Chambardement à la Grande Muette. A nouveau Gouvernement, nouveau commandement

A peine la deuxième équipe gouvernementale de l'ère Sidi Ould Cheikh Abdallahi connue, que la Grande Muette procédait à un profond toilettage, synonyme de recentrage au niveau des cercles de commandement. C'est ainsi que le général Ould Cheikh Mohamed Ahmed, plus connu sous le nom de Ould Ghazwany, jusque-là Directeur générale de la Sûreté d'Etat est dépêché au chevet des Forces Armées Nationales, alors que l'ancien Directeur du BED et ex-conseiller militaire à l'ambassade de la Mauritanie au Maroc, le colonel Mohamed Ould Hadi le remplace à la tête de la police. Quant au colonel Félix Négri, qui dirigeait l'Etat major National, il a été muté à la tête de la Garde Nationale qu'occupait le colonel Seddigh Ould Elhadi, le seul emporté par le tourbillon. Cette nouvelle redistribution des cartes n'a pas été totalement appréciée par l'opinion nationale qui la trouve inopportune. Elle ne serait non plus pas de l'avis de certains cercles d'officiers.

L'Armée nationale est une institution tout à fait particulière, surtout en Mauritanie où elle détient depuis trois décennies les deux leviers névralgiques de la sécurité et de la politique.

En fait, l'idylle entre nos officiers et les allées du pouvoir, entamées un certain 10 juillet 1978 ressemble à une histoire d'amour dont on n'a pas encore rédigé le mot de la fin.

Le remodelage effectué le mardi 13 mai dernier a été consacré par la nomination par décret présidentiel, d'un général à la tête de l'Etat Major national et d'un colonel à la Garde nationale. Dans la foulée, la Direction de la Sûreté nationale a été pourvue après le départ de son patron. L'ancien conseiller militaire au Maroc, le colonel Mohamed Ould Hadi, un homme du renseignement pour avoir dirigé le BED remplace le général Ould Cheikh Mohamed Ahmed dit Ould Ghazwany. Le colonel Seddigh Ould Hadi perd son poste à la Garde Nationale. Certains ont avancé moult raisons pour expliquer son départ, dont entre autres son appartenance au cercle de l'ancien Chef de l'Etat, le colonel Ely Ould Mohamed Vall dont il constituait le seul rescapé dans le haut commandement. Du coup, les analystes y sont allés de leurs commentaires. Quelques uns trouvent que le général Ould Ghazwany a été rétrogradé, trouvant que le poste de DGSN est plus important que celui de Chef d'Etat major national. Le premier est au centre du dispositif, alors que le second est à la périphérie de la chose publique. Si le DGSN est l'homme le plus craint et le plus courtisé de la République, par la masse d'informations qu'il manipule, surtout politiques, celui de Chef d'Etat major ne serait à leurs yeux qu'une planque où l'on gère des affaires très éparses ayant un lien avec la sûreté et la gestion de troupes.

"Pour preuves, dira quelqu'un, il fallait comparer le nombre de bolides garées devant la maison de Ould Hadi, le nouveau DGSSN par rapport à celles stationnées devant chez Ould Ghazwany, le jour de leur nomination. C'était sans commune mesure ". Et quand on sait que le pays est pourvu de régions militaires, des Etats Majors Bis, on peut bien avancer que Ould Ghazouny gère dorénavant une parcelle moins importante que celle qu'il détenait auparavant, ajoute-t-on en substance. Les plus pessimistes véhiculent des supputations portant sur la création d'un Etat Major Suprême des Forces Armées, qui coiffera tous les corps militaires (Armée, Gendarmerie et Garde) et dont le commandement sera confié à Ould Ghazwani.

Par delà ce chambardement qui secoue la Grande Muette, c'est surtout le choix des hommes clés du dispositif qui oriente les commentaires. Il s'agirait d'un remodelage qui donne la place stratégique à des hommes que l'on dit proches du Chef d'Etat major particulier du Président de la République, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, à qui l'on attribuerait beaucoup de pouvoir.

Ce qui est sûr, c'est que cette mainmise apparente ou réelle sur les principaux leviers de l'Armée, ne ferait pas que des contents. "Comme dans toute œuvre humaine, il y a toujours des grognards que rien ne satisfait " lance un fin analyste. On prévoit ainsi dans les jours qui suivent, un redéploiement au niveau du commandement.

Qui sont ces hommes

Le général Ould Cheikh Mohamed Ahmed dit Ould Ghazwany servait à l'Etat-major national des Forces Armées. Il fut l'un des porte-paroles de l'armée chargé après l'attaque de la garnison de Lemgheïty en 2005 d'expliquer à la presse les tenants et aboutissants de cette affaire. En compagnie du colonel Alioune, il avait à l'époque séduit les journalistes par la clarté de son exposé mais surtout par son talent d'orateur hors pair. Par la suite, il fera partie de l'aventure du 3 août au cours duquel l'ancien Chef de l'Etat, Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya a été déposé. Il sera membre du Comité Militaire pour la Justice et la Démocratie. Intime ami du colonel Ould Abdel Aziz, il sera coopté à la fin de la transition à la Direction de la Sûreté Nationale.

Le colonel Félix Négri est un officier de terrain qui a longtemps servi dans le commandement régional, l'Est puis le nord. Le 3 août 2005, il était commandant de la 8ème Région Militaire, à Nouadhibou. Membre du CMJD, il sera Chef d'Etat Major National de l'Armée à la fin de la transition. Il attend son grade de général qui devra lui être attribué vers le mois de juillet. C'est l'un des proches du général Ould Abdel Aziz.

Le colonel Mohamed Ould Hadi est le seul qui n'a pas pris part aux bouleversements survenus le pays ces dernières années. Après plusieurs années à la tête du BED (le contre espionnage mauritanien), il obtient un poste douillet de conseiller militaire à Rabat jusqu'à sa nomination récente à la tête de la Police.

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Source: lauthentique - http://www.lauthentique.info/index.php

(M)