
A peine débarqué en France, il y a 4 ans, Madame Rougui Dia est solidaire de toutes les luttes, présente sur tous les fronts sociaux, mouvement de protestation et de mobilisation engagés par l'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de Mauritanie (AVOMM), créée il y a une dizaine d’années à Paris par d' ex- militaires ayant fui « la terreur, l'oppression , la barbarie » du régime de Maouya Ould Sid’Ahmed Taya. Joviale, discrète et portée sur les carrières sociales, cette jeune dame a été désignée SG de l’Association lors de sa dernière Assemblé générale tenue mi-avril à Boulogne-Billancourt, en France.
Dans l’entretien accordé à Mauitanies1.com, elle évoque, sans faux-fuyants, la plainte déposée par l'AVOMM contre Ould Taya, le « le choix du colonel Dia » comme intermédiaire dans le règlement du passif humanitaire, et bien d’autres sujets…
L'AVOMM a déposé il y a sept ans en Belgique une plainte contre Maouya Ould Sid’Ahmed Taya, pour tortures et crimes contre l'humanité. La justice fédérale belge a jugé début mai cette plainte recevable. Est-ce le début de la fin de votre combat contre l’impunité ?
Cette plainte constitue pour nous le début d’un long processus devant conduire à identifier et à traduire devant la justice tous les responsables des crimes commis par ould taya et ses sbires. Ces hommes qui prétendaient diriger le pays et donc en incarner les lois et les valeurs et qui se sont appliqués à tuer, violer, terroriser et humilier des milliers de leurs compatriotes, ces hommes là doivent être tous identifiés et répondre de leurs forfaits.
Pour faire aboutir cette plainte, nous avons bataillé durant sept ans pour réunir plus d’une centaine de plaintes, nous n’avons pas lésiné sur les moyens pour nous assurer les services de l’un des meilleurs avocats du barreau de Bruxelles et nous nous sommes armés de patience.
Aujourd’hui nous pouvons dire que nous commençons de récolter les fruits de la persévérance de notre combat contre l’impunité.
Aux termes de l’accord-cadre portant sur le règlement du passif humanitaire signé fin mars, les ayant droits des victimes ont bénéficié d’indemnisations et renoncent à toutes poursuites. Cette solution plutôt expéditive et imposée vous parait-t-elle être la solution finale que tout le monde attendait ?
L’AVOMM a déploré le manque de transparence et de communication concernant les initiatives prises par les personnes en charge du dossier du passif humanitaire et l’a dit de vive voix au chef de l’Etat le Général Mohamed Ould Abdelaziz lors des deux rencontres que notre président a eu avec celui-ci.
Le mémorandum que notre président a remis au général comporte des propositions relatives au règlement du passif humanitaire notamment par la création d’une Commission Nationale chargée d’élaborer et de superviser les modalités et les mécanismes nécessaires au règlement des préjudices subis par les victimes.
Nous avons donné notre opinion sur la composition de cette commission, la nature de sa mission, son schéma de travail et les 3 sous-commissions thématiques qui la composent.
Le règlement du passif humanitaire doit être conforme aux normes internationales notamment celles retenues par les experts de la justice transitionnelle et qui ont servi de référence au règlement des passifs humanitaires en Afrique et en Amérique latine.
Malgré le renoncement des ayants droits des victimes à engager toutes nouvelles poursuites contre les coupables, des actions en justice pourront néanmoins, selon le principe de la compétence universelle, être jugées recevables devant certaines juridictions internationales. Cela veut-t-il dire pour vous que rien n’est encore gagné pour les partisans de l’impunité ?
Quelques soient les astuces ou autres amnisties autoproclamées utilisés pour protéger les criminels, ils ne pourront en aucun cas échapper au devoir de justice. Si au niveau national, ces criminels qui continuent pour la plupart à exercer des fonctions dans l’Etat, ne peuvent être poursuivis, alors ils le seront devant les juridictions internationales. Ils n’ont aucune chance d’y échapper.
Peut-on, au vu de la rapidité avec laquelle le HCE a voulu traiter la question du passif humanitaire, accuser le pouvoir militaire d’avoir utilisé ce dossier à des fins purement politiciennes et électoralistes ?
Je crois que la première erreur a été le choix du colonel Dia qui n’a aucun connaissance de la justice transitionnelle et a tout simplement improvisé une approche visant à arracher un consensus à une catégorie de victimes parmi les plus fragiles (les veuves et les orphelins) et les plus mal représentées, certains responsables du COVIRE ont servi à brader le droit de ces victimes pour des raisons inavouées.
Maintenant quelques soient les raisons qui ont poussé les autorités à opérer ce règlement en catimini, nous le rejetons et rappelons que le règlement du passif humanitaire est du ressort d’une commission nationale indépendante.
A moins que le scrutin ne soit reporté, les Mauritaniens iront voter le 06 juin pour élire un nouveau Président. L’un des quatre candidats est issu de la communauté haratine, et deux sont Halpulaar. N’avez-vous pas le sentiment à travers ces « candidatures de couleur » que quelque chose est en train de bouger ?
Si vous voulez dire que les mentalités rétrogrades et les nationalistes arabes chauvins ont été bousculées, c’est tant mieux, mais croyez-moi ils sont toujours présents et prêts à reprendre du service. Soyons sérieux, ce qui importe ce n’est pas ces changements anodins de comportement mais c’est plutôt ce qui a été fait ou sera fait pour une meilleure cohabitation de nos différentes communautés, c’est cet aspect du problème qui sert de baromètre à l’évolution positive de notre société.
Entretien réalisé par Dianifaba
http://www.mauritanies1.com/
Dans l’entretien accordé à Mauitanies1.com, elle évoque, sans faux-fuyants, la plainte déposée par l'AVOMM contre Ould Taya, le « le choix du colonel Dia » comme intermédiaire dans le règlement du passif humanitaire, et bien d’autres sujets…
L'AVOMM a déposé il y a sept ans en Belgique une plainte contre Maouya Ould Sid’Ahmed Taya, pour tortures et crimes contre l'humanité. La justice fédérale belge a jugé début mai cette plainte recevable. Est-ce le début de la fin de votre combat contre l’impunité ?
Cette plainte constitue pour nous le début d’un long processus devant conduire à identifier et à traduire devant la justice tous les responsables des crimes commis par ould taya et ses sbires. Ces hommes qui prétendaient diriger le pays et donc en incarner les lois et les valeurs et qui se sont appliqués à tuer, violer, terroriser et humilier des milliers de leurs compatriotes, ces hommes là doivent être tous identifiés et répondre de leurs forfaits.
Pour faire aboutir cette plainte, nous avons bataillé durant sept ans pour réunir plus d’une centaine de plaintes, nous n’avons pas lésiné sur les moyens pour nous assurer les services de l’un des meilleurs avocats du barreau de Bruxelles et nous nous sommes armés de patience.
Aujourd’hui nous pouvons dire que nous commençons de récolter les fruits de la persévérance de notre combat contre l’impunité.
Aux termes de l’accord-cadre portant sur le règlement du passif humanitaire signé fin mars, les ayant droits des victimes ont bénéficié d’indemnisations et renoncent à toutes poursuites. Cette solution plutôt expéditive et imposée vous parait-t-elle être la solution finale que tout le monde attendait ?
L’AVOMM a déploré le manque de transparence et de communication concernant les initiatives prises par les personnes en charge du dossier du passif humanitaire et l’a dit de vive voix au chef de l’Etat le Général Mohamed Ould Abdelaziz lors des deux rencontres que notre président a eu avec celui-ci.
Le mémorandum que notre président a remis au général comporte des propositions relatives au règlement du passif humanitaire notamment par la création d’une Commission Nationale chargée d’élaborer et de superviser les modalités et les mécanismes nécessaires au règlement des préjudices subis par les victimes.
Nous avons donné notre opinion sur la composition de cette commission, la nature de sa mission, son schéma de travail et les 3 sous-commissions thématiques qui la composent.
Le règlement du passif humanitaire doit être conforme aux normes internationales notamment celles retenues par les experts de la justice transitionnelle et qui ont servi de référence au règlement des passifs humanitaires en Afrique et en Amérique latine.
Malgré le renoncement des ayants droits des victimes à engager toutes nouvelles poursuites contre les coupables, des actions en justice pourront néanmoins, selon le principe de la compétence universelle, être jugées recevables devant certaines juridictions internationales. Cela veut-t-il dire pour vous que rien n’est encore gagné pour les partisans de l’impunité ?
Quelques soient les astuces ou autres amnisties autoproclamées utilisés pour protéger les criminels, ils ne pourront en aucun cas échapper au devoir de justice. Si au niveau national, ces criminels qui continuent pour la plupart à exercer des fonctions dans l’Etat, ne peuvent être poursuivis, alors ils le seront devant les juridictions internationales. Ils n’ont aucune chance d’y échapper.
Peut-on, au vu de la rapidité avec laquelle le HCE a voulu traiter la question du passif humanitaire, accuser le pouvoir militaire d’avoir utilisé ce dossier à des fins purement politiciennes et électoralistes ?
Je crois que la première erreur a été le choix du colonel Dia qui n’a aucun connaissance de la justice transitionnelle et a tout simplement improvisé une approche visant à arracher un consensus à une catégorie de victimes parmi les plus fragiles (les veuves et les orphelins) et les plus mal représentées, certains responsables du COVIRE ont servi à brader le droit de ces victimes pour des raisons inavouées.
Maintenant quelques soient les raisons qui ont poussé les autorités à opérer ce règlement en catimini, nous le rejetons et rappelons que le règlement du passif humanitaire est du ressort d’une commission nationale indépendante.
A moins que le scrutin ne soit reporté, les Mauritaniens iront voter le 06 juin pour élire un nouveau Président. L’un des quatre candidats est issu de la communauté haratine, et deux sont Halpulaar. N’avez-vous pas le sentiment à travers ces « candidatures de couleur » que quelque chose est en train de bouger ?
Si vous voulez dire que les mentalités rétrogrades et les nationalistes arabes chauvins ont été bousculées, c’est tant mieux, mais croyez-moi ils sont toujours présents et prêts à reprendre du service. Soyons sérieux, ce qui importe ce n’est pas ces changements anodins de comportement mais c’est plutôt ce qui a été fait ou sera fait pour une meilleure cohabitation de nos différentes communautés, c’est cet aspect du problème qui sert de baromètre à l’évolution positive de notre société.
Entretien réalisé par Dianifaba
http://www.mauritanies1.com/