Les communes d’Aleg, de Bababé, de M’Bagne et de Magta Lahjar se sont dotées de nouveaux maires tandis que Boghé a opté pour la continuité

Brakna : De nouveaux maires dans 4 communes urbaines


Les opérations d’investitures des maires et de leurs adjoints, entamées le 12 décembre se sont achevées jeudi dans les cinq communes chefs-lieux de départements et se poursuivent dans les communes rurales. Les cérémonies d’investitures ont été présidées par le Wali, M. Khyarhoum Ould Moustapha assisté des Hakems en présence des responsables des structures déconcentrées de la CENI.

On observe partout un réel engouement des populations locales qui sont venues en masse, pressées de connaître ceux ou celles qui vont gérer pendant les cinq prochaines années leurs affaires.

Les communes d’Aleg, de Bababé, de M’Bagne et de Magta Lahjar se sont dotées de nouveaux maires tandis que Boghé a opté pour la continuité en reconduisant son maire sortant, M. Bâ Adama. Le choix des premiers magistrats des communes s’est fait, dans certains cas, à la suite d’alliances contre - nature du fait de pressions tribales et familiales. L’argent aurait aussi eu son mot à dire dans ces consultations.


Dans la commune d’Aleg, le chef de file de la liste indépendante " Wivaq min Ejli Attaqaddoum ", M. Mohamed Ould Ahmed Challah est élu avec 11 voix sur 19 dont celle de Ahra mint Menjah, conseiller du Sawab. Cette liste s’est également adjugée les cinq places d’adjoints au maire (le peintre Ghaber et la tonitruante Khadijettou Faye ont notamment pu se faire élire). Le nouveau maire aura la lourde tâche de moderniser une ville qui a du mal à assumer convenablement son rôle de capitale régionale.

A Boghé, le maire UFP sortant, M. Bâ Adama Moussa a été confortablement réélu par ses pairs par 16 voix, 4 abstentions (probablement celles des Indépendants ?) et 1 nul. La liste UFP ayant obtenu la majorité absolue (11 sièges/21) et étant par conséquent la seule à postuler à la fonction, a pu maintenir sa cohésion jusqu’au bout. Elle a obtenu le soutien du RFD, de l’APP, du RD, du Hatem et de l’Alternative qui ont chacun 1 conseiller.

Elle a également raflé les cinq postes d’adjoints : Coumba Samba Niang, Fatimettou mint Ma’aloum, Ndiaye Djibril, Sy Sidi et Samba Lô ont obtenu respectivement 16, 13, 12, 11 et 9 voix. Le dernier a d’ailleurs été élu de justesse à la faveur du critère de l’âge, parce qu’il était à égalité de voix avec la candidate indépendante, Lam Djeïnaba dite Sipa. Le candidat inattendu de l’UFP, Alioune Ould Bekaye et celui du Hatem, Mohamed Moustapha Ould Sidi Mohamed ont recueilli respectivement 7 et 5 voix.

L’annonce de la composition du bureau de la mairie a fait quelques grincements de dents chez de nombreux militants et sympathisants du parti. Les populations de Boghé ne sont pas restées indifférentes à l’investiture de leur maire. De 15 heures à 20 heures, ses partisans se sont massés devant l’Hôtel de ville pour l’ovationner et le reconduire jusqu’à son domicile en scandant le fameux slogan de campagne " Wooté gasii " (le vote est fini !). Les festivités se sont poursuivies tard dans la nuit.

La capitale du Lao revient Ba Abdoulaye Mamadou

A Bababé, le maire sortant, M. Sall Amadou Abou doit céder sa place à l’ex-DG de l’ENER, M. Bâ Abdoulaye Mamadou dont la liste était arrivée en tête mais avec une majorité relative de 7 conseillers sur 19. Il a dû composer avec les conseillers de l’UFP, du RFD (2 voix chacun) et de l’UDP (1 voix) pour se faire élire par 12 voix contre 7 pour son rival, Sall Amadou Abou. Ses alliés ont obtenu en contrepartie les postes de 1er, 4ème et 5ème adjoint.

Le maire sortant, n’ayant obtenu que le soutien de ses 6 conseillers plus celui du PLEJ, a accepté avec beaucoup de sportivité sa défaite en donnant une accolade au nouveau maire élu qu’il a chaleureusement félicité sous les regards attentifs de nombreux Bababois venus assister à l’événement. Ce geste inédit dans le paysage politique de la capitale du Lao a été unanimement salué par de nombreux observateurs.

A M’Bagne, l’élection du candidat RFD, Bâ Mamoudou Yéro Bess, consacre une volonté de rupture avec le passé. Le soutien des conseillers de l’UCD et de l’APP lui a permis de mettre les Indépendants hors-jeu.

Enfin, à Magta Lahjar, contrairement à toute attente, c’est le candidat du Hatem, M. Taher Ould El Varwa, qui est élu au grand dam des responsables locaux du PRDR. Cet ex-commandant et ex-putschiste a réussi à obtenir l’appui de 5 conseillers indépendants de listes différentes et d’un conseiller de l’UDP. Ces six voix ajoutées aux quatre de son parti lui ont permis d’obtenir une courte majorité de 10 voix sur 19. Cette alliance contre - nature avec des ex-PRDS est mal comprise par de nombreux observateurs de la scène politique locale. Des pressions familiales et tribales ont beaucoup contribué à ce résultat.

En contrepartie, les nouveaux alliés du Hatem ont obtenu des postes d’adjoints : Aïchettou mint Mohamed Boukhary, Mohamed Ould Mohamed Amar, Mohamed Ould Ahmed Abd, Naha mint Hmeïmed et Leïla mint Ahmed. Décidément, les politiciens de cette commune ne peuvent pas être accusés de misogynie car ils sont allés bien au-delà des 20% exigés par la loi relative à la représentation des femmes.

Aéré Mbar (moughataa de Bababé) : Dieng Mamadou Abdoulaye renverse la vapeur

En cette matinée du vendredi 15 décembre, la plupart des habitants de la commune de Aéré Mbar s’attendaient à l’élection d’un nouveau maire en la personne du candidat de l’UFP, Dieng Mamadou Hadi soutenu jusque-là par les trois autres conseillers de son parti ainsi que de ceux du RFD (3), de l’UDP (2) et de l’APP (1). Ce qui aurait pu lui conférer une courte majorité de 10 voix contre 9 pour son adversaire, le maire sortant, M. Dieng Mamadou Abdoulaye. Mais c’était sans compter avec les talents de manouvrier de ce dernier qui a déployé tous les moyens pour se maintenir à la tête de cette commune.

En effet, depuis le 19 novembre, le maire sortant n’a cessé de multiplier les contacts pour renverser la vapeur : il y a deux semaines, il aurait vainement tenté de corrompre le conseiller UFP, Djiby Falilou Sy, avant de le traîner devant la gendarmerie après avoir mis en doute sa nationalité mauritanienne. Samedi, soit 24 heures avant la cérémonie d’investiture, M. Dieng Mamadou a réussi à ranger de son côté la conseillère de l’UDP, Mme Zeïnabou mint Berrou, à la suite de multiples pressions familiales. Le député élu de Bababé, M. Bâ Aliou Ibra lui aurait apporté un grand coup de main. C’est ainsi que le maire sortant d’Aéré Mbar a pu retrouver son fauteuil en arrachant 10 sièges contre 9 pour la coalition des partis.

Dar El Barka (moughataa de Boghé) : Le RFD l’emporte de justesse!

Dans cette petite commune du Brakna, le RFD était arrivé en tête avec 8 sièges de conseillers, suivi de son allié l’UFP (5 sièges). L’Alternative et les Indépendants avaient obtenu chacun 3 sièges. Au second tour des législatives, les responsables locaux du RFD se sont déployés corps et âme pour faire passer les candidats de l’UFP, Kebbad Ould Cheikh et Sy Samba espérant par leur loyauté obtenir leur soutien pour l’élection de leur maire. Mais trois des cinq conseiller de l’UFP ont préféré s’abstenir plutôt que de porter leurs voix pour le candidat du RFD, M. Kane Tidjane. Les incompatibilités d’humeurs entre ce dernier et M. Sidi Ould Seïga, chef de file de la liste UFP ont porté un sérieux préjudice à la cohésion au sein de ces deux formations politiques membres de la CFCD.

M. Kane a tout de même pu être élu avec une courte majorité de 10 voix sur 19 (les 8 conseillers du RFD plus 2 de l’UFP). Mais ce qui est surtout frappant dans ce scénario, c’est que les conseillers du RFD, au lieu de faire la réponse du berger à la bergère, ont tous voté pour Sidi Ould Seïga, candidat au poste de 1er adjoint.

L’APP à la tête des mairies de O/ Birom et de Dar El Avia !

Les conseillers de la commune de O/ Birom ont porté leur choix sur leur pair de l’APP, M. Mohamed Vall Ould Ebiyaye. Les Indépendants qui étaient arrivés en tête avec 5 sièges seulement n’ont pu faire le poids face à la coalition des partis : APP 4, RDU 3, UFP 2, RFD 2 et UDP 1 soit un total de 12 sièges. L’ " Union sacrée " des partis a réussi à barrer la route aux ex-compagnons de Maaouya.

A Dar El Avia, c’est le même scénario qui est observé : l’APP avec ses 7 sièges s’est adjugé la mairie avec l’appui des 2 conseillers du RFD et de l’unique conseiller de l’UFP barrant le chemin au PRDR qui n’avait que 5 sièges.

Bagodine Le Satigui évincé

Après sa défaite au second tour des législatives, l’ex-fédéral du PRDR, Ba Bocar Soulé, le Satigui (prince) vient de perdre une nouvelle fois la mairie de Bagodine qu’il dirigeait d’une main de fer depuis plusieurs années. Décidément, le nouveau vent qui souffle dans la moughataa de M’Bagne depuis le changement du 3 août ne porte pas de chances à l’ex-ministre de l’Equipement et des Transports qui se voit évincer par son rival de toujours Bâ Houdou, ex-directeur des Domaines. Cette double défaite sonne le glas d’une recomposition du paysage politique de cette moughataa longtemps placée sous l’escarcelle du PRDS symbolisé par le Satigui et son challenger Houdou Bâ

Dia Abdoulaye Alassane
Cp/Brakna
source : Nouakchott Info