Alexander Phiri, de la fédération des handicapés d'Afrique australe, le 25 mai 2008 à Yokohama
Les ONG africaines présentes au sommet sur le développement de l'Afrique de Tokyo ont appelé les donateurs à traiter directement avec les sociétés civiles pour contourner leurs gouvernements, accusés de corruption.
Le Premier ministre japonais, Yasuo Fukuda, a annoncé mercredi un doublement de l'aide publique au développement (APD) du Japon aux pays africains, de 580 millions d'euros par an entre 2003 et 2007, à 1,16 milliard d'euros en 2012.
L'annonce a été faite à l'ouverture de la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Ticad), à laquelle participent la totalité des Etats africains (Somalie exceptée).
"L'aide donnée par le gouvernement japonais ne va pas aux destinataires prévus", affirme Alexander Phiri, de la fédération des handicapés d'Afrique australe, une des 55 organisations non gouvernementales (ONG) venues à la Ticad.
M. Phiri souligne que "beaucoup de gouvernements africains sont corrompus" et appelle le Japon à "traiter directement avec les peuples" qu'il veut aider.
Les ONG africaines réclament depuis longtemps le droit d'être associées au contrôle de l'utilisation de l'aide.
"Nous l'avions demandé à la Ticad 2003, mais n'avons pas été écoutés", déplore Gustave Assah, président de la Commission civique pour l'Afrique.
Selon lui, "on a fait par le passé des tas de conférences sur le développement de l'Afrique, mais l'argent est resté au niveau des gouvernements et les peuples sont restés dans la misère".
Le professeur Makoto Katsumata, de l'Université Meiji Gakuin à Tokyo, souligne que les chefs d'Etat africains veulent éviter que l'argent japonais aille vers les sociétés civiles. "Ce serait de l'argent qui n'irait pas dans leurs poches !", assure-t-il.
Les autorités japonaises admettent quelques problèmes dans le passé, mais affirment que l'aide est désormais sous contrôle.
"Il y a une vingtaine d'années, il y avait de la corruption, mais aujourd'hui je ne crois pas", estime Kazuo Kodama, directeur des relations presse au ministère des Affaires étrangères.
Quelque 70% de l'APD japonaise vers l'Afrique est versée pour des projets spécifiques.
"Pour la construction d'une portion de route en Tanzanie, un accord international est conclu" avec le Japon, illustre M. Kodama. "La Tanzanie lance ensuite un appel d'offres pour les travaux, puis nous montre le contrat. Nous ne versons les fonds qu'après l'avoir accepté", explique-t-il.
Des organismes japonais contrôlent la réalisation du projet et il n'y a "aucun danger de détournement", selon M. Kodama.
"Nous apprécions l'implication des ONG dans le développement de l'Afrique, mais nous ne voulons pas contourner les gouvernements", répond-il aux associations. "Car si nous nous défions des autorités africaines, comment l'Afrique pourra-t-elle se débrouiller seule ?", interroge-t-il.
Sue Mbaya, du bureau africain de l'ONG World Vision, note pourtant que la corruption est possible, même sur un projet précis.
"Si l'entreprise utilise des matériaux moins chers, elle peut mettre de l'argent de côté susceptible d'alimenter la corruption", explique-t-elle, ajoutant: "Il ne faut pas ignorer la corruption mais s'y attaquer".
Dans une interview, le commissaire européen au Développement, Louis Michel, a souligné pour sa part que des systèmes de contrôle garantissaient l'usage de l'aide versée par l'Union européenne à l'Afrique.
"Et quand il y a corruption, la sanction est brutale: arrêt de l'aide et remboursement de l'aide reçue", prévient-il.
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Source: TV5
(M) avomm
Le Premier ministre japonais, Yasuo Fukuda, a annoncé mercredi un doublement de l'aide publique au développement (APD) du Japon aux pays africains, de 580 millions d'euros par an entre 2003 et 2007, à 1,16 milliard d'euros en 2012.
L'annonce a été faite à l'ouverture de la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Ticad), à laquelle participent la totalité des Etats africains (Somalie exceptée).
"L'aide donnée par le gouvernement japonais ne va pas aux destinataires prévus", affirme Alexander Phiri, de la fédération des handicapés d'Afrique australe, une des 55 organisations non gouvernementales (ONG) venues à la Ticad.
M. Phiri souligne que "beaucoup de gouvernements africains sont corrompus" et appelle le Japon à "traiter directement avec les peuples" qu'il veut aider.
Les ONG africaines réclament depuis longtemps le droit d'être associées au contrôle de l'utilisation de l'aide.
"Nous l'avions demandé à la Ticad 2003, mais n'avons pas été écoutés", déplore Gustave Assah, président de la Commission civique pour l'Afrique.
Selon lui, "on a fait par le passé des tas de conférences sur le développement de l'Afrique, mais l'argent est resté au niveau des gouvernements et les peuples sont restés dans la misère".
Le professeur Makoto Katsumata, de l'Université Meiji Gakuin à Tokyo, souligne que les chefs d'Etat africains veulent éviter que l'argent japonais aille vers les sociétés civiles. "Ce serait de l'argent qui n'irait pas dans leurs poches !", assure-t-il.
Les autorités japonaises admettent quelques problèmes dans le passé, mais affirment que l'aide est désormais sous contrôle.
"Il y a une vingtaine d'années, il y avait de la corruption, mais aujourd'hui je ne crois pas", estime Kazuo Kodama, directeur des relations presse au ministère des Affaires étrangères.
Quelque 70% de l'APD japonaise vers l'Afrique est versée pour des projets spécifiques.
"Pour la construction d'une portion de route en Tanzanie, un accord international est conclu" avec le Japon, illustre M. Kodama. "La Tanzanie lance ensuite un appel d'offres pour les travaux, puis nous montre le contrat. Nous ne versons les fonds qu'après l'avoir accepté", explique-t-il.
Des organismes japonais contrôlent la réalisation du projet et il n'y a "aucun danger de détournement", selon M. Kodama.
"Nous apprécions l'implication des ONG dans le développement de l'Afrique, mais nous ne voulons pas contourner les gouvernements", répond-il aux associations. "Car si nous nous défions des autorités africaines, comment l'Afrique pourra-t-elle se débrouiller seule ?", interroge-t-il.
Sue Mbaya, du bureau africain de l'ONG World Vision, note pourtant que la corruption est possible, même sur un projet précis.
"Si l'entreprise utilise des matériaux moins chers, elle peut mettre de l'argent de côté susceptible d'alimenter la corruption", explique-t-elle, ajoutant: "Il ne faut pas ignorer la corruption mais s'y attaquer".
Dans une interview, le commissaire européen au Développement, Louis Michel, a souligné pour sa part que des systèmes de contrôle garantissaient l'usage de l'aide versée par l'Union européenne à l'Afrique.
"Et quand il y a corruption, la sanction est brutale: arrêt de l'aide et remboursement de l'aide reçue", prévient-il.
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Source: TV5
(M) avomm