
Crédit photo : congoforum.be
Au-delà de ces maladies, la peau déguste : acné, brûlures, mycoses, eczéma... Les femmes souffrent de cicatrisations difficiles. Et voient leur peau décliner en plusieurs teintes au gré des agressions solaires. Devenue trop fragile, elle se couvre de taches noires, et rend difficile une intervention chirurgicale au cas où la personne a un problème. Et dans certains cas, les allergies entraînent le pire. La pathologie dermatologique est la deuxième cause de mortalité après le paludisme au Sénégal. Les femmes pratiquant la dépigmentation utilisent des produits contenant de l’hydroquinone (substance qui colorie la peau) à forte concentration. La dose à usage médical ne doit pas dépassée 2 %. Certains produits vont jusqu’à 22 %. Un arrêt à temps peut éviter certaines conséquences lointaines et minimiser les séquelles déjà installées sur la peau, sans les supprimer totalement. Interdite dans l’Union européenne depuis février 2001 (elle provoquerait le cancer), on trouverait pourtant à Paris, dans certains marchés, des produits contenant de l’hydroquinone.
Au Sénégal, la dépigmentation est interdite chez les élèves des cours élémentaire, primaire et secondaire. Mais rien n’est fait contre la vente des produits à base d’hydroquinone. Les spécialistes sénégalais de la peau ont appelé en 2000 déjà, le gouvernement à interdire l’importation des produits éclaircissants (en provenance de Grande Bretagne, des Etats Unis, du Nigeria, du Pakistan…). Une mesure de ce type a été prise en 1995 en Gambie et en 1992 en Afrique du Sud. Les résultats restent mitigés car des filières parallèles d’approvisionnement se développent. « En RD Congo, le ministère de la Santé publique a déjà interdit la vente et l’usage de produits à base d’hydroquinone sur les marchés, voire même la publicité de ces produits à la télévision. Mais les fabricants et les médias font la sourde oreille », déplore le chimiste Mulumba wa Tshita.
Eau de javel
La dépigmentation de la peau daterait de la seconde guerre mondiale selon Togosite.com. Les militaires noirs américains, basés en Asie du Sud, ont découvert que les femmes asiatiques utilisaient des produits pour obtenir un teint laiteux et plus clair. Ils auraient « rapporté ces crèmes dans leurs bagages pour leurs sœurs, mères ou épouses en quête de nouveautés cosmétiques ». Les noires américaines auraient vite emboîté le pas aux Asiatiques, notamment pour éliminer des problèmes de résidus d’acné, de cicatrices, de taches ou pour unifier leur teint. Pas de débats sur la dépigmentation en Amérique, car l’usage de ces crèmes ne sert apparemment pas en général, à camoufler un problème d’identité. Sauf l’exemple de Michael Jackson, mais ce cas relève d’une « pathologie personnelle ».
Sur le continent africain, paradoxalement dans les pays où le concept de négritude est le plus exacerbé, la dépigmentation est devenue plus problématique. Surtout en Afrique francophone, au Sénégal et au Congo (où beaucoup d’hommes s’éclaircissent la peau également). Le phénomène de dépigmentation est apparu en Afrique à la fin des années 60. L’éclaircissement de la peau par différents procédés est désormais pratiqué dans plusieurs régions (Togo, Mali, Afrique du Sud). C’est par les hôtesses de l’air puis des femmes d’affaires qui ont séjourné aux Etats-Unis, que les éclaircissants ont d’abord été introduits en Afrique, auprès d’une classe sociale privilégiée.
Initialement citadine, la dépigmentation s’est répandue dans les campagnes. Ce qui soulève un autre problème. Les produits cosmétiques à base d’hydroquinone, sont les moins chers donc beaucoup plus utilisés par celles qui n’ont pas de grands moyens. Et selon le Dr Andonaba, leur utilisation requiert une préparation préalable de la peau pour accélérer l’éclaircissement et obtenir un teint uniforme. Pour cela, les plus démunies élaborent des mixtures pour le moins « décapantes ». Les femmes utilisent de l’eau de javel pour se frotter la peau dans le but d’éliminer la mélanine [1] qui se trouve en surface, avant d’appliquer le produit qui se chargera de la destruction de la mélanine en profondeur.
Au Sénégal, la dépigmentation est interdite chez les élèves des cours élémentaire, primaire et secondaire. Mais rien n’est fait contre la vente des produits à base d’hydroquinone. Les spécialistes sénégalais de la peau ont appelé en 2000 déjà, le gouvernement à interdire l’importation des produits éclaircissants (en provenance de Grande Bretagne, des Etats Unis, du Nigeria, du Pakistan…). Une mesure de ce type a été prise en 1995 en Gambie et en 1992 en Afrique du Sud. Les résultats restent mitigés car des filières parallèles d’approvisionnement se développent. « En RD Congo, le ministère de la Santé publique a déjà interdit la vente et l’usage de produits à base d’hydroquinone sur les marchés, voire même la publicité de ces produits à la télévision. Mais les fabricants et les médias font la sourde oreille », déplore le chimiste Mulumba wa Tshita.
Eau de javel
La dépigmentation de la peau daterait de la seconde guerre mondiale selon Togosite.com. Les militaires noirs américains, basés en Asie du Sud, ont découvert que les femmes asiatiques utilisaient des produits pour obtenir un teint laiteux et plus clair. Ils auraient « rapporté ces crèmes dans leurs bagages pour leurs sœurs, mères ou épouses en quête de nouveautés cosmétiques ». Les noires américaines auraient vite emboîté le pas aux Asiatiques, notamment pour éliminer des problèmes de résidus d’acné, de cicatrices, de taches ou pour unifier leur teint. Pas de débats sur la dépigmentation en Amérique, car l’usage de ces crèmes ne sert apparemment pas en général, à camoufler un problème d’identité. Sauf l’exemple de Michael Jackson, mais ce cas relève d’une « pathologie personnelle ».
Sur le continent africain, paradoxalement dans les pays où le concept de négritude est le plus exacerbé, la dépigmentation est devenue plus problématique. Surtout en Afrique francophone, au Sénégal et au Congo (où beaucoup d’hommes s’éclaircissent la peau également). Le phénomène de dépigmentation est apparu en Afrique à la fin des années 60. L’éclaircissement de la peau par différents procédés est désormais pratiqué dans plusieurs régions (Togo, Mali, Afrique du Sud). C’est par les hôtesses de l’air puis des femmes d’affaires qui ont séjourné aux Etats-Unis, que les éclaircissants ont d’abord été introduits en Afrique, auprès d’une classe sociale privilégiée.
Initialement citadine, la dépigmentation s’est répandue dans les campagnes. Ce qui soulève un autre problème. Les produits cosmétiques à base d’hydroquinone, sont les moins chers donc beaucoup plus utilisés par celles qui n’ont pas de grands moyens. Et selon le Dr Andonaba, leur utilisation requiert une préparation préalable de la peau pour accélérer l’éclaircissement et obtenir un teint uniforme. Pour cela, les plus démunies élaborent des mixtures pour le moins « décapantes ». Les femmes utilisent de l’eau de javel pour se frotter la peau dans le but d’éliminer la mélanine [1] qui se trouve en surface, avant d’appliquer le produit qui se chargera de la destruction de la mélanine en profondeur.

crédit photo : www.congoforum.be Filières parallèles
« Etre plus clair comme les métis oui, comme les blancs, non. »
Naomi Campbell, le modèle... Les causes de cette pratique n’ont pas pu être définies exactement. Pourtant, Ferdinand Ezembe, psychologue à Paris spécialisé dans la psychologie des communautés africaines, l’affirme : « cette attitude des noires par rapport à la couleur de leur peau, procède d’un profond traumatisme post-colonial. Le blanc reste inconsciemment un modèle supérieur. Pas étonnant dans ces conditions qu’un teint clair s’inscrive effectivement comme un puissant critère de valeur dans la majeure partie des sociétés africaines ». Le site Grioo.com [2] va très loin. « Toute personne de race noire qui se dépigmente la peau est un grand complexé, qui a complètement honte d’être né noir. Il serait vraiment temps que les africains et particulièrement nos sœurs africaines se reprennent et soient fières de leur peau afin de mieux revendiquer leur identité culturelle. Si cela n’est pas, nous nous acheminons vers une auto-extermination de la race noire. Tous nos actes et pensées sont singés, mimés sur l’Occident et l’Amérique. Pour tout dire, la dépigmentation de la peau soit-elle à outrance ou pas est une véritable aliénation culturelle ».
Naomi Campbell, le modèle... Les causes de cette pratique n’ont pas pu être définies exactement. Pourtant, Ferdinand Ezembe, psychologue à Paris spécialisé dans la psychologie des communautés africaines, l’affirme : « cette attitude des noires par rapport à la couleur de leur peau, procède d’un profond traumatisme post-colonial. Le blanc reste inconsciemment un modèle supérieur. Pas étonnant dans ces conditions qu’un teint clair s’inscrive effectivement comme un puissant critère de valeur dans la majeure partie des sociétés africaines ». Le site Grioo.com [2] va très loin. « Toute personne de race noire qui se dépigmente la peau est un grand complexé, qui a complètement honte d’être né noir. Il serait vraiment temps que les africains et particulièrement nos sœurs africaines se reprennent et soient fières de leur peau afin de mieux revendiquer leur identité culturelle. Si cela n’est pas, nous nous acheminons vers une auto-extermination de la race noire. Tous nos actes et pensées sont singés, mimés sur l’Occident et l’Amérique. Pour tout dire, la dépigmentation de la peau soit-elle à outrance ou pas est une véritable aliénation culturelle ».

Grioo.com cite pourtant le Dr Fatimata Ly, toujours nuancée, qui souligne de son côté que si la principale motivation des femmes est d’ordre purement esthétique avec 89 % des cas, 11 % des femmes ont recours à cette pratique dans un but thérapeutique. Et 41 % des femmes sont souvent guidées par « un suivi de la mode ainsi que par l’imitation des relations ». Pour la présidente d’AIIDA, « les arguments souvent brandis comme l’acculturation ne sauraient être considérés comme des explications plausibles ». Les femmes interrogées déclarent s’adonner à la pratique de l’éclaircissement et non au blanchissement. L’image du blanc comme modèle à suivre, est souvent réfutée par les adeptes de ces produits blanchissants, souligne Togosite.com dans un article mettant en garde contre la dépigmentation. Mais qui date déjà de 2006. « Etre plus clair comme les métis oui, comme les blancs, non. Quand tu es claire de peau, les hommes t’apprécient », témoigne Nabou. Angèle réfute l’accusation d’aliénation : « Je le fais un peu car ma peau n’est pas nette, tout simplement ».
Alors souci d’esthétisme, suivisme, méconnaissance ? Dans tous les cas, la dépigmentation volontaire ne concerne pas seulement la femme africaine même si elle est très répandue chez elle. Les asiatiques, les indiennes, les magrhébines, les afro-américaines et certaines antillaises la pratiquent également. Et nous, européens qui voulons à tout prix nous bronzer, nous transformant en lézards de plage, nous exposant dangereusement aux rayons et aux coups de soleil. Pour certains, crèmes auto-bronzantes ou monoï toutes ! Voir séances d’UV. Le monde à l’envers.
source: Haucourant.com
vendredi 06/06/2008
Alors souci d’esthétisme, suivisme, méconnaissance ? Dans tous les cas, la dépigmentation volontaire ne concerne pas seulement la femme africaine même si elle est très répandue chez elle. Les asiatiques, les indiennes, les magrhébines, les afro-américaines et certaines antillaises la pratiquent également. Et nous, européens qui voulons à tout prix nous bronzer, nous transformant en lézards de plage, nous exposant dangereusement aux rayons et aux coups de soleil. Pour certains, crèmes auto-bronzantes ou monoï toutes ! Voir séances d’UV. Le monde à l’envers.
source: Haucourant.com
vendredi 06/06/2008