
Mamadou Ly, du village de Mboyo au village numérique et planétaire
Des nouveaux usages de communication, du réel et du virtuel par un Africain de France et de Podor
Enfant de Mboyo, « village presqu’île » au nord du Sénégal, dans le département de Podor, à la frontière de la Mauritanie, journaliste et comédien de théâtre à Dakar, acteur de cinéma (Lili et le Baobab, de Chantal Richard, avec Romane Bohringer), Mamadou Ly vit en France depuis dix ans. Aujourd’hui, Il poursuit son métier de journaliste à Paris, notamment sur Seneweb.com, où il anime une émission dans sa langue maternelle, le peul (ou fulfulde, ou pular ou encore pulaar), langue parlée dans une vingtaine d'états d'Afrique occidentale et centrale, des rives du Sénégal à celles du Nil…
« Tronc commun », comme il se définit lui-même, « entre les Africains de l’Afrique et les Africains de France », Mamadou Ly vit avec passion sa double appartenance… Ses fréquents reportages au Sénégal auprès des populations du territoire comme son engagement communautaire à Paris font de lui un témoin clé et inspiré de la mutation des échanges engendrée par le numérique : Internet, en tête, avec ses webcams et ses réseaux sociaux et leurs zones de turbulences temporelles où réalité et virtualité s’entrechoquent, et cet autre outil du quotidien qui vient transformer subrepticement et radicalement le tissu social du village africain, le téléphone “portable“…
« Avec l’Internet, avec le téléphone portable, le monde est devenu un village planétaire, c’est vrai… et cela peut être bon, confie-t-il, mais c’est un village planétaire sans chef, et cela peut être fou et dangereux. Dans un village, il y a quelqu’un qui décide… Et soudain, dans ce village où tout le monde se retrouve, il n’y a pas de chef, les informations ne sont pas contrôlées, chacun pour soi, Dieu pour tous !… Les gens se précipitent pour atteindre les informations en premier, pour les diffuser en premier… et cette course vers l’information, c’est une course vers des brindilles d’allumettes !… Cela peut créer une catastrophe dans ce village !… »
Et c’est autour de cette complexité, de cette imbrication noueuse, nouée, du tangible et de l’illusoire, du futile et du fondamental, du réel et du virtuel (mariages contractés, “concoctés“ sur le Réseau, via les messageries ou les sites sociaux, en toute ingénuité, hors de tout vrai contact, parfois suivis de cruelles déceptions ; masques et camouflages ; puissance de la rumeur) que se décline l’essentiel de sa réflexion…
Réflexion qui trouve toute sa force, sa charge émotive lorsqu’il évoque ses échanges sur le Net avec sa mère : « Elle est là tout le temps, je la vois tout le temps… Mais là où je crois qu’elle est présente, c’est là qu’elle est le plus loin de moi !… Parce que la chaleur humaine, la relation humaine, le contact humain ne sont plus là… il y a toujours un creuset, cela crée un vide personnel »… Lucide, il conclut : « Quand même, c’est une chance pour l’Afrique … Il s’agit d’essayer de moderniser en appuyant sur les aspects positifs de notre culture, en nous ouvrant un petit peu, en pratiquant le rendez-vous du donner et du recevoir comme le disait Léopold Sédar Senghor !… C’est à dire donner tout ce qui est positif de notre culture et recevoir tout ce qui est positif de la culture occidentale, en gommant les aspects négatifs de cette culture occidentale ! »… Heureux programme !…
Des nouveaux usages de communication, du réel et du virtuel par un Africain de France et de Podor
Enfant de Mboyo, « village presqu’île » au nord du Sénégal, dans le département de Podor, à la frontière de la Mauritanie, journaliste et comédien de théâtre à Dakar, acteur de cinéma (Lili et le Baobab, de Chantal Richard, avec Romane Bohringer), Mamadou Ly vit en France depuis dix ans. Aujourd’hui, Il poursuit son métier de journaliste à Paris, notamment sur Seneweb.com, où il anime une émission dans sa langue maternelle, le peul (ou fulfulde, ou pular ou encore pulaar), langue parlée dans une vingtaine d'états d'Afrique occidentale et centrale, des rives du Sénégal à celles du Nil…
« Tronc commun », comme il se définit lui-même, « entre les Africains de l’Afrique et les Africains de France », Mamadou Ly vit avec passion sa double appartenance… Ses fréquents reportages au Sénégal auprès des populations du territoire comme son engagement communautaire à Paris font de lui un témoin clé et inspiré de la mutation des échanges engendrée par le numérique : Internet, en tête, avec ses webcams et ses réseaux sociaux et leurs zones de turbulences temporelles où réalité et virtualité s’entrechoquent, et cet autre outil du quotidien qui vient transformer subrepticement et radicalement le tissu social du village africain, le téléphone “portable“…
« Avec l’Internet, avec le téléphone portable, le monde est devenu un village planétaire, c’est vrai… et cela peut être bon, confie-t-il, mais c’est un village planétaire sans chef, et cela peut être fou et dangereux. Dans un village, il y a quelqu’un qui décide… Et soudain, dans ce village où tout le monde se retrouve, il n’y a pas de chef, les informations ne sont pas contrôlées, chacun pour soi, Dieu pour tous !… Les gens se précipitent pour atteindre les informations en premier, pour les diffuser en premier… et cette course vers l’information, c’est une course vers des brindilles d’allumettes !… Cela peut créer une catastrophe dans ce village !… »
Et c’est autour de cette complexité, de cette imbrication noueuse, nouée, du tangible et de l’illusoire, du futile et du fondamental, du réel et du virtuel (mariages contractés, “concoctés“ sur le Réseau, via les messageries ou les sites sociaux, en toute ingénuité, hors de tout vrai contact, parfois suivis de cruelles déceptions ; masques et camouflages ; puissance de la rumeur) que se décline l’essentiel de sa réflexion…
Réflexion qui trouve toute sa force, sa charge émotive lorsqu’il évoque ses échanges sur le Net avec sa mère : « Elle est là tout le temps, je la vois tout le temps… Mais là où je crois qu’elle est présente, c’est là qu’elle est le plus loin de moi !… Parce que la chaleur humaine, la relation humaine, le contact humain ne sont plus là… il y a toujours un creuset, cela crée un vide personnel »… Lucide, il conclut : « Quand même, c’est une chance pour l’Afrique … Il s’agit d’essayer de moderniser en appuyant sur les aspects positifs de notre culture, en nous ouvrant un petit peu, en pratiquant le rendez-vous du donner et du recevoir comme le disait Léopold Sédar Senghor !… C’est à dire donner tout ce qui est positif de notre culture et recevoir tout ce qui est positif de la culture occidentale, en gommant les aspects négatifs de cette culture occidentale ! »… Heureux programme !…