénatoriales dans le pays, elle y endosse un nouveau rôle, qui la rend encore plus singulière. Elle est désormais artiste et sénatrice. En prenant la défense du sexe faible et de l’égalité, on se souvient de cette scène qui s'est passée le jeudi 24 avril 2008 devant le portail du Palais des Congrès, où se tenait la réunion de concertation sur le Programme d'urgence, présidée par l’ex-Premier ministre Yahya Ould El Waghef qui était alors ministre, secrétaire général de la présidence de la République. Devant le Sénat, le ministre Mhamed Mahmoud Ould Brahim Khlil qui présentait comme d’usage sa communication, avait déclaré que la position non consensuelle de l’opposition sur le projet de loi était un signe d’échec de celle-ci.
Aussitôt, la sénatrice Malouma, en colère, a déclaré au ministre Ould Brahim Khlil : ‘Je vous ordonne de retirer ces paroles immédiatement!’ Devant le brouhaha des sénateurs face à cette attaque de la sénatrice contre le ministre chargé des Relations avec le Parlement et la Société civile, le président du Sénat, Bâ M'Baré, a interrompu ce débat houleux et a invité Malouma à plus de retenue et ses honorables collègues à se prononcer sur le projet de loi. Après dix ans d'exclusion des médias de son pays, la chanteuse peut maintenant combattre concrètement les discriminations que subissent ses compatriotes féminines.
Car la chanson, pour cette Mauritanienne, n’est pas uniquement synonyme de joie. A travers sa musique, elle dénonce les injustices sociales, promeut la paix, parle de la condition des femmes. Un combat qui lui a valu dix ans d’exclusion des médias mauritaniens, de 1992 à 2002. Ses chansons n’ont pas été diffusées par les radios mauritaniennes durant cette période. Une mise à l’écart qui lui a assuré un grand succès dans les autres pays arabes et ailleurs.
Elle ne cherche pas seulement à sensibiliser les hommes à la question de l’émancipation des femmes, mais surtout les femmes elles-mêmes pour une loi sur la scolarisation des femmes. La période de mise au ban de Malouma est terminée. En janvier dernier, elle est devenue sénatrice dans son pays, et peut maintenant agir concrètement en faveur des femmes.
Mame Seydou DIOP
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Source: walfad
(M) avomm