Les Mauritaniens l'appellent « le laboratoire ». Le commissariat de Tevragh-Zeina, à Nouakchott, est réputé pour le traitement qu'y réserve la « brigade criminelle » aux opposants politiques. Mohamed Baba en a longtemps porté le souvenir dans sa chair. Cette douleur, il la conserve désormais dans son âme.
Lors d'un voyage dans son pays natal, en 2002, ce professeur d'université clermontois aurait subi des actes de torture (lire ci-dessous). Les policiers l'interrogeaient sur ses liens avec une organisation politique, Conscience et résistance, non reconnue par le pouvoir local.
À son retour en France, il a reçu le soutien de la Ligue des droits de l'homme et déposé plainte contre deux de ses bourreaux et deux de leurs donneurs d'ordre. Une instruction a été ouverte au tribunal de grande instance de Clermont-Ferrand.
« Au début, il ne s'est pas passé grand-chose », regrette Mohamed Baba. Le coup d'état de 2005 et l'amorce d'une démocratisation de la Mauritanie changent un peu la donne. Le Clermontois se rend à nouveau à Nouakchott pour y dénoncer publiquement la torture.
Il surveille aussi les déplacements à l'étranger des personnalités qu'il met en cause : « C'est quelque chose qui me tient à c'ur. Je mobilise tous mes relais pour les suivre à la trace. Puis je contacte la Ligue des droits de l'homme et la justice ». Il repère ainsi l'ancien chef de la police politique, le commissaire Deddahi, en France, puis en Espagne. Mais les commissions rogatoires du juge tombent à l'eau. Toutefois, il obtient, en 2008, qu'un mandat d'arrêt international soit émis à l'encontre de Deddahi.
Il y a deux mois, Mohamed Baba apprend que Lemrabott Sidi Mahmoud Ould Cheikh Ahmed, qui était, en 2002, ministre de l'Intérieur, fait partie d'une délégation mauritanienne attendue à Paris le 26 octobre. Le juge d'instruction adresse donc une demande d'audition, qui transite par le ministère des Affaires étrangères.
La réponse du Quai d'Orsay est sans appel : Lemrabott, conseiller à la présidence, bénéficie de l'immunité diplomatique en tant qu'ancien ministre. La Ligue des droits de l'homme s'indigne : « Aucun texte, ni de droit interne, ni de droit international, ne prévoit une telle immunité pour un ancien ministre. La France devient ainsi une terre d'accueil pour les bourreaux, en leur accordant des immunités de circonstance qui leur confèrent l'impunité la plus totale ».
Mohamed Baba ne désespère pas. Il compte même retourner en Mauritanie pour y déposer plainte : « Un procès en France, ce serait bien. En Mauritanie, ce serait encore mieux. Cela permettrait d'ouvrir le débat sur la torture qui a été pratiquée dans mon pays ».
Source: www.lamontagne
Lors d'un voyage dans son pays natal, en 2002, ce professeur d'université clermontois aurait subi des actes de torture (lire ci-dessous). Les policiers l'interrogeaient sur ses liens avec une organisation politique, Conscience et résistance, non reconnue par le pouvoir local.
À son retour en France, il a reçu le soutien de la Ligue des droits de l'homme et déposé plainte contre deux de ses bourreaux et deux de leurs donneurs d'ordre. Une instruction a été ouverte au tribunal de grande instance de Clermont-Ferrand.
« Au début, il ne s'est pas passé grand-chose », regrette Mohamed Baba. Le coup d'état de 2005 et l'amorce d'une démocratisation de la Mauritanie changent un peu la donne. Le Clermontois se rend à nouveau à Nouakchott pour y dénoncer publiquement la torture.
Il surveille aussi les déplacements à l'étranger des personnalités qu'il met en cause : « C'est quelque chose qui me tient à c'ur. Je mobilise tous mes relais pour les suivre à la trace. Puis je contacte la Ligue des droits de l'homme et la justice ». Il repère ainsi l'ancien chef de la police politique, le commissaire Deddahi, en France, puis en Espagne. Mais les commissions rogatoires du juge tombent à l'eau. Toutefois, il obtient, en 2008, qu'un mandat d'arrêt international soit émis à l'encontre de Deddahi.
Il y a deux mois, Mohamed Baba apprend que Lemrabott Sidi Mahmoud Ould Cheikh Ahmed, qui était, en 2002, ministre de l'Intérieur, fait partie d'une délégation mauritanienne attendue à Paris le 26 octobre. Le juge d'instruction adresse donc une demande d'audition, qui transite par le ministère des Affaires étrangères.
La réponse du Quai d'Orsay est sans appel : Lemrabott, conseiller à la présidence, bénéficie de l'immunité diplomatique en tant qu'ancien ministre. La Ligue des droits de l'homme s'indigne : « Aucun texte, ni de droit interne, ni de droit international, ne prévoit une telle immunité pour un ancien ministre. La France devient ainsi une terre d'accueil pour les bourreaux, en leur accordant des immunités de circonstance qui leur confèrent l'impunité la plus totale ».
Mohamed Baba ne désespère pas. Il compte même retourner en Mauritanie pour y déposer plainte : « Un procès en France, ce serait bien. En Mauritanie, ce serait encore mieux. Cela permettrait d'ouvrir le débat sur la torture qui a été pratiquée dans mon pays ».
Source: www.lamontagne