
Le défilé du 14 juillet 2010 fera date : il mettra spectaculairement l’Afrique à l’honneur. Evénement sans précédent : les troupes de quatorze pays africains qui ont accédé à l’indépendance en 1960 (il y a cinquante ans exactement) descendront, en effet, les Champs-Elysées en ouverture de la parade militaire.
Chaque délégation alignera une quarantaine de soldats (hommes et femmes), venus du Cameroun, de République centrafricaine, du Togo, du Mali, du Sénégal, du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Niger, du Burkina, du Tchad, du Congo, de Mauritanie, du Gabon et de Madagascar.
Finalement participante, la Côte d’Ivoire a failli faire faux bond. Un télégramme diplomatique récent, adressé au Quai d’Orsay et au ministère de la Défense, annonçait l’absence de détachement ivorien de Paris. In extremis, un accord a été trouvé, même si le président ivoirien, Laurent Gbagbo, est resté au pays et s’est contenté de déléguer, pour représenter son pays, son ministre de la Défense.
Neuf soldats français tués
Il s’agit là d’un nouvel épisode dans les relations complexes entre la France et la Côte d’Ivoire. Dès 2002, début de la crise interne entre le pouvoir de Gagbo et les rebelles du Nord, la France a dépêché sur place ses militaires. Quelque 900 soldats tricolores constituent, actuellement, la force Licorne, agissant en vertu d’un accord de défense. Leur mission est d’aligner une force d’interposition entre les belligérants. En novembre 2004, l’aviation ivoirienne bombarde le camp militaire français de Bouaké, tuant 9 soldats et en blessant 37 autres.
La riposte est immédiate : les forces aériennes ivoriennes (2 Soukhoï et des hélicoptères) sont totalement anéanties. Aujourd’hui, le dialogue politique aurait repris à Yamoussoukro. Mais le président Gbagbo arrive au terme d’un second mandat de cinq ans, entamé sans élection et qui ne devait être que provisoire… Pour nombre d’observateurs à Paris, militaires et diplomates, si un scrutin présidentiel n’est pas organisé en octobre prochain, le pays pourrait de nouveau sombrer dans les violences.
Tambours et susceptibilités
Ce 14 Juillet débutera par une « animation d’ouverture franco-africaine ». Au programme : musiques et scénographies. Les drapeaux des quatorze pays s’aligneront de front devant la tribune présidentielle. Ils seront accompagnés, à l’arrière, par des tambours. Puis chaque détachement défilera, « dans l’ordre alphabétique des Etats », précise le ministère de la Défense, afin de ménager les susceptibilités…
Côté français, coup de chapeau aux soldats revenus des « opex » (les opérations extérieures). Des soldats d’infanterie ayant servi en Afghanistan descendront les Champs-Elysées, suivis de leurs camarades du génie et de leurs impressionnants engins mécaniques, tels les Buffalo et Aravis. Succès attendu : les Parisiens pourront acclamer les militaires de la sécurité civile qui sont intervenus en Haïti, après le tremblement de terre tragique du 12 janvier. D’autres soldats du génie revenus du Liban précéderont les commandos de marine qui luttent contre la piraterie au large du golfe d’Aden, dans le cadre de l’opération européenne « Atalante ». Enfin, lors du défilé aérien de clôture, huit parachutistes seront largués, déployant chacun deux étendards des pays invités, ainsi que les drapeaux tricolore et européen.
Le chat noir des antiterroristes
En Afrique, c’est le branle-bas de combat depuis des semaines pour préparer l’événement. Ainsi, au Cameroun, plus précisément à Koutaba, dans le département du Noun, à 370 km de la capitale Yaoundé, nous avons pu rencontrer ceux qui s’apprêtent à défiler. « Pour nous, c’est un grand honneur ! » s’enthousiasme un officier du bataillon aéroporté (BTAP). C’est ce corps d’élite, composé de parachutistes, qui aura le privilège de représenter l’armée camerounaise sur les Champs. Sous la férule de lieutenant-colonel Séverin Eyenga, tous s’entraînent avec assiduité, voire ferveur. Mais seuls quarante d’entre eux, sur les 553 hommes du BTAP, ont fait le voyage de Paris.
Au loin, les montagnes accrochent les nuages. Près des champs de maïs, les paras enchaînent les exercices au quotidien. Le matériel, notamment les parachutes, est fourni par la France. De même, des instructeurs venus de l’Hexagone participent à la formation. Le colonel Eyenga lui-même a suivi une instruction en France. Très fin, l’officier est trop modeste pour verser dans l’autosatisfaction lorsque ses troupes répètent le défilé : « Je ne saurais être à la fois à la fenêtre et me regarder passer dans la rue. » Sur son poitrail, un curieux insigne représentant un chat noir. « Il s’agit de la formation des instructeurs antiterroristes délivrée par les Israéliens », finit-il par confier. Comme quoi la France n’est pas la seule à se soucier de coopération militaire avec l’Afrique.
Un uniforme « surprenant »
Trois heures de ballottage à bord d’un avion Transall et nous voici en République centrafricaine. Bienvenue à Bangui, la capitale. C’est là, au camp Béal, que nous rencontrons les hommes et femmes du bataillon d’honneur qui défileront mercredi à Paris. L’uniforme est soigné : pantalon bleu, veste rouge, plume au chapeau et sabre d’apparat. La tenue a quelque chose de saint-cyrien. Mais le colonel Ladaoua, chef du protocole, nous glisse que celle retenue pour le 14 Juillet sera « différente, très belle et surprenante ». Mais chut !
Dans ce pays pauvre, ravagé par les conflits, l’armée joue un rôle clé. La population attend des élections, promises en 2010 par de grandes affiches à Bangui. Mais elles n’auront pas lieu, sans doute pas non plus en 2011. Les militaires français sont très visibles. Ils participent ainsi activement à la formation de la Fomac, la Force multinationale d’Afrique centrale. Cette unité, composée de troupes de pays parfois antagonistes par le passé, représente l’avenir et un espoir : celui d’une défense et d’une sécurité en Afrique assumées et assurées par les Africains. Un brin lyrique, le lieutenant-colonel Nambobona, qui sera le porte-fanion du défilé, dit son « honneur de participer aux festivités du 14 Juillet. Cela témoigne du courage de Nicolas Sarkozy de convoquer les troupes africaines pour partager l’émotion. Nous avons toujours besoin de la France à nos côtés ». Et réciproquement.
Source: francesoir
Chaque délégation alignera une quarantaine de soldats (hommes et femmes), venus du Cameroun, de République centrafricaine, du Togo, du Mali, du Sénégal, du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Niger, du Burkina, du Tchad, du Congo, de Mauritanie, du Gabon et de Madagascar.
Finalement participante, la Côte d’Ivoire a failli faire faux bond. Un télégramme diplomatique récent, adressé au Quai d’Orsay et au ministère de la Défense, annonçait l’absence de détachement ivorien de Paris. In extremis, un accord a été trouvé, même si le président ivoirien, Laurent Gbagbo, est resté au pays et s’est contenté de déléguer, pour représenter son pays, son ministre de la Défense.
Neuf soldats français tués
Il s’agit là d’un nouvel épisode dans les relations complexes entre la France et la Côte d’Ivoire. Dès 2002, début de la crise interne entre le pouvoir de Gagbo et les rebelles du Nord, la France a dépêché sur place ses militaires. Quelque 900 soldats tricolores constituent, actuellement, la force Licorne, agissant en vertu d’un accord de défense. Leur mission est d’aligner une force d’interposition entre les belligérants. En novembre 2004, l’aviation ivoirienne bombarde le camp militaire français de Bouaké, tuant 9 soldats et en blessant 37 autres.
La riposte est immédiate : les forces aériennes ivoriennes (2 Soukhoï et des hélicoptères) sont totalement anéanties. Aujourd’hui, le dialogue politique aurait repris à Yamoussoukro. Mais le président Gbagbo arrive au terme d’un second mandat de cinq ans, entamé sans élection et qui ne devait être que provisoire… Pour nombre d’observateurs à Paris, militaires et diplomates, si un scrutin présidentiel n’est pas organisé en octobre prochain, le pays pourrait de nouveau sombrer dans les violences.
Tambours et susceptibilités
Ce 14 Juillet débutera par une « animation d’ouverture franco-africaine ». Au programme : musiques et scénographies. Les drapeaux des quatorze pays s’aligneront de front devant la tribune présidentielle. Ils seront accompagnés, à l’arrière, par des tambours. Puis chaque détachement défilera, « dans l’ordre alphabétique des Etats », précise le ministère de la Défense, afin de ménager les susceptibilités…
Côté français, coup de chapeau aux soldats revenus des « opex » (les opérations extérieures). Des soldats d’infanterie ayant servi en Afghanistan descendront les Champs-Elysées, suivis de leurs camarades du génie et de leurs impressionnants engins mécaniques, tels les Buffalo et Aravis. Succès attendu : les Parisiens pourront acclamer les militaires de la sécurité civile qui sont intervenus en Haïti, après le tremblement de terre tragique du 12 janvier. D’autres soldats du génie revenus du Liban précéderont les commandos de marine qui luttent contre la piraterie au large du golfe d’Aden, dans le cadre de l’opération européenne « Atalante ». Enfin, lors du défilé aérien de clôture, huit parachutistes seront largués, déployant chacun deux étendards des pays invités, ainsi que les drapeaux tricolore et européen.
Le chat noir des antiterroristes
En Afrique, c’est le branle-bas de combat depuis des semaines pour préparer l’événement. Ainsi, au Cameroun, plus précisément à Koutaba, dans le département du Noun, à 370 km de la capitale Yaoundé, nous avons pu rencontrer ceux qui s’apprêtent à défiler. « Pour nous, c’est un grand honneur ! » s’enthousiasme un officier du bataillon aéroporté (BTAP). C’est ce corps d’élite, composé de parachutistes, qui aura le privilège de représenter l’armée camerounaise sur les Champs. Sous la férule de lieutenant-colonel Séverin Eyenga, tous s’entraînent avec assiduité, voire ferveur. Mais seuls quarante d’entre eux, sur les 553 hommes du BTAP, ont fait le voyage de Paris.
Au loin, les montagnes accrochent les nuages. Près des champs de maïs, les paras enchaînent les exercices au quotidien. Le matériel, notamment les parachutes, est fourni par la France. De même, des instructeurs venus de l’Hexagone participent à la formation. Le colonel Eyenga lui-même a suivi une instruction en France. Très fin, l’officier est trop modeste pour verser dans l’autosatisfaction lorsque ses troupes répètent le défilé : « Je ne saurais être à la fois à la fenêtre et me regarder passer dans la rue. » Sur son poitrail, un curieux insigne représentant un chat noir. « Il s’agit de la formation des instructeurs antiterroristes délivrée par les Israéliens », finit-il par confier. Comme quoi la France n’est pas la seule à se soucier de coopération militaire avec l’Afrique.
Un uniforme « surprenant »
Trois heures de ballottage à bord d’un avion Transall et nous voici en République centrafricaine. Bienvenue à Bangui, la capitale. C’est là, au camp Béal, que nous rencontrons les hommes et femmes du bataillon d’honneur qui défileront mercredi à Paris. L’uniforme est soigné : pantalon bleu, veste rouge, plume au chapeau et sabre d’apparat. La tenue a quelque chose de saint-cyrien. Mais le colonel Ladaoua, chef du protocole, nous glisse que celle retenue pour le 14 Juillet sera « différente, très belle et surprenante ». Mais chut !
Dans ce pays pauvre, ravagé par les conflits, l’armée joue un rôle clé. La population attend des élections, promises en 2010 par de grandes affiches à Bangui. Mais elles n’auront pas lieu, sans doute pas non plus en 2011. Les militaires français sont très visibles. Ils participent ainsi activement à la formation de la Fomac, la Force multinationale d’Afrique centrale. Cette unité, composée de troupes de pays parfois antagonistes par le passé, représente l’avenir et un espoir : celui d’une défense et d’une sécurité en Afrique assumées et assurées par les Africains. Un brin lyrique, le lieutenant-colonel Nambobona, qui sera le porte-fanion du défilé, dit son « honneur de participer aux festivités du 14 Juillet. Cela témoigne du courage de Nicolas Sarkozy de convoquer les troupes africaines pour partager l’émotion. Nous avons toujours besoin de la France à nos côtés ». Et réciproquement.
Source: francesoir