
Depuis quelques années des voix et non des moindres, ne cessent de s’élever pour réclamer à cors et à cris, la révision de certains symboles de l’Etat et en tête l’Hymne National. C’est donc sans surprise que les concertations organisées par les partis de la Majorité ont abouti à la recommandation de revoir ces symboles que sont , l’Hymne, le drapeau et le Sceau de l’Etat, mais seule l’hymne semble visé par cette requête. Que reproche –t-on à l’Hymne national mauritanien?
Une tribune publiée dans un journal de Mars 2007 sous la plume d’un expert comptable, résume à elle seule toute la récrimination contre ce symbole. Pour lui : « Le seul hymne national au monde qui balance les citoyens dans l’indifférence, au lieu de les galvaniser, dés qu’il est joué, est l’hymne mauritanien.… Notre hymne n’a rien de national. Les paroles n’ont pas de rapport avec le patriotisme, avec la Mauritanie. Il s’agit de paroles uniquement religieuses.»
La composition musicale est tout simplement mal conçue parce que produisant des effets à l’inverse de ceux qu’aurait tout autre hymne, ailleurs dans le monde. Ce n’est pour rien que personne n’en récite les paroles ni n’en fredonne les airs.
Un hymne national, pour qu’il soit tel, doit répondre à deux critères déterminés : «Les paroles doivent inciter au patriotisme et pouvoir catalyser, à cet effet, toutes les composantes nationales, la composition musicale doit être conçue de manière à rendre les paroles encore plus euphorisantes. »
Autre reproche et non des moindre, les paroles de cet hymne sont jugées éminemment «Salafistes» au moment ou le salafafisme jihadiste est voué aux gémonies. Il faut rappeler que l’hymne national mauritanien est l'hymne officiel de la Mauritanie depuis 1960. Son texte est un poème du XIXe siècle de Baba Ould Cheikh Sidiya, le chef et érudit de Boutilimitt. La mélodie est du musicologue français d’origine russe Tolia Nikiprowetzky. Né en Septembre 1916 à Féodossia (Crimée), Tolia Nikiprowetzky et décédé le 5 mai 1997. De 1950 à 1955, il participe activement à la Direction musicale de Radio-Maroc. Sa carrière au sein de la Radiodiffusion se poursuit à l'Office de Coopération Radiophonique (OCORA) et, à partir de 1960, il accomplit plusieurs missions ethnomusicologiques en Afrique Noire d'expression française. En 1969, à la fusion de l'OCORA et de l'ORTF, il est nommé Chef du Service de la Création musicale de Radio-France.
C’est le grand artiste traditionnel Sidaty Ould Abba qui le jouera pour la première fois et qui le «mauritanisa». Cependant jusqu’à présent aucun texte officiel ne désigne ce chant comme hymne national. On se rappelle que lors de la finale de la coupe du Président de la République en 1993, le chef de l’orchestre de l’Armée Nationale se permit de jouer la version originale de l’Hymne qui était inconnue. Ce qui créa une grande confusion dans l’esprit des hauts gradés présents, acte pour lequel le Colonel Sougoufara fut sanctionné par sa hiérarchie. Aujourd’hui encore cette hymne n’évoque rien pour la plus part des mauritaniens c’est tout juste la musique qui retentit lors des déplacements ou de la prise de parole du Président. Il n’est pas rare de voir des officiels continuer à bavarder paisiblement alors que l’hymne est chanté ou joué. A cet égard les mauritaniens ont bien encore du chemin à faire !
Bouna Cherif
_________________________________________________________________________
Encadré
Paroles de l’Hymne National de Mauritanie
Soit un partisan de Dieu, et Réprouve les interdits,
Mets toi du coté de la Vérité, celle qu’il veut te faire suivre,
Ne soit utile qu’à Lui,
Suits le chemin de l’Elu (le prophète), et tache de mourir en le suivant!
Bannis ou quitte ceux qui en dévient, ou qui veulent réformer,
Quels que soient les prétextes avancés ou les cahiers noircis d’arguments.
(…)
Et dont les grandes hérésies donnent naissance à des péchés
Et s’ils t’invitent à polémiquer sur leurs prétentions
N’accepte de discuter que les évidences
(Traduction approximative, QDN)
Source : Le Quotidien de Nouakchott
Une tribune publiée dans un journal de Mars 2007 sous la plume d’un expert comptable, résume à elle seule toute la récrimination contre ce symbole. Pour lui : « Le seul hymne national au monde qui balance les citoyens dans l’indifférence, au lieu de les galvaniser, dés qu’il est joué, est l’hymne mauritanien.… Notre hymne n’a rien de national. Les paroles n’ont pas de rapport avec le patriotisme, avec la Mauritanie. Il s’agit de paroles uniquement religieuses.»
La composition musicale est tout simplement mal conçue parce que produisant des effets à l’inverse de ceux qu’aurait tout autre hymne, ailleurs dans le monde. Ce n’est pour rien que personne n’en récite les paroles ni n’en fredonne les airs.
Un hymne national, pour qu’il soit tel, doit répondre à deux critères déterminés : «Les paroles doivent inciter au patriotisme et pouvoir catalyser, à cet effet, toutes les composantes nationales, la composition musicale doit être conçue de manière à rendre les paroles encore plus euphorisantes. »
Autre reproche et non des moindre, les paroles de cet hymne sont jugées éminemment «Salafistes» au moment ou le salafafisme jihadiste est voué aux gémonies. Il faut rappeler que l’hymne national mauritanien est l'hymne officiel de la Mauritanie depuis 1960. Son texte est un poème du XIXe siècle de Baba Ould Cheikh Sidiya, le chef et érudit de Boutilimitt. La mélodie est du musicologue français d’origine russe Tolia Nikiprowetzky. Né en Septembre 1916 à Féodossia (Crimée), Tolia Nikiprowetzky et décédé le 5 mai 1997. De 1950 à 1955, il participe activement à la Direction musicale de Radio-Maroc. Sa carrière au sein de la Radiodiffusion se poursuit à l'Office de Coopération Radiophonique (OCORA) et, à partir de 1960, il accomplit plusieurs missions ethnomusicologiques en Afrique Noire d'expression française. En 1969, à la fusion de l'OCORA et de l'ORTF, il est nommé Chef du Service de la Création musicale de Radio-France.
C’est le grand artiste traditionnel Sidaty Ould Abba qui le jouera pour la première fois et qui le «mauritanisa». Cependant jusqu’à présent aucun texte officiel ne désigne ce chant comme hymne national. On se rappelle que lors de la finale de la coupe du Président de la République en 1993, le chef de l’orchestre de l’Armée Nationale se permit de jouer la version originale de l’Hymne qui était inconnue. Ce qui créa une grande confusion dans l’esprit des hauts gradés présents, acte pour lequel le Colonel Sougoufara fut sanctionné par sa hiérarchie. Aujourd’hui encore cette hymne n’évoque rien pour la plus part des mauritaniens c’est tout juste la musique qui retentit lors des déplacements ou de la prise de parole du Président. Il n’est pas rare de voir des officiels continuer à bavarder paisiblement alors que l’hymne est chanté ou joué. A cet égard les mauritaniens ont bien encore du chemin à faire !
Bouna Cherif
_________________________________________________________________________
Encadré
Paroles de l’Hymne National de Mauritanie
Soit un partisan de Dieu, et Réprouve les interdits,
Mets toi du coté de la Vérité, celle qu’il veut te faire suivre,
Ne soit utile qu’à Lui,
Suits le chemin de l’Elu (le prophète), et tache de mourir en le suivant!
Bannis ou quitte ceux qui en dévient, ou qui veulent réformer,
Quels que soient les prétextes avancés ou les cahiers noircis d’arguments.
(…)
Et dont les grandes hérésies donnent naissance à des péchés
Et s’ils t’invitent à polémiquer sur leurs prétentions
N’accepte de discuter que les évidences
(Traduction approximative, QDN)
Source : Le Quotidien de Nouakchott