
« L’unité nationale face à ses identités », c’est le titre d’un article que nous avions publié au mois de juillet dans les colonnes du quotidien le Rénovateur et paru aussi dans le site cridem. Nous y avons abordé la problématique identitaire en Mauritanie. Cette question qui se pose avec beaucoup d’acuité n’a pas été clairement posée dans le discours politique. Et quand elle est évoquée, c’est de manière timorée et superficielle. Sur le plan constitutionnel, il est bien dit que la Mauritanie est un pays arabe et africain. Mais dans les faits cette image est biaisée… notamment au sein du pilier central de l’architecture officielle.
Les identités nationales dites « minoritaires » sont fondues dans une superstructure dominante qui s’arroge le droit de décider du sort des autres. C’est à ce prix que les langues locales avec leurs cultures non arabophones sont reléguées à la portion congrue de simples décors qui ne changent rien à la réalité globale « d’une identité arabe inaliénable » et partant de la marche forcée du pays vers des horizons tracés mais hypothétiques.
Le débat selon lequel « pour être un vrai mauritanien il faut être arabe sinon se laisser rattraper par son refus d’être arabe », revient à chaque fois qu’une décision d’envergure nationale est prise. Ce fut le cas dans les différentes réformes éducatives, la généralisation de la langue arabe dans l’administration et aujourd’hui avec cette question d’enrôlement qui fait réveiller les vieux démons identitaires. Mais ce que les tenants de ce discours arabo –centriste refusent de voir, c’est qu’on ne peut pas forcer des gens à devenir ce qu’ils ne sont pas. A ce sujet, il faut faire la nuance entre « Etre » et « vouloir être ». L’un est du domaine de l’existence et l’autre du libre choix. On peut ne pas être quelque chose, sans détester cette chose. Tout comme on ne doit pas condamner quelqu’un parce qu’il n’est pas tel que vous souhaitez qu’il soit.
Ainsi les négro-africains ne sont pas des arabes mais ils ne sont pas réfractaires à la langue arabe. Si tel était le cas ils n’allaient pas choisir la religion musulmane qui, encore faut –il le rappeler n’est pas l’apanage des arabes. La dichotomie entre Islam et arabité est un autre débat. L’identité d’un pays doit se faire avec la reconnaissance pleine et entière de toutes ses valeurs culturelles. Or, la Mauritanie a encore du mal à assumer cet héritage séculaire faisant d’elle un pays multi –culturel. Il n y a pas une volonté sincère et affirmée de construire cette diversité avec tous les matériaux de base.
Ce n’est pas la faible représentativité à tous les échelons politico -administratif des négro-africains qui va démentir cette réalité.
L’identité nationale est depuis des années prise en otage par une politique négationniste qui ne s’embarrasse plus trop de principes de partage et de respect des différences. C’est cette tendance du déni de la pluralité culturelle de ce pays qui pousse à la déconstruction de l’Identité Nationale. Des voix ne cessent de s’élever pour exiger la préservation de l’unité nationale. A juste raison ! Mais faudrait-il que cela se traduise dans les faits. Pour ce faire, il y a lieu d’éviter tout ce qui menace cette unité et ériger de solides garde-fous. A l’heure où des tensions sont suscitées par les opérations de l’enrôlement, il est malséant de toucher à la fibre identitaire. Encore une fois, c’est l’Etat censé être garant de cette unité dans la diversité qui est responsable de la situation actuelle…
Cheikh Tidiane Dia
Source: le renovateur
Les identités nationales dites « minoritaires » sont fondues dans une superstructure dominante qui s’arroge le droit de décider du sort des autres. C’est à ce prix que les langues locales avec leurs cultures non arabophones sont reléguées à la portion congrue de simples décors qui ne changent rien à la réalité globale « d’une identité arabe inaliénable » et partant de la marche forcée du pays vers des horizons tracés mais hypothétiques.
Le débat selon lequel « pour être un vrai mauritanien il faut être arabe sinon se laisser rattraper par son refus d’être arabe », revient à chaque fois qu’une décision d’envergure nationale est prise. Ce fut le cas dans les différentes réformes éducatives, la généralisation de la langue arabe dans l’administration et aujourd’hui avec cette question d’enrôlement qui fait réveiller les vieux démons identitaires. Mais ce que les tenants de ce discours arabo –centriste refusent de voir, c’est qu’on ne peut pas forcer des gens à devenir ce qu’ils ne sont pas. A ce sujet, il faut faire la nuance entre « Etre » et « vouloir être ». L’un est du domaine de l’existence et l’autre du libre choix. On peut ne pas être quelque chose, sans détester cette chose. Tout comme on ne doit pas condamner quelqu’un parce qu’il n’est pas tel que vous souhaitez qu’il soit.
Ainsi les négro-africains ne sont pas des arabes mais ils ne sont pas réfractaires à la langue arabe. Si tel était le cas ils n’allaient pas choisir la religion musulmane qui, encore faut –il le rappeler n’est pas l’apanage des arabes. La dichotomie entre Islam et arabité est un autre débat. L’identité d’un pays doit se faire avec la reconnaissance pleine et entière de toutes ses valeurs culturelles. Or, la Mauritanie a encore du mal à assumer cet héritage séculaire faisant d’elle un pays multi –culturel. Il n y a pas une volonté sincère et affirmée de construire cette diversité avec tous les matériaux de base.
Ce n’est pas la faible représentativité à tous les échelons politico -administratif des négro-africains qui va démentir cette réalité.
L’identité nationale est depuis des années prise en otage par une politique négationniste qui ne s’embarrasse plus trop de principes de partage et de respect des différences. C’est cette tendance du déni de la pluralité culturelle de ce pays qui pousse à la déconstruction de l’Identité Nationale. Des voix ne cessent de s’élever pour exiger la préservation de l’unité nationale. A juste raison ! Mais faudrait-il que cela se traduise dans les faits. Pour ce faire, il y a lieu d’éviter tout ce qui menace cette unité et ériger de solides garde-fous. A l’heure où des tensions sont suscitées par les opérations de l’enrôlement, il est malséant de toucher à la fibre identitaire. Encore une fois, c’est l’Etat censé être garant de cette unité dans la diversité qui est responsable de la situation actuelle…
Cheikh Tidiane Dia
Source: le renovateur