A la barre pour répondre du chef de meurtre, Mamadou Diallo devra attendre la prochaine session de la cour d’assises pour être fixé sur son sort. En fait, les témoins clés de cette affaire ont brillé par leur absence, malgré les citations qu’ils ont reçues. Le président a renvoyé l’affaire et décerné des mandats d’amener contre eux.
L’affaire du pisteur, Mamadou Diallo, accusé d’avoir tué le mauritanien Mohamed Ould Sidy dans la nuit du 4 au 5 mai 2002, au village de Ndiaffane Bélithiely, est loin de connaitre son épilogue. Agé de quarante deux ans et placé sous mandat de dépôt du 22 mai 2002, avant de bénéficier d’une liberté provisoire en 2003, l’accusé, avec une sérénité sans pareille, a réfuté les faits qui lui sont reprochés.
S’expliquant, il a déclaré que la nuit des faits, la brigade mobile des douanes d’Aéré Lao a été informée du débarquement imminent d’une pirogue provenant de la rive mauritanienne du fleuve transportant des marchandises d’origine frauduleuse au village de Ndiaffane Bélithiely.
C’est ainsi que le maréchal des logis El Hadji Keita et sa troupe dont il faisait partie se sont transportés sur les lieux, armés de HK 33. Une fois sur place, ils se sont embusqués derrière une élévation de sable surplombant le plan d’eau. Vers 23 heures 30, ils aperçoivent une pirogue venant de l’autre rive avec des marchandises à bord qui s’apprêtait à accoster.
Poursuivant, il a expliqué qu’en voulant changer de position pour mieux surprendre les contrebandiers, il a chuté et alerté le piroguier Aliou Diallo qui, ayant senti leur présence, a entrepris une manœuvre pour faire demi tour. Moment choisi par l’accusé pour tirer en l’air deux coups de feu tout en précisant que ces coups de feu ont été tirés sur ordre d’El Hadji Keita. Il a soutenu que ces coups de feu avaient pour but d’intimider le piroguier qui tentait de prendre la fuite, précisant qu’avant de tirer, il a pris la précaution de crier : « Halte ! C’est la douane ».
Répondant aux questions de l’avocat général, François Diouf, Mamadou Diallo a reconnu avoir bien vu Aliou Diallo, mais a certifié qu’il était seul dans la pirogue, précisant que c’est Mouhamed Ould Sidy lui-même qui avait informé son supérieur de la manœuvre des fraudeurs et que le Mauritanien était, au moment des faits, sur l’autre rive. Qu’est-ce qui explique donc qu’il soit touché de deux balles et retrouvé mort ? Mystère.
Mais ce qui est certain, c’est que le décès de Mouhamed Ould Sidy fait suite à une plaie du tiers linéaire inférieur de la jambe gauche sur sa face antéro-interne de 4 cm environ avec atteinte de l’aponévrose et une plaie arrondie de 2 cm de diamètre environ de l’hémithorax.
D’ailleurs, les gendarmes, accompagnés du sous-préfet d’Agnam et du chef du district sanitaire de Matam, qui se sont transportés à Kaédi (Mauritanie), se sont vus dire par leurs collègues mauritaniens que le corps avait été enlevé un peu plus tôt et inhumé. Et le commandant de brigade de cette localité leur a également précisé que le corps de Mouhamed a été trouvé sur une pirogue aux abords du village de Néré, portant deux blessures causées par une arme à feu, dont l’une à la jambe et l’autre dans le dos avec une sortie au niveau de la poitrine.
Mamadou Diallo, qui a avoué ne rien savoir de la manipulation d’une arme de ce calibre que leur aurait donné la brigade pour leur permettre de se prémunir d’éventuels attaques ou risques, a nié avoir tiré et atteint la victime. Il dégagera même en touche les déclarations du gendarme, El Hadji Keïta, qui l’a accusé d’avoir contrevenu de manière isolée aux consignes qui leur interdisent de charger les armes et qu’il ne lui a jamais donné ordre de tirer.
Même ses collègues pisteurs, Mamadou Sow et Moustapha Diagne, ont, à l’enquête préliminaire, affirmé n’avoir pas entendu leur chef Keïta lui donner l’ordre de tirer. Mais l’accusé a nié en bloc ces allégations, mettant tout sur le compte de la jalousie de ses camarades.
Vu que l’accusé seul, avec un système de défense basé sur la dénégation et le rejet, a mis la responsabilité de son acte sur le dos d’un service commandé de l’Etat, le président du tribunal a estimé que le dossier n’est pas en état et a ordonné la comparution du gendarme El Hadji Keita et des deux pisteurs, Mamadou Sow et Moustapha Diagne, car, estime-t-il, leur témoignage est absolument nécessaire pour la manifestation de la vérité. Il a ainsi décerné un mandat d’amener contre eux et renvoyé cette affaire à la prochaine session.
Samba Oumar FALL
source : Le Soleil
L’affaire du pisteur, Mamadou Diallo, accusé d’avoir tué le mauritanien Mohamed Ould Sidy dans la nuit du 4 au 5 mai 2002, au village de Ndiaffane Bélithiely, est loin de connaitre son épilogue. Agé de quarante deux ans et placé sous mandat de dépôt du 22 mai 2002, avant de bénéficier d’une liberté provisoire en 2003, l’accusé, avec une sérénité sans pareille, a réfuté les faits qui lui sont reprochés.
S’expliquant, il a déclaré que la nuit des faits, la brigade mobile des douanes d’Aéré Lao a été informée du débarquement imminent d’une pirogue provenant de la rive mauritanienne du fleuve transportant des marchandises d’origine frauduleuse au village de Ndiaffane Bélithiely.
C’est ainsi que le maréchal des logis El Hadji Keita et sa troupe dont il faisait partie se sont transportés sur les lieux, armés de HK 33. Une fois sur place, ils se sont embusqués derrière une élévation de sable surplombant le plan d’eau. Vers 23 heures 30, ils aperçoivent une pirogue venant de l’autre rive avec des marchandises à bord qui s’apprêtait à accoster.
Poursuivant, il a expliqué qu’en voulant changer de position pour mieux surprendre les contrebandiers, il a chuté et alerté le piroguier Aliou Diallo qui, ayant senti leur présence, a entrepris une manœuvre pour faire demi tour. Moment choisi par l’accusé pour tirer en l’air deux coups de feu tout en précisant que ces coups de feu ont été tirés sur ordre d’El Hadji Keita. Il a soutenu que ces coups de feu avaient pour but d’intimider le piroguier qui tentait de prendre la fuite, précisant qu’avant de tirer, il a pris la précaution de crier : « Halte ! C’est la douane ».
Répondant aux questions de l’avocat général, François Diouf, Mamadou Diallo a reconnu avoir bien vu Aliou Diallo, mais a certifié qu’il était seul dans la pirogue, précisant que c’est Mouhamed Ould Sidy lui-même qui avait informé son supérieur de la manœuvre des fraudeurs et que le Mauritanien était, au moment des faits, sur l’autre rive. Qu’est-ce qui explique donc qu’il soit touché de deux balles et retrouvé mort ? Mystère.
Mais ce qui est certain, c’est que le décès de Mouhamed Ould Sidy fait suite à une plaie du tiers linéaire inférieur de la jambe gauche sur sa face antéro-interne de 4 cm environ avec atteinte de l’aponévrose et une plaie arrondie de 2 cm de diamètre environ de l’hémithorax.
D’ailleurs, les gendarmes, accompagnés du sous-préfet d’Agnam et du chef du district sanitaire de Matam, qui se sont transportés à Kaédi (Mauritanie), se sont vus dire par leurs collègues mauritaniens que le corps avait été enlevé un peu plus tôt et inhumé. Et le commandant de brigade de cette localité leur a également précisé que le corps de Mouhamed a été trouvé sur une pirogue aux abords du village de Néré, portant deux blessures causées par une arme à feu, dont l’une à la jambe et l’autre dans le dos avec une sortie au niveau de la poitrine.
Mamadou Diallo, qui a avoué ne rien savoir de la manipulation d’une arme de ce calibre que leur aurait donné la brigade pour leur permettre de se prémunir d’éventuels attaques ou risques, a nié avoir tiré et atteint la victime. Il dégagera même en touche les déclarations du gendarme, El Hadji Keïta, qui l’a accusé d’avoir contrevenu de manière isolée aux consignes qui leur interdisent de charger les armes et qu’il ne lui a jamais donné ordre de tirer.
Même ses collègues pisteurs, Mamadou Sow et Moustapha Diagne, ont, à l’enquête préliminaire, affirmé n’avoir pas entendu leur chef Keïta lui donner l’ordre de tirer. Mais l’accusé a nié en bloc ces allégations, mettant tout sur le compte de la jalousie de ses camarades.
Vu que l’accusé seul, avec un système de défense basé sur la dénégation et le rejet, a mis la responsabilité de son acte sur le dos d’un service commandé de l’Etat, le président du tribunal a estimé que le dossier n’est pas en état et a ordonné la comparution du gendarme El Hadji Keita et des deux pisteurs, Mamadou Sow et Moustapha Diagne, car, estime-t-il, leur témoignage est absolument nécessaire pour la manifestation de la vérité. Il a ainsi décerné un mandat d’amener contre eux et renvoyé cette affaire à la prochaine session.
Samba Oumar FALL
source : Le Soleil