
L’affaire des biens mal acquis pourra finalement avoir des suites judiciaires en France. En octobre 2009, la Cour d’appel de Paris avait entériné la décision du parquet de rejeter l’ouverture d’une enquête dans cette affaire. La Cour de cassation vient, a contrario, d’autoriser, le 9 novembre dernier, la justice française à investiguer sur le patrimoine accumulé dans l’Hexagone par trois chefs d’Etat africains, en l’occurrence, Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, Theodoro Obiang Nguema de la Guinée équatoriale et le défunt président du Gabon, Omar Bongo Ondimba et certains de leurs proches respectifs. Pour rappel, l’affaire des "biens mal acquis" remonte à la fin 2008, suite à une plainte déposée par deux associations de la société civile, Transparency International France et Sherpa, contre les trois personnalités susnommées. Il appartient désormais à un juge d’instruction de déterminer dans quelles conditions les biens visés ont été acquis.
Cette procédure judiciaire devrait aussi permettre de faire la lumière sur le rôle joué par certains intermédiaires qui auraient facilité la réalisation de ces acquisitions, notamment les établissements bancaires. C’est pourquoi d’aucuns s’empressent de parler de "brèche judiciaire". A l’issue d’une enquête policière en 2007, le fastueux patrimoine immobilier et mobilier détenu en France par les trois présidents africains et leur entourage, était estimé à la bagatelle de 160 millions d’euros. Ainsi, 39 propriétés et 70 comptes bancaires avaient été recensés au nom du regretté Omar Bongo Ondimba et de ses proches. La famille Sassou Nguesso rentabiliserait 18 propriétés et 112 comptes bancaires. Quant au président équato-guinéen, il disposerait d’une propriété, d’un compte bancaire et de huit véhicules. Le jeu en vaut vraiment la chandelle. La justice française, de toute évidence, fera une oeuvre de salubrité publique si elle parvenait à restituer tous ces biens frauduleusement acquis au peuple africain, victime de l’incurie et de l’indélicatesse de certains de ses dirigeants. Il est inconcevable qu’un chef d’Etat planque de l’argent détourné dans des paradis fiscaux pendant que son peuple croupit dans la misère, crève de faim et de maladies.
Les économies africaines demeureront exsangues aussi longtemps qu’elles seront à la solde des prédateurs et des politiques véreux et cupides. C’est sans doute le bradage des biens publics qui est à l’origine de la recrudescence de ces "nouveaux riches" irrévérencieux et arrogants. Il serait même judicieux que tous les chefs d’Etat africains qui ont investi en France ou ailleurs puissent faire l’objet d’une enquête. D’aucuns crieront encore à une justice raciste et sélective dans la mesure où elle ne vise, à l’instar de la Cour pénale internationale, que des dirigeants africains. D’ores et déjà, en attendant la réaction des autorités gabonaises et congolaises, la défense équato-guinéenne parle d’instrumentalisation et de "néocolonialisme arrogant et insupportable". Mais que faire s’il n’y a que des dirigeants africains qui s’illustrent dans la mal gouvernance et dans les détournements de deniers publics ? De toute façon, comme le disait La Bruyère, "le plus grand malheur qui puisse arriver à l’homme, c’est d’être en faute ou d’avoir quelque chose à se reprocher". Si tant est que les chefs d’Etat mis en cause n’aient rien à se reprocher, ils devraient rester sereins. En réalité, les chefs d’Etat africains, à l’opposé de ceux de l’Occident, se croient souvent tout permis. Toutefois, s’il demeure encore difficile sinon inimaginable pour les sociétés civiles africaines d’intenter un procès en justice contre un chef d’Etat, pour prévarication et malversations financières, il n’en est point de même pour les sociétés civiles du Nord. Ces dernières, on le sait bien, apparaissent incontestablement comme des poils à gratter de bien des dirigeants afrcains.
Si, en Afrique, la justice demeure dans bien des cas une caisse de résonance des régimes en place, la séparation des pouvoirs est loin d’être une simple vue de l’esprit en Occident. Au lieu d’être un vain mot, la lutte contre la corruption doit être un comportement et les chefs d’Etat africains eux-mêmes devraient en faire leur cheval de bataille. "Telle la réligion du prince, telle celle du pays", dit l’adage. Il est regrettable que les bons exemples viennent toujours de l’extérieur. Les évasions fiscales et les ventouses économiques seront toujours légion en Afrique aussi longtemps que prévaudra l’impunité. Elles sont sans doute à l’origine du malthusianisme auquel on assiste. Ce qui est sûr, cette action judiciaire en cours dissuadera bien d’autres chefs d’Etat indélicats. Sans doute que beaucoup d’entre eux vont s’atteler à la délocalisation de leurs économies vers d’autres paradis fiscaux. Et en conséquence, les relations de la Françafrique pourraient en prendre un coup. Mais il ne faut pas être naïf. Ce n’est pas demain la veille que les dirigeants africains véreux seront inquiétés en France. Ils y ont tellement d’amis et de réseaux ! En tout état de cause, la justice française a franchi le Rubicon d’autant qu’elle aura brisé un mythe. On s’achemine peut-être vers la fin de l’époque où bien des chefs d’Etat africains, à l’image du roi Crésus, faisaient la pluie et le beau temps, sous le regard envieux et impuissant de leur peuple. Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée.
Source: LePays
Cette procédure judiciaire devrait aussi permettre de faire la lumière sur le rôle joué par certains intermédiaires qui auraient facilité la réalisation de ces acquisitions, notamment les établissements bancaires. C’est pourquoi d’aucuns s’empressent de parler de "brèche judiciaire". A l’issue d’une enquête policière en 2007, le fastueux patrimoine immobilier et mobilier détenu en France par les trois présidents africains et leur entourage, était estimé à la bagatelle de 160 millions d’euros. Ainsi, 39 propriétés et 70 comptes bancaires avaient été recensés au nom du regretté Omar Bongo Ondimba et de ses proches. La famille Sassou Nguesso rentabiliserait 18 propriétés et 112 comptes bancaires. Quant au président équato-guinéen, il disposerait d’une propriété, d’un compte bancaire et de huit véhicules. Le jeu en vaut vraiment la chandelle. La justice française, de toute évidence, fera une oeuvre de salubrité publique si elle parvenait à restituer tous ces biens frauduleusement acquis au peuple africain, victime de l’incurie et de l’indélicatesse de certains de ses dirigeants. Il est inconcevable qu’un chef d’Etat planque de l’argent détourné dans des paradis fiscaux pendant que son peuple croupit dans la misère, crève de faim et de maladies.
Les économies africaines demeureront exsangues aussi longtemps qu’elles seront à la solde des prédateurs et des politiques véreux et cupides. C’est sans doute le bradage des biens publics qui est à l’origine de la recrudescence de ces "nouveaux riches" irrévérencieux et arrogants. Il serait même judicieux que tous les chefs d’Etat africains qui ont investi en France ou ailleurs puissent faire l’objet d’une enquête. D’aucuns crieront encore à une justice raciste et sélective dans la mesure où elle ne vise, à l’instar de la Cour pénale internationale, que des dirigeants africains. D’ores et déjà, en attendant la réaction des autorités gabonaises et congolaises, la défense équato-guinéenne parle d’instrumentalisation et de "néocolonialisme arrogant et insupportable". Mais que faire s’il n’y a que des dirigeants africains qui s’illustrent dans la mal gouvernance et dans les détournements de deniers publics ? De toute façon, comme le disait La Bruyère, "le plus grand malheur qui puisse arriver à l’homme, c’est d’être en faute ou d’avoir quelque chose à se reprocher". Si tant est que les chefs d’Etat mis en cause n’aient rien à se reprocher, ils devraient rester sereins. En réalité, les chefs d’Etat africains, à l’opposé de ceux de l’Occident, se croient souvent tout permis. Toutefois, s’il demeure encore difficile sinon inimaginable pour les sociétés civiles africaines d’intenter un procès en justice contre un chef d’Etat, pour prévarication et malversations financières, il n’en est point de même pour les sociétés civiles du Nord. Ces dernières, on le sait bien, apparaissent incontestablement comme des poils à gratter de bien des dirigeants afrcains.
Si, en Afrique, la justice demeure dans bien des cas une caisse de résonance des régimes en place, la séparation des pouvoirs est loin d’être une simple vue de l’esprit en Occident. Au lieu d’être un vain mot, la lutte contre la corruption doit être un comportement et les chefs d’Etat africains eux-mêmes devraient en faire leur cheval de bataille. "Telle la réligion du prince, telle celle du pays", dit l’adage. Il est regrettable que les bons exemples viennent toujours de l’extérieur. Les évasions fiscales et les ventouses économiques seront toujours légion en Afrique aussi longtemps que prévaudra l’impunité. Elles sont sans doute à l’origine du malthusianisme auquel on assiste. Ce qui est sûr, cette action judiciaire en cours dissuadera bien d’autres chefs d’Etat indélicats. Sans doute que beaucoup d’entre eux vont s’atteler à la délocalisation de leurs économies vers d’autres paradis fiscaux. Et en conséquence, les relations de la Françafrique pourraient en prendre un coup. Mais il ne faut pas être naïf. Ce n’est pas demain la veille que les dirigeants africains véreux seront inquiétés en France. Ils y ont tellement d’amis et de réseaux ! En tout état de cause, la justice française a franchi le Rubicon d’autant qu’elle aura brisé un mythe. On s’achemine peut-être vers la fin de l’époque où bien des chefs d’Etat africains, à l’image du roi Crésus, faisaient la pluie et le beau temps, sous le regard envieux et impuissant de leur peuple. Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée.
Source: LePays