C’est le président du Sénat, Ba M’Baré qui prend les reines, le temps d’organiser une élection présidentielle contestée par l’opposition. Deux événements historiques, parce que sans précédents.
C’est la première fois que quelqu’un sort de la présidence pour briguer un mandat. Et quoi qu’on dise du dispositif mis en place par le Général Ould Abdel Aziz, l’acte demande du courage, surtout de la témérité dans le contexte mauritanien fait de trahisons et d’instabilités. Nous saurons bientôt comment le Général entend gérer sa campagne.
A qui va-t-il la confier ? quels en seront les piliers et quelle en sera la mise en œuvre ? Comme récemment en Algérie, le défi pour lui devra être le taux de participation. «On va verra», disait l’autre.
En entrant, même momentanément, à la Présidence de la République, Ba M’Baré devient le premier noir à accéder à ce poste. Historique, l’année où Barak Hussein Obama réalisait son exploit aux Etats Unis. Aucune commune mesure. Cependant le poids moral et psychologique est sensiblement le même.
A l’échelle mauritanienne, il s’agit là d’une véritable révolution. Déjà nous avions Messaoud Ould Boulkheir comme président de l’Assemblée nationale. Je crois que ces cinq années ont été porteuses de beaucoup de changements en Mauritanie. Des changements qu’il va falloir gérer avec une grande prudence. Des changements que nous avons sous-estimés, souvent sciemment…
En effet, c’est comme si une conspiration nationale avait été ‘organisée’ pour renier les réelles avancées de la transition. Au contraire, dès son accession au pouvoir, le président élu a tout de suite entrepris de détruire l’héritage des 19 mois de transition. On se souvient des sorties malheureuses de son Premier ministre, des campagnes suscitées contre cette époque de grands espoirs.
Puis vint le tour des hommes politiques qui ont vite fait d’oublier d’où nous venions. Au lieu que la Mauritanie des lendemains des premières élections régulières soit celle de la transparence et de la rupture, elle a été celles des confusions. Il faut revenir là-dessus, tant que les Mauritaniens n’ont pas reconnu avoir péché par calculs. Les uns essayant d’anéantir les acquis de leurs prédécesseurs, les autres refusant de rompre avec les habitudes et la pensée unique dominante.
Aveuglés par leurs desseins personnels et leurs calculs courts, les animateurs de la classe politique ont été incapables d’éviter le syndrome de 1992. Quand l’opposition de l’époque – beaucoup plus forte – a refusé de reconnaître le résultat de l’élection présidentielle de janvier et décidé de boycotter le reste du processus électoral. Dès 1994, les différents segments de cette opposition avaient fini par considérer cette attitude comme la source de tous les maux qui allaient suivre. Parce qu’ils avaient compté sur l’étranger et rien que l’étranger, ils ont abandonné la scène national au maître de l’époque au nom du refus de la confrontation.
Le régime de l’époque a eu toute la latitude de se refaire une nouvelle forme, allongeant ainsi sa durée de vie de quelques 13 ans. La seule vraie secousse avant le coup fatal du 3 août ayant été le 8 juin 2003. C’est un mal mauritanien que de toujours refuser de se regarder dans le miroir. De toujours retenir les leçons du passé. De toujours accepter d’être lu par les yeux de l’autre, entendu par les oreilles de l’autre. De toujours choisir l’extravagance dans les propos et dans les attitudes à la mesure et à la tolérance.
Voyez ce qui occupe nos hommes politiques actuellement. C’est bien le retour sur des attitudes qu’ils ont eues, sur des propos qu’ils ont tenus les uns à l’égard des autres. Chacun essayant d’aller le plus loin pour faire oublier les écarts. «akh egboyl». Un homme politique comme disent les Sages, doit toujours pouvoir voir juste et loin, agir vite. Celui qui ne peut pas le faire doit accepter sa défaite devant les faits. Il doit se démettre et accepter sa disqualification. Il faut tirer les enseignements du passé.
Au commencement était Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui avait été un projet des militaires au pouvoir. Certains l’ont accepté en tant que tel. Ils ont donc adhéré à un projet sans en savoir les tenants et les aboutissants. A l’arrivée était le temps des généraux, les autres l’ont béni et accompagné sans toujours savoir de quoi il s’agissait.
Que les uns et les autres ne s’en prennent qu’à eux-mêmes. Qu’ils cessent d’en vouloir à la Mauritanie et aux Mauritaniens. Qu’ils en tirent au moins les enseignements et les conséquences. C’est le grand sacrifice qu’ils peuvent faire à ce pays. Si vraiment, ils veulent lui éviter le pire…
Mohamed Fall Ould Oumère
Edito La tribune
C’est la première fois que quelqu’un sort de la présidence pour briguer un mandat. Et quoi qu’on dise du dispositif mis en place par le Général Ould Abdel Aziz, l’acte demande du courage, surtout de la témérité dans le contexte mauritanien fait de trahisons et d’instabilités. Nous saurons bientôt comment le Général entend gérer sa campagne.
A qui va-t-il la confier ? quels en seront les piliers et quelle en sera la mise en œuvre ? Comme récemment en Algérie, le défi pour lui devra être le taux de participation. «On va verra», disait l’autre.
En entrant, même momentanément, à la Présidence de la République, Ba M’Baré devient le premier noir à accéder à ce poste. Historique, l’année où Barak Hussein Obama réalisait son exploit aux Etats Unis. Aucune commune mesure. Cependant le poids moral et psychologique est sensiblement le même.
A l’échelle mauritanienne, il s’agit là d’une véritable révolution. Déjà nous avions Messaoud Ould Boulkheir comme président de l’Assemblée nationale. Je crois que ces cinq années ont été porteuses de beaucoup de changements en Mauritanie. Des changements qu’il va falloir gérer avec une grande prudence. Des changements que nous avons sous-estimés, souvent sciemment…
En effet, c’est comme si une conspiration nationale avait été ‘organisée’ pour renier les réelles avancées de la transition. Au contraire, dès son accession au pouvoir, le président élu a tout de suite entrepris de détruire l’héritage des 19 mois de transition. On se souvient des sorties malheureuses de son Premier ministre, des campagnes suscitées contre cette époque de grands espoirs.
Puis vint le tour des hommes politiques qui ont vite fait d’oublier d’où nous venions. Au lieu que la Mauritanie des lendemains des premières élections régulières soit celle de la transparence et de la rupture, elle a été celles des confusions. Il faut revenir là-dessus, tant que les Mauritaniens n’ont pas reconnu avoir péché par calculs. Les uns essayant d’anéantir les acquis de leurs prédécesseurs, les autres refusant de rompre avec les habitudes et la pensée unique dominante.
Aveuglés par leurs desseins personnels et leurs calculs courts, les animateurs de la classe politique ont été incapables d’éviter le syndrome de 1992. Quand l’opposition de l’époque – beaucoup plus forte – a refusé de reconnaître le résultat de l’élection présidentielle de janvier et décidé de boycotter le reste du processus électoral. Dès 1994, les différents segments de cette opposition avaient fini par considérer cette attitude comme la source de tous les maux qui allaient suivre. Parce qu’ils avaient compté sur l’étranger et rien que l’étranger, ils ont abandonné la scène national au maître de l’époque au nom du refus de la confrontation.
Le régime de l’époque a eu toute la latitude de se refaire une nouvelle forme, allongeant ainsi sa durée de vie de quelques 13 ans. La seule vraie secousse avant le coup fatal du 3 août ayant été le 8 juin 2003. C’est un mal mauritanien que de toujours refuser de se regarder dans le miroir. De toujours retenir les leçons du passé. De toujours accepter d’être lu par les yeux de l’autre, entendu par les oreilles de l’autre. De toujours choisir l’extravagance dans les propos et dans les attitudes à la mesure et à la tolérance.
Voyez ce qui occupe nos hommes politiques actuellement. C’est bien le retour sur des attitudes qu’ils ont eues, sur des propos qu’ils ont tenus les uns à l’égard des autres. Chacun essayant d’aller le plus loin pour faire oublier les écarts. «akh egboyl». Un homme politique comme disent les Sages, doit toujours pouvoir voir juste et loin, agir vite. Celui qui ne peut pas le faire doit accepter sa défaite devant les faits. Il doit se démettre et accepter sa disqualification. Il faut tirer les enseignements du passé.
Au commencement était Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui avait été un projet des militaires au pouvoir. Certains l’ont accepté en tant que tel. Ils ont donc adhéré à un projet sans en savoir les tenants et les aboutissants. A l’arrivée était le temps des généraux, les autres l’ont béni et accompagné sans toujours savoir de quoi il s’agissait.
Que les uns et les autres ne s’en prennent qu’à eux-mêmes. Qu’ils cessent d’en vouloir à la Mauritanie et aux Mauritaniens. Qu’ils en tirent au moins les enseignements et les conséquences. C’est le grand sacrifice qu’ils peuvent faire à ce pays. Si vraiment, ils veulent lui éviter le pire…
Mohamed Fall Ould Oumère
Edito La tribune