
Et voilà! Le gouvernement New Âge est né.
En dépit des admonestations de la communauté internationale, en dépit de l’opposition d’une partie de nos concitoyens, en dépit des menaces de sanctions collectives et/ou individuelles, en dépit du bon sens. D’accord on s’y attendait à ce quarteron de «ministres» rectifiés.
La grande surprise (du moins pour votre servante), c’est la présence de Conscience et Résistance au gouvernement. Et si CR est là c’est à s’arracher les cheveux. A ne plus rien n’y comprendre. Du moins je ne comprends plus rien. Et cette présence amène plus de questions que de réponses. Notre nouveau Commissaire des Droits de l’Homme es- il là en son nom ou au nom de CR? Sera-t-il démissionnaire d’office du mouvement comme c’est le cas chez leurs cousins du RFD qui a démissionné ses membres nouvellement nommés?
Ce coup d’Etat c’est comme les oignons : on enlève une peau et on découvre une nouvelle peau, indéfiniment… Chaque question apporte une autre question ; et chaque réponse cache une question. Le jeu des poupées russes quoi. Et le jeu consistant à participer à la pantalonnade actuelle, malgré toutes les bonnes raisons inhérentes, est un jeu dangereux.
Qui ira cautionner plus tard un mouvement (parti?) qui a accepté, un jour, l’inacceptable au risque de se brûler les ailes, alors qu’il fut, sous d’autres époques, le fer de lance de nos rêves démocratiques?
Nous revoilà dans notre schizophrénie personnelle : être démocrates et enterrer l’essence même de la démocratie.
Toutes les bonnes âmes de la rectification de masse, tous leurs arguments, toutes «leurs» vérités n’y pourront rien : justifier le coup d’Etat revient à enterrer la RIM et les Nous Z’Autres.
Remarquez tout ce M’Bourrou sauce nous donne encore du boulot ; car, en plus de devoir séparer les «joyeux rectificateurs» et les «pas joyeux rectifiés», il va nous falloir maintenant séparer ce beau monde entre ministres anciens et actuels. Et c’est là que ça se gâte : tout serait plus simple si nos nouveaux maîtres n’avaient nommé que des nouveaux rectificateurs. Mais non! Dans le nouveau gouvernement il y a des anciens ministres! Pouvaient pas faire simple non?
Moi j’aime les choses claires, bien ordonnées, cadrées, limpides. Tout aurait plus simple s’il n’y avait eu que les pour et les anti. Mais nous ne sommes pas comme les autres nous, non Monsieur. Nous, nous aimons les choses très compliquées. Nous avons le verbe (avec le zéro pileux) fleuri et la faconde rectifiée. Il y a ceux qui disent «non» à la nouvelle éducation des masses. Il y a ceux qui disent «non, mais… » et qui nous expliquent que le putsch, quelque part, fut nécessaire ; il y a ceux qui disent «oui» en papillonnant du haouli d’un air docte ; il y a ceux qui disent «oui, mais… » et qui en appellent presque aux mânes des ancêtres afin de nous expliquer que le coup d’Etat était nécessaire mais qu’ils garderont un œil vigilant sur les nouveaux maîtres. Il y a ceux qui, habitués des oui et non, marchent encore. Il y a ceux qui ont inventé de nouveaux pas de danse : une fois je m’ouvre au HCE, j’en fais presque l’apologie puis je me rétracte et fait la tête. Mes amis, ces adeptes du quadrille des sables sont légion. Et puis il y a ceux qui ont rejoint leurs matelas et qui ne pensent qu’aux affres du ramadan.
Ca nous prépare de beaux jours! Car peut-on continuer ainsi à se partager entre ceux qui reconnaissent le nouveau pouvoir et ceux qui, comme votre servante, ne leur reconnaît aucune légitimité? Notre new homme fort, tout à la recherche de soutiens internationaux, fait le démocrate rectifié respectable et, pour le moment, laisse tout le monde s’exprimer. Jusqu’à quand? Combien de temps pourra t-il tenir ainsi?
De là à ce que certains en appellent à une partition, il n’y a qu’un pas…
En tous cas, dans cet océan de noirceur et d’hypocrisie, nous avons au moins eu une bouffée d’oxygène lors du débat entre Ould Boulkheïr et Daddah. J’ai presque eu pitié du Président du RFD, s’il me fallait avoir de la pitié et si nous étions dans un jeu télévisé. Le franc parler de Messaoud O. Boulkheïr, même s’il n’a pas plu à tout le monde, a au moins eu le mérite de recadrer les choses et quand il a parlé de «partis cartables», je n’ai pu qu’applaudir.
Car, dans ces temps de rééducation nationale à la rectification, il reste encore des hommes intègres : je pense à ces quelques députés légalistes qui nous restent et au Président de l’Assemblée «Nationale».
Si le courage avait une apparence, à l’heure d’aujourd’hui, ce serait ces hommes là, quoiqu’on en dise. Et pas celle des coureurs de maroquins présidentiels.
Salut.
PS : je vous souhaite quand même un bon ramadan. Et dans la série des miracles vendus sans ordonnances du moment, une baisse des prix nous est annoncée. Comme quoi, comme je l’avais écrit dans ma chronique précédente, le HCE rectificateur multiplie les petits pains, non? Quelle aubaine! Même si cette baisse des prix interpelle sur les commerçants qui, on se le demande, n’ont pas baissé les prix auparavant. A vomir….
Mariem Mint Derwich
________________
Source: lecalame
(M) avomm