Festival du conte et de la parole de Gorée. Thème ’’Esclavages et Libertés’’

La deuxième édition du Festival du conte et de la parole de Gorée (île historique au large de Dakar), du 25 au 27 avril, aura pour thème ’’Esclavages et Libertés’’, a indiqué le directeur de la manifestation, le Franco-israélien Ben Zimet.

« Ce thème vise à attirer l’attention de l’humanité sur non seulement la liberté de l’Homme noir seulement mais sur la liberté de l’Homme tout court », a-t-il précisé dans un entretien avec APA.

Le thème de cette année tel qu’il est libellé « nous permet d’exprimer et de magnifier les différentes sortes de résistance imposée par les autochtones noirs aux colons blancs à travers le temps et l’espace », a-t-il expliqué, relevant les similitudes entre les peuples noir et juif.

Ces deux peuples ont en commun le fait d’avoir vécu et de continuer à vivre des oppressions sous plusieurs formes au cours de leur évolution.

« Les peuples persécutés se reconnaissent dans la douleur et dans la joie », a-t-il lancé par ailleurs, tout en prônant la liberté pour le genre humain qu’il soit noir, blanc ou métis.

« Essayons de voir autour de nous comment nous nous traitons nos femmes de ménage ou simplement comment l’Homme traîte l’Homme au quotidien », a-t-il fait observer avant d’affirmer que le conte, la musique et la parole peuvent contribuer à l’épanouissement de l’être humain.

Pour l’artiste-conteur sénégalais Massamba Gueye, « l’esclavage tel qu’il était pratiqué vis-à-vis des Noirs sous forme de commerce triangulaire, a aujourd’hui juste cédé la place à d’autres formes plus subtiles ».

Et selon lui, le conte devrait jouer un grand rôle dans l’épanouissement des consciences puisque le « message du conte est universel » dans un contexte où « les hommes doivent encore apprendre à civiliser les rapports entre eux ».

Pour rendre le conte davantage plus pertinents, les professeurs Lamane Mbaye et Ibrahima Seck de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ont tour à tour plaidé, au cours d’une conférence de presse, pour « l’adaptation du conte aux nouveaux modes de diffusion que sont la télévision, les dessins animés et autres » puisque, selon eux, « le conte est un vecteur de développement certain ».

Sont attendus à ce festival une centaine d’artistes essentiellement africains - conteurs, chanteurs, musiciens, danseurs, orateurs-, mais aussi des européens venant d’une dizaine de pays dont notamment, la Côte d’Ivoire, Haïti, le Niger, la Guadeloupe, les Etats-Unis, la France.

Parmi les conteurs et conteuses figurent notamment Mimi Barthélemy (Haïti), Catherine Zarcate (France), Manféi Obin (Côte d’Ivoire), Suzy Ronel (Guadeloupe), Sani Bouda Maradi (Niger), Diane Ferlatte (USA), de même que les Sénégalais Lamine Ndiaye, Babacar Mbaye Ndaak et Massemba Gueye.

Côté artistes musiciens, les organisateurs annoncent la présence du grand chanteur gabonais Pierre Akendengue, de Yandé Kodou – illustre griotte de feu Léopold Sédar Senghor-, du célèbre rappeur sénégalais Fou Malade, et le grand pianiste martiniquais Alain Jean-Marie.

Cette deuxième édition du festival du conte coïncide avec le 160ème anniversaire de la publication du décret d’abolition de l’esclavage par le gouvernement français, le 27 avril 1848.

Une deuxième version de ce Festival aura lieu en Ile-de-France, à Bobigny, du 22 au 25 mai prochain, signale t-on.


Source: APA
(M)