Interview avec Lemrabott Ould Mendah, 1er Vice-Président AJD/MR

Monsieur Lemrabott Ould Mendah est cadre au Ministère de la Justice et premier vice-président de l’AJD/MR. En sa qualité de deuxième personnalité du parti, il a accepté d’accorder une interview au secrétariat à la Communication de la section France. Nous proposons à nos lecteurs l’intégralité de cette entrevue, en version française et arabe.


Bonjour Lemrabott Ould Mendah

Bonjour

Question : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Ould Mendah : je me nomme Lemrabott Ould Mendah, je suis né à Nouakchott et travaille actuellement comme cadre au Ministère de la Justice. Après ma sortie de l'Ecole Normale Supérieure en 1988, j'ai exercé comme professeur dans les établissements secondaires. Suite à cette première expérience, j’ai été détaché au Rectorat de l'Université de Nouakchott pour rejoindre ensuite le milieu judiciaire où j'ai été assesseur auprès de la Cour Criminelle de Nouakchott.

Question : A la suite d’un congrès extraordinaire tenu en Août dernier, l’AJD/MR a vu le jour. Pourquoi avez-vous choisi ce parti dans le cadre de votre carrière politique ?


Ould Mendah : Mon choix est le résultat d'une prise de conscience sur la nécessité d'une action sérieuse pour ce pays, en vue d'instaurer une vraie réconciliation nationale, jetant les bases d'un projet de société pour une Mauritanie unie et soudée avec ses diverses composantes ethniques et culturelles.

Partant de ce principe, j'ai décidé de faire de ce parti un cadre de travail politique en vue de réaliser l'égalité et la justice pour tous les opprimés, démunis et marginalisés dans leur propre pays, au delà de leur couleur.

Je crois que la classe politique nationale est appelée à œuvrer dans le sens de l'unité nationale et la cohésion entre les différentes composantes de ce peuple, condamnées à vivre ensemble sur cette terre pour jouir des mêmes droits et accomplir les mêmes devoirs, car cela est une condition sine qua none. Les élites doivent rester loin du clientélisme politique, de l'hypocrisie et de la complaisance qui sont à l'origine de cette ruée vers les promesses et avantages du pouvoir, véhiculés par les partis de la majorité conduisant au pillage des richesses de ce pauvre peuple depuis des décennies. Cette situation a provoqué la déchéance des valeurs et des principes, la faillite économique et politique.

Question : Ibrahima Moctar Sarr est connu pour ses qualités humaines et son militantisme avéré. Pouvez- vous nous livrer quelques témoignages sur sa personnalité ?

Ould Mendah : J'ai connu Ibrahima Moctar Sarr au cours des rencontres et des discussions que j'ai eues avec lui, avant et après le congrès du parti, comme les autres personnalités du groupe, Sarr est une personnalité distinguée dans sa vision de l'avenir et de la cohabitation entre les différentes communautés. En plus du travail commun au sein du parti et les multiples voyages, j'ai découvert la profondeur de sa vision politique, son caractère exemplaire et les qualités charismatiques qui lui ont permis de gagner la confiance des militants et cadres ainsi que la considération acquise sur la scène politique nationale.

Question : Le président SARR a été l’invité de l’émission « l’invité de l’heure » de la TVM. Pendant deux heures d’horloge, il a répondu à des questions relatives à la ligne du parti, au passif humanitaire, à la cohabitation nationale et à sa carrière professionnelle. Pouvez-vous nous livrer vos impressions par rapport à cette entrevue télévisée ?

Ould Mendah : Cette occasion nous a donné l’opportunité de faire connaître les qualités dont jouit le Président du Parti telles qu’elles sont citées plus haut ainsi que la ligne politique de notre parti et sa vision des questions nationales.

Vision que certains ont vainement tenté de dénaturer pour des motifs que j'ignore. Je n'oublierai pas de remercier à cette occasion la télévision nationale pour nous avoir donné cette opportunité, en espérant que cela marquera "un début de levée d'embargo". Cette émission fut une victoire pour le parti et son président. Nous avons d'ailleurs commencé à en récolter les fruits, car, depuis lors, nous comptons beaucoup de nouveaux adhérents, ce qui insuffle une nouvelle dynamique à notre jeune formation.

Question : Que pensez-vous de la nécessité d’ouvrir les médias publics aux autres communautés du pays afin de leur permettre de s’exprimer dans leur langue et leur culture?

Ould Mendah : Il est temps pour les Médias Publics de prendre en considération la pluralité et la diversité culturelle et sociale du pays pour ce qui concerne le contenu des programmes et le temps qui leur est imparti. Il est regrettable de voir un citoyen mauritanien dans son propre pays recourir à d'autres médias étrangers pour satisfaire sa curiosité par rapport à ses valeurs, sa culture et sa langue maternelle. Pourquoi inciter beaucoup de négros mauritaniens à suivre la télévision du Sénégal ou du Mali faute de trouver autre alternative ? Par conséquent, il est nécessaire que la télévision et la radio nationales présentent des programmes qui tiennent compte des spécificités linguistiques, culturelles et civilisationnelles afin qu'ils puissent se sentir chez eux car cela est leur droit.

Question : Votre parti fait de la réconciliation et de la cohabitation nationale sa clé de voûte. Toutefois, certains lui jettent l’anathème, arguant qu’il est sectaire et qu’il ne prend en charge que les préoccupations d’une communauté. Que diriez-vous en ce sens?

Ould Mendah : Comme je l'ai dit, cette accusation s'est révélée fausse et sans fondement. Cela est l'oeuvre de mauvaises intentions dans le but de diviser et de tenter, par tous les moyens, de faire avorter tout projet de société visant à réaliser l'unité et la cohésion entre les fils de ce pays, entre les futures générations, mais comme le dit l'adage : "les chiens aboient et la caravane passe".

Notre choix politique n'anticipe pas sur les résultats, mais nous agissons avec une bonne foi et nous jetons les bases d'une unité et d'une réconciliation pour éviter à nos fils de connaître les malheurs des guerres civiles qu'ont connues d'autres peuples et dont a souffert tout le monde. Nous invitons toutes les bonnes intentions à prendre part à cette noble cause et nous continueront à défendre à tout prix cet idéal noble.

Je me demande qu'est-ce qui justifie cette accusation ? Est-ce parce que le président de ce parti est négro-mauritanien ? Pourquoi ne pas dire que les partis présidés par des arabes sont créés seulement pour défendre des causes de la communauté arabe et que certains partis politiques ne sont pas en mesure d'incorporer des militants appartenant à toutes les communautés, de prendre en charge les problèmes et les souffrances des déportés, des veuves, des orphelins et des esclaves et de condamner les exactions, l'oppression et les abus ? En définitive, ceux qui caressent cette vision dangereuse et néfaste pour l'avenir du pays doivent y mettre fin. A l'intention de ceux-ci, je rappelle que notre parti demeure un parti national ouvert à tous les mauritaniens.

Question : Récemment le pays a connu une flambée de prix des denrées de première nécessité. Le président de la République a annoncé des mesures d’accompagnement d’urgence. Pensez-vous que cette manne financière profitera réellement aux populations les plus défavorisées ?

Ould Mendah : En ce qui concerne ces mesures, il serait nécessaire d'évoquer le proverbe: "un tien vaut mieux que deux tu l'auras ". En principe, ces mesures sont importantes et nécessaires, mais avant, le président et les autorités publiques doivent empêcher les pilleurs des deniers publics et les gaspilleurs qui pillent quotidiennement et d'une manière organisée toutes les ressources qu'ils soient de hauts responsables ou fournisseurs complices. Ceux-ci réalisent ces manœuvres à travers des marchés, des séminaires et des achats fictifs. L'esprit plus répandu, malheureusement, est l'acquisition de richesses de manière illicite. Tous les projets et plans de développement finissent dans les poches des détourneurs qui en font un acte de bravoure, forme ostensive par l'exhibition éhontée des voitures 4*4 des villas et des troupeaux d'animaux etc.… à l'abri des poursuites judiciaires, sans pour autant avoir honte de la situation des citoyens pauvres dont ils ont sucé le sang en brisant les rêves de leurs enfants et leur espoir de mener une vie digne .Il est important qu'ils sachent que les richesses acquises sur les dos des pauvres sont sans importance tant qu'une stabilité sociale et politique n'est pas obtenue à cause de l’injustice , de la mauvaise répartition des richesses et de la frustration .

Dans cette optique, j'appelle à :

1 - accompagner ce plan de mesures dissuasives et transparentes pour couper la route à ceux qui aiguisent leur appétit à la suite de la mise en place de ce plan, sinon ils connaîtront les mêmes manœuvres. Et le clivage entre les riches et pauvres s'élargira davantage.

2 - prendre en considération les conditions difficiles des éleveurs et des agriculteurs en les associant effectivement dans ces mesures.

3 - valoriser et exploiter les ressources agro-pastorales et soutenir les cultivateurs au lieu d'attribuer les terres aux Hommes d'Affaires ayant abusé de leur exploitation et des gros financements accordés, privant les cultivateurs et les éleveurs de bénéficier de toute politique constructive et durable dans le domaine du développement rural.

4 - effectuer une évaluation valide et pertinente et diffuser largement le résultat de notre politique dans le domaine agro- pastoral, lequel se base sur la poursuite de ces responsables en fonction de leur échec et incompétence. Peut-être quelqu'un se demande pourquoi cette poursuite n'est pas généralisée ? Mais je pense que la mauvaise gestion et l'incompétence dans ce domaine sont plus dangereuses car cela concerne un grand secteur et touche la situation alimentaire et nos ressources agro-pastorales. Par conséquent ceci met en danger le sort d'une large partie de notre peuple et approfondit davantage la crise que vit le pays

Question : cette augmentation des prix est-elle l’œuvre de commerçants sans scrupule ou dépend-elle de la conjoncture internationale ?

Ould Mendah : Beaucoup cherchent à justifier la flambée des prix par la conjoncture internationale mais le facteur essentiel est la cupidité de nos commerçants et l'esprit égoïste qui règne dans notre société. Il y a aussi l'absence du rôle de l'administration et la complicité des associations fictives de consommateurs avec les grands spéculateurs. Je profite de l'occasion pour exprimer mes craintes par rapport à l'existence, au sein du pouvoir actuel, les gens qui œuvrent pour créer des problèmes à ce pouvoir et préparent le terrain à autre chose perceptible à travers les tractations entre des forces au sein de l'appareil de l'Etat.

Question : Actuellement votre parti est en train de s’implanter dans plusieurs localités du pays. Toutefois votre formation politique n’est pas assez représentée dans le Nord et dans l’Est. Quelle stratégie le parti compte-t-il mettre en branle pour créer des structures de base dans cette partie du pays ?

Ould Mendah : Nous avons constaté que la campagne d'implantation se déroule dans de bonnes conditions avec la participation de différentes composantes nationales malgré nos modestes moyens. Il est à signaler que cette campagne a commencé seulement au niveau de Nouakchott, Kaédi, Boghé, Europe et Amérique et qu'un groupe dans les régions de l'est du pays a déjà déclaré son adhésion à notre parti. Je précise, à cet égard, que certains partis jouent sur l’innocence des citoyens pour obtenir leur adhésion et aussi sur des facteurs régionalistes, tribalistes et même raciaux en menant des campagnes d'intoxication et d'intimidation contre les autres partis. Je demande à nos citoyens d'être vigilants à toute forme de pression ou spéculation politique

Merci Monsieur Lemrabott Ould Mendah d'avoir répondu à nos questions.


Interview réalisée par N'Diath Hady et Sy Boubacar

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Source: AJD/MR
(M) avomm