
Permettre aux Africains de la diaspora de se constituer un bas de laine dans leurs pays d'origine ou d'envoyer de l'argent à leurs parents sans payer des fortunes. Tels sont les défis que tentent, notamment, de relever deux Africains résidant à Genève (Suisse). Diagne Ahmedoune Dida est sénégalais et Terence Niba camerounais. Depuis 2002, leurs diplômes de gestion en poche, ils ont créé Osmose Finances, une entreprise d'intermédiation financière. Money cash, l'un de ses produits phares, est un service de transfert de fonds vers une vingtaine de pays d'Afrique. "Nous l’avons lancé pour pallier le problème des frais très élevés à Western Union (WU)", précise Diagne.
Au mur de leur bureau à Genève, des affiches avec des drapeaux de divers pays africains annoncent de nouveaux tarifs à prix cassés. Par Money cash, les frais frôlent les 1 % pour un envoi de plus de 2 000 Francs suisses (860 000 Fcfa, 1 320 €), et ne dépassent guère 4 % pour des montants de moins de 130 000 Fcfa (200 €). Une alternative à WU dont les frais, à montant égal, peuvent être deux à trois fois plus élevés. "Avant, je payais à chaque virement sensiblement 10 % de commission à Western Union", compare Sylvie Ngo Tama, qui envoie maintenant plus régulièrement environ 200 000 Fcfa (300 €) par mois au Cameroun.
Ce système fonctionne également pour les transferts de l'Afrique vers la Suisse, comme l'atteste Nadège Dzoualy, étudiante camerounaise à l'Université de Genève, à qui ses parents envoient ainsi de l'argent. Des accords ont été passés avec des établissements locaux de microfinance, à l'instar du Crédit communautaire d'Afrique (CCA) installé dans les grandes villes camerounaises. Adapté aux besoins des Africains, ce service fonctionne même dans les villages privés d'Internet, mais disposant d’un réseau de téléphonie mobile.
Sans papiers, mais avec un compte en banque
A 33 ans, dont 12 passés en Suisse, Eneme Ngome, camerounais, prépare son retour au pays en se faisant construire une maison à Buea. Pour financer les travaux, il a ouvert un compte-épargne au CCA, par l'intermédiaire d'Osmose Finances, sur simple présentation d'une simple pièce d'identité nationale. Une opportunité pour les sans-papiers qui, en général, ne peuvent pas accéder aux services bancaires européens, car la réglementation de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme y soumet l'ouverture d'un compte à la présentation de titres de séjour en règle.
La Banque Atlantique, un groupe ivoirien installé dans divers pays francophones d'Afrique occidentale et centrale, entrée dans le capital d'Osmose Finances, rend le même service aux immigrés. "Le compte ouvert dans cette banque (en Afrique) permet à son titulaire d'avoir une carte de crédit qu'il va utiliser en Europe", précise Diagne. Les versements sur le compte épargne sont par ailleurs rémunérés à 3,25 % contre 1 % dans les banques suisses.
Une faible visibilité
Avec huit succursales en Suisse, d'autres au Canada, en France, en Angleterre, et en Côte d'ivoire, Osmose Finances compte 8 000 clients pour un chiffre d'affaires de plus de 2 milliards de Fcfa (plus de 3 millions d'€) en 2008. Au sein des communautés d'immigrés en Suisse, d'autres initiatives similaires émergent. Aurélien Mophou, informaticien camerounais, a lancé en 2007 Cash Express. "En un an, les recettes couvraient déjà les charges", lance-t-il. Les Latino-Américains, eux, ont créé Money & Com SA, pour couvrir les pays d'Amérique du Sud et d'Afrique. Ces petites structures recrutent leur clientèle essentiellement dans les communautés d'origine des promoteurs, soit à peine la moitié des pays d'Afrique. Leur visibilité est par ailleurs assez faible même dans les pays couverts où leur présence ne dépasse guère les guichets d'un ou deux établissements de microfinance installés dans les grandes villes.
Les promoteurs affirment n'avoir pas ressenti pour le moment les effets de la crise financière internationale. "Depuis le début d'année, la moyenne journalière des gens qui viennent pour envoyer ou recevoir de l’argent ici reste stable à 40 personnes", indique Ghislain Mbogne, responsable du service transfert dans un établissement de microfinance de Douala au Cameroun. La Banque mondiale prévoit, en 2009, une baisse de plus de 7 % des fonds transférés par les ressortissants vivant dans les pays développés vers les pays en développement. Une baisse encore plus importante, de l'ordre de 20 %, est prévue au Sénégal dont les fonds des migrants représentent 19 % du PIB.
Article réalisé dans le cadre d'En quête d'Afrique
http://tinyurl.com/d2wrmy
via SY Boubacar
Au mur de leur bureau à Genève, des affiches avec des drapeaux de divers pays africains annoncent de nouveaux tarifs à prix cassés. Par Money cash, les frais frôlent les 1 % pour un envoi de plus de 2 000 Francs suisses (860 000 Fcfa, 1 320 €), et ne dépassent guère 4 % pour des montants de moins de 130 000 Fcfa (200 €). Une alternative à WU dont les frais, à montant égal, peuvent être deux à trois fois plus élevés. "Avant, je payais à chaque virement sensiblement 10 % de commission à Western Union", compare Sylvie Ngo Tama, qui envoie maintenant plus régulièrement environ 200 000 Fcfa (300 €) par mois au Cameroun.
Ce système fonctionne également pour les transferts de l'Afrique vers la Suisse, comme l'atteste Nadège Dzoualy, étudiante camerounaise à l'Université de Genève, à qui ses parents envoient ainsi de l'argent. Des accords ont été passés avec des établissements locaux de microfinance, à l'instar du Crédit communautaire d'Afrique (CCA) installé dans les grandes villes camerounaises. Adapté aux besoins des Africains, ce service fonctionne même dans les villages privés d'Internet, mais disposant d’un réseau de téléphonie mobile.
Sans papiers, mais avec un compte en banque
A 33 ans, dont 12 passés en Suisse, Eneme Ngome, camerounais, prépare son retour au pays en se faisant construire une maison à Buea. Pour financer les travaux, il a ouvert un compte-épargne au CCA, par l'intermédiaire d'Osmose Finances, sur simple présentation d'une simple pièce d'identité nationale. Une opportunité pour les sans-papiers qui, en général, ne peuvent pas accéder aux services bancaires européens, car la réglementation de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme y soumet l'ouverture d'un compte à la présentation de titres de séjour en règle.
La Banque Atlantique, un groupe ivoirien installé dans divers pays francophones d'Afrique occidentale et centrale, entrée dans le capital d'Osmose Finances, rend le même service aux immigrés. "Le compte ouvert dans cette banque (en Afrique) permet à son titulaire d'avoir une carte de crédit qu'il va utiliser en Europe", précise Diagne. Les versements sur le compte épargne sont par ailleurs rémunérés à 3,25 % contre 1 % dans les banques suisses.
Une faible visibilité
Avec huit succursales en Suisse, d'autres au Canada, en France, en Angleterre, et en Côte d'ivoire, Osmose Finances compte 8 000 clients pour un chiffre d'affaires de plus de 2 milliards de Fcfa (plus de 3 millions d'€) en 2008. Au sein des communautés d'immigrés en Suisse, d'autres initiatives similaires émergent. Aurélien Mophou, informaticien camerounais, a lancé en 2007 Cash Express. "En un an, les recettes couvraient déjà les charges", lance-t-il. Les Latino-Américains, eux, ont créé Money & Com SA, pour couvrir les pays d'Amérique du Sud et d'Afrique. Ces petites structures recrutent leur clientèle essentiellement dans les communautés d'origine des promoteurs, soit à peine la moitié des pays d'Afrique. Leur visibilité est par ailleurs assez faible même dans les pays couverts où leur présence ne dépasse guère les guichets d'un ou deux établissements de microfinance installés dans les grandes villes.
Les promoteurs affirment n'avoir pas ressenti pour le moment les effets de la crise financière internationale. "Depuis le début d'année, la moyenne journalière des gens qui viennent pour envoyer ou recevoir de l’argent ici reste stable à 40 personnes", indique Ghislain Mbogne, responsable du service transfert dans un établissement de microfinance de Douala au Cameroun. La Banque mondiale prévoit, en 2009, une baisse de plus de 7 % des fonds transférés par les ressortissants vivant dans les pays développés vers les pays en développement. Une baisse encore plus importante, de l'ordre de 20 %, est prévue au Sénégal dont les fonds des migrants représentent 19 % du PIB.
Article réalisé dans le cadre d'En quête d'Afrique
http://tinyurl.com/d2wrmy
via SY Boubacar