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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

La journée de l’AVOMM en faveur

La journée de l’AVOMM en faveur des Déportés au Mali, une vraie réussite. Compte rendu de Ibrahima Diallo Paris.

Il y avait près de 300 personnes venues répondre à l’appel de l’AVOMM, ce samedi 28 mai 2005. Cela faisait bien longtemps que pareille manifestation n’avait mobilisé autant de mauritaniens.


La journée de l’AVOMM en faveur
La grande salle du Foyer de Grenelle, était archi comble. Une partie du public s’était installé sur le balcon de la salle. L’AVOMM comptait sur les recettes des ventes des repas pour son initiative en faveur des déportés mauritaniens qui vivent encore au Mali. Leur espoir n’a pas été déçu.


Compte tenu du retard pris dans le programme, des organisations et associations invitées, seul Monsieur Ba Mamadou Bocar, le président du Forum de l’Opposition Mauritanienne en Exil prendra la parole pour remercier et féliciter l’AVOMM pour sa mobilisation. Il dira outre, « ce qui s’est passé en Mauritanie est humainement et moralement intolérable». «Que l’on doit continuer la mobilisation pour le triomphe de la Justice ». «Que nul ne peut et ne mènera ce combat à notre place».

Maître Marc LIBERT, «La lutte contre l’Impunité».

Après avoir remercié ses hôtes, il fait l’historique d’Avocats Sans frontière. Il dit avant tout que les Avocats sans Frontière ont aidé à la mise en place de « la loi de la compétence universelle », soutenu dans leur action par le ministre des affaires étrangères belge, Monsieur Louis Michel. Il nous apprend que l’association Avocats Sans Frontière s’est constituée pour défendre, d’abord, les génocidaires rwandais, et ensuite, pour poursuivre les génocidaires rwandais réfugiés en Belgique. A titre illustratif, Monsieur Libert. dit que le Rwanda, au sortir de sa guerre fratricide, comptait plus de 300.000 prisonniers, et les avocats de ce pays ayant survécus aux tueries ne dépassaient pas une centaine. Avocats Sans Frontière prendra en charge la formation de juristes rwandais pour aider ce pays à désengorger ses prisons.

Le succès de cette initiative, et la loi de la compétence universelle qui s’en suivit feront de ce petit pays européen le nouvel eldorado de justice de toutes les victimes de la tyrannie. Au cours des premières années de l’instauration de cette loi, plusieurs centaines de plaintes contre des dictateurs et leurs hommes de mains ont été déposées à Bruxelles, dont celle de l’Association des Veuves et Orphelins des Militaires Mauritaniens contre Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya. La plainte déposée par l’AVOMM suit son cours contrairement à certaines plaintes, regrette le conférencier, jugées non fondées, car la raison d’état s’est assise dessus.

Il note en outre, que les raisons politico diplomatiques (menace de transférer le siège de l’OTAN de Bruxelles vers une autre capitale européenne, du fait des plaintes déposées contre certains généraux états-uniens, aussi, du fait de celle qui a été déposée contre Ariel Sharon) ont fait reculer la Belgique dans ses principes.

Le premier ajoute que la loi belge a permis, tant soit peu, à décourager les chefs d’états terroristes. Il rappelle que nul ne peut plus se prévaloir du terrorisme d’état comme système de gouvernement -une création de la France et qui a été appliqué de la manière la plus cruelle par Robespierre, obsédé qu’il était de surveiller tous ceux qui bougeaient pour les bannir, punir, taxer ou tuer- sans risquer un jour de se retrouver devant un tribunal pour crime contre l’humanité. Il rappelle par ailleurs, qu’un grand bond a été fait depuis la création de la Cour pénale Internationale de Rome. Cette cours est opérationnelle depuis bientôt deux ans. La vocation de la cour pénale internationale de Rome est de juger tous les crimes de génocide et contre l’humanité commis depuis sa création. Maître LIBERT précise cependant, qu’il existe plusieurs instruments nationaux ou internationaux pour lutter contre l’impunité. Il cite entre autres les gaccaca, ces tribunaux populaires rwandais, en Afrique du Sud « Vérité et Réconciliation ». Au niveau international, l’outil le plus connu est sans doute l’embargo. L’embargo voté par l’ONU et qui consiste à étouffer un pays afin que son peuple se révolte contre son gouvernement. Il nous révèle que cet instrument est souvent contre productif. Il donne l’exemple de l’Irak sous Saddam Hussein, de la Libye de Mouammar Kadhafi,…

Complexe mais efficace, il y a aussi les tribunaux pénaux internationaux : Nuremberg ; qui a jugé les criminels nazis, la Hayes, qui juge les criminels des pays Balkans -Serbie, Monténégro , le dernier celui d’Arusha où sont jugés pour crimes contre l’Humanité les génocidaires Rwandais.

Il fait remarquer au passage que ce sont des pressions politiques d’envergure qui poussent la communauté internationale à prendre des sanctions contre un régime qui viole les droits humains.

Maître Libert. conclut en exhortant à une plus grande mobilisation des victimes pour réclamer justice. Il dit que c’est par cette mobilisation que nous pouvons aider à faire triompher la justice. C’est aussi par cette même mobilisation que nous aidons à faire reculer l’Impunité.

Ould Taya étant encore aux commandes, la justice belge ne peut dépêcher à Nouakchott une commission rogatoire. Son immunité l’empêche, mais la plainte de l’AVOMM est imprescriptible.

Après une vive ovation, les débats pouvaient commencer. Vu la richesse de l’exposé, les questions et interventions furent nombreuses, les organisateurs étaient obligés de revoir une seconde fois le programme de la journée. L’une des interventions les plus remarquées, a été sans doute, celle de Diagana Mouhamed Youssouf, porte parole de l’OCVIDH, qui s’est félicité que la cour criminelle du Gard se soit décidée de juger par contumace le Tortionnaire Ely Ould DAH. Ce sera les 30 juin et l° juillet prochains. Du coup, il invite l’ensemble des Mauritaniens à se mobiliser pour une présence massive à Nîmes à ces dates. Il ajoute que la FIDH et l’ACAT veulent faire de ce procès un cas d’école. Avec l’AVOMM, il suggère de mettre en place une commission d’organisation du voyage pour ce procès. Outre, il suggère de profiter de la Journée Mondiale contre la Torture pour faire un communiqué de presse, et ainsi marqué le coup. Beaucoup d’intervenants salueront son intervention. Demba Ndiaye Ndilane n’eût le temps de nous chanter qu’un titre « Mauritanie », La pause café qui était prévue dans le programme fut annulée.
Ibrahima Abou SALL devait traiter, lui, du « Manifeste du Négro mauritanien Opprimé, Février 1966-Avril 1986, De la guerre civile à la lutte de libération nationale ».

Nous avons écouté religieusement l’historien, le témoin et l’acteur. Ibrahima, d’entrée de jeu, affirme que c’est à titre personnel qu’il fait son exposé. Il rend hommage aux martyrs tombés à Oualata, Inal, Jreïda,…, au nom « d’une idéologie », « d’une absurdité ». Depuis que l’humanité est humanité, le racisme nous a coûté extrêmement cher, dit il en substance.

Sa conférence a montré comment l’histoire de la Mauritanie a été manipulée pour légitimer l’hégémonie arabo-berbère sur les autres populations de ce pays. Ibrahima Abou SALL dit que «l’arabité est culturelle et non raciale», il démontre par force d’arguments que les tenants de l’arabité en Mauritanie ont toujours cherché à différencier les peuplements de ce pays en Bidhan (Blancs) et Kwar (Noir). Omettant volontairement que les nouveaux Bidhan sont le fruit d’un grand et long métissage (tribus bédouines chassées d’Arabie pour pillages, tribus juives, tribus berbères, populations noires,…).

Le Sahara était habité jusqu’à une période relativement récente par des populations noires, l’Adrar mauritanien (Kër Futa) possède encore des vestiges d’habitat et de culture soninké, et la toponymie des villes du Nord de la Mauritanie n’a été arabisée pour l’essentiel que très tardivement. Le conférencier dit que la migration des populations noires autochtones du Sahara est intervenue à la suite de la sécheresse, de l’insécurité et de la violence des tribus arabo-berbère pillardes. Il regrette que peu d’historiens maures reconnaissent ces faits. Rappelant que « les faits historiques sont têtus », Ibrahima nous explique que l’histoire de la Mauritanie est instrumentalisée pour la justification de l’hégémonie arabe. En accordant leurs intérêts au passé de la Mauritanie, l’élite arabiste a toujours fait des Négro mauritaniens « des envahisseurs maliens et sénégalais venus avec la colonisation occuper la Mauritanie ». Le conférencier nous renvoie à un numéro de Watan Al Arabia de l’année 1969, dans lequel, nous avons un long article avec des photos avec ces légendes ; des Noirs dans des pirogues « envahisseurs», des Bidhans( Blancs)et des Bidhaniyats ( blanches) « d’authentiques mauritaniens ». Dans cet article, on assimilait ces Noirs dans des pirogues aux Juifs occupants la Palestine. Plus près de nous dans le temps, en 1989, les deux cents milles Négro mauritaniens avaient été déportés au Sénégal et au Mali pour ces mêmes justifications.

Et l’un des objectifs principaux du Manifeste du Négro-mauritanien Opprimé consiste à déconstruire l’idéologie ethno-hégémonique arabe en Mauritanie. Ainsi, dès 1986, les FLAM prendront la pédagogie de recouvrir la vérité. Pour ce faire, à l’instar des mouvements africains de lutte de libération nationale tel que la SWAPO, l’ANC,…, avec lesquels, du reste, les Forces de Libération Africaines de Mauritanie avaient pris contact, le système raciste enverra ses faire valoir Nègres du MND contre le nationalisme Négro-mauritanien.

Un deuxième objectif, et non le moindre, était de sensibiliser en même temps l’opinion nationale et l’opinion internationale sur l’apartheid pratiqué en Mauritanie. D’où la publication et la large diffusion du Manifeste. Document circonstancié et assez révélateur de la grande souffrance de la condition des Noirs en Mauritanie. Le conférencier, nous le rappelons, qui est aussi acteur et témoin, laisse comprendre que le Manifeste avait été distribué à toute l’élite militaire et civile. Il rappelle que certains officiers arabo-berbères proposaient de les rencontrer pour discuter. Seulement la réaction brutale du pouvoir, qui, d’ailleurs, était prévisible du fait de sa nature raciste, n’avait pas tardé. Tortures, emprisonnements et assassinats ont été pratiqués indistinctement contre tous ceux que le système jugeait coupables.

Il conclut en demandant à l’auditoire de se départir de « l’idée du présent permanent », en Mauritanie dira-t-il, nous ne sommes pas confrontés à « un individu », mais à « un système ». Le manifeste du Négro-mauritanien Opprimé a mis à nu ce système. Sa diffusion a eu l’avantage d’avoir fait comprendre aux Mauritaniens comment ce système de domination fondé sur la race est exercé contre une partie de la population.

L’auditoire était visiblement persuadé par la clarté de l’exposé. Nombreuses furent les interventions et questions. Ce fut l’une des plus belles journées de l’opposition mauritanienne organisée en France cette année.
La lutte continue.

Paris.
Dimanche 23 Octobre 2005 - 16:29
Dimanche 30 Octobre 2005 - 18:59
Ibrahima Diallo
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