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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

INTERVIEW DE CHBIH OULD CHEIKH MALAÏNINE


INTERVIEW DE CHBIH OULD CHEIKH MALAÏNINE
«Le Hezboullah, ce n’est pas seulement des obus et la résistance, mais c’est aussi les hôpitaux, les œuvres de bienfaisance, les écoles, la solidarité sociale, c’est surtout une structure qui a su se substituer à un Etat assez faible… »

L’Authentique : actualité internationale oblige, notre première question portera sur le Proche et Moyen-Orient. Le Front populaire semble être l’un des partis les plus engagés dans le conflit israélo-palestino-libanais, la preuve, votre présence avant tout le monde lors du meeting organisé par la Coalition des Forces du Changement Démocratique, vendredi dernier. Qu’est-ce qui motive un tel engagement ?

Chbih Cheikh Mélaïnine :
je ne peux pas comparer les engagements, mais nous avons toujours été engagés par rapport aux questions qui intéressent cette région. Nous avons toujours suivi l’action politique du Hezboullah que nous considérons comme un type de structure particulier. Le Hezboullah, ce n’est pas seulement des obus et la résistance, mais c’est aussi les hôpitaux, les œuvres de bienfaisance, les écoles, la solidarité sociale, c’est surtout une structure qui a su se substituer à un Etat assez faible, particulièrement divisé, pour tenter de jouer un rôle important pour le peuple libanais.

Par ailleurs, le Hezboullah, ce sont des engagements fermes et la realpolitik, c’est une organisation qui n’a jamais mené des actions en dehors du Liban, ni des actes de kamikaze à l’intérieur de la Palestine occupée. Le Hezboullah est un type de parti extrêmement important, un exemple type d’organisation et nous avons l’impression de voir en elle, une nouvelle vision de la politique, différente de celle que nous avons connu avec les partis nationalistes arabes et les partis gauchisants qui ont existé par le passé. C’est tout cela qui explique l’attachement du Front Populaire au Hezboullah.

Aujourd’hui, le Hezboullah, et depuis quelques années, subit toute l’ire de l’Occident. Celui-ci voit dans cette structure et dans cette organisation, l’_expression d’un nouveau rêve arabe, d’un nouveau rêve du Tiers Monde. En fait, l’arrogance de l’Occident dépasse l’entendement. L’Occident s’est toujours dit rationnel, s’est toujours érigé en donneur de leçon en matière de liberté, de droits de l’Homme et de démocratie. Seulement, ces principes, l’Occident semble les réserver pour certains et en priver d’autres. Rien qu’ici en Mauritanie, l’Occident a soutenu tous les monolithismes que nous avons connus, alors qu’il se dit démocrate. L’Occident a eu de la difficulté, et en a peut-être encore, pour accepter que nous puissions aspirer à un changement. Cela a été très difficile à Bruxelles, pour faire comprendre à l’Union Européenne que nous étions dans une phase qui ne peut pas être considérée comme un coup d’Etat, mais beaucoup plus, comme un mouvement de rectification. Nous avons déclaré une démocratie depuis 1991et il fallait rectifier le tir, car cela ne ressemblait plus à rien. On avait pratiquement légitimé une sorte de tyrannie.

Donc, cet Occident, semble être mû uniquement par ses intérêts. Parce que quand ont dit qu’Israël a le droit de se défendre, ce qui est un principe juste, il faut aussi reconnaître que les autres ont le droit de se défendre. Dans ce conflit, il faut voir qui est l’agresseur, qui a les moyens d’être l’agresseur et de créer un véritable terrorisme ? C’est Israël. Qui détient aujourd’hui dans son arsenal plus de 200 têtes nucléaires ? C’est Israël, alors que par ailleurs, on refuse à l’Iran d’enrichir de l’uranium…

L’Authentique : vous ne trouvez pas que dans ce cas précis c’est le Hezboullah qui a agressé ?

Chbih : pas du tout. Cette idée est complètement fausse et relève de la guerre informationnelle qui est menée sur ce sujet. Le Hezboullah a toujours été un mouvement de résistance. Il y a une partie du territoire libanais qui est occupé et il y a des milliers de prisonniers libanais détenus depuis plusieurs années, certains depuis les années 80, dans les geôles israéliens. Pourquoi le sang d’un Israëlien ou sa liberté, ou le sang d’un Américain ou sa privation de liberté puisse être plus cher que le sang d’un Arabe ou la privation de liberté d’un Arabe. Ce genre d’idées développe le racisme et suppose que le sang d’un Arabe ne vaut rien et ne ressemble en rien, parce qu’ils considèrent que notre sang, que nos enfants, que nos femmes, que nos biens, quand ils sont détruits, ce n’est pas grave.

Par contre, une bombe dans une rame de métro, c’est beaucoup plus grave que de détruire tout un pays. Il ne faut pas nous amener à croire cela, car si nous suivons ce paradigme, nous avons, nous aussi, le droit, ou même le devoir, de dire que tuer des Américains, tuer des Israéliens, ou des juifs, est légitime pour nous, du moment où notre sang l’est pour eux. Moi, je suis un homme qui aime l’Occident, qui aime les peuples d’Occident. J’aime bien cette Amérique de la liberté, cette Amérique de la capacité de réussite, mais je ne peux accepter que cette Amérique-là et ses gouvernants, pour un baril de pétrole ou un mètre cube de gaz, ou encore, pour imposer une vision hégémonique du monde, légitime l’anéantissement d’un peuple, quel qu’il soit. C’est ce qui se passe actuellement, il y a absolument un terrorisme d’Etat, qui a ses raisons. Il ne faut pas que les Américains nous prennent pour des dupes, car l’Amérique aujourd’hui, a deux problèmes majeurs : le manque de compétitivité de ses industries traditionnelles qui le réduit à se rabattre sur les industries de pointe et la recherche concentrées dans l’armement. Et comme par hasard, le secteur de l’armement est le seul secteur dont la demande est manipulable.

Si vous voulez augmenter la demande, vous engagez une guerre, si vous avez un sur choc inflationniste, vous éteignez l’un des foyers que vous avez allumés. Et c’est un peu ce que mènent les Américains. C’est ce qu’on appelle le mondialisme, qui s’est passé d’une façon merveilleuse et qui ressemble beaucoup à la Constitution de l’Empire romain. On a cette Amérique qui est Rome, qu’il faut nourrir, comme on nourrissait Rome par le passé, et il y a les provinces, c’est-à-dire, l’Europe et l’Union Européenne. Et ceci s’est passé d’une façon extraordinaire et bien rationnelle. Il fallait que les fonds de pension américains envahissent les conseils d’administration des entreprises stratégiques européennes. Il s’est créé un lien vertical qui a aliéné la souveraineté européenne. Les Européens ne sont pas aujourd’hui souverains par rapport aux Etats-Unis d’Amérique. Les conseils d’administration dans lesquels se trouvent les représentants des fonds américains ont eu à fermer des usines, à en ouvrir d’autres, à spécialiser une tête qui serait les Etats-Unis, et les membres, cet Occident. Un beau jour, les Européens se sont retrouvés sans souveraineté économique, donc sans souveraineté politique. Donc le mondialisme a servi à créer une structure verticale dont la tête se trouve aux Etats-Unis et le corps en Europe. Le reste, c’est la Barbarie.

L’Authentique : on aimerait cependant vous voir autant engagé dans les questions nationales…

Chbih : mais j’ai été toujours engagé dans les questions nationales autant qu’un autre et je ne vois pas une question nationale dans lequel je ne me suis pas engagé…
J’ai toujours essayé d’analyser… Le problème, c’est que vous ne nous écoutez pas et qu’on n’avait pas les moyens d’information. Le système de communication qui a existé, et qui continue quelque part d’exister, ne nous permettait pas réellement d’aller vers des analyses pour essayer d’expliquer ce qui se passe chez nous et de lui apporter des solutions. En fait, je n’aime pas ce dualisme, car j’ai une certaine vision du monde. Pour moi, on ne hiérarchise pas les problèmes et c’est vous qui avez décidé de commencer vos questions sur ce sujet, actualité oblige, mais allons-y sur les questions nationales. Le problème, c’est que je me demande, pourquoi nous en sommes là, car je pense que nous sommes dans une phase supérieure de recolonisation du monde, basée sur le système de mondialisation. Nous assistons à la création d’un nouvel empire, or l’Empire a besoin d’une civilisation unique. Comme par hasard, on sait que les civilisations sont basées sur des religions, et que aujourd’hui la civilisation judéo-chrétienne cherche à tout prix à aliéner toutes les autres civilisations et à les anéantir. C’est pourquoi, je parle d’une certaine forme de croisade et je me pose des questions. Cette civilisation universelle du 21ème siècle, elle n’a pas été créée aux Etats-Unis ni en Europe. C’est le fruit et la résultante d’un mouvement historique civilisationnel, dans lequel les Arabes et les Musulmans ont fait les plus grands apports, surtout dans le domaine scientifique.

L’Authentique : pourquoi à votre avis, les autorités mauritaniennes, contre la volonté populaire, continuent de maintenir des relations avec Israël ?

Chbih : je ne sais pas. En un moment donné, ce pays a reconnu Israël, bien que les populations l’aient désapprouvé. Cette démarche s’inscrivait peut-être dans une dynamique, les accords d’Oslo, et beaucoup de pays arabes, même la Palestine, furent amenés à accepter des choses qu’ils avaient jusque-là refusées. Ce qui est sûr, c’est qu’en aucun moment, les populations mauritaniennes n’ont eu à soutenir l’Etat sioniste. Aujourd’hui, c’est une occasion pour le Gouvernement mauritanien de rompre ses relations avec Israël, et de retrouver un peu une famille, qui n’existe pas d’ailleurs, la famille arabe.

L’Authentique : quelle est aujourd’hui la position du Front Populaire par rapport aux dossiers latents, notamment ces problèmes qui fâchent, comme le passif humanitaire, les déportés, l’esclavage…

Chbih : je crois que la position du Front Populaire n’a jamais varié, elle a même valu la prison à son Président. Nous sommes le premier parti à avoir discuté avec les Flams, et nous avons engagé certaines discussions dont quelques éléments sont sortis sur le Net dans le cadre des débats sur la décentralisation. Nous avons toujours gardé nos relations avec ce mouvement même si nous ne sommes pas d’accords sur certaines de ses conceptions ; et nous avons continué à les garder jusqu’à leur dernière arrivée où nous avons été les premiers contactés pour préparer un peu cette visite. Nous n’avons jamais considéré les problèmes que vous venez d’énumérer comme tabou, nous ne les avons jamais fuis, et nous avons fait tout cela sans tambour ni trompette. Notre souci était de réunir tout ce monde autour des dossiers chauds et de trouver des solutions pour le bien de la Mauritanie. Nous avons toujours soutenu que la solution de ce problème passe par la reconnaissance, la réparation et le pardon. On avait dit que le premier acte que devrait prendre le gouvernement de transition était de reconnaître l’existence d’un passif humanitaire dont l’Etat mauritanien est responsable.

Je crois avoir déclaré que si nous avons la chance de gouverner ce pays un jour, le premier acte que nous prendrons, c’est la reconnaissance d’un tel fait. Maintenant, les méthodes pour s’y prendre devront s’inspirer de nos réalités sociologiques et historiques, et consistent à trouver les outils adéquats pour actionner ces trois éléments que sont reconnaissance-réparation-pardon, afin de tourner une page définitive de l’histoire de notre pays et créer les conditions d’union qui n’a jamais été un problème de «Lekwar » et «Bidhanes », autrement dit, un problème entre arabo-berbères et négro-africains. Il s’agit d’un problème créé par un gouvernement, une structure étatique, à l’encontre d’une partie de notre population et que malheureusement nous avons tous tu à un moment donné. Aujourd’hui, dans le cadre d’une reconstruction du citoyen mauritanien, nous devons tourner cette page. Le Front Populaire n’a jamais changé sur ce dossier.

L’Authentique : qu’en est-il des relations, que certains jugent de délictuelles, entre la Coalition des Forces du Changement dont vous êtes membres et le Comité interministériel chargé de la transition démocratique ?

Chbih : il n’est un secret pour personne que depuis le 3 août 2005, l’important était de faire accepter sur le plan international que l’action menée était légitime et qu’il bénéficiait du soutien du peuple mauritanien et de ses forces politiques. Il y a eu les journées nationales de concertation, qui étaient à nos yeux, plus l’_expression du consensus national sur le départ de l’ancien régime que de l’arrivée de la nouvelle équipe, mise à part les objectifs annoncés par le CMJD. Malheureusement, trois Commissions ont été créées et je pense personnellement que la Commission politique n’avait pas sa raison d’être, et je l’avais dit. J’avais proposé une Commission mixte avec les partis, qui serait chargée de réfléchir sur le type de démocratie à bâtir pour la Mauritanie. Les objectifs du CMJD étant clairs, ni les militaires ni les membres du gouvernement ne sont parties prenantes, il fallait donner à la classe politique concernée les moyens de trouver les outils et les règles du jeu. Nous avons finalement accepté une méthode de concertation qui n’en était pas tout à fait une. C’était plutôt un échange d’idées, sans procès-verbal, sans secrétariat. Ainsi, on se retrouvait parfois avec des résultats tout à fait différents. La remarque a été soulevée dès le départ quand nous avons appris par radio, que le Conseil des ministres avait adopté la candidature indépendante.

Les indépendants dans notre pays ne peuvent être que des types particuliers d’hommes politiques et ne peuvent être que des gens à la réserve du prochain pool présidentiel. Dès qu’ils sauront qui est le président, ils iront le soutenir. Or, cela n’est pas notre objectif. Notre objectif, c’est de créer une Assemblée capable de créer un contre-pouvoir à l’Exécutif. Pour cela, nous avons réclamé dès notre création, que seule la proportionnelle permettait un pluralisme réel à l’Assemblée. Certaines couches et catégories sociales ne pourront accéder à la chambre des députés que par le biais de structures et par le mode du scrutin proportionnel. On a toujours dit, pour ne pas supprimer une région ou ne pas la représenter parce qu’elle est sous-peuplée, qu’il fallait créer une proportionnelle régionalisée, c’est-à-dire, transformer chaque Wilaya en une circonscription électorale…

L’Authentique : qu’est-ce que vous reprochez au scrutin majoritaire… ?

Chbih : j’en viens, parce que si on ne sait pas comment les choses ont évolué, on ne peut pas comprendre. Après on a attendu jusqu’au référendum. Puis, comme par hasard, une batterie de cinq projets de loi sont sortis, concernant le mode de scrutin, le code électoral, sans aucune synergie…On prend d’un côté la décision pour que 20% de femmes soient élues, de l’autre côté, un mode de scrutin qui ne leur permet pas de se faire représenter. Donc, il n’y a pas de synergie ni de coordination entre ces différentes dispositions juridiques et nous n’avons pas été associés. On a décidé de voir le Premier ministre. Nous nous sommes entretenus pendant deux heures, plus tard, nous avons été reçus par le Président de la République. Il nous a déclaré ne pas partager nos points de vue et que le conseil des ministres maintenait sa décision. Ne restait qu’un seul recours, le Conseil militaire pour la Justice et la Démocratie. En deux jours, nous avons présenté au Permanent et à son adjoint, notre position sur les différents points soulevés, notamment, le vote des maires et la représentation des femmes.

Pour le vote des maires, nous avons soulevé que la proportionnelle n’allait jamais à l’encontre de la volonté populaire, et comme par hasard, notre Constitution dit que la souveraineté appartient au peuple. Du moment que le peuple vous donne 51%, ou 50 + 1, il a choisi son maire. Nous n’avons plus le droit de voter sur cela, c’est anticonstitutionnel. D’autre part, si aucune liste n’a la majorité, les deux premières s’approchent de la volonté populaire, donc il faut procéder à un partage entre elles. Cela évite la pagaille, le tribalisme, la fraude, la corruption et cela permet de respecter la volonté du peuple. Nous n’avons pas eu une réponse convaincante, ni du point de vue politique ni du point de vue de la logique.

Le deuxième point, c’est l’élection des femmes. On nous a dit que la meilleure solution, c’est de procéder par l’alternance entre les noms…Même avec cela, sur une liste nationale, on n’obtiendrait pas 20% de femmes. On leur a même demandé, pourquoi vous nous mettez 62 députés à un scrutin majoritaire à deux tours. Nous avons toujours soutenu, et c’est une théorie d’école, que le scrutin majoritaire est un scrutin pour dignitaires qui ne peut déboucher que sur une assemblée conservatrice, et ce n’est pas ce qu’il nous faut dans ce pays. Les autorités ont tenu à le faire, et comme par hasard, elles cherchent à ce que les deux tiers soient élus par ce scrutin. On commence à douter qu’il y a des arrière-pensées. Elles tiennent à ce que chaque circonscription soit représentée ? C’est simple. Les quarante quatre autres circonscriptions, autres que Nouakchott, donnons-leur un député élu au scrutin majoritaire ; il nous restera cinquante et un députés, mettons-les sur une seule liste nationale, parce que Nouakchott, c’est tout le monde. En ce moment, on sera sûr d’avoir plus de 20% de femmes. Mais, il n’y a pas que les femmes ! Le scrutin de type majoritaire ne permet pas à certaines couches de la population de se faire représenter, il ne permet pas aussi à certaines femmes de l’être, car ce type de scrutin est réservé aux dignitaires. Aujourd’hui, pour assurer une représentation des femmes, il faut réduire le scrutin majoritaire et augmenter le scrutin proportionnel. Certains vous diront, que certaines circonscriptions seront sous-représentées. Mais ceux qui se trouvent sur la liste nationale ne viennent pas de Mars. Ce sont des Mauritaniens et chacun vient d’une circonscription. Et il ne faut pas oublier aussi que les députés ne représentent pas les circonscriptions. C’est le rôle des sénateurs de défendre les circonscriptions, et c’est pourquoi, on présente les lois au Sénat en dernier lieu. L’Etat refuse de supprimer le Sénat, laissez-nous au moins constituer une Assemblée capable de jouer le rôle de contre-pouvoir…

L’Authentique : comment entrevoyez-vous vos relations avec le Comité interministériel chargé de la transition. Continuerez-vous à collaborer malgré vos divergences ?

Chbih : je ne sais pas. De toutes façon, tout ce qui se fait actuellement est relativement mieux que ce qu’il y avait. Il faut quand même faire la part des choses…

L’Authentique : vous acceptez que l’on continue à vous imposer…

Chbih : on est en train de nous imposer des choses. En un moment ou à un autre, chaque parti étudiera la réaction appropriée…Mais là, nous ne pensons pas en tant que parti, pris à part, mais en tant qu’une grande Coalition importante, avec dix forces politiques et un onzième adhérent, les Flam-Rénovateurs, mais aussi une autre grande force qu’est le PRDR avec lequel nous partageons le même point de vue sur la question.

L’Authentique : pour ce qui est de la Coalition, croyez-vous que vous allez toujours continuer à vous entendre sur plusieurs points ?

Chbih : ce n’est pas sûr, mais cela ne m’effraie pas. Nous sommes dix partis, nous avons créé une Coalition sur la base de certains éléments. Nous continuerons sur cette base. Si nous ne sommes plus d’accord, les gens peuvent sortir ou quitter la Coalition. Je crois que ce n’est pas un pari en soi. On a déjà changé une coalition. Nous continuons ensemble pour un travail très particulier. Nous cherchons aujourd’hui à pouvoir, dans le cadre de la Constitution, être le groupe qui puisse être chargé de gouverner. Nous avons deux Commissions qui sont en train de travailler. Mais cela n’empêche que nous restons des partis avec chacun sa propre base idéologique

L’Authentique : on soutient que le seul point sur lequel vous êtes vraiment d’accord et qui vous soude, c’est la question palestinienne et que vous divergez sur les questions nationales

Chbih : mais non, c’est une mauvaise interprétation. D’ailleurs, le problème de la Palestine, nous ne l’avons jamais discuté ensemble, parce que chacun a sa position sur la question. Nous avons été d’accord pour discuter avec le Président, avec le Premier ministre, nous avons été d’accord pour dénoncer les lois qui ont été prises. C’est cela la politique, c’est prendre des décisions. Aujourd’hui, nous avons deux Commissions qui travaillent, sans se taper dessus.

L’Authentique : envisagez-vous une candidature unique pour la Coalition ?

Chbih : c’est cela le gros problème. On a l’impression que l’unité se fait autour d’un homme. Nous nous sommes unis sur des idées. Le problème de la candidature nous ne l’avons pas posé et nous ne l’avons pas discuté. Au moment de la préparation quand on était un groupe très retreint, on avait posé un principe comme quoi, en cas de deuxième tour, celui de la coalition le mieux placé doit être soutenu par les autres. Il s’agit d’un principe républicain. Ce qui a été posé, c’est de savoir s’il faudrait des candidatures multiples ou une seule candidature. Le choix n’est pas évident. Nous sommes des partis à idéologie différentes, aux programmes politiques divergents et nous ne sommes pas d’accord sur beaucoup de points. Nous sommes d’accord sur une action tactique pendant une période bien précise et nous n’avons pas les mêmes projets de société.

L’Authentique : on dit que la Coalition est dirigée contre le PRDR…

Chbih : non, cela est faux. La Coalition n’est pas dirigée contre un parti, mais contre tous ceux qui n’en font pas partie. Nous ne faisons pas du Don Quichotisme, nous ne nous battons pas contre des moulins à vent. On ne se bat pas, mais on compétit contre d’autres forces politiques, celles qui ne font pas partie de la Coalition afin d’asseoir les conditions d’un changement sur la base d’un programme minima sur lequel nous sommes appelés à tomber d’accord. Il y a d’ailleurs, des commissions qui se penchent sur ce programme minima de gouvernement ainsi que sur des accords électoraux, notamment à l’intérieur, pour éviter d’être battus par des forces que nous considérons incapables d’impulser le changement que nous souhaitons. Maintenant ces forces n’ont qu’à choisir tous les noms qu’ils veulent.

L’Authentique : avez-vous déjà annoncé votre candidature pour la présidentielle de 2007 ?

Chbih : j’ai été le premier à annoncer ma candidature pour ces présidentielles et je crois que sur le plan officiel, il n’y a encore rien de nouveau sur ce plan

L’Authentique : pourquoi vous êtes-vous abstenu de vous présenter en 2003 ?

Chbih : parce que vous étiez là et que je sortais de prison, malade, et que je ne pouvais pas me présenter à cinquante et un jours de présidentielles, car si je me présente, c’est pour gagner ou faire passer un message et non pour faire de la figuration. En 1997, je m’étais présenté pour faire passer un message et imposer un parti, et je crois avoir bien réussi. Je n’ai pas soutenu non plu un candidat en 1997, au cas où voulez poser la question, car leur programme ne me convenait pas et que je ne soutiens pas la nomination de chef de tribu. Moi, je soutiens un contractuel, président de la République, qui me pose un contrat de société que je choisis parmi d’autres contrats. Nous nous battrons pour faire comprendre aux autres que le président de la République n’est qu’un simple contractuel…

L’Authentique : dernière question, où en est le Front Populaire et ses restructurations ?

Chbih : nous avons réuni notre Conseil Populaire, instance la plus importante de notre parti, c’est presque notre Parlement. Vous le savez, conformément à nos statuts, chaque fois que le Conseil Populaire se réunit, toutes les instances démissionnent, à part le Président et les membres du Conseil, nommés par le Congrès. On présente le Secrétariat national au Conseil qui l’accepte ou le récuse. Cela nous a permis de changer nos Secrétaires nationaux, nos vice-présidents et de mettre sur pied deux structures de taille, le conseil de la Présidence, composé de 30 personnes et le Bureau Exécutif de 40 personnes dont 12 Secrétaires nationaux qui constituent le Comité Permanent. Nos structures à l’intérieur ont aussi été renouvelées de façon discrète et efficace.

Propos recueillis par Cheikh Aïdara (L'Auhentique)

Lundi 24 Juillet 2006 - 23:49
Mardi 25 Juillet 2006 - 00:05
Source : cridem
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