
Enfin! serait-on tenté de s’écrier. Enfin, ils ont mis Biram et ses amis en prison! C’est qu’on sentait tellement la chose venir que nul ne se sent surpris de ce qui est arrivé.
Depuis que Biram s’est mis en tête de dénoncer l’esclavage, de critiquer l’ordre (le désordre) établi, beaucoup de loups sont sortis du bois pour le vouer aux gémonies; qui réclamant sa tête, qui d’autre suppliant qu’on le pendît haut et court, et les moins virulents se contentant de dénoncer ses sorties assimilées à une croisade (déjà !!) contre ceci ou cela.
Wallaahi, cela n’a surpris personne, tant les animateurs de l’IRA étaient sous les feux de la rampe et dans la ligne de mire des pouvoirs publics dont le poil se hérisse à chaque fois que, d’un coup de peigne, on le caresse à rebrousse poil.
C’est que cet ancêtre («les pouvoirs publics»), abreuvé aux «tonutruances» des «griots» et aux applaudissements des laudateurs, n’aime pas la contradiction – qu’on soit au temps du «papa national», à l’ère des «comités militaires» ou celle de la «coumbacratie».
Que Biram et ses amis se retrouvent en prison n’étonne donc personne (on a toujours bastonné ou mis en prison ceux qui ne s’alignent pas sur la pensée unique et les positions formatées et bien chloroformées); en revanche, ce qui donne des hoquets récalcitrants, ce qui reste à travers la gorge c’est le justificatif : tenter de faire avaler à la plèbe et au petit peuple que les leaders d’IRA, comme des Apaches sur le sentier de la guerre, se sont lancés à l’assaut du commissariat d’Arafat; brandissant des tomahawks et, à grand renfort de «hokka heiiiiii !!!», sont tombés à bras raccourcis sur les innocents policiers qu’ils ont boxés…
Je ne sais pas si je suis le seul, mais je ne savais pas que Biram et ses amis étaient des spécialistes du Kung-fu Wushu. En tout cas, si tant il est vrai que pour la police Biram, Balla Touré et leurs amis ont déployé autant de hargne, de détermination et de témérité pour aller à l’assaut du commissariat d’Arafat I, je crois que la place de ces leaders d’IRA n’est pas en prison mais au front, sur nos frontières avec le Mali et l’Algérie pour faire bénéficier de leurs talents et de leur expertise nos soldats commis à la lutte contre Al-Qaeda et les trafiquants.
Soutenir que ces activistes arrêtés ont attaqué - comme ça, avec joie et cris de guerre – une cohorte de policiers, ne me semble pas épouser les courbes de la vérité; il aurait été beaucoup plus facile de dire que «les gens de l’IRA», après une prise de bec et échange de propos salés avec les policiers, en sont venus aux mains avec ces derniers.
C’est ce que je crois, ayant la liberté de penser qu’il est impensable – justement – qu’un homme doué de raison et non atteint d’instinct suicidaire saute, inconsciemment, comme ça, en République Islamique de Mauritanie, sur le râble d’un flic!
Je ne connais pas les policiers du commissariat d’Arafat I, mais je connais la police; je connais très bien la police. Et s’il y a une constance dans le comportement de la police – d’ici ou d’ailleurs – c’est sa propension à la bastonnade. Affirmer le contraire, c’est tenter d’introduire une exception là où il est connu de tous que c’est plutôt une règle.
Même au Gondwana. Même en République d’Eburnie. Ou bien, quelqu’un aurait-il induit Biram et ses amis en erreur en leur faisant croire qu’une partie de nos forces de l’ordre subissent leur formation au Tibet, auprès du Dalaï Lama et l’assemblée des bonzes, et que la partie restante est adepte de Mahatma Gandhi?
Je crois, comme nos amis ivoiriens, qu’ «il faut sortir dans ça»; et sortir dans ça c’est de considérer que l’incident entre les policiers d’Arafat I et les gens d’IRA n’était qu’un simple incident, quelques échauffourées comme on en voit partout. Et de traiter ce problème comme tel. Tout au plus, une mesure de simple police aurait suffi largement.
C’est dire, qu’en choisissant de déférer et de détenir les activistes d’IRA au motif qu’ils ont agressé les policiers et qu’ils animent une association non reconnue, les pouvoirs publics tombent dans l’excès, cultivent la surenchère et emploient une méthode coué pourtant expérimentée ici il n’y a pas longtemps et qui – tout le monde l’a vu – n’avait ni prospéré ni fait recette.
En effet, le phénomène d’esclavage que dénonce l’IRA est – qu’on le veuille ou non; qu’on le dise ou pas – le motif principal qui leur vaut aujourd’hui ce séjour peu enviable dans la grande bâtisse. Qu’on ne vienne donc pas nous rebattre les oreilles et présenter l’incident d’Arafat comme une offensive armée de grande envergure genre «la légion saute sur Kolwézy» ou «les mutinés du Bounty».
Qu’on ne vienne surtout pas nous dire que parce qu’ils animent une association non reconnue, Biram et ses amis méritent largement ce qui leur arrive.
Ce serait une justification par l’absurde ou tout au moins faire accepter qu’on pourrait se prévaloir de sa propre turpitude : IRA, si je ne m’abuse, avait bien demandé une reconnaissance depuis longtemps; il revenait donc aux pouvoirs publics de la reconnaître ou de s’y opposer. Clairement. Par écrit. En faisant le dos rond, le fautif c’est lui (le ministère de l’Intérieur) et non quelqu’un d’autre.
Il est temps, dis-je, de «sortir dans ça»; et sortir dans ça c’est d’abord libérer Biram et ses amis; les libérer et surtout écouter ce qu’ils disent sur le phénomène qu’ils dénoncent – avec discernement, sans préjugés, sans parti pris ni jugement a priori.
Car, je ne pense pas suffisant de se suffire de leur présumé discours estimé violent pour fermer les yeux sur ce qu’il y a derrière.
Et ce qu’il y a derrière c’est bien cet esclavage qu’ils fustigent – et, sur ce point, ils ne sont pas les seuls. L’honorable président de l’Assemblée nationale, Messoud Ould Boulkheir, en parle – en a parlé dans une interview pas plus tard que la semaine passée.
Voudrait-on nous dire qu’il est, lui aussi, «ennemi de la nation», comme on le disait si bien au temps de Maaouya? Mr Mohamed Said Ould Hamoudy, ancien diplomate et ancien président de la Commission nationale des droits de l’homme, en a parlé.
Viendrait-il à l’esprit de quelqu’un, saint de corps et de…euh… d’esprit, que Mohamed Said fait du problème de l’esclavage un fonds de commerce? Isselmou Ould Abdel Kader, ancien administrateur (qui n’a pas sa langue dans la poche), en a parlé. Veut-on nous faire croire qu’il en veut au pays, qu’il regarde dans la direction d’un doigt qui lui indique un point à atteindre ou qu’une main (étrangère!) le pousserait dans le dos…?
Soyons sérieux! Il n’y a pas de fumée sans feu. Tout ce monde n’aurait pas dénoncé ce phénomène s’il n’existait pas. Des lois (dont la dernière date d’il y a deux ans) n’auraient pas été édictées si l’esclavage ne persévérait pas.
Insulter, par des aboyeurs professionnels, ceux qui dénoncent ce fait, ou mettre en prison ceux qui s’activent pour montrer la face hideuse de cette ignominie n’est pas la meilleure façon de régler le problème. Tout au plus, il ne fera que renforcer tout un chacun dans l’idée que l’Etat écrase la victime et protège le bourreau. Ce qui, croyons-le ou pas, n’est ni bon pour la santé de ce pays, ni rassurant sur son avenir.
S’il y un conseil qu’on pourrait donner au régime de Mohamed Ould Abdel Aziz c’est de s’attaquer sérieusement à cette tare qui n’honore personne et d’en traiter les conséquences. S’il y a un avis qu’on pourrait lui donner c’est qu’il se méfie de tous ces imposteurs, ces «rampeurs» qui le poussent à la manière forte, préconisant l’inquisition, la prison et le bûcher.
Voyez-vous, Ould Taya, à son arrivée, fut accueilli avec des branches fleuries, des trémolos dans la voix et le regard mouillé d’une populace qui bêlait à l’unisson et huait le prince précédent. Pour peu, on aurait entonné des «tala’ al badrou aleynaa…». Mais en écoutant les conseils mal avisés d’une cohorte d’ouistitis malfaisants, il s’était mis à emprisonner et à étouffer.
Son régime se distingua dans la violation des droits de l’homme et la culture du tesfaagh, du vol, de la délation. Quand les regrettables évènements de 1989 accablèrent son peuple et le peuple voisin du Sénégal, des exactions furent commises.
Et au lieu de réparer le préjudice subi par des milliers de ses concitoyens, il prêta l’oreille aux ennemis de ce pays et les pansus qui ne prospéraient que dans la boue et la gadoue, oubliant qu’il ne faut pas insulter l’histoire et agresser les innocents.
Il finit accablé, exilé et frappé du sceau de tyran. Comme épitaphe sur les cendres de son régime, les hiboux qui l’appelaient hier frère sillonnèrent le pays pour le charger et le maudire.
Les mêmes individus qui avaient causé la perte de Maaouya sont toujours là. Mohamed Ould Abdel Aziz devrait s’en méfier et les tenir bien éloignés. Car il faut toujours se méfier des reptiles. Du moins, des serpents. «Il faut vraiment sortir dans ça»…
Rachid Ly
Nouvelle expression
Depuis que Biram s’est mis en tête de dénoncer l’esclavage, de critiquer l’ordre (le désordre) établi, beaucoup de loups sont sortis du bois pour le vouer aux gémonies; qui réclamant sa tête, qui d’autre suppliant qu’on le pendît haut et court, et les moins virulents se contentant de dénoncer ses sorties assimilées à une croisade (déjà !!) contre ceci ou cela.
Wallaahi, cela n’a surpris personne, tant les animateurs de l’IRA étaient sous les feux de la rampe et dans la ligne de mire des pouvoirs publics dont le poil se hérisse à chaque fois que, d’un coup de peigne, on le caresse à rebrousse poil.
C’est que cet ancêtre («les pouvoirs publics»), abreuvé aux «tonutruances» des «griots» et aux applaudissements des laudateurs, n’aime pas la contradiction – qu’on soit au temps du «papa national», à l’ère des «comités militaires» ou celle de la «coumbacratie».
Que Biram et ses amis se retrouvent en prison n’étonne donc personne (on a toujours bastonné ou mis en prison ceux qui ne s’alignent pas sur la pensée unique et les positions formatées et bien chloroformées); en revanche, ce qui donne des hoquets récalcitrants, ce qui reste à travers la gorge c’est le justificatif : tenter de faire avaler à la plèbe et au petit peuple que les leaders d’IRA, comme des Apaches sur le sentier de la guerre, se sont lancés à l’assaut du commissariat d’Arafat; brandissant des tomahawks et, à grand renfort de «hokka heiiiiii !!!», sont tombés à bras raccourcis sur les innocents policiers qu’ils ont boxés…
Je ne sais pas si je suis le seul, mais je ne savais pas que Biram et ses amis étaient des spécialistes du Kung-fu Wushu. En tout cas, si tant il est vrai que pour la police Biram, Balla Touré et leurs amis ont déployé autant de hargne, de détermination et de témérité pour aller à l’assaut du commissariat d’Arafat I, je crois que la place de ces leaders d’IRA n’est pas en prison mais au front, sur nos frontières avec le Mali et l’Algérie pour faire bénéficier de leurs talents et de leur expertise nos soldats commis à la lutte contre Al-Qaeda et les trafiquants.
Soutenir que ces activistes arrêtés ont attaqué - comme ça, avec joie et cris de guerre – une cohorte de policiers, ne me semble pas épouser les courbes de la vérité; il aurait été beaucoup plus facile de dire que «les gens de l’IRA», après une prise de bec et échange de propos salés avec les policiers, en sont venus aux mains avec ces derniers.
C’est ce que je crois, ayant la liberté de penser qu’il est impensable – justement – qu’un homme doué de raison et non atteint d’instinct suicidaire saute, inconsciemment, comme ça, en République Islamique de Mauritanie, sur le râble d’un flic!
Je ne connais pas les policiers du commissariat d’Arafat I, mais je connais la police; je connais très bien la police. Et s’il y a une constance dans le comportement de la police – d’ici ou d’ailleurs – c’est sa propension à la bastonnade. Affirmer le contraire, c’est tenter d’introduire une exception là où il est connu de tous que c’est plutôt une règle.
Même au Gondwana. Même en République d’Eburnie. Ou bien, quelqu’un aurait-il induit Biram et ses amis en erreur en leur faisant croire qu’une partie de nos forces de l’ordre subissent leur formation au Tibet, auprès du Dalaï Lama et l’assemblée des bonzes, et que la partie restante est adepte de Mahatma Gandhi?
Je crois, comme nos amis ivoiriens, qu’ «il faut sortir dans ça»; et sortir dans ça c’est de considérer que l’incident entre les policiers d’Arafat I et les gens d’IRA n’était qu’un simple incident, quelques échauffourées comme on en voit partout. Et de traiter ce problème comme tel. Tout au plus, une mesure de simple police aurait suffi largement.
C’est dire, qu’en choisissant de déférer et de détenir les activistes d’IRA au motif qu’ils ont agressé les policiers et qu’ils animent une association non reconnue, les pouvoirs publics tombent dans l’excès, cultivent la surenchère et emploient une méthode coué pourtant expérimentée ici il n’y a pas longtemps et qui – tout le monde l’a vu – n’avait ni prospéré ni fait recette.
En effet, le phénomène d’esclavage que dénonce l’IRA est – qu’on le veuille ou non; qu’on le dise ou pas – le motif principal qui leur vaut aujourd’hui ce séjour peu enviable dans la grande bâtisse. Qu’on ne vienne donc pas nous rebattre les oreilles et présenter l’incident d’Arafat comme une offensive armée de grande envergure genre «la légion saute sur Kolwézy» ou «les mutinés du Bounty».
Qu’on ne vienne surtout pas nous dire que parce qu’ils animent une association non reconnue, Biram et ses amis méritent largement ce qui leur arrive.
Ce serait une justification par l’absurde ou tout au moins faire accepter qu’on pourrait se prévaloir de sa propre turpitude : IRA, si je ne m’abuse, avait bien demandé une reconnaissance depuis longtemps; il revenait donc aux pouvoirs publics de la reconnaître ou de s’y opposer. Clairement. Par écrit. En faisant le dos rond, le fautif c’est lui (le ministère de l’Intérieur) et non quelqu’un d’autre.
Il est temps, dis-je, de «sortir dans ça»; et sortir dans ça c’est d’abord libérer Biram et ses amis; les libérer et surtout écouter ce qu’ils disent sur le phénomène qu’ils dénoncent – avec discernement, sans préjugés, sans parti pris ni jugement a priori.
Car, je ne pense pas suffisant de se suffire de leur présumé discours estimé violent pour fermer les yeux sur ce qu’il y a derrière.
Et ce qu’il y a derrière c’est bien cet esclavage qu’ils fustigent – et, sur ce point, ils ne sont pas les seuls. L’honorable président de l’Assemblée nationale, Messoud Ould Boulkheir, en parle – en a parlé dans une interview pas plus tard que la semaine passée.
Voudrait-on nous dire qu’il est, lui aussi, «ennemi de la nation», comme on le disait si bien au temps de Maaouya? Mr Mohamed Said Ould Hamoudy, ancien diplomate et ancien président de la Commission nationale des droits de l’homme, en a parlé.
Viendrait-il à l’esprit de quelqu’un, saint de corps et de…euh… d’esprit, que Mohamed Said fait du problème de l’esclavage un fonds de commerce? Isselmou Ould Abdel Kader, ancien administrateur (qui n’a pas sa langue dans la poche), en a parlé. Veut-on nous faire croire qu’il en veut au pays, qu’il regarde dans la direction d’un doigt qui lui indique un point à atteindre ou qu’une main (étrangère!) le pousserait dans le dos…?
Soyons sérieux! Il n’y a pas de fumée sans feu. Tout ce monde n’aurait pas dénoncé ce phénomène s’il n’existait pas. Des lois (dont la dernière date d’il y a deux ans) n’auraient pas été édictées si l’esclavage ne persévérait pas.
Insulter, par des aboyeurs professionnels, ceux qui dénoncent ce fait, ou mettre en prison ceux qui s’activent pour montrer la face hideuse de cette ignominie n’est pas la meilleure façon de régler le problème. Tout au plus, il ne fera que renforcer tout un chacun dans l’idée que l’Etat écrase la victime et protège le bourreau. Ce qui, croyons-le ou pas, n’est ni bon pour la santé de ce pays, ni rassurant sur son avenir.
S’il y un conseil qu’on pourrait donner au régime de Mohamed Ould Abdel Aziz c’est de s’attaquer sérieusement à cette tare qui n’honore personne et d’en traiter les conséquences. S’il y a un avis qu’on pourrait lui donner c’est qu’il se méfie de tous ces imposteurs, ces «rampeurs» qui le poussent à la manière forte, préconisant l’inquisition, la prison et le bûcher.
Voyez-vous, Ould Taya, à son arrivée, fut accueilli avec des branches fleuries, des trémolos dans la voix et le regard mouillé d’une populace qui bêlait à l’unisson et huait le prince précédent. Pour peu, on aurait entonné des «tala’ al badrou aleynaa…». Mais en écoutant les conseils mal avisés d’une cohorte d’ouistitis malfaisants, il s’était mis à emprisonner et à étouffer.
Son régime se distingua dans la violation des droits de l’homme et la culture du tesfaagh, du vol, de la délation. Quand les regrettables évènements de 1989 accablèrent son peuple et le peuple voisin du Sénégal, des exactions furent commises.
Et au lieu de réparer le préjudice subi par des milliers de ses concitoyens, il prêta l’oreille aux ennemis de ce pays et les pansus qui ne prospéraient que dans la boue et la gadoue, oubliant qu’il ne faut pas insulter l’histoire et agresser les innocents.
Il finit accablé, exilé et frappé du sceau de tyran. Comme épitaphe sur les cendres de son régime, les hiboux qui l’appelaient hier frère sillonnèrent le pays pour le charger et le maudire.
Les mêmes individus qui avaient causé la perte de Maaouya sont toujours là. Mohamed Ould Abdel Aziz devrait s’en méfier et les tenir bien éloignés. Car il faut toujours se méfier des reptiles. Du moins, des serpents. «Il faut vraiment sortir dans ça»…
Rachid Ly
Nouvelle expression