Son père a été exécuté. 30 ans après, il ne sait pas où il repose.

Voilà trente ans, ce 26 mars 2010 que le Colonel Kader, fervent opposant au Polisario*, a été exécuté en Mauritanie. Trente longues années que son fils, Sidi Ould Mohamed Ould Ba, étudiant perpignanais installé en France depuis 2001, cherche à savoir où a été enterré son père. Sans aucune réponse...
«J'ai toujours souhaité me recueillir sur la tombe de mon père, en Mauritanie, mais personne ne peut me renseigner sur le lieu de sa sépulture », explique le jeune homme, aujourd'hui âgé de 32 ans, titulaire de deux Masters II et d'un doctorat en droit Public décrochés dans les P.-O.
« Mon Père a été tué car il refusait catégoriquement de trahir l'alliance mauritano-marocaine ».
Premier putsch.
Tout commence le 10 juillet 1978. Les militaires renversent le président de la Mauritanie Mokthar Ould Daddah qui refuse d'arrêter le conflit armé (ci-contre) au Sahara contre le Polisario. Lequel est alors soutenu par l'Algérie et la Libye du Colonel Kadadfi. Le lendemain du putsch, le colonel Kader, « envoyé » en mission dans le nord du pays, rentre à la capitale. « Il est mis devant le fait accompli. Il est nommé chef de l'état-major puis promu numéro 2 du Gouvernement en tant que ministre chargé de la Permanence du comité militaire de salut national (CMSN). »
Crash d'Etat.
En 1979, le colonel Kader, parmi les artisans d'un putsch silencieux, est devenu adjoint du Premier ministre Ould Bouceif. Mais les dissensions se font de plus en plus prégnantes au sein du gouvernement entre la frange - dont fait partie le colonel Kader - favorable à un partage du Sahara avec le Maroc et les partisans d'un Etat indépendant Polisario. Or, le 6 avril, le Premier ministre se rend à un sommet de pays africains à Dakar. Son avion, un Buffalo sorti d'usine avec 500 heures de vol, explose et s'abîme en mer. Accident ? L'histoire ne le dit pas.
« Mon père s'est retrouvé ministre de l'Education et de l'Enseignement supérieur pour l'éloigner de tout pouvoir militaire. Le nouveau premier ministre a déclaré le Polisario « comme allié objectif de la Mauritanie ». Pour mon père le message était clair : l'ennemi qu'il combattait était arrivé au pouvoir. Il a démissionné. A plié ses bagages et toute la famille est partie à Dakar. De là, il a envoyé sa lettre. Il disait qu'il se dissociait d'un pouvoir qui œuvrait à la destruction de la Mauritanie. Puis on est parti au Maroc qui a accepté notre demande d'asile politique sur ordre de sa majesté Hassan II. »
Et ultime commando.
Deux ans plus tard, le 16 mars 1981, le colonel Kader marquera une dernière fois l'Histoire de la Mauritanie. « Mon père était convaincu que seul un coup d'état pourrait rétablir la légitimité, restituer le pouvoir aux civils et, donc, sauver la Mauritanie. Il décide de passer à l'action lors d'une réunion du comité militaire de salut national, avec un commando, d'une dizaine de personnes. Mais, la réunion avait été annulée. Mon père a arrêté le chef de l'état-major et l'a pris en otage ». Tandis qu'un autre groupe annonce officiellement à la radio la réussite du coup d'Etat, le colonel Kader est neutralisé. Puis le commando.
Deux mois et demi plus tard, les « putschistes » sont jugés par un tribunal militaire à huis clos. Le verdict tombe le jour-même. Et, malgré la demande de grâce adressée par Saddam Hussein, les condamnés sont exécutés le lendemain même, à l'aube. « Ils étaient 4 dont mon père. Il avait 40 ans. Les 8 autres ont été emprisonnés puis relâchés. Alors, aujourd'hui, je demande à notre actuel président, Mohamed Ould Abdel Aziz, de bien vouloir intervenir pour que les familles de ces valeureux officiers qui ont toujours servi leur pays au prix de lourds sacrifices puissent retrouver le lieu de leur enterrement ».
Laure Moysset
Source : L'Indépendant (France)
via cridem.org
«J'ai toujours souhaité me recueillir sur la tombe de mon père, en Mauritanie, mais personne ne peut me renseigner sur le lieu de sa sépulture », explique le jeune homme, aujourd'hui âgé de 32 ans, titulaire de deux Masters II et d'un doctorat en droit Public décrochés dans les P.-O.
« Mon Père a été tué car il refusait catégoriquement de trahir l'alliance mauritano-marocaine ».
Premier putsch.
Tout commence le 10 juillet 1978. Les militaires renversent le président de la Mauritanie Mokthar Ould Daddah qui refuse d'arrêter le conflit armé (ci-contre) au Sahara contre le Polisario. Lequel est alors soutenu par l'Algérie et la Libye du Colonel Kadadfi. Le lendemain du putsch, le colonel Kader, « envoyé » en mission dans le nord du pays, rentre à la capitale. « Il est mis devant le fait accompli. Il est nommé chef de l'état-major puis promu numéro 2 du Gouvernement en tant que ministre chargé de la Permanence du comité militaire de salut national (CMSN). »
Crash d'Etat.
En 1979, le colonel Kader, parmi les artisans d'un putsch silencieux, est devenu adjoint du Premier ministre Ould Bouceif. Mais les dissensions se font de plus en plus prégnantes au sein du gouvernement entre la frange - dont fait partie le colonel Kader - favorable à un partage du Sahara avec le Maroc et les partisans d'un Etat indépendant Polisario. Or, le 6 avril, le Premier ministre se rend à un sommet de pays africains à Dakar. Son avion, un Buffalo sorti d'usine avec 500 heures de vol, explose et s'abîme en mer. Accident ? L'histoire ne le dit pas.
« Mon père s'est retrouvé ministre de l'Education et de l'Enseignement supérieur pour l'éloigner de tout pouvoir militaire. Le nouveau premier ministre a déclaré le Polisario « comme allié objectif de la Mauritanie ». Pour mon père le message était clair : l'ennemi qu'il combattait était arrivé au pouvoir. Il a démissionné. A plié ses bagages et toute la famille est partie à Dakar. De là, il a envoyé sa lettre. Il disait qu'il se dissociait d'un pouvoir qui œuvrait à la destruction de la Mauritanie. Puis on est parti au Maroc qui a accepté notre demande d'asile politique sur ordre de sa majesté Hassan II. »
Et ultime commando.
Deux ans plus tard, le 16 mars 1981, le colonel Kader marquera une dernière fois l'Histoire de la Mauritanie. « Mon père était convaincu que seul un coup d'état pourrait rétablir la légitimité, restituer le pouvoir aux civils et, donc, sauver la Mauritanie. Il décide de passer à l'action lors d'une réunion du comité militaire de salut national, avec un commando, d'une dizaine de personnes. Mais, la réunion avait été annulée. Mon père a arrêté le chef de l'état-major et l'a pris en otage ». Tandis qu'un autre groupe annonce officiellement à la radio la réussite du coup d'Etat, le colonel Kader est neutralisé. Puis le commando.
Deux mois et demi plus tard, les « putschistes » sont jugés par un tribunal militaire à huis clos. Le verdict tombe le jour-même. Et, malgré la demande de grâce adressée par Saddam Hussein, les condamnés sont exécutés le lendemain même, à l'aube. « Ils étaient 4 dont mon père. Il avait 40 ans. Les 8 autres ont été emprisonnés puis relâchés. Alors, aujourd'hui, je demande à notre actuel président, Mohamed Ould Abdel Aziz, de bien vouloir intervenir pour que les familles de ces valeureux officiers qui ont toujours servi leur pays au prix de lourds sacrifices puissent retrouver le lieu de leur enterrement ».
Laure Moysset
Source : L'Indépendant (France)
via cridem.org