On commençait à y croire : une démocratie dans un pays africain, classé maghrébin, un peu arabe et beaucoup musulman.
On commençait même à en prendre exemple pour prétendre que c’est possible, que la démocratie peut sortir de la caserne. Et pas seulement chez les anciens colons, comme le Portugal, mais aussi chez les anciens colonisés comme les Mauritaniens.
Comme pour rappeler la naïveté d’une telle conviction, le coup d’?tat est venu d’un groupe d’officiers conduits par des généraux qui ont fait partie du Comité militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) du colonel Ely Ould Mohamed Vall, qui a conduit la transition démocratique jusqu’à l’élection présidentielle de mars 2007. Ils n’étaient alors que colonels.
Finalement, l’expérience n’aura vécu qu’à peine un peu plus d’une année. Accusé, y compris par des députés de la majorité, d’avoir dévié le processus politique par la corruption, la gabegie, son autoritarisme et… sa mollesse, le premier président élu de Mauritanie, Sidi Ould Cheikh Abdellahi, a été déposé parce qu’il a procédé au remplacement de généraux issus de l’ancien CMJD.
Le “comité” d’?tat, issu du putsch, n’a pas encore rendu publiques ses intentions, qui seront probablement “démocratiques”, mais l’évènement, quelle qu’en soit la suite, pose la question de la possibilité démocratique à terme raisonnable, dans nos sociétés. Qu’importe alors que l’hypothèque vienne de la malédiction militaire qui fait que l’ouverture politique ne peut être initiée, aménagée et garantie ou qu’elle vienne de l’incapacité culturelle de nos “élites” à s’investir dans un projet de société en résistant durablement à l’appel de la tribu, aux démons de l’avidité et au vertige de la puissance.
Le brutal coup d’arrêt donné à l’aventure institutionnelle de la Mauritanie contraste avec la cohérence du discours de Vall et la perfection de l’ingénierie du passage à une situation constitutionnelle assuré par le CMJD. Le fait de retourner si vite et si subitement à une situation de transition enlève toute crédibilité à l’expérience, même si on l’a stoppée pour mieux la relancer, comme on ne manquera pas de l’annoncer bientôt.
Il y a peut-être un âge historique pour la démocratie et que nous n’avons pas encore atteint. Le fait est aussi cocasse que paradoxal que ce soit Al-Kadhafi qui, le premier, envoie le secrétaire général de l’UMA “pour superviser les développements de la situation”. Lui qui ne conçoit un putsch que pour l’éternité se retrouve à proposer une assistance politique à une crise qui, somme toute, pose une question de démocratie, en usant de la présidence d’une UMA, par ailleurs réduite à son plus simple contenu politique, c’est-à-dire un sigle !
Ce n’était pas évident pour un pays qui n’a criminalisé l’esclavage que depuis moins d’un an. Mais malgré le déficit de développement et le retard sociologique, la tentative méritait de se prolonger. Juste pour nous rassurer que, malgré la succession de gâchis, ce n’est pas une fatalité que notre sphère culturelle soit condamnée à vivre en marge de l’Histoire.
Mustapha Hammouche
musthammouche@yahoo.fr
_________________
Source: liberté-algérie
(M) avomm
On commençait même à en prendre exemple pour prétendre que c’est possible, que la démocratie peut sortir de la caserne. Et pas seulement chez les anciens colons, comme le Portugal, mais aussi chez les anciens colonisés comme les Mauritaniens.
Comme pour rappeler la naïveté d’une telle conviction, le coup d’?tat est venu d’un groupe d’officiers conduits par des généraux qui ont fait partie du Comité militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) du colonel Ely Ould Mohamed Vall, qui a conduit la transition démocratique jusqu’à l’élection présidentielle de mars 2007. Ils n’étaient alors que colonels.
Finalement, l’expérience n’aura vécu qu’à peine un peu plus d’une année. Accusé, y compris par des députés de la majorité, d’avoir dévié le processus politique par la corruption, la gabegie, son autoritarisme et… sa mollesse, le premier président élu de Mauritanie, Sidi Ould Cheikh Abdellahi, a été déposé parce qu’il a procédé au remplacement de généraux issus de l’ancien CMJD.
Le “comité” d’?tat, issu du putsch, n’a pas encore rendu publiques ses intentions, qui seront probablement “démocratiques”, mais l’évènement, quelle qu’en soit la suite, pose la question de la possibilité démocratique à terme raisonnable, dans nos sociétés. Qu’importe alors que l’hypothèque vienne de la malédiction militaire qui fait que l’ouverture politique ne peut être initiée, aménagée et garantie ou qu’elle vienne de l’incapacité culturelle de nos “élites” à s’investir dans un projet de société en résistant durablement à l’appel de la tribu, aux démons de l’avidité et au vertige de la puissance.
Le brutal coup d’arrêt donné à l’aventure institutionnelle de la Mauritanie contraste avec la cohérence du discours de Vall et la perfection de l’ingénierie du passage à une situation constitutionnelle assuré par le CMJD. Le fait de retourner si vite et si subitement à une situation de transition enlève toute crédibilité à l’expérience, même si on l’a stoppée pour mieux la relancer, comme on ne manquera pas de l’annoncer bientôt.
Il y a peut-être un âge historique pour la démocratie et que nous n’avons pas encore atteint. Le fait est aussi cocasse que paradoxal que ce soit Al-Kadhafi qui, le premier, envoie le secrétaire général de l’UMA “pour superviser les développements de la situation”. Lui qui ne conçoit un putsch que pour l’éternité se retrouve à proposer une assistance politique à une crise qui, somme toute, pose une question de démocratie, en usant de la présidence d’une UMA, par ailleurs réduite à son plus simple contenu politique, c’est-à-dire un sigle !
Ce n’était pas évident pour un pays qui n’a criminalisé l’esclavage que depuis moins d’un an. Mais malgré le déficit de développement et le retard sociologique, la tentative méritait de se prolonger. Juste pour nous rassurer que, malgré la succession de gâchis, ce n’est pas une fatalité que notre sphère culturelle soit condamnée à vivre en marge de l’Histoire.
Mustapha Hammouche
musthammouche@yahoo.fr
_________________
Source: liberté-algérie
(M) avomm