Messaoud Ould Boulkheïr, président de l’Assemblée nationale n’a pas pu convaincre le chef de l’Etat de libérer les trois hommes d’affaires : Ould Abdel Aziz persiste et signe, l’opposition est désemparée
Depuis le 18 juillet 2009 qu’elle a été assommée d’une victoire du candidat de l’UPR, Mohamed Ould Abdel Aziz, l’opposition mauritanienne vient de se réveiller d’un comas profond pour crier au scandale à la suite de la mise en garde-à-vue de trois hommes d’affaires auquel l’Etat somme de restituer des fonds indûment versées à leur profit.
Lors d’un point de presse tenu lundi dernier et coprésidé par Ahmed Ould Daddah du RFD et Mohamed Ould Maouloud de l’UFP, le ton n’était pas à la détente politique entre un raïs fort de sa victoire électorale et une opposition qui lui mène la vie dure. Au contraire, elle est montée une nouvelle fois au créneau, pour accuser le pouvoir de procéder à des ‘‘règlements de comptes ciblés vis-à-vis de ses opposants’’. Selon elle, le prétexte de lutter contre la gabegie qu’a avancé le pouvoir, est un faux alibi derrière lequel se cache des motifs répressifs contre des hommes d’affaires qui ont choisi de soutenir des candidats autre que celui du pouvoir, aux élections présidentielles de juillet 2009.
Pour Mohamed Ould Maouloud, la détention de ces trois hommes d’affaires ne va pas dans le sens de la réconciliation nationale. Il voudrait que ce dossier fasse l’objet d’une concertation. Il a révélé que Messaoud Ould Boulkheïr, président de l’Assemblée nationale, a été dépêché auprès du chef de l’Etat pour plaider la libération des trois hommes d’affaires. Au cours d’une rencontre entre les deux hommes, le président de l’Assemblée nationale aurait tenté de raisonner le chef de l’Etat pour qu’il libère les trois hommes d’affaires sans y parvenir. Contre mauvaise fortune, le leader de l’APP a fait bon cœur en lui conseillant de la nécessité d’oublier le passé et de se tourner vers l’avenir. Comprenne qui pourra !
Ces hommes d’affaires n’ont pas nié les faits qui leurs sont reprochés. Ils ont même trouvé un modus vivendi avec la Banque Centrale de Mauritanie pour rembourser cet argent. A lire le communiqué de leurs avocats, la BCM se serait rétracté pour leur imposer un paiement « autre que celui convenu ». Ce que ces avocats réclament, c’est le respect du protocole signé, le droit des prévenus d’être assistés de leurs défenses dans toute la procédure. Ils estiment également que l’affaire relève d’une juridiction commerciale et non pénale. Aux spécialistes du droit de trancher la question.
En attendant la réponse du parquet aux objections de la défense qui a en même temps appelé à l’arbitrage du président de la République, le dialogue de sourds continue entre Pouvoir et Opposition dans ce dossier délicat. Comme si de rien n’était, on continue de se tourner le dos et d’entretenir des rapports distendus et exécrables. Chaque camp cherche à faire mal à l’autre à toutes les occasions qui s’offrent. Ainsi, la lutte contre la gabegie qui ne semblait pas trop prise au sérieux au départ par les adversaires politiques de Ould Abdel Aziz, a fini par les sortir de leurs gonds après que trois richissimes hommes d’affaires mauritaniens aient été épinglés par la Brigade de lutte contre les crimes économiques.
L’opposition laisse perplexe
Par cette position, des interrogations ne manquent pas de tarauder les esprits. ‘‘ Pourquoi seulement maintenant pour monter au créneau’’ ? ‘‘A l’exception de deux ou trois politiques connus, entend-on ici ou là à l’issue de ce point de presse, où se situaient les autres durant les années de braise du régime Taya’’ ? ‘‘N’applaudissaient-ils pas l’embastillement de certaines figures emblématiques de l’opposition qui dénonçaient la gabegie, la corruption, le népotisme, le tribalisme’’ ? Et Ould Nagi et ses comparses, pourquoi l’opposition garde le silence sur leur sort pour ne s’intéresser qu’à ceux des trois hommes d’affaires ? Ne sont-ils pas des justiciables comme tant de pauvres gens qui croupissent en prison pour de menus larcins et parfois injustement accusés ? Ils n’ont pas tort d’apostropher ces politiques.
En fait, il y a 16 ans maintenant, ces partis qui se réclament de ‘‘ l’opposition’’ étaient les courtisans dont les conseils et autres recommandations diaboliques étaient écoutés de Ould Taya. Pendant plus de 20 ans, la Mauritanie a pleuré à chaudes larmes, du fait de la bêtise humaine. N’est-ce pas la gabegie, les détournements de fonds et autres tripatouillages qui sont responsables du sous développement du pays et installés la misère avec tout son corollaire?
Les violations des droits de l’homme sont nombreuses et quotidiennes dans cette république, mais quel est le politique qui s’en soucie au-delà du discours. Des catastrophes, il y en a eu, mais combien d’entre eux se mobilisent pour aller voir de près l’ampleur et la nature des dégâts et écouter les populations sinistrées. Ils se comptent sur le bout des doigts. En outre, oublie t-on que l’Etat et les citoyens mauritaniens subissent les contre coups de la criminalité économique, sociale et politique qui se traduisent notamment par le détournement des fonds publics et la mauvaise gestion. Des fonds qui auraient pu aider à relever leur niveau de vie et leur bien-être individuels et collectifs. Qui plus est, une bonne partie de ces fonds publics volés prend la route des pays étrangers dont certains sont réputés être des paradis bancaires, juridiques et fiscaux. Or ces détournements et mauvaises gestions des biens publics appauvrissent et affaiblissent l’Etat qui est garant de l’intérêt général.
Mise à mort de l’Etat providence
Dès lors, peut-on réduire la lutte contre la gabegie, la moralisation de la gestion publique, à une affaire de règlements de comptes politiques ? Certes que les soucis de l’opposition sont légitimes mais de là à y voir des règlements de comptes politiques à l’endroit des opposants, il n’y a qu’un pas que d’aucuns n’hésiteront pas à franchir. Bien des esprits politiques avertis, ulcérés du point de vue de l’opposition, ne manquent pas de faire remarquer que ces hommes d’affaires n’ont soutenu des candidats de l’opposition que pour régler des comptes avec Ould Abdel Aziz avec lequel ils sont en désaccord. Si le contentieux trouvait une solution, ils prendront très vite leur distance de l’opposition.
Par ailleurs, est-il utile de rappeler que Ould Abdel Aziz n’a jamais fait mystère de son intention d’aller en guerre contre la gabegie et les détournements de fond. Son discours de campagne électorale lors de la présidentielle, n’a jamais varié sur le thème. Il avait promis d’en faire son cheval de bataille, et une fois élue, il s’est effectivement attelé à moraliser la gestion de la chose publique, à faire rembourser des sommes indûment détournées ici ou là sans plus. Si par-dessus tout on laissait la justice faire, le doute n’est pas permis, beaucoup de monde serait en prison. Apparemment un tel extrême n’est pas l’option retenue alors que ces citoyens sont justiciables au même titre que le citoyen lambda.
Il n’en reste pas moins que s’attaquer à ce genre de dossiers qui dure depuis presque 31 ans aujourd’hui, n’est pas chose aisée. Car, force est de constater que la question divise les politiques mauritaniens entre ceux qui applaudissent et ceux qui réprouvent alors le citoyen simple et anonyme est satisfait des mesures engagées par Ould Abdel Aziz pour assainir la vie publique.
Cependant la raison voudrait que le pouvoir, évite d’en profiter pour indirectement punir des personnes qui ne lui ont pas été favorables lors de cette présidentielle de juillet 2009. Du côté de l’opposition, la même raison voudrait qu’elle dépasse ses rancoeurs et s’attelle à son unité et bâtisse une stratégie politique cohérente et conséquente, car la seule bataille qui vaille aujourd’hui, est celle de la lutte contre la pauvreté endémique qui touche au moins 46 % de la population. Les jeunes et les femmes dans leur écrasante majorité veulent du travail, une bonne éducation, une bonne santé, en somme un bien-être social individuel et collectif. Un autre discours point du tout.
Moussa Diop
Source : Le Quotidien de Nouakchott
Depuis le 18 juillet 2009 qu’elle a été assommée d’une victoire du candidat de l’UPR, Mohamed Ould Abdel Aziz, l’opposition mauritanienne vient de se réveiller d’un comas profond pour crier au scandale à la suite de la mise en garde-à-vue de trois hommes d’affaires auquel l’Etat somme de restituer des fonds indûment versées à leur profit.
Lors d’un point de presse tenu lundi dernier et coprésidé par Ahmed Ould Daddah du RFD et Mohamed Ould Maouloud de l’UFP, le ton n’était pas à la détente politique entre un raïs fort de sa victoire électorale et une opposition qui lui mène la vie dure. Au contraire, elle est montée une nouvelle fois au créneau, pour accuser le pouvoir de procéder à des ‘‘règlements de comptes ciblés vis-à-vis de ses opposants’’. Selon elle, le prétexte de lutter contre la gabegie qu’a avancé le pouvoir, est un faux alibi derrière lequel se cache des motifs répressifs contre des hommes d’affaires qui ont choisi de soutenir des candidats autre que celui du pouvoir, aux élections présidentielles de juillet 2009.
Pour Mohamed Ould Maouloud, la détention de ces trois hommes d’affaires ne va pas dans le sens de la réconciliation nationale. Il voudrait que ce dossier fasse l’objet d’une concertation. Il a révélé que Messaoud Ould Boulkheïr, président de l’Assemblée nationale, a été dépêché auprès du chef de l’Etat pour plaider la libération des trois hommes d’affaires. Au cours d’une rencontre entre les deux hommes, le président de l’Assemblée nationale aurait tenté de raisonner le chef de l’Etat pour qu’il libère les trois hommes d’affaires sans y parvenir. Contre mauvaise fortune, le leader de l’APP a fait bon cœur en lui conseillant de la nécessité d’oublier le passé et de se tourner vers l’avenir. Comprenne qui pourra !
Ces hommes d’affaires n’ont pas nié les faits qui leurs sont reprochés. Ils ont même trouvé un modus vivendi avec la Banque Centrale de Mauritanie pour rembourser cet argent. A lire le communiqué de leurs avocats, la BCM se serait rétracté pour leur imposer un paiement « autre que celui convenu ». Ce que ces avocats réclament, c’est le respect du protocole signé, le droit des prévenus d’être assistés de leurs défenses dans toute la procédure. Ils estiment également que l’affaire relève d’une juridiction commerciale et non pénale. Aux spécialistes du droit de trancher la question.
En attendant la réponse du parquet aux objections de la défense qui a en même temps appelé à l’arbitrage du président de la République, le dialogue de sourds continue entre Pouvoir et Opposition dans ce dossier délicat. Comme si de rien n’était, on continue de se tourner le dos et d’entretenir des rapports distendus et exécrables. Chaque camp cherche à faire mal à l’autre à toutes les occasions qui s’offrent. Ainsi, la lutte contre la gabegie qui ne semblait pas trop prise au sérieux au départ par les adversaires politiques de Ould Abdel Aziz, a fini par les sortir de leurs gonds après que trois richissimes hommes d’affaires mauritaniens aient été épinglés par la Brigade de lutte contre les crimes économiques.
L’opposition laisse perplexe
Par cette position, des interrogations ne manquent pas de tarauder les esprits. ‘‘ Pourquoi seulement maintenant pour monter au créneau’’ ? ‘‘A l’exception de deux ou trois politiques connus, entend-on ici ou là à l’issue de ce point de presse, où se situaient les autres durant les années de braise du régime Taya’’ ? ‘‘N’applaudissaient-ils pas l’embastillement de certaines figures emblématiques de l’opposition qui dénonçaient la gabegie, la corruption, le népotisme, le tribalisme’’ ? Et Ould Nagi et ses comparses, pourquoi l’opposition garde le silence sur leur sort pour ne s’intéresser qu’à ceux des trois hommes d’affaires ? Ne sont-ils pas des justiciables comme tant de pauvres gens qui croupissent en prison pour de menus larcins et parfois injustement accusés ? Ils n’ont pas tort d’apostropher ces politiques.
En fait, il y a 16 ans maintenant, ces partis qui se réclament de ‘‘ l’opposition’’ étaient les courtisans dont les conseils et autres recommandations diaboliques étaient écoutés de Ould Taya. Pendant plus de 20 ans, la Mauritanie a pleuré à chaudes larmes, du fait de la bêtise humaine. N’est-ce pas la gabegie, les détournements de fonds et autres tripatouillages qui sont responsables du sous développement du pays et installés la misère avec tout son corollaire?
Les violations des droits de l’homme sont nombreuses et quotidiennes dans cette république, mais quel est le politique qui s’en soucie au-delà du discours. Des catastrophes, il y en a eu, mais combien d’entre eux se mobilisent pour aller voir de près l’ampleur et la nature des dégâts et écouter les populations sinistrées. Ils se comptent sur le bout des doigts. En outre, oublie t-on que l’Etat et les citoyens mauritaniens subissent les contre coups de la criminalité économique, sociale et politique qui se traduisent notamment par le détournement des fonds publics et la mauvaise gestion. Des fonds qui auraient pu aider à relever leur niveau de vie et leur bien-être individuels et collectifs. Qui plus est, une bonne partie de ces fonds publics volés prend la route des pays étrangers dont certains sont réputés être des paradis bancaires, juridiques et fiscaux. Or ces détournements et mauvaises gestions des biens publics appauvrissent et affaiblissent l’Etat qui est garant de l’intérêt général.
Mise à mort de l’Etat providence
Dès lors, peut-on réduire la lutte contre la gabegie, la moralisation de la gestion publique, à une affaire de règlements de comptes politiques ? Certes que les soucis de l’opposition sont légitimes mais de là à y voir des règlements de comptes politiques à l’endroit des opposants, il n’y a qu’un pas que d’aucuns n’hésiteront pas à franchir. Bien des esprits politiques avertis, ulcérés du point de vue de l’opposition, ne manquent pas de faire remarquer que ces hommes d’affaires n’ont soutenu des candidats de l’opposition que pour régler des comptes avec Ould Abdel Aziz avec lequel ils sont en désaccord. Si le contentieux trouvait une solution, ils prendront très vite leur distance de l’opposition.
Par ailleurs, est-il utile de rappeler que Ould Abdel Aziz n’a jamais fait mystère de son intention d’aller en guerre contre la gabegie et les détournements de fond. Son discours de campagne électorale lors de la présidentielle, n’a jamais varié sur le thème. Il avait promis d’en faire son cheval de bataille, et une fois élue, il s’est effectivement attelé à moraliser la gestion de la chose publique, à faire rembourser des sommes indûment détournées ici ou là sans plus. Si par-dessus tout on laissait la justice faire, le doute n’est pas permis, beaucoup de monde serait en prison. Apparemment un tel extrême n’est pas l’option retenue alors que ces citoyens sont justiciables au même titre que le citoyen lambda.
Il n’en reste pas moins que s’attaquer à ce genre de dossiers qui dure depuis presque 31 ans aujourd’hui, n’est pas chose aisée. Car, force est de constater que la question divise les politiques mauritaniens entre ceux qui applaudissent et ceux qui réprouvent alors le citoyen simple et anonyme est satisfait des mesures engagées par Ould Abdel Aziz pour assainir la vie publique.
Cependant la raison voudrait que le pouvoir, évite d’en profiter pour indirectement punir des personnes qui ne lui ont pas été favorables lors de cette présidentielle de juillet 2009. Du côté de l’opposition, la même raison voudrait qu’elle dépasse ses rancoeurs et s’attelle à son unité et bâtisse une stratégie politique cohérente et conséquente, car la seule bataille qui vaille aujourd’hui, est celle de la lutte contre la pauvreté endémique qui touche au moins 46 % de la population. Les jeunes et les femmes dans leur écrasante majorité veulent du travail, une bonne éducation, une bonne santé, en somme un bien-être social individuel et collectif. Un autre discours point du tout.
Moussa Diop
Source : Le Quotidien de Nouakchott