
On gomme ainsi une partie de l’Histoire de la Mauritanie. Sans se soucier vraiment de la volonté politique des gouvernants parfois. A son arrivée au pouvoir en 1980, Ould Haidalla – commençons par lui – était un homme ayant tous les attributs de quelqu’un de son rang. Probité, humilité, rectitude, austérité et certainement abnégation. Il finira par incarner ce qu’il a fini par incarner.
Son successeur, Moawiya Ould Taya, était sans doute moins pourvu que lui. Mais c’était aussi un homme simple, plutôt proche de la modernité, plutôt populaire, plutôt à l’écoute, sans ambition affichée pour le pouvoir absolu. Il a fini par être ce qu’il a été.
Son successeur, le colonel Eli Ould Mohamed Val, parti pour entrer et sortir par les grandes portes de l’Histoire, a fini par décevoir. C’est le moins qu’on puisse dire en attendant… Son successeur Sidi Ould Cheikh Abdallahi… Le Général Ould Abdel Aziz aurait dû commencer par présenter ses excuses pour avoir imposé un homme qu’il a été obligé ensuite d’écarter. J’ai une fois écrit ici que le plus grand reproche qu’on pouvait faire au ‘président élu’, c’est le fait de ne pouvoir rien lui reprocher. Il a laissé s’installer en nous le sentiment de ne pas être dirigés, de ne pas être pris en charge par une compétence supérieure… bref…
Chaque fois qu’il y a eu passage d’un régime à un autre, ‘on’ a voulu faire table-rase du passé d’avant. C’est là l’une des grandes déviances du passé. J’avais cru que le Général Ould Abdel Aziz et ses compagnons étaient prémunis pour ne pas laisser faire de telles absurdités. La preuve : cette cérémonie, première du genre, et qui a vu le Général donner le nom du premier Président du pays à ce qui va devenir la plus grande avenue de Nouakchott. En réhabilitant ce passé, il a donné le signe qu’il n’y avait pas à rougir d’une époque qui a vu naître le pays. Au contraire, qu’il fallait s’enorgueillir pour pouvoir reprendre le flambeau. Alors pourquoi cette ablation sur le site officiel de l’Agence Mauritanienne d’Information ?
Ce n’était pas le sujet de ce papier, passons donc. Je voulais vous rappeler, chers lecteurs, que cela fait bientôt sept mois que nous n’avons pas de gouvernement. Souvenez-vous quand en début mai, le Président Ould Cheikh Abdallahi congédiait brusquement Ould Zeidane et le remplaçait par le chef de son parti, Yahya Ould Ahmed Waghf. La restructuration du gouvernement, l’entrée de nouveaux acteurs et l’ouverture des hostilités politiques empêcheront ce gouvernement d’exister. Deux mois environ. Deuxième gouvernement.
On est pris par la querelle. Pas assez de ressources intellectuelles. Pas assez de répondant pour rebondir. Puis la crise ouverte. Puis l’ouverture des hostilités par le Président élu. La réaction prévisible des officiers. Un nouveau gouvernement qui ne répond finalement à aucune des exigences du moment. On avait cru que Ould Mohamed Laghdaf, choisi pour être Premier ministre, jouerait un rôle de ‘médiateur’ avec les étrangers qu’il était sensé connaître. On a vu ce que ça a donné à Paris. Ce n’est pas le Premier ministre qui a du ‘répondant’ au niveau de la politique intérieur. Sa première sortie est celle de la semaine passée aux côtés du chef de l’Etat qu’il n’a pas quitté d’une semelle.
On a vu ses ministres à l’œuvre avec les membres du HCE. Et si l’on excepte ceux qui sont allés avec le secrétaire général du HCE dans les Hodh et l’Assaba, les autres sont parus peu pourvus. Toujours pour rester dans les euphémismes. Les sorties répétées du Président du HCE et sa descente dans l’arène doivent être perçues comme l’expression justement de l’échec de ce gouvernement qui refuse encore de se mêler à la population.
Ce serait dommage de voir ce gouvernement où l’on compte des compétences certaines – affaires étrangères, intérieur, agriculture – et des talents prometteurs (toute cette jeunesse qui peut être le vivier d’une relève), ce serait dommage de le voir échouer, ou ne rien entreprendre pour réussir à faire la rupture avec le passé. L’une des forces de la transition c’est d’avoir mis en service des hommes très puissants, très endurants, très volontaires. Sidi Mohamed Ould Boubacar, Habib Ould Hemett, Mahfoudh Ould Bettah… au sein de l’équipe gouvernementale avaient impulsé une énergie qui a finalement entraîné tout le monde dans son souffle… Un pouvoir est un tout… un tout fait d’éléments… d’éléments dont l’action nécessite une mise en œuvre, une coordination, une présence, un charisme… tout cela est absent de l’équipe gouvernementale actuelle. Et c’est dommage.
Source : La Tribune n° 423
Mauritanie
Son successeur, Moawiya Ould Taya, était sans doute moins pourvu que lui. Mais c’était aussi un homme simple, plutôt proche de la modernité, plutôt populaire, plutôt à l’écoute, sans ambition affichée pour le pouvoir absolu. Il a fini par être ce qu’il a été.
Son successeur, le colonel Eli Ould Mohamed Val, parti pour entrer et sortir par les grandes portes de l’Histoire, a fini par décevoir. C’est le moins qu’on puisse dire en attendant… Son successeur Sidi Ould Cheikh Abdallahi… Le Général Ould Abdel Aziz aurait dû commencer par présenter ses excuses pour avoir imposé un homme qu’il a été obligé ensuite d’écarter. J’ai une fois écrit ici que le plus grand reproche qu’on pouvait faire au ‘président élu’, c’est le fait de ne pouvoir rien lui reprocher. Il a laissé s’installer en nous le sentiment de ne pas être dirigés, de ne pas être pris en charge par une compétence supérieure… bref…
Chaque fois qu’il y a eu passage d’un régime à un autre, ‘on’ a voulu faire table-rase du passé d’avant. C’est là l’une des grandes déviances du passé. J’avais cru que le Général Ould Abdel Aziz et ses compagnons étaient prémunis pour ne pas laisser faire de telles absurdités. La preuve : cette cérémonie, première du genre, et qui a vu le Général donner le nom du premier Président du pays à ce qui va devenir la plus grande avenue de Nouakchott. En réhabilitant ce passé, il a donné le signe qu’il n’y avait pas à rougir d’une époque qui a vu naître le pays. Au contraire, qu’il fallait s’enorgueillir pour pouvoir reprendre le flambeau. Alors pourquoi cette ablation sur le site officiel de l’Agence Mauritanienne d’Information ?
Ce n’était pas le sujet de ce papier, passons donc. Je voulais vous rappeler, chers lecteurs, que cela fait bientôt sept mois que nous n’avons pas de gouvernement. Souvenez-vous quand en début mai, le Président Ould Cheikh Abdallahi congédiait brusquement Ould Zeidane et le remplaçait par le chef de son parti, Yahya Ould Ahmed Waghf. La restructuration du gouvernement, l’entrée de nouveaux acteurs et l’ouverture des hostilités politiques empêcheront ce gouvernement d’exister. Deux mois environ. Deuxième gouvernement.
On est pris par la querelle. Pas assez de ressources intellectuelles. Pas assez de répondant pour rebondir. Puis la crise ouverte. Puis l’ouverture des hostilités par le Président élu. La réaction prévisible des officiers. Un nouveau gouvernement qui ne répond finalement à aucune des exigences du moment. On avait cru que Ould Mohamed Laghdaf, choisi pour être Premier ministre, jouerait un rôle de ‘médiateur’ avec les étrangers qu’il était sensé connaître. On a vu ce que ça a donné à Paris. Ce n’est pas le Premier ministre qui a du ‘répondant’ au niveau de la politique intérieur. Sa première sortie est celle de la semaine passée aux côtés du chef de l’Etat qu’il n’a pas quitté d’une semelle.
On a vu ses ministres à l’œuvre avec les membres du HCE. Et si l’on excepte ceux qui sont allés avec le secrétaire général du HCE dans les Hodh et l’Assaba, les autres sont parus peu pourvus. Toujours pour rester dans les euphémismes. Les sorties répétées du Président du HCE et sa descente dans l’arène doivent être perçues comme l’expression justement de l’échec de ce gouvernement qui refuse encore de se mêler à la population.
Ce serait dommage de voir ce gouvernement où l’on compte des compétences certaines – affaires étrangères, intérieur, agriculture – et des talents prometteurs (toute cette jeunesse qui peut être le vivier d’une relève), ce serait dommage de le voir échouer, ou ne rien entreprendre pour réussir à faire la rupture avec le passé. L’une des forces de la transition c’est d’avoir mis en service des hommes très puissants, très endurants, très volontaires. Sidi Mohamed Ould Boubacar, Habib Ould Hemett, Mahfoudh Ould Bettah… au sein de l’équipe gouvernementale avaient impulsé une énergie qui a finalement entraîné tout le monde dans son souffle… Un pouvoir est un tout… un tout fait d’éléments… d’éléments dont l’action nécessite une mise en œuvre, une coordination, une présence, un charisme… tout cela est absent de l’équipe gouvernementale actuelle. Et c’est dommage.
Source : La Tribune n° 423
Mauritanie