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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Communication présentée par Monsieur Kane Hamidou Baba à Paris, samedi 26 juin 2010

Prochainement le reportage-photo de avomm.com de cette belle rencontre entre le président du MPR et la diaspora mauritanienne en France

avomm.com


Communication présentée par Monsieur Kane Hamidou Baba à Paris, samedi 26 juin 2010
QUELLE REFONDATION POUR LA MAURITANIE A L’OREE DU CINQUANTENAIRE ?

A l’instar de 16 autres pays francophones d’Afrique, notre pays, la Mauritanie va fêter son cinquantenaire. 50 ans à l’échelle d’un homme, c’est l’âge adulte, mais objectivement peut on en dire autant à l’échelle historique d’un Etat ? Les historiens se chargeront sans doute de répondre à cette question. Ceux qui s’attendent, dans cet exposé, à un bilan complet rétrospectif de notre trajectoire, seront sans doute déçus ; le seront également ceux qui s’attendent à un diagnostic de l’ensemble des secteurs ayant contribué peu ou prou au développement ou au mal développement du pays.

Simplement, votre conférencier se propose de tirer les principales leçons et enseignements à l’orée du cinquantenaire, ce qui n’est déjà pas aisé, ni univoque et peut-être même rebelle à l’analyse, afin surtout de dégager les lignes directrices futures de ce que nous appelons : LA REFONDATION.

Nous avons dit REFONDATION. Le mot est ainsi lâché ! Soyons clairs sur ce sujet : il s’agit bien d’un parti pris, car l’acte de refondation ne procède pas d’un diagnostic, mais d’une volonté de procéder à un changement profond de l’Etat et de la société mauritanienne ; à travers des réformes courageuses, efficaces, consensuelles et durables.

Vous me direz : vaste programme ! Mais, il faut oser !

L’examen successif de ces différents points me permet de préciser ce qui mérite de retenir notre attention :

(i) Dans une première partie, nous tenterons de dégager les grandes lignes de l’évolution politique de notre pays (au sens large), en mettant l’accent, encore une fois, sur les enseignements que l’on peut tirer des enjeux du passé, disons de la scène politique, qui n’est d’ailleurs ni figé, ni réductible à la politique politicienne. Est politique, tout sujet dont les contradictions sociales en font un problème politique. Ainsi en est il de la question des droits de l’Homme, de la question culturelle ou de la cohabitation.

(ii) Dans une seconde partie, nous déclinerons les axes majeurs de la REFONDATION, pour quelle vision, avec quels objectifs, quelles institutions, quels hommes, quelles méthodes, bref, pour quelle République ?
I. LES GRANDES LIGNES DE L’EVOLUTION POLITIQUE DU PAYS

Contexte géopolitique

La diplomatie d’un pays est avant tout dictée par sa géographie et son histoire. Le Général De Gaulle disait : « Pour croire que les nations vont disparaître, je ne connais qu’un moyen : ignorer l’histoire, ignorer la géographie, autant que l’histoire !»

Au plan géopolitique, force est de constater que la Mauritanie se situe sur un arc de crises qui traverse l’Afrique d’Est en Ouest. Les pays de l’arc de crises ont certes connus des fortunes diverses, mais à des degrés divers et selon les époques, le choc des cultures ethno-religieuses, ethno-raciales ou racio-religieuses en Afrique (cause ou conséquence) a provoqué des violences d’une rare intensité dès les premières années d’indépendance. L’illustration la plus radicale a conduit à la scission de l’Ethiopie et de l’Erythrée, mais également à la coupure officieuse du Soudan en deux, entre un Nord musulman d’ascendance arabe et un sud chrétien et animiste. Si la question Touareg, avec le conflit armé, s’est aujourd’hui assoupie, on sait qu’elle constitue un sujet de grande préoccupation pour le Niger comme pour le Mali ; et dans une certaine mesure la Mauritanie et l’Algérie. Enfin, il n’est pas rare que l’onde de choc atteigne les Etats riverains des pays de l’arc de crises, quitte à différer les effets. Qui peut dire aujourd’hui, que la crise passablement identitaire en Côte D’ivoire ne présente pas les symptômes d’un conflit de civilisations ?

Le premier enseignement que nous en tirons est le suivant : les zones de contact sont potentiellement des zones de rupture !

Si la situation de la Mauritanie est relativement différente dans un pays à cent pour cent musulman, tous Sunnites et de rite Malékite, malgré le facteur de complication introduit par les pratiques salafistes (terrorisme), elle n’échappe guère aux clivages raciaux, ethniques et sociopolitiques tels qu’observés au cours de ces cinq décennies d’indépendance. On comprend aussi dans ces conditions l’enjeu que représente la qualification de l’identité mauritanienne : pays arabe, africain et islamique ; pays africain, arabe et islamique ; pays arabe, négro-africain et islamique ?

Le second enseignement que nous en tirons : Derrière cette bataille pour imposer la caractérisation de la Mauritanie se profile bien sûr un combat pour l’imposition d’une certaine idée de la Mauritanie et l’idéologie dominante de l’époque est alors largement présente.

Au plan géopolitique, la situation de notre pays demeure compliquée par d’autres facteurs de crises dont les conséquences imprévisibles du conflit du Sahara Occidental ne sont pas des moindres. Après avoir été partie prenante au conflit, il y a eu comme un déplacement de l’enjeu du niveau régional vers le niveau national. La guerre du Sahara, mais surtout l’agression du 16 mars 1981 marquent un tournant décisif dans l’implication des militaires dans les rouages de l’Etat et le jeu politique national.

La question mérite d’être posée : les militaires seraient-ils venus au pouvoir s’il n’y avait pas eu la guerre du Sahara ? Pas si tôt ! (1978 : 23ème coup d’Etat en Afrique).

La question qui se pose aujourd’hui es de savoir : Pour une armée, pratiquement au pouvoir depuis 1978, tantôt auteur, tantôt instrumentalisée, quelle place et quel rôle dans la Refondation ? Nous reviendrons sur ce point.

La position de neutralité telle qu’adoptée depuis l’Accord d’Août 1979 est –elle tenable, est-elle rentable ? Une solution sans la Mauritanie, ne risque t-elle pas d’être – finalement – une solution contre la Mauritanie ?

Une chose est pourtant certaine : de l’évolution du dossier Sahraoui, dépendra dans une large mesure la construction du Maghreb. Mais cette évolution pourrait avoir des incidences directes sur les fragiles équilibres internes du pays, voire sur la pérennité de la structure étatique telle qu’elle a été léguée par la colonisation.

 Un document du Département d’Etat américain mentionne que « la Mauritanie est un pays dont les frontières ne sont pas définitivement établies ».

Terminons sur ces aspects de géopolitique en évoquant également les rapports avec les pays de la CEDEAO. La Mauritanie s’est retirée depuis janvier 2001. Officiellement, les raisons avancées par les autorités mauritaniennes, de l’époque, tenaient à la volonté de cette institution communautaire de réaliser une union monétaire susceptible de faire perdre aux Etats membres une partie de leur souveraineté. Mauvaise raison bien sûr, car qui peut reprocher à une institution communautaire d’agir dans le sens même de la raison pour laquelle elle a été créée ?

 Si la Mauritanie a néanmoins poursuivi certains aspects de sa politique d’intégration régionale avec les pays voisins en harmonisant les tarifs du commerce extérieur avec ceux pratiqués par ces derniers et à travers le partenariat avec l’UE, il nous faut néanmoins définir une position dictée par nos intérêts structurels (au sens large) et la géographie.


Contexte politique

En Afrique, l’Etat moderne tel que nous le connaissons précède la nation. Ce constat renvoie à la problématique de l’héritage colonial et pose, à son tour, le problème de la coexistence et de l’intégration des différents groupes primaires (au sens sociologique du terme) dans un Etat unitaire. Partageant le même destin, dans quelle mesure les différents groupes ont-ils été associés à l’exercice du pouvoir politique ? Quelles sont les dynamiques, ou si l’on préfère, les contradictions sociales qui ont structuré l’exercice du pouvoir politique, dont sait, par ailleurs, qu’il secrète l’allocation des ressources ?

Au moment de notre accession à l’indépendance, la classe dirigeante, dont l’ancien Président a cherché à légitimer le pouvoir en invoquant le rôle de trait d’union de la Mauritanie entre l’Afrique noire et le monde arabe. L’idéologie de la construction nationale implique que soit minimisée, et plus tard gommée, les différences ethniques et raciales. Se situant dans la sphère des idéologies adaptatrices de l’époque, le discours officiel mettait l’accent sur ce qui unit, l’Islam par exemple (ce qui est vrai), ainsi que sur une coexistence pacifique séculaire entre les différentes communautés. La réalité historique est beaucoup plus complexe que cela.

Comme conséquence à cette posture, de fragilités internes fortement ressenties, le pouvoir civil s’emploiera à éviter tout débat sur les contradictions au sein du peuple. Paradoxalement, même l’opposition clandestine, de l’époque (MND), ne pouvait trouver l’unité de ses rangs, qu’au prix de simplifications idéologiques (contradictions principale et secondaire).

L’ère des régimes militaires (à partir de 1978) coïncide avec une période de doute sur les idéologies à grande portée. Beaucoup d’élites modernes atomisées se réfugient dans les groupes primaires dont la famille, la tribu et l’ethnie qui jouent un rôle éminemment important, même si ces acteurs politiques continuent d’inscrire leur militantisme dans des mouvements idéologiques, en tout cas, particularistes (nasséristes, baasistes, islamistes, communistes, nationalistes négro-africains, ou Haratines).

 Ainsi, les mauritaniens se sont peu parlés durant toute cette période !

Dans ces conditions, il n’est guère étonnant de constater comment l’accumulation des frustrations et la mal gouvernance ont précipité l’éclatement des crises intercommunautaires récurrentes en 1966, 1979, 1986, 1987 pour atteindre un point culminant entre 1989-91.

NB : Malgré les violations massives des droits de l’Homme, l’ampleur du passif humanitaire et le contexte de démocratisation qui traversait l’Afrique durant les années 90 (La Baule), la Conférence nationale revendiquée par les forces de contestation du régime autocratique de Maaouya O/ Sid’Ahmed TAYA, n’aura pas lieu. Ce n’est pas la première fois que les mauritaniens ratent une occasion de se parler !

Ainsi, en était il déjà sous la 1ère République (1960 à 1978) avec le processus rampant de l’institutionnalisation d’un parti unique, qui finira par exercer sa primauté sur l’Etat ou plus exactement dans l’Etat.

Ainsi, en était-il également de la succession des régimes militaires (10 juillet 1978 au 20 juillet 1991, soit durant 13 ans, avec leur cortège de chartes constitutionnelles et l’exercice du pouvoir par des comités militaires.

Ainsi, en est-il enfin, de la 2ème République (1991-2005) marquée par le régime dit démocratique, instauré par la constitution du 20 juillet 1991, avec un président élu au suffrage universel et un parlement bicaméral, mais qui tournait à vide !

Au total, en termes de dialogue, notre pays s’est illustré par les rendez-vous manqués. Cela tient-il aux barrières linguistiques ? À certains traits culturels ou à une culture du chuchotement plutôt que de la franche explication ? VOIRE.

Que dire de la période récente ?

De 2005 à 2009, on peut parler des régimes de la Transition, dont celui de M. Sidi Mohamed O/ Cheikh Abdallahi ne constitue qu’une parenthèse qui prolonge les « acquis » du CMJD. La dernière transition, celle du HCE, qui s’achève avec l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, n’est qu’un avatar de cette longue transition survenant après 13 ans de régimes d’exception et 14 années d’un règne autocratique.

Bien qu’ayant mis un terme à 27 années de non démocratie, marquées par l’ambiguïté de la position des auteurs du changement, le processus de décomposition politique a été longtemps freiné, voire étouffé, par des filtres dont les militaires ont le secret. L’élection présidentielle de juillet 2009 qui solde la crise institutionnelle née du changement, ou si l’on préfère du coup d’Etat du 6 Août 2008, ouvre en même temps des perspectives pour la recomposition du paysage politique ; et, puisque nous nous situons dans une perspective volontairement optimiste, disons de la REFONDATION.

Mais alors, quelles institutions pour ce qui devrait ressembler à une IIIème République ? Quels fondements pour la REFONDATION ?

II. UNE VISION DE L’INTEGRATION NATIONALE

La REFONDATION, à mon sens, repose avant tout sur une vision de l’intégration nationale. Celle-ci a bien entendu plusieurs dimensions : politique d’abord, mais également économique, sociale et culturelle. Nous n’aborderons ici pour l’essentiel que la dimension politique de l’intégration nationale et ce n’est pas une mince affaire !

Lorsqu’on parle de fondements, de nouvelle République, etc. ; on pense généralement à la loi fondamentale du pays, c’est-à-dire, à la constitution. Si cette approche n’est pas inexacte, elle demeure assez courte. L’expérience accumulée au cours de ces dernières années a révélé que les constitutions ont plus résulté des rapports de force pure, presque toujours au profit des détenteurs du pouvoir. Lorsque les crises surviennent, la communauté internationale n’a généralement comme leitmotiv que « l’exigence du retour à l’ordre constitutionnel ». Sans trop se soucier comment cet ordre constitutionnel avait-il été obtenu ? En Mauritanie, la constitution de 1991 avait été concoctée dans des officines secrètes et soumise au référendum, sans débat.

Les réformes engagées durant la transition sous le CMJD, ont permis d’assainir l’environnement politique à travers :
 les amendements constitutionnels, dont la limitation du nombre de mandats présidentiels;
 l’existence d’un recensement à vocation électorale fiable ;
 la création d’une commission électorale nationale indépendante ;
 la réforme du mode de scrutin ;
 un nouveau cadre légal accentuant la présence des femmes sur les listes électorales et, par conséquent, dans les assemblées représentatives ;
 le statut de l’opposition.

Mais ces réformes constitutionnelles et le dispositif électoral, qui constituent un progrès, ne marquent pas une rupture avec la mal gouvernance politique. De fait, la crise politique durant la parenthèse Sidi O/Cheikh Abdallahi, soulèvent à la fois les failles constitutionnelles et les limites des changements opérés.

Plus que la constitution, il nous faut donc nous interroger sur les conditions de production des textes juridiques.

Voici pourquoi, l’acte de la refondation ne fait pas de la constitution un point de départ, mais la situe dans le cadre du Nouveau Pacte Politique (NPP) qu’il nous faut promouvoir. Un tel Pacte, qui repose sur le double contrat de confiance entre l’Etat et la société d’une part ; et entre l’Etat et le citoyen d’autre part, constitue pour nous le socle de la REFONDATION.

Pouvons nous faire fi des dynamiques sociales qui structurent la société ? Si la question de l’unité nationale et de la cohésion sociale est importante, au-delà du discours incantatoire, que faire pour la renforcer ? Quels mécanismes pour la consolider ?

Ces interrogations vont bien sûr au-delà des aspects conjoncturels de l’unité nationale, c’est-à-dire, au-delà de la question du retour organisé des déportés, par exemple, ou de la résorption du passif humanitaire. Les réponses à de pareilles questions ne sont pas à mon sens dans ce que certains appellent « la cohabitation », car celle-ci pose plus de problèmes qu’elle n’apporte une solution, mais la réponse est dans la recherche – obstinée - de l’intégration nationale.

Le Contrat de confiance entre l’Etat et la société

Voilà pourquoi, le contrat de confiance entre l’Etat et la société devra faire une place aux groupes sociaux victimes de discriminations de toutes sortes. On pense bien sûr aux fractures les plus ouvertes, les plus béantes, et donc à la protection des communautés contre la violence d’Etat, contre les injustices, tant du point de vue de la répartition du pouvoir, que de l’allocation des ressources publiques et des droits culturels. On pense également à la lutte contre toutes les formes d’esclavage et de ses pratiques associées. On pense enfin à la prise en charge des équilibres régionaux et pourquoi pas tribaux, mais sans régionalisme, ni tribalisme.

Cela passe sans doute par l’élaboration d’une charte ou d’un pacte de l’unité servant de préambule à la constitution, mais aussi la mise en œuvre d’une grande politique d’aménagement du territoire soucieuse de revoir de façon plus équitable le découpage administratif, régional et communal. A cet égard, le Gouvernement vient d’adopter une Déclaration sur la décentralisation et le développement local, ainsi qu’un code des collectivités locales qui prévoit la l’érection de la région au rang de collectivité locale. Une telle option mérite d’être soutenue par un redécoupage qui tienne compte des réalités économiques, sociales et culturelles des entités décentralisées.

Pour la REFONDATION, la mise en œuvre d’un tel contrat de confiance constitue le socle du Nouveau pacte politique dans le cadre d’un dialogue qui supporte le compromis national. Le discours du 25 mars 2009 prononcé par le Chef de l’Etat à Kaédi, de même que la célébration annuelle de la journée dite de réconciliation nationale constituent des jalons importants sur la voie de l’édification du compromis national. En matière de contrat de confiance entre l’Etat et la société, au-delà des tentatives de réparations, la multiplication des gestes symboliques associée aux mesures concrètes de rattrapage permettront de résoudre durablement la crise de confiance née du passif humanitaire.

Des réformes de nouvelles générations susceptibles d’auréoler le compromis national sont donc nécessaires pour la construction d’une nouvelle Mauritanie. Le vouloir vivre ensemble devra être codifié sur de nouvelles bases qui délimitent les rôles impartis aux institutions de l’Etat, à la société et au citoyen.

L’enjeu est d’importance capitale à l’heure où le verdict archi connu fait ressortir que les expériences vécues tant sur la voie de l’unité nationale, que de l’édification de la démocratie présentent un goût amer et les acquis restent vulnérables.

Sans être alarmiste, la lucidité commande, après la succession de crises que nous avons vécues et la décomposition du paysage politique, entamée depuis le 3 Août 2005, de bâtir un consensus fort autour de certaines questions pour reconstruire la « Maison mauritanienne ».

Car les défis sont nombreux. Ils ne sont pas seulement que d’ordre politique. Ils sont aussi d’ordre économique, social et culturel. Il me plaît de saluer l’important effort que la communauté internationale vient de faire en faveur de la Mauritanie, notre pays, en lui accordant le financement de son Programme triennal d’investissement public pour un montant de près de 3,2 milliards de dollars US, alors qu’elle n’en demandait que 2,8 milliards.

Cette formidable capacité de mobilisation de ressources doit être mise au service du Nouveau Pacte politique (NPP), pour asseoir une société de liberté, de responsabilité, de progrès et de modernité. Nous avons vu que l’un des piliers du NPP, repose sur le Contrat de confiance entre l’Etat et la Société. Le second pilier repose sur le contrat de confiance entre l’Etat et le Citoyen.

Le contrat de confiance entre l’Etat et le citoyen

Assis sur un compromis national, le contrat de confiance entre l’Etat et la société, permettra de renforcer cet autre contrat entre l’Etat et le citoyen à travers la rationalisation de nos institutions démocratiques, la moralisation de nos pratiques politiques et l’instauration d’une nouvelle culture citoyenne.

La démocratie élective avec une majorité qui gouverne et une opposition qui s’oppose est-elle adaptée à notre contexte ?

A y regarder de près, même dans les démocraties occidentales, la force de ces démocraties réside dans la place qu’elles accordent à leurs minorités politiques !
 Cas de l’Allemagne et de la Grande Bretagne : Présidence de la Com du budget à l’opposition ; et Gouvernement de l’ombre (Shadow cabinet).

Dans une élection qui ressemble à un jeu à somme nulle où celui qui perd, perd tout, ne risque-t-il pas de contester presque fatalement les résultats ? Comment éviter les dérapages fréquents, entraînant morts d’hommes dans les élections africaines ?

La REFONDATION pose donc la question de l’état de nos institutions et nous interpellent à la fois sur nos pratiques et notre culture politiques ? C’est pourquoi, nous évoquerons les institutions constitutionnelles, ensuite les autres institutions qui fondent la République et enfin, les nécessaires rapports entre les acteurs politiques, ce qui renvoie aux pratiques et à la culture politiques.

Les réformes institutionnelles

La REFONDATION qui est nécessairement une vaste entreprise de réformes profondes ne saurait faire l’économie d’une interpellation de nos institutions en se posant certaines questions :

 Les institutions constitutionnelles sont elles toutes utiles, efficaces et pertinentes ?
 Celles qui existent sont elles suffisantes, sinon quelles nouvelles institutions faut-il créer ?

Nous nous contenterons ici d’un bref survol pour constater les éléments suivants :

Du pouvoir exécutif

C’est la constitution qui donne trop de pouvoirs au Président de la République d’où la nécessité de réaménager le pouvoir exécutif de sorte que le Premier ministre qui est responsable devant le Président de la République et le Parlement dispose de compétences propres ou partagées dans la détermination de la politique économique et sociale, et en matière de pouvoir réglementaire.

Du Pouvoir législatif

Il est représenté par le Parlement avec ses deux chambres que sont le Sénat et l’Assemblée Nationale.

 En principe, le Sénat est censé représenté les circonscriptions territoriales et l’Assemblée Nationale les populations, or le découpage électoral basé sur les circonscriptions territoriales fait que 81 des 95 députés ont la même émanation que les sénateurs !


 Le Sénat et l’Assemblée Nationale votent les lois dans les mêmes termes. Seuls les cas de divergences font l’objet de commission mixte, or ces cas sont très peu fréquents.

Ces remarques ne sont sans doute pas innocentes. Elles posent le problème de la rationalisation et de l’efficacité de l’institution parlementaire :

• Pour un pays pauvre et d’à peine 3 millions d’habitants le bicamérisme n’est il pas un luxe ?

• La nécessité de réhabiliter le contrôle dans un contexte de nouvelle gouvernance peut elle s’accommoder d’un Parlement mis en vacances ou au chômage pendant huit mois sur douze ?

Du Pouvoir judiciaire

Sa réforme n’est pas seulement un gage de sécurité pour le citoyen, mais une condition du développement de notre pays et participe à l’assainissement du climat des affaires dans le pays.

Des autres institutions

Il existe d’autres institutions constitutionnelles qui doivent faire la preuve de leurs performances et donc de leur utilité, telles que le Conseil Economique et Social, la Haut Conseil Islamique, le Conseil Supérieur de la Magistrature, etc.

Que faire d’institutions importantes, mais non prévues par la constitution ?

 l’armée nationale,
 la CENI,
 la HAPA,

 l’armée nationale

Le moins qu’on puisse dire est que du 10 juillet 1978 au 18 juillet 2009, le constat est qu’elle a été très présente sur la scène politique. Souvent acteur, parfois instrumentalisée, l’institution militaire pose la question de ses rapports avec la République :

• Quelle armée nationale voulons nous ?
• Quelle armée pouvons nous avoir ?
• Comment préserver l’armée du champ politique ?


 La Commission électorale nationale indépendante (CENI)

Sous les régimes de la transition (CMJD et HCE) l’expérience mauritanienne a montré d’évidents progrès accomplis en matière de transparence électorale. Les deux consultations présidentielles ont été unanimement saluées par la communauté internationale. La CENI y a joué sa partition. Son rôle, bien que fort utile a été contenu dans les fonctions de supervision et de contrôle.
De plus, elle est apparue comme une structure ad hoc, à durée de vie limitée à sa mission temporaire. Quelles réformes envisager dans une perspective d’approfondissement de la démocratie ?

Deux aspects nous paraissent importants :

• La mise en place d’une CENI permanente avec des structures déconcentrées ;
• L’élargissement des missions de la CENI quant à l’organisation des consultations électorales. En Afrique, les exemples ne manquent pas où les Commissions électorales organisent, supervisent et contrôlent les élections (Mali, Bénin, RDC, Côte D’Ivoire, etc.).

La Haute autorité de la presse et de l’audio-visuel (HAPA)

En tant que symbole du 4ème pouvoir, elle mériterait bien d’être constitutionnellement institutionnalisée. Il nous faut saluer deux mesures importantes : l’accès de l’opposition aux médias d’Etat et l’engagement du Chef de l’Etat de procéder à la libéralisation des ondes.





III. DES SUGGESTIONS SONT AVANCEES : DE NOUVELLES
INSTITUTIONS POUR UNE NOUVELLE REPUBLIQUE


Une réforme constitutionnelle est aujourd’hui impérative ! Elle passe bien sûr par le dialogue politique entre tous les acteurs qui le souhaitent. L’objectif global du dialogue politique doit être de renforcer la paix civile afin de mener les réformes majeures sur toutes les questions d’intérêt national qui nécessitent un consensus politique.

De ce point de vue, la REFONDATION se situe dans la logique des Accords de Dakar. Nous sommes également confortés par le fait que le Document de stratégie adopté par la Coalition des Partis de la Majorité (CPM), dont le MPR est membre, fait de la question de l’unité nationale et du dialogue avec l’opposition deux axes majeurs de son action politique.

Il appartient aux différents acteurs de dépasser les blocages psychologiques pour définir ensemble le format et le contenu du dialogue. Pour la REFONDATION, le dialogue n’est pas seulement une nécessité, mais une nouvelle forme de civilisation.

Le processus de recomposition politique qui se déroule sous nos yeux avec les tentatives de regroupements politiques qui s’opèrent : fusion des partis, constitution de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) et de la Coalition des Partis de la Majorité (CPM), réclame d’autant plus une attention que ce phénomène s’accompagne de lignes politiques ayant substantiellement bougé. D’une certaine manière la majorité d’aujourd’hui dont la REFONDATION est l’opposition d’hier ; et une certaine opposition d’aujourd’hui, était la majorité d’hier.

Il n’est donc pas étonnant de constater ; et c’est heureux, que le dialogue entre la Majorité et l’Opposition est aussi un dialogue au sein de la Majorité et au sein de l’opposition elle-même.

Il est clair que parmi les sujets en discussion devraient figurer les réformes politiques, dont celles du redécoupage et du code électoral relèvent de l’urgence. Mais ces réformes doivent aussi toucher la question des candidatures indépendantes, la loi sur les partis politiques en vue de rationaliser leur prolifération et d’endiguer le phénomène pernicieux de la transhumance dont profitent les paresseux.

Enfin, la REFONDATION appelle de ses vœux de profondes réformes dont le contenu permettra de définir, sur de nouvelles bases, les rapports entre l’Etat, la Société et le Citoyen.

LA REFONDATION se situe dans une dynamique de principes, d’idées et d’actes. Elle prône un nouvel hymne national que nous pourrons tous chanter en chœur, avec des messages véhiculant les valeurs de l’intégration nationale, et révélant à nous-mêmes et au monde extérieur la force de notre devise : Honneur – Fraternité – justice. C’est ainsi, que la REFONDATION portera le visage d’une IIIème République.

JE VOUS REMERCIE.



Dr KANE Hamidou Baba
Président du Mouvement Pour la Refondation (MPR)



Paris, le 26 juin 2010



Source: MTall
Dimanche 27 Juin 2010 - 00:56
Dimanche 27 Juin 2010 - 11:32
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