
La sortie de crise passe, nécessairement, par l’organisation d’une élection présidentielle libre et transparente, à défaut de pouvoir ramener les généraux qui se sont emparés du pouvoir, le 6 août dernier, à la raison, et le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi à son poste !
Concernant cette sortie de crise dont les premiers contours tardent à se dessiner, tout semble indiquer que les positions se figent, chaque camp pensant de plus en plus à l’avenir plutôt qu’au présent. C’est dans ce cadre que d’aucuns pensent que le général-président Mohamed Ould Abdel Aziz multiplie les sorties fortement médiatisées dans ce qui semble être une campagne présidentielle avant l’heure.
La visite effectuée dans l’un des plus vieux squats (gazra) de Nouakchott revêt ainsi des élans populistes qui sont des signes avant-coureurs du nouveau style adopté par le président du Haut Conseil d’Etat pour non seulement consolider son pouvoir mais le conserver à l’issue d’élections présidentielles dont la problématique et les enjeux sont encore douteux ?
Comment, en effet, le président du HCE s’en prendrait-il pour faire plier la communauté internationale à sa volonté de « réformer » la démocratie comme il le prétend ? Comment engager le Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) dans un processus qu’il ne reconnaît pas ?
Enfin, comment convaincre le RFD, le plus grand parti de l’opposition – à quoi maintenant ? – de participer à cette élection anticipée qui, on le sait, a été le principal mobile de participation au « complot » contre la démocratie entre une majorité et son opposition ? Une autre donne, et non des moindres, est la participation à cette éventuelle élection présidentielle de l’ancien président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), le colonel Ely Ould Mohamed Vall dont la position par rapport au putsch du 6 août 2008 et de ses principaux instigateurs continue à soulever des interrogations.
Certes, il est très tôt d’avancer des hypothèses et de faire des projections sur les rapports de force dans cette nouvelle bataille pour le pouvoir, mais on peut déjà penser que le HCE sera soumis à rude épreuve dans la gestion de ce dossier politique aux conséquences incalculables sur l’avenir de la Mauritanie.
Le fléchissement de la position internationale sur le coup d’Etat, notamment celle de la Ligue arabe et, dans une moindre mesure, de l’Union africaine, ne doit pas être mis à profit par la junte pour accentuer sa fuite en avant. La gestion de la crise, sur le plan intérieur, est une illustration parfaite de cette volonté de non-dialogue avec ceux qui s’opposent au coup d’Etat (amendement du règlement intérieur de l’Assemblée nationale visant la mise à l’écart de son président, Messaoud Ould Boulkheir, commission d’enquête sur la Fondation KB) et même de ceux qui l’ont soutenu (débauchage de cadres et de militants du malheureux RFD d’Ahmed Ould Daddah, manipulé pour donner plus de crédit au putsch et lâché quand il ne sert plus à rien !).
Pire que tout cela, la conférence de presse du ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement renoue avec la langue de bois dont le pouvoir chercherait pourtant à se départir ! Comment considérer en effet qu’il n’y a pas de prisonniers d’opinion dans le pays alors que le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et son Premier ministre Yahya Ould Waghf sont en résidence surveillée depuis le coup d’Etat du 6 août 2008 ?
N’est-il pas très osé de faire croire aux Mauritaniens et à l’opinion publique internationale que le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi qui a permis la création d’une vingtaine de nouveaux partis, dont celui des islamistes de Tawassoul, voulait en dissoudre quelques-uns ?
Comment ne pas expliquer suffisamment l’accrochage meurtrier de « Tourine » qui a coûté la vie à des soldats mauritaniens, dont le nombre est à ce jour inconnu, et se contenter de dire que l’armée voulait s’opposer à l’infiltration d’éléments salafistes sur notre territoire ?
Des questions qui montrent que, malgré l’optimisme du général-président et de son Premier ministre, l’actuel pouvoir n’a pas des réponses à tout, mais, surtout, qu’il lui faudrait beaucoup de tact pour tirer son épingle du jeu dans lequel le HCE s’est engagé. Et nous avec !
Amadou Diarra
_________________
Source: le rénovateur
(M) avomm
Concernant cette sortie de crise dont les premiers contours tardent à se dessiner, tout semble indiquer que les positions se figent, chaque camp pensant de plus en plus à l’avenir plutôt qu’au présent. C’est dans ce cadre que d’aucuns pensent que le général-président Mohamed Ould Abdel Aziz multiplie les sorties fortement médiatisées dans ce qui semble être une campagne présidentielle avant l’heure.
La visite effectuée dans l’un des plus vieux squats (gazra) de Nouakchott revêt ainsi des élans populistes qui sont des signes avant-coureurs du nouveau style adopté par le président du Haut Conseil d’Etat pour non seulement consolider son pouvoir mais le conserver à l’issue d’élections présidentielles dont la problématique et les enjeux sont encore douteux ?
Comment, en effet, le président du HCE s’en prendrait-il pour faire plier la communauté internationale à sa volonté de « réformer » la démocratie comme il le prétend ? Comment engager le Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) dans un processus qu’il ne reconnaît pas ?
Enfin, comment convaincre le RFD, le plus grand parti de l’opposition – à quoi maintenant ? – de participer à cette élection anticipée qui, on le sait, a été le principal mobile de participation au « complot » contre la démocratie entre une majorité et son opposition ? Une autre donne, et non des moindres, est la participation à cette éventuelle élection présidentielle de l’ancien président du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), le colonel Ely Ould Mohamed Vall dont la position par rapport au putsch du 6 août 2008 et de ses principaux instigateurs continue à soulever des interrogations.
Certes, il est très tôt d’avancer des hypothèses et de faire des projections sur les rapports de force dans cette nouvelle bataille pour le pouvoir, mais on peut déjà penser que le HCE sera soumis à rude épreuve dans la gestion de ce dossier politique aux conséquences incalculables sur l’avenir de la Mauritanie.
Le fléchissement de la position internationale sur le coup d’Etat, notamment celle de la Ligue arabe et, dans une moindre mesure, de l’Union africaine, ne doit pas être mis à profit par la junte pour accentuer sa fuite en avant. La gestion de la crise, sur le plan intérieur, est une illustration parfaite de cette volonté de non-dialogue avec ceux qui s’opposent au coup d’Etat (amendement du règlement intérieur de l’Assemblée nationale visant la mise à l’écart de son président, Messaoud Ould Boulkheir, commission d’enquête sur la Fondation KB) et même de ceux qui l’ont soutenu (débauchage de cadres et de militants du malheureux RFD d’Ahmed Ould Daddah, manipulé pour donner plus de crédit au putsch et lâché quand il ne sert plus à rien !).
Pire que tout cela, la conférence de presse du ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement renoue avec la langue de bois dont le pouvoir chercherait pourtant à se départir ! Comment considérer en effet qu’il n’y a pas de prisonniers d’opinion dans le pays alors que le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et son Premier ministre Yahya Ould Waghf sont en résidence surveillée depuis le coup d’Etat du 6 août 2008 ?
N’est-il pas très osé de faire croire aux Mauritaniens et à l’opinion publique internationale que le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi qui a permis la création d’une vingtaine de nouveaux partis, dont celui des islamistes de Tawassoul, voulait en dissoudre quelques-uns ?
Comment ne pas expliquer suffisamment l’accrochage meurtrier de « Tourine » qui a coûté la vie à des soldats mauritaniens, dont le nombre est à ce jour inconnu, et se contenter de dire que l’armée voulait s’opposer à l’infiltration d’éléments salafistes sur notre territoire ?
Des questions qui montrent que, malgré l’optimisme du général-président et de son Premier ministre, l’actuel pouvoir n’a pas des réponses à tout, mais, surtout, qu’il lui faudrait beaucoup de tact pour tirer son épingle du jeu dans lequel le HCE s’est engagé. Et nous avec !
Amadou Diarra
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Source: le rénovateur
(M) avomm