
Dans un entretien accordé à Christophe Boisbouvier de rfi et diffusé ce matin, le Président de l'Assemblée Nationale, Monsieur Messaoud Ould Boulkheir, revient sur les déclarations, malheureuses, du président français, se prononce sur les solutions de sortie de crise proposées par Jean Ping et Bernard Kouchner et affirme qu'il est hors de question, pour le Front, d'accepter le fait accompli quitte à empêcher la tenue des élections prévues par la Junte en occupant la rue « et ça entraînera ce que ça entraînera », ajoute-t-il.
Le Président de l'Assemblée Nationale, opposant de première heure au Putsch du Général limogé, avait rendu public, hier, un communiqué demandant à la France de clarifier sa position par rapport au Coup d'Etat du 6 août 2008.
For-Mauritania a transcrit pour vous l'entretien de rfi avec le Président de l'Assemblée Nationale.
Christophe Boisbouvier (CB): Messaoud Ould Boulkheir, bonjour.
Messaoud Ould Boulkheir (MB): Bonjour.
CB: La semaine dernière, lors de sa tournée en Afrique, Nicolas Sarkozy s’est étonné que le Putsch du mois d’août dernier n’ait provoqué ni manifestation ni protestation de la part des Parlementaires mauritaniens. Comment réagissez-vous ?
MB : Je réagis avec étonnement. Tout simplement parce qu’immédiatement la réaction s’est faite entendre. Il y a un front qui s’est constitué des principaux partis de la place et des manifestations spontanées étaient organisées par le Front. Elles ont rassemblé un très grand monde. Elles ont été réprimées violemment autour de l’Assemblée Nationale. Des députés ont été blessés. En suite il y a eu une marche imposante qui avait impressionné tout le monde et qui a montré combien ce coup d’Etat était rejeté par la population ce qui a fait prendre à la Junte la décision d’interdire, purement et simplement, toute manifestation.
CB : Alors comment expliquez-vous ces propos français ? Est-ce que vous les prenez pour un lâchage ?
MB : Non. Ce n’est pas, personnellement, l’interprétation que j’en fais. Ce n’est pas un lâchage. Non. Pas du tout. Tout au plus une surprise que le président de la république française soit si peu informé et qu’il y ait rétention de l’information à certains niveaux inférieurs et que ne lui parvienne qu’une certaine tendance, une certaine voix. Parce que ce n’est un secret pour personne qu’en France il y a la Françafrique qui fait des pieds et des mains pour faire accepter, par la France officielle, le Coup d’Etat. Donc nous pensons qu’on a induit, volontairement, le Président de la République en erreur et c’est très grave, de notre point de vue.
CB : Alors la Communauté Internationale est très divisée. D’un côté, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine annonce que des sanctions individuelles vont être prises contre les putschistes mais de l’autre, le Président en exercice de cette même Union Africaine, vous demande d’accepter le fait accompli. Est-ce que vous n’êtes pas découragés ?
MB : Loin de là ! Bien au contraire. Nous sommes encouragés, parce que ce qui compte c’est surtout la position officielle de l’organisation et notamment celle du CPS de l’Union Africaine. Quant aux déclarations du Colonel Mouammar El Kadhafi, elles n’engagent que sa propre personne.
CB : Après avoir refusé la médiation Kadhafi, vous venez de refuser la médiation d’Abdoulaye Wade, pourquoi ?
MB : Ecoutez, si le Président Wade devait, sérieusement, penser à une médiation, je pense qu’il est de droit pour nous de lui demander d’abord de réviser sa position. Parce qu’il a été le seul, jusqu’à présent, à avoir dit, haut et fort, qu’il soutenait la Junte et qu’il soutenait le Coup d’Etat. Donc, s’il veut servir de médiateur, il faut qu’il ait une position moins partisane.
CB : Alors, la Junte veut organiser une présidentielle le 6 juin prochain et elle annonce que les candidatures doivent être déposées avant le 22 avril. Qu’est ce que vous allez faire ?
MB : Ecoutez, ça ne nous concerne pas. Pour nous, c’est un non événement. Il n’y aura pas de candidature.
CB : Alors, on cherche des solutions de compromis et le Président de la Commission Africaine, Jean Ping, propose avec le soutien du ministre français, Bernard Kouchner, que le général Ould Abdel Aziz démissionne, au moins 45 jours avant la présidentielle et que le président déchu, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, dirige la transition tout en acceptant de passer la main en suite. Qu’est ce que vous en pensez ?
MB : Cette proposition, elle appuie à cent pour cent la proposition de sortie de crise que j’avais moi-même élaborée et elle recoupe, d’autre part, la sortie de crise proposée par le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, parce qu’il n’y a pas plus crédible que lui pour diriger cette transition surtout s’il la dirige pour ne pas se représenter.
CB : Mais si la Junte n’accepte pas ce compromis, qu’est ce que vous allez faire ?
MB : Eh bien nous allons essayer d’empêcher que les élections se passent. Nous essayerons d’occuper la rue, ça vous pouvez en être sûrs et ça entraînera ce que ça entraînera. Nous n’accepterons pas ce fait accompli, c’est tout !
CB : Messaoud ould Boulkheir, merci.
SOURCE/FOR-MAURITANIA
Pour écouter l'entretien, suivre ce lien.
Le Président de l'Assemblée Nationale, opposant de première heure au Putsch du Général limogé, avait rendu public, hier, un communiqué demandant à la France de clarifier sa position par rapport au Coup d'Etat du 6 août 2008.
For-Mauritania a transcrit pour vous l'entretien de rfi avec le Président de l'Assemblée Nationale.
Christophe Boisbouvier (CB): Messaoud Ould Boulkheir, bonjour.
Messaoud Ould Boulkheir (MB): Bonjour.
CB: La semaine dernière, lors de sa tournée en Afrique, Nicolas Sarkozy s’est étonné que le Putsch du mois d’août dernier n’ait provoqué ni manifestation ni protestation de la part des Parlementaires mauritaniens. Comment réagissez-vous ?
MB : Je réagis avec étonnement. Tout simplement parce qu’immédiatement la réaction s’est faite entendre. Il y a un front qui s’est constitué des principaux partis de la place et des manifestations spontanées étaient organisées par le Front. Elles ont rassemblé un très grand monde. Elles ont été réprimées violemment autour de l’Assemblée Nationale. Des députés ont été blessés. En suite il y a eu une marche imposante qui avait impressionné tout le monde et qui a montré combien ce coup d’Etat était rejeté par la population ce qui a fait prendre à la Junte la décision d’interdire, purement et simplement, toute manifestation.
CB : Alors comment expliquez-vous ces propos français ? Est-ce que vous les prenez pour un lâchage ?
MB : Non. Ce n’est pas, personnellement, l’interprétation que j’en fais. Ce n’est pas un lâchage. Non. Pas du tout. Tout au plus une surprise que le président de la république française soit si peu informé et qu’il y ait rétention de l’information à certains niveaux inférieurs et que ne lui parvienne qu’une certaine tendance, une certaine voix. Parce que ce n’est un secret pour personne qu’en France il y a la Françafrique qui fait des pieds et des mains pour faire accepter, par la France officielle, le Coup d’Etat. Donc nous pensons qu’on a induit, volontairement, le Président de la République en erreur et c’est très grave, de notre point de vue.
CB : Alors la Communauté Internationale est très divisée. D’un côté, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine annonce que des sanctions individuelles vont être prises contre les putschistes mais de l’autre, le Président en exercice de cette même Union Africaine, vous demande d’accepter le fait accompli. Est-ce que vous n’êtes pas découragés ?
MB : Loin de là ! Bien au contraire. Nous sommes encouragés, parce que ce qui compte c’est surtout la position officielle de l’organisation et notamment celle du CPS de l’Union Africaine. Quant aux déclarations du Colonel Mouammar El Kadhafi, elles n’engagent que sa propre personne.
CB : Après avoir refusé la médiation Kadhafi, vous venez de refuser la médiation d’Abdoulaye Wade, pourquoi ?
MB : Ecoutez, si le Président Wade devait, sérieusement, penser à une médiation, je pense qu’il est de droit pour nous de lui demander d’abord de réviser sa position. Parce qu’il a été le seul, jusqu’à présent, à avoir dit, haut et fort, qu’il soutenait la Junte et qu’il soutenait le Coup d’Etat. Donc, s’il veut servir de médiateur, il faut qu’il ait une position moins partisane.
CB : Alors, la Junte veut organiser une présidentielle le 6 juin prochain et elle annonce que les candidatures doivent être déposées avant le 22 avril. Qu’est ce que vous allez faire ?
MB : Ecoutez, ça ne nous concerne pas. Pour nous, c’est un non événement. Il n’y aura pas de candidature.
CB : Alors, on cherche des solutions de compromis et le Président de la Commission Africaine, Jean Ping, propose avec le soutien du ministre français, Bernard Kouchner, que le général Ould Abdel Aziz démissionne, au moins 45 jours avant la présidentielle et que le président déchu, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, dirige la transition tout en acceptant de passer la main en suite. Qu’est ce que vous en pensez ?
MB : Cette proposition, elle appuie à cent pour cent la proposition de sortie de crise que j’avais moi-même élaborée et elle recoupe, d’autre part, la sortie de crise proposée par le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, parce qu’il n’y a pas plus crédible que lui pour diriger cette transition surtout s’il la dirige pour ne pas se représenter.
CB : Mais si la Junte n’accepte pas ce compromis, qu’est ce que vous allez faire ?
MB : Eh bien nous allons essayer d’empêcher que les élections se passent. Nous essayerons d’occuper la rue, ça vous pouvez en être sûrs et ça entraînera ce que ça entraînera. Nous n’accepterons pas ce fait accompli, c’est tout !
CB : Messaoud ould Boulkheir, merci.
SOURCE/FOR-MAURITANIA
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