
Des militants africains des droits de l’homme ont été conviés en France, jeudi dernier, pour discuter de la question des droits de l’homme en Afrique dans le cadre du cinquantenaire des indépendances africaines que la France célèbre depuis quelques mois. Parmi eux, Boubacar Ould Messaoud, qui est haut fonctionnaire de son pays engagé dans la lutte contre l'esclavage. le Mauritanien pointe un index accusateur sur l’esclavage et les inégalités sociales dans son pays.
Wal Fadjri : Et en Mauritanie, quel est aujourd’hui l’état des droits de l’homme ?
Boubacar Ould Messaoud: L’état des droits de l’homme est relativement difficile à décrire parce que nous en sommes demandeurs, très affamés et nous attendons beaucoup des droits de l’homme, de ceux qui nous gouvernent pour l’application des lois pour que les droits de l’homme soient respectés et que le progrès économique du pays profite à tout le monde. Tant que les droits de l’homme ne sont pas respectés, le progrès ne profite qu’à une infime partie de nos populations. Mais nous pensons que, d’une manière générale, par rapport aux indépendances, nous avons fait du chemin. Et ce chemin, c’est celui de la lutte qui a pu nous permettre d’exister en tant qu’organisation, comme contre-pouvoir. Ce contre-pouvoir est à considérer comme un aspect positif généré par nous-mêmes. La société civile mauritanienne, comme la société civile africaine, ce sont des sociétés qui sont créées par la lutte sur le terrain.
Je pense qu’il faut lutter pour l’égalité entre tous les citoyens.
On sait que la question des droits de l’homme se pose à travers l’esclavage en Mauritanie. Des progrès ont-ils été réalisés dans ce domaine ?
Boubacar Ould Messaoud : C’est une question difficile en Mauritanie. Elle est inexistante ailleurs parce qu’elle n’y a pas été posée alors qu’elle y existe aussi. Toujours est-il qu’en Mauritanie, c’est une question difficile parce que le problème, c’est l’application des lois et l’accompagnement des victimes pour leur insertion dans la mesure où nous avons voté en 1981 une loi abolissant esclavage. Nous avons obtenu en 2003 une loi criminalisant la traite des personnes. Et en 2007, nous avons obtenu une loi sur l’esclavage par ascendance qui est l’esclavage traditionnel qui sévit en Mauritanie depuis des siècles et que l’on trouve aussi dans d’autres pays. Sur ce plan, nous estimons qu’il y a un progrès parce que la Mauritanie a toujours nié l’existence de l’esclavage. Et elle continue à le nier en ne se référant qu’aux séquelles de l’esclavage. Nous estimons que ces concessions qui sont faites par les
dirigeants du pays ont apporté du crédit à la lutte que nous avons menée. En faisant des lois contre l’esclavage, c’est une reconnaissance de fait de son existence. Mais nous avons du travail à faire. Nous avons à faire de la sensibilisation et du plaidoyer auprès des parlementaires et auprès des autorités judiciaires pour que la loi soit appliquée.
Comment faire pour lutter contre l’esclavage par ascendance quand on sait qu’il s’agit d’un problème plutôt de conscience ?
Boubacar Ould Messaoud : On doit sensibiliser les gens, déconstruire l’idéologie sur laquelle repose l’esclavage. L’esclavage est mis dans la tête des gens par l’instrumentalisation de la religion musulmane. Alors que la religion n’a rien avec l’esclavage, même s’il y a des esclavagistes musulmans. Ils ont voulu asseoir leur autorité en faisant croire aux esclavages que leur paradis dépend de leur soumission à leur maître. Aujourd’hui, nous travaillons pour faire comprendre aux gens que ceci est faux. Nous faisons comprendre aux imams, aux gens de bonne foi, de faire des prêches pour déconstruire cette idéologie sur laquelle repose l’esclavage et les inégalités sur lesquelles repose la société africaine. Ces inégalités sont souvent justifiées dans la société musulmane africaine par une pseudo-référence à la religion. Une référence qui n’est pas juste parce que l’Islam est une religion égalitaire et prêche
l’égalité des hommes et le bonheur pour tous.
Vous avez dit durant la conférence de presse qu’il était inimaginable, il y a quelques années, qu’un descendant d’esclavage soit président de l’Assemblée nationale, comme c’est le cas aujourd’hui. Pourquoi ?
Boubacar Ould Messaoud : Nous avons pris conscience. Il y a une remontée des descendants d’esclaves et des personnalités mauritaniennes appartenant à d’autres couches, comme la couche dite noble, qui sont contre l’esclavage et qui ont lutté en créant des associations, qui ont créé des partis et réclament le pouvoir au nom de la liberté et de l’égalité pour tous. Le président de l’Assemblée nationale est le président d’un parti. Tout ça s’est créé avec la lutte qui nous a amenés à ces lois-là. En 1980, nous avons été mis en prison. C’est à la suite de cet emprisonnement, de ces procès, que nous avons obtenu la loi abrogeant l’esclavage. En 1993, on a aussi arrêté pour avoir créé Fr3 dans un Paris-Dakar. Il y a quelques progrès, même s’ils sont minimes.
Et la répression militaire qui a envoyé en exil beaucoup Mauritaniens ?
Boubacar Ould Messaoud : C’est un aspect très important que nous avons dénoncé et que nous continuons de dénoncer. En Mauritanie, il n’y a pas que l’esclavage. Il y a aussi la discrimination raciale et l’exclusion. Et cette exclusion des Négro-Mauritaniens, nous la dénonçons. Le problème n’est pas totalement résolu. Les rapatriés ne sont pas dans des conditions idéales. Le passif humanitaire n’est pas encore résolu.
Propos recueillis à Paris par: Moustapha BARRY- Walfadjri
Wal Fadjri : Et en Mauritanie, quel est aujourd’hui l’état des droits de l’homme ?
Boubacar Ould Messaoud: L’état des droits de l’homme est relativement difficile à décrire parce que nous en sommes demandeurs, très affamés et nous attendons beaucoup des droits de l’homme, de ceux qui nous gouvernent pour l’application des lois pour que les droits de l’homme soient respectés et que le progrès économique du pays profite à tout le monde. Tant que les droits de l’homme ne sont pas respectés, le progrès ne profite qu’à une infime partie de nos populations. Mais nous pensons que, d’une manière générale, par rapport aux indépendances, nous avons fait du chemin. Et ce chemin, c’est celui de la lutte qui a pu nous permettre d’exister en tant qu’organisation, comme contre-pouvoir. Ce contre-pouvoir est à considérer comme un aspect positif généré par nous-mêmes. La société civile mauritanienne, comme la société civile africaine, ce sont des sociétés qui sont créées par la lutte sur le terrain.
Je pense qu’il faut lutter pour l’égalité entre tous les citoyens.
On sait que la question des droits de l’homme se pose à travers l’esclavage en Mauritanie. Des progrès ont-ils été réalisés dans ce domaine ?
Boubacar Ould Messaoud : C’est une question difficile en Mauritanie. Elle est inexistante ailleurs parce qu’elle n’y a pas été posée alors qu’elle y existe aussi. Toujours est-il qu’en Mauritanie, c’est une question difficile parce que le problème, c’est l’application des lois et l’accompagnement des victimes pour leur insertion dans la mesure où nous avons voté en 1981 une loi abolissant esclavage. Nous avons obtenu en 2003 une loi criminalisant la traite des personnes. Et en 2007, nous avons obtenu une loi sur l’esclavage par ascendance qui est l’esclavage traditionnel qui sévit en Mauritanie depuis des siècles et que l’on trouve aussi dans d’autres pays. Sur ce plan, nous estimons qu’il y a un progrès parce que la Mauritanie a toujours nié l’existence de l’esclavage. Et elle continue à le nier en ne se référant qu’aux séquelles de l’esclavage. Nous estimons que ces concessions qui sont faites par les
dirigeants du pays ont apporté du crédit à la lutte que nous avons menée. En faisant des lois contre l’esclavage, c’est une reconnaissance de fait de son existence. Mais nous avons du travail à faire. Nous avons à faire de la sensibilisation et du plaidoyer auprès des parlementaires et auprès des autorités judiciaires pour que la loi soit appliquée.
Comment faire pour lutter contre l’esclavage par ascendance quand on sait qu’il s’agit d’un problème plutôt de conscience ?
Boubacar Ould Messaoud : On doit sensibiliser les gens, déconstruire l’idéologie sur laquelle repose l’esclavage. L’esclavage est mis dans la tête des gens par l’instrumentalisation de la religion musulmane. Alors que la religion n’a rien avec l’esclavage, même s’il y a des esclavagistes musulmans. Ils ont voulu asseoir leur autorité en faisant croire aux esclavages que leur paradis dépend de leur soumission à leur maître. Aujourd’hui, nous travaillons pour faire comprendre aux gens que ceci est faux. Nous faisons comprendre aux imams, aux gens de bonne foi, de faire des prêches pour déconstruire cette idéologie sur laquelle repose l’esclavage et les inégalités sur lesquelles repose la société africaine. Ces inégalités sont souvent justifiées dans la société musulmane africaine par une pseudo-référence à la religion. Une référence qui n’est pas juste parce que l’Islam est une religion égalitaire et prêche
l’égalité des hommes et le bonheur pour tous.
Vous avez dit durant la conférence de presse qu’il était inimaginable, il y a quelques années, qu’un descendant d’esclavage soit président de l’Assemblée nationale, comme c’est le cas aujourd’hui. Pourquoi ?
Boubacar Ould Messaoud : Nous avons pris conscience. Il y a une remontée des descendants d’esclaves et des personnalités mauritaniennes appartenant à d’autres couches, comme la couche dite noble, qui sont contre l’esclavage et qui ont lutté en créant des associations, qui ont créé des partis et réclament le pouvoir au nom de la liberté et de l’égalité pour tous. Le président de l’Assemblée nationale est le président d’un parti. Tout ça s’est créé avec la lutte qui nous a amenés à ces lois-là. En 1980, nous avons été mis en prison. C’est à la suite de cet emprisonnement, de ces procès, que nous avons obtenu la loi abrogeant l’esclavage. En 1993, on a aussi arrêté pour avoir créé Fr3 dans un Paris-Dakar. Il y a quelques progrès, même s’ils sont minimes.
Et la répression militaire qui a envoyé en exil beaucoup Mauritaniens ?
Boubacar Ould Messaoud : C’est un aspect très important que nous avons dénoncé et que nous continuons de dénoncer. En Mauritanie, il n’y a pas que l’esclavage. Il y a aussi la discrimination raciale et l’exclusion. Et cette exclusion des Négro-Mauritaniens, nous la dénonçons. Le problème n’est pas totalement résolu. Les rapatriés ne sont pas dans des conditions idéales. Le passif humanitaire n’est pas encore résolu.
Propos recueillis à Paris par: Moustapha BARRY- Walfadjri