
C’est un juriste britannique, Peter Benenson, avocat à Londres, qui a lancé le mouvement en 1961. L’idée lui est venue lorsqu’il tombe, le 19 novembre 1960, sur un article du Daily Telegraph révélant que deux étudiants portugais avaient été condamnés à une lourde peine de prison pour avoir porté un toast à la liberté dans un restaurant de Lisbonne. Choqué par l’article, il se rend alors à l’ambassade du Portugal pour protester contre la dictature de Salazar. Estimant que cette démarche était finalement futile, il lui vient alors l'idée, pour faire bouger les choses, de lancer un large mouvement international neutre qui adopterait des prisonniers d’opinion.
Amnesty est officiellement né le 28 mai 1961 avec la publication, dans le journal britannique The Observer, d’une tribune dans laquelle Peter Benenson appelait l’opinion mondiale à se mobiliser pour obtenir la libération des personnes emprisonnées et torturées pour leurs idées.
Amnesty International au secours des prisonniers d'opinion dans les pays africains de langue officielle portugaise
Dès le premier jour, lors la publication de la tribune dans The Observer, le 28 mai 1961, Agostinho Neto, futur président de l’Angola, faisait partie de la liste des prisonniers oubliés. A l’époque, il était détenu au Portugal, puissance coloniale des cinq pays africains de langue officielle portugaise, à savoir : l’Angola, le Mozambique, la Guinée-Bissau, le Cap-Vert et São Tomé et Principe.
Contacté par RFI, Vítor Nogueira, porte-parole d’Amnesty International au Portugal, nous a expliqué comment, pendant toute la période de la guerre coloniale et de la dictature au Portugal qui a pris fin en 1974, Amnesty a mené toute une série d’actions pour défendre les prisonniers politiques et opposants – les prisonniers d’opinion. «Des campagnes ont été faites en faveur de beaucoup de personnes qui étaient liées aux mouvements de libération ou bien qui s’opposaient au régime dictatorial de Salazar ; des campagnes aussi en faveur des prisonniers politiques, victimes de torture et de mauvais traitements notamment dans les prisons. Il s’agit là d’une intervention d’Amnesty International pendant toutes ces années, depuis 1961 jusqu’aux indépendances, en 1975 ».
Mais dans tous ces pays, l’action d’Amnesty International ne s’est pas arrêtée aux indépendances. Elle s’est poursuivie car après les indépendances, il y a eu les guerres civiles en Angola et au Mozambique, plusieurs coups d’Etat en Guinée-Bissau et des tentatives de changement de pouvoir à São Tomé et Principe. « La répression a été extrêmement dure. Il y a eu des camps de rééducation ; des jugements injustes et des mauvais traitements qui se sont même institutionnalisés comme ce fut le cas au Mozambique », précise Vítor Nogueira.
Amnesty International a contribué à obtenir l’abolition de la peine de mort dans une centaine de pays
Le porte-parole d’Amnesty International au Portugal insiste également sur la contribution, très importante, de son organisation qui a abouti à l’abolition de la peine de mort dans la généralité des pays de langue portugaise. Il rappelle que dans les pays africains de langue officielle portugaise, à l’exception du Cap-Vert où la peine de mort n’a jamais été appliquée, la peine capitale était inscrite dans le code pénal de ces pays. «Cette situation a heureusement changé. Au jour d’aujourd’hui, la peine de mort n’existe plus dans aucun des pays africains de langue officielle portugaise » se réjouit-t-il.
De son côté, Geneviève Garrigot, présidente d’Amnesty International en France et invitée de RFI, ce samedi 28 mai, souligne également la contribution d’Amnesty International pour l’abolition de la peine de mort – une des grandes victoires de l’organisation : «A partir de 1977 - qui est pour nous un grand évènement puisque c’est l’année où on va recevoir le prix Nobel de la Paix - à partir de cette date, on va aussi prendre position pour l’abolition de la peine de mort (…/…) Une des grandes victoires de notre organisation concerne la question de la peine mort puisque Amnesty International a contribué, depuis qu’elle a pris position, à obtenir l’abolition dans une centaine de pays.»
Droits de l’homme en Afrique : des progrès très insuffisants
En Afrique et en matière de droits de l’homme, les progrès sont encore très insuffisants. Dans de nombreux pays de ce continent, il n’existe toujours pas de représentation d’Amnesty International. Malgré cela, l’organisation s’efforce de mettre en place toute une série d’actions qui peuvent faire pression sur les gouvernements, les groupes politiques armés, les entreprises et les organisations intergouvernementales. Des actions qui passent par des manifestations publiques, rassemblements silencieux, envois de lettres, éducation aux droits humains, concerts pour sensibiliser l’opinion publique, pressions directes, appels ciblés, pétitions électroniques et autres actions sur internet ou encore par des partenariats avec des groupes qui militent localement.
Depuis cinquante ans, Amnesty International lutte pour le respect des droits de l’homme, dénonce la peine de mort, la torture, les arrestations arbitraires, les détentions sans procès et les disparitions.
Repris par les différents médias dans plusieurs pays, les rapports annuels mais aussi les rapports ponctuels ainsi que les communiqués d’Amnesty International font date. Le rapport le plus récent, celui qui vient d’être publié, mercredi 25 mai, sur les violences commises en Côte d’Ivoire depuis le deuxième tour de l’élection présidentielle le 28 novembre 2010, est accablant. Après six mois d’enquête sur le terrain, Amnesty International fait état d’exactions commises dans la ville d’Abidjan et dans l’ouest du pays par les deux camps adverses. A Duékoué, l’organisation fait état du meurtre de centaines d’hommes, par les FRCI, les forces fidèles au nouveau président Alassane Ouattara, et accuse l’ONUCI – la mission onusienne en Côte d’Ivoire – « d’inaction ». Pour Amnesty, c’est un nombre insuffisant de soldats dans cette région qui explique l’absence de protection des populations.
L’Afrique sub-saharienne est souvent pointée du doigt. Amnesty International ne cesse de dénoncer la répression - l’usage excessif de la force et des mauvais traitements qui aboutit régulièrement à des homicides illégaux dans des pays tels que l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Mozambique ou l’Ouganda - déplore l’organisation dans son dernier rapport annuel concernant l’année 2010.
Amnesty constate également que les gouvernements ont privilégié la relance de la machine économique au détriment de la question des droits de l’homme et qu’un des constats les plus sévères concerne l’Afrique. La flambée des prix alimentaires, qui a eu un impact disproportionné sur les populations vulnérables, a provoqué, en 2008, de grandes manifestations populaires durement réprimées au Cameroun, au Mozambique, Côte d’Ivoire, Bénin, Burkina Faso, Guinée, Mali, Sénégal, Somalie et Afrique du Sud, entre autres. Une mise en garde contre le retour des «émeutes de la faim» en Afrique a été lancée, par la suite.
Amnesty International n’a pas hésité non plus à se mobiliser et à s’attaquer à d’autres champs des droits de l’homme comme ce fut le cas d’un rapport sur la mortalité maternelle en Afrique, publié en 2010 et intitulé «Donner la vie, risquer la mort». Le rapport a été lancé à Ouagadougou et un cri d’alarme a été lancé : «Plus de 2000 femmes meurent chaque année au Burkina Faso des complications liées à la grossesse et l’accouchement parce qu’elles n’ont pas eu accès aux soins nécessaires». Pour Amnesty, il s’agit là aussi d’un droit : celui de la santé.
Toujours en Afrique, Amnesty s’est également engagée dans une campagne en faveur de sanctions pénales pour bannir les mariages forcés ou précoces. Autre combat : à l’occasion de la Journée de l’enfant africain, l’organisation n’hésite pas à appeler tous les gouvernements africains, qui ne l’ont pas encore fait, à ratifier la« Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant» et à respecter ainsi les droits des enfants.
Prix Nobel de la Paix
En 1977, Amnesty International reçoit le prix Nobel de la Paix pour «avoir contribué à garantir les bases de la liberté et de la justice et avoir ainsi contribué à la paix dans le monde».
Les responsables de l’organisation tiennent à souligner qu’Amnesty International est une organisation privée financée par des fonds privés et qu’elle refuse tout financement de gouvernements.
Pour l'histoire vous pouvez écouter Madame Geneviève Garrigos, ci-dessous.
Source: RFI
Amnesty est officiellement né le 28 mai 1961 avec la publication, dans le journal britannique The Observer, d’une tribune dans laquelle Peter Benenson appelait l’opinion mondiale à se mobiliser pour obtenir la libération des personnes emprisonnées et torturées pour leurs idées.
Amnesty International au secours des prisonniers d'opinion dans les pays africains de langue officielle portugaise
Dès le premier jour, lors la publication de la tribune dans The Observer, le 28 mai 1961, Agostinho Neto, futur président de l’Angola, faisait partie de la liste des prisonniers oubliés. A l’époque, il était détenu au Portugal, puissance coloniale des cinq pays africains de langue officielle portugaise, à savoir : l’Angola, le Mozambique, la Guinée-Bissau, le Cap-Vert et São Tomé et Principe.
Contacté par RFI, Vítor Nogueira, porte-parole d’Amnesty International au Portugal, nous a expliqué comment, pendant toute la période de la guerre coloniale et de la dictature au Portugal qui a pris fin en 1974, Amnesty a mené toute une série d’actions pour défendre les prisonniers politiques et opposants – les prisonniers d’opinion. «Des campagnes ont été faites en faveur de beaucoup de personnes qui étaient liées aux mouvements de libération ou bien qui s’opposaient au régime dictatorial de Salazar ; des campagnes aussi en faveur des prisonniers politiques, victimes de torture et de mauvais traitements notamment dans les prisons. Il s’agit là d’une intervention d’Amnesty International pendant toutes ces années, depuis 1961 jusqu’aux indépendances, en 1975 ».
Mais dans tous ces pays, l’action d’Amnesty International ne s’est pas arrêtée aux indépendances. Elle s’est poursuivie car après les indépendances, il y a eu les guerres civiles en Angola et au Mozambique, plusieurs coups d’Etat en Guinée-Bissau et des tentatives de changement de pouvoir à São Tomé et Principe. « La répression a été extrêmement dure. Il y a eu des camps de rééducation ; des jugements injustes et des mauvais traitements qui se sont même institutionnalisés comme ce fut le cas au Mozambique », précise Vítor Nogueira.
Amnesty International a contribué à obtenir l’abolition de la peine de mort dans une centaine de pays
Le porte-parole d’Amnesty International au Portugal insiste également sur la contribution, très importante, de son organisation qui a abouti à l’abolition de la peine de mort dans la généralité des pays de langue portugaise. Il rappelle que dans les pays africains de langue officielle portugaise, à l’exception du Cap-Vert où la peine de mort n’a jamais été appliquée, la peine capitale était inscrite dans le code pénal de ces pays. «Cette situation a heureusement changé. Au jour d’aujourd’hui, la peine de mort n’existe plus dans aucun des pays africains de langue officielle portugaise » se réjouit-t-il.
De son côté, Geneviève Garrigot, présidente d’Amnesty International en France et invitée de RFI, ce samedi 28 mai, souligne également la contribution d’Amnesty International pour l’abolition de la peine de mort – une des grandes victoires de l’organisation : «A partir de 1977 - qui est pour nous un grand évènement puisque c’est l’année où on va recevoir le prix Nobel de la Paix - à partir de cette date, on va aussi prendre position pour l’abolition de la peine de mort (…/…) Une des grandes victoires de notre organisation concerne la question de la peine mort puisque Amnesty International a contribué, depuis qu’elle a pris position, à obtenir l’abolition dans une centaine de pays.»
Droits de l’homme en Afrique : des progrès très insuffisants
En Afrique et en matière de droits de l’homme, les progrès sont encore très insuffisants. Dans de nombreux pays de ce continent, il n’existe toujours pas de représentation d’Amnesty International. Malgré cela, l’organisation s’efforce de mettre en place toute une série d’actions qui peuvent faire pression sur les gouvernements, les groupes politiques armés, les entreprises et les organisations intergouvernementales. Des actions qui passent par des manifestations publiques, rassemblements silencieux, envois de lettres, éducation aux droits humains, concerts pour sensibiliser l’opinion publique, pressions directes, appels ciblés, pétitions électroniques et autres actions sur internet ou encore par des partenariats avec des groupes qui militent localement.
Depuis cinquante ans, Amnesty International lutte pour le respect des droits de l’homme, dénonce la peine de mort, la torture, les arrestations arbitraires, les détentions sans procès et les disparitions.
Repris par les différents médias dans plusieurs pays, les rapports annuels mais aussi les rapports ponctuels ainsi que les communiqués d’Amnesty International font date. Le rapport le plus récent, celui qui vient d’être publié, mercredi 25 mai, sur les violences commises en Côte d’Ivoire depuis le deuxième tour de l’élection présidentielle le 28 novembre 2010, est accablant. Après six mois d’enquête sur le terrain, Amnesty International fait état d’exactions commises dans la ville d’Abidjan et dans l’ouest du pays par les deux camps adverses. A Duékoué, l’organisation fait état du meurtre de centaines d’hommes, par les FRCI, les forces fidèles au nouveau président Alassane Ouattara, et accuse l’ONUCI – la mission onusienne en Côte d’Ivoire – « d’inaction ». Pour Amnesty, c’est un nombre insuffisant de soldats dans cette région qui explique l’absence de protection des populations.
L’Afrique sub-saharienne est souvent pointée du doigt. Amnesty International ne cesse de dénoncer la répression - l’usage excessif de la force et des mauvais traitements qui aboutit régulièrement à des homicides illégaux dans des pays tels que l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Mozambique ou l’Ouganda - déplore l’organisation dans son dernier rapport annuel concernant l’année 2010.
Amnesty constate également que les gouvernements ont privilégié la relance de la machine économique au détriment de la question des droits de l’homme et qu’un des constats les plus sévères concerne l’Afrique. La flambée des prix alimentaires, qui a eu un impact disproportionné sur les populations vulnérables, a provoqué, en 2008, de grandes manifestations populaires durement réprimées au Cameroun, au Mozambique, Côte d’Ivoire, Bénin, Burkina Faso, Guinée, Mali, Sénégal, Somalie et Afrique du Sud, entre autres. Une mise en garde contre le retour des «émeutes de la faim» en Afrique a été lancée, par la suite.
Amnesty International n’a pas hésité non plus à se mobiliser et à s’attaquer à d’autres champs des droits de l’homme comme ce fut le cas d’un rapport sur la mortalité maternelle en Afrique, publié en 2010 et intitulé «Donner la vie, risquer la mort». Le rapport a été lancé à Ouagadougou et un cri d’alarme a été lancé : «Plus de 2000 femmes meurent chaque année au Burkina Faso des complications liées à la grossesse et l’accouchement parce qu’elles n’ont pas eu accès aux soins nécessaires». Pour Amnesty, il s’agit là aussi d’un droit : celui de la santé.
Toujours en Afrique, Amnesty s’est également engagée dans une campagne en faveur de sanctions pénales pour bannir les mariages forcés ou précoces. Autre combat : à l’occasion de la Journée de l’enfant africain, l’organisation n’hésite pas à appeler tous les gouvernements africains, qui ne l’ont pas encore fait, à ratifier la« Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant» et à respecter ainsi les droits des enfants.
Prix Nobel de la Paix
En 1977, Amnesty International reçoit le prix Nobel de la Paix pour «avoir contribué à garantir les bases de la liberté et de la justice et avoir ainsi contribué à la paix dans le monde».
Les responsables de l’organisation tiennent à souligner qu’Amnesty International est une organisation privée financée par des fonds privés et qu’elle refuse tout financement de gouvernements.
Pour l'histoire vous pouvez écouter Madame Geneviève Garrigos, ci-dessous.
Source: RFI