
La Journée Mondiale des Réfugiés est célébrée chaque année, le 20 juin depuis 2001 suite à une résolution des Nations Unies. Cette année encore, comme les années précédentes, le FONADH joint sa voix à celle des nombreux militants des droits humains à travers le monde pour soutenir ces victimes de l’arbitraire.
Si les militants et responsables du FONADH n’ignorent pas la présence sur le sol mauritanien d’un certain nombre de réfugiés, notamment d’Afrique subsaharienne et les nombreux problèmes qu’ils rencontrent, il reste qu’ils mettent un accent particulier sur la situation de leurs compatriotes, victimes d’une véritable déportation en 1989, 1990 et 1991 vers le Sénégal et le Mali ; une tragédie qui dure depuis plus de deux décennies.
Cette question, loin d’être définitivement clôturée, continue de faire l’objet d’une préoccupation constante de la plupart des Mauritaniens et de leurs amis épris de justice, de paix et de démocratie à travers le monde.
En effet, à la faveur d’une crise provoquée et entretenue par les autorités mauritaniennes, une partie importante de la communauté négro-africaine du pays a subi l’une des plus graves violations des droits humains que l’humanité a connues au cours du siècle dernier.
Près de cent mille personnes ont connu la déportation vers le Sénégal et le Mali, des centaines d’autres ont été licenciés pour délit de faciès et enfin – plus grave encore !- plusieurs centaines (civils et militaires) ont été exécutés de façon barbare et extra judiciaire, pour les mêmes raisons …
Pendant plus d’une quinzaine d’années, le régime sanguinaire de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya a nié ces faits avérés et a décidé, d’absoudre les responsables de ces crimes ignobles par le vote d’une loi d’amnistie en 1993 par une Assemblée Nationale aux ordres.
En dépit de la lutte acharnée des victimes, soutenues par un certain nombre de militants de droits humains et de démocrates mauritaniens et d’ailleurs, l’opinion publique mauritanienne est restée en majorité abusée par la propagande mensongère du régime de Ould Taya. Même la révélation par la presse des charniers de Wothi, Sorimallé, Azlatt et autres n’a pas suscité l’indignation attendue.
Toutefois, depuis janvier 2008, les autorités mauritaniennes ont entrepris le rapatriement volontaire et organisé des réfugiés au Sénégal, avec l’appui du HCR et la collaboration du gouvernement sénégalais. Cette opération est effectuée selon les dispositions de l’Accord tripartite, signé par les trois parties. Depuis cette date, 19 048 personnes ont regagné le territoire national, dans les cinq régions d’accueil (Trarza, Brakna, Gorgol, Guidimakha et Assaba).
Il faut reconnaître que des progrès ont été réalisés en matière d’insertion des rapatriés par le biais de l’Agence Nationale d’Appui et d’Insertion des Réfugiés (ANAIR), même si ceux-ci demeurent insuffisants. Toutefois, ces avancées cachent mal des situations encore déplorables. Parmi celles-ci on peut citer :
1. L’arrêt de l’opération du rapatriement volontaire organisé : aucune information n’est donnée à l’opinion publique, pour justifier cet arrêt. S’il est vrai que le HCR avait donné une date limite de la durée de l’opération, il reste que cette organisation et, surtout, le gouvernement mauritanien, au devoir moral d’aider au retour de tous les réfugiés, notamment ceux établis au Sénégal et au Mali.
Au Sénégal, encore 1 865 personnes, dont les formulaires de rapatriement sont adoptés par les structures compétentes mauritaniennes, attendent depuis décembre 2009 leur rapatriement. A ce nombre, il faut ajouter les personnes qui s’étaient recensées pour le retour et dont les formulaires de rapatriement ne sont pas encore retournés. En outre, les réfugiés mauritaniens au Mali, estimés à 12 000 personnes, attendent toujours un début de processus de rapatriement.
2. La suspension de la délivrance des pièces d’Etat civil : Plusieurs rapatriés n’ont pas encore bénéficié de leurs pièces d’Etat civil, cette situation constitue une contrainte importante pour ces populations.
3. Le foncier demeure la question la plus dramatique de cette opération de rapatriement. En effet, dans la plupart des sites de retour, on rencontre des populations d’agriculteurs qui n’ont plus de terres. Celles qu’ils exploitaient avant 1989 ont été redistribuées, parfois au mépris même des dispositions de la loi foncière appliquée après leur départ. Cette situation est grosse de conflits, que les autorités doivent endiguer au plus vite. Car, certaines situations sont plus qu’aberrantes !!!
4. La situation des anciens rapatriés, soit plus de 50 000 personnes reste aussi préoccupante. Certains d’entre eux sont rentrés depuis 1993 et n’ont reçu aucune assistance de la part de l’Etat mauritanien. En particulier, les anciens fonctionnaires et agents de l’Etat, qui avaient fait l’objet d’un recensement en janvier 2010, ne connaissent pas un début de règlement de leur situation.
Il faut souligner avec force une espèce d’omerta, en Mauritanie, autour de la question des réfugiés mauritaniens. L’opinion publique mauritanienne n’accorde pas l’importance qu’il faut à cette question, pourtant d’importance capitale pour l’unité nationale. Ni certains partis politiques, ni les nombreuses ONG, n’accordent ne serait-ce qu’une petite parcelle de leur énergie au règlement de cette question. Il est même regrettable de constater que seules les victimes ou leurs ayants droit se mobilisent…
Le FONADH a quant à lui toujours prôner le règlement de cette question, en accord avec les intéressés.
Dans cette optique, le FONADH demande:
la reprise du processus de rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali ;
que soit réglé, dans les meilleures conditions de justice et d’équité, la question des terres ;
la délivrance dans les meilleurs délais les pièces d’Etat civil ;
aux autorités mauritaniennes de procéder, le plus rapidement possible, au règlement de la situation des anciens fonctionnaires et agents de l’Etat ;
au gouvernement mauritanien de procéder au recensement dans les meilleurs délais de toutes les victimes de 1989- 1991 pour la régularisation de leur situation ;
une accélération de la mise en œuvre des projets réellement intégrateurs en faveurs des rapatriés et des populations d’accueil ;
Enfin, le FONADH, souhaite une plus grande mobilisation de l’opinion publique mauritanienne (toutes les composantes confondues) autour de cette importante question du devenir de notre pays.
Nouakchott, le 20 juin 2010
Les organisations signataires
1. Association des Femmes Chefs de familles (AFCF)
2. Association Mauritanienne des Droits cde l’Homme (AMDH)
3. Association Mauritanienne pour la Promotion de la Langue et de la Culture SOONINKE (AMPLCS)
4. Association pour la Renaissance du Pulaar en RIM (ARPRIM)
5. Association pour le Renforcement de la Démocratie et de l’Education Citoyenne (ARDEC)
6. Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains en Mauritanie (CSVVDHM)
7. Groupes d’Etudes et de Recherches sur le Démocratie et le Développement Economique et Social (GERRDES)
8. Ligue Africaine des Droits de l’Homme (Section Mauritanie)
9. Ligue Mauritanienne des Droits de l’homme (LMDH)
10. Regroupement des Victimes des Evénements de 1989- 1991 (REVE)
11. Collectif des Veuves
12. SOS – Esclaves
Source: Baba OULD JIDDOU
Si les militants et responsables du FONADH n’ignorent pas la présence sur le sol mauritanien d’un certain nombre de réfugiés, notamment d’Afrique subsaharienne et les nombreux problèmes qu’ils rencontrent, il reste qu’ils mettent un accent particulier sur la situation de leurs compatriotes, victimes d’une véritable déportation en 1989, 1990 et 1991 vers le Sénégal et le Mali ; une tragédie qui dure depuis plus de deux décennies.
Cette question, loin d’être définitivement clôturée, continue de faire l’objet d’une préoccupation constante de la plupart des Mauritaniens et de leurs amis épris de justice, de paix et de démocratie à travers le monde.
En effet, à la faveur d’une crise provoquée et entretenue par les autorités mauritaniennes, une partie importante de la communauté négro-africaine du pays a subi l’une des plus graves violations des droits humains que l’humanité a connues au cours du siècle dernier.
Près de cent mille personnes ont connu la déportation vers le Sénégal et le Mali, des centaines d’autres ont été licenciés pour délit de faciès et enfin – plus grave encore !- plusieurs centaines (civils et militaires) ont été exécutés de façon barbare et extra judiciaire, pour les mêmes raisons …
Pendant plus d’une quinzaine d’années, le régime sanguinaire de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya a nié ces faits avérés et a décidé, d’absoudre les responsables de ces crimes ignobles par le vote d’une loi d’amnistie en 1993 par une Assemblée Nationale aux ordres.
En dépit de la lutte acharnée des victimes, soutenues par un certain nombre de militants de droits humains et de démocrates mauritaniens et d’ailleurs, l’opinion publique mauritanienne est restée en majorité abusée par la propagande mensongère du régime de Ould Taya. Même la révélation par la presse des charniers de Wothi, Sorimallé, Azlatt et autres n’a pas suscité l’indignation attendue.
Toutefois, depuis janvier 2008, les autorités mauritaniennes ont entrepris le rapatriement volontaire et organisé des réfugiés au Sénégal, avec l’appui du HCR et la collaboration du gouvernement sénégalais. Cette opération est effectuée selon les dispositions de l’Accord tripartite, signé par les trois parties. Depuis cette date, 19 048 personnes ont regagné le territoire national, dans les cinq régions d’accueil (Trarza, Brakna, Gorgol, Guidimakha et Assaba).
Il faut reconnaître que des progrès ont été réalisés en matière d’insertion des rapatriés par le biais de l’Agence Nationale d’Appui et d’Insertion des Réfugiés (ANAIR), même si ceux-ci demeurent insuffisants. Toutefois, ces avancées cachent mal des situations encore déplorables. Parmi celles-ci on peut citer :
1. L’arrêt de l’opération du rapatriement volontaire organisé : aucune information n’est donnée à l’opinion publique, pour justifier cet arrêt. S’il est vrai que le HCR avait donné une date limite de la durée de l’opération, il reste que cette organisation et, surtout, le gouvernement mauritanien, au devoir moral d’aider au retour de tous les réfugiés, notamment ceux établis au Sénégal et au Mali.
Au Sénégal, encore 1 865 personnes, dont les formulaires de rapatriement sont adoptés par les structures compétentes mauritaniennes, attendent depuis décembre 2009 leur rapatriement. A ce nombre, il faut ajouter les personnes qui s’étaient recensées pour le retour et dont les formulaires de rapatriement ne sont pas encore retournés. En outre, les réfugiés mauritaniens au Mali, estimés à 12 000 personnes, attendent toujours un début de processus de rapatriement.
2. La suspension de la délivrance des pièces d’Etat civil : Plusieurs rapatriés n’ont pas encore bénéficié de leurs pièces d’Etat civil, cette situation constitue une contrainte importante pour ces populations.
3. Le foncier demeure la question la plus dramatique de cette opération de rapatriement. En effet, dans la plupart des sites de retour, on rencontre des populations d’agriculteurs qui n’ont plus de terres. Celles qu’ils exploitaient avant 1989 ont été redistribuées, parfois au mépris même des dispositions de la loi foncière appliquée après leur départ. Cette situation est grosse de conflits, que les autorités doivent endiguer au plus vite. Car, certaines situations sont plus qu’aberrantes !!!
4. La situation des anciens rapatriés, soit plus de 50 000 personnes reste aussi préoccupante. Certains d’entre eux sont rentrés depuis 1993 et n’ont reçu aucune assistance de la part de l’Etat mauritanien. En particulier, les anciens fonctionnaires et agents de l’Etat, qui avaient fait l’objet d’un recensement en janvier 2010, ne connaissent pas un début de règlement de leur situation.
Il faut souligner avec force une espèce d’omerta, en Mauritanie, autour de la question des réfugiés mauritaniens. L’opinion publique mauritanienne n’accorde pas l’importance qu’il faut à cette question, pourtant d’importance capitale pour l’unité nationale. Ni certains partis politiques, ni les nombreuses ONG, n’accordent ne serait-ce qu’une petite parcelle de leur énergie au règlement de cette question. Il est même regrettable de constater que seules les victimes ou leurs ayants droit se mobilisent…
Le FONADH a quant à lui toujours prôner le règlement de cette question, en accord avec les intéressés.
Dans cette optique, le FONADH demande:
la reprise du processus de rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali ;
que soit réglé, dans les meilleures conditions de justice et d’équité, la question des terres ;
la délivrance dans les meilleurs délais les pièces d’Etat civil ;
aux autorités mauritaniennes de procéder, le plus rapidement possible, au règlement de la situation des anciens fonctionnaires et agents de l’Etat ;
au gouvernement mauritanien de procéder au recensement dans les meilleurs délais de toutes les victimes de 1989- 1991 pour la régularisation de leur situation ;
une accélération de la mise en œuvre des projets réellement intégrateurs en faveurs des rapatriés et des populations d’accueil ;
Enfin, le FONADH, souhaite une plus grande mobilisation de l’opinion publique mauritanienne (toutes les composantes confondues) autour de cette importante question du devenir de notre pays.
Nouakchott, le 20 juin 2010
Les organisations signataires
1. Association des Femmes Chefs de familles (AFCF)
2. Association Mauritanienne des Droits cde l’Homme (AMDH)
3. Association Mauritanienne pour la Promotion de la Langue et de la Culture SOONINKE (AMPLCS)
4. Association pour la Renaissance du Pulaar en RIM (ARPRIM)
5. Association pour le Renforcement de la Démocratie et de l’Education Citoyenne (ARDEC)
6. Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains en Mauritanie (CSVVDHM)
7. Groupes d’Etudes et de Recherches sur le Démocratie et le Développement Economique et Social (GERRDES)
8. Ligue Africaine des Droits de l’Homme (Section Mauritanie)
9. Ligue Mauritanienne des Droits de l’homme (LMDH)
10. Regroupement des Victimes des Evénements de 1989- 1991 (REVE)
11. Collectif des Veuves
12. SOS – Esclaves
Source: Baba OULD JIDDOU