
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
À l’occasion du lancement de l’édition 2009 du rapport annuel d’Amnistie internationale, qui souligne qu’au-delà de la crise économique existe une crise profonde des droits humains, Béatrice Vaugrante, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone, interpelle le Canada dont le leadership mondial en termes de droits humains est en déclin.
« L’Organisation des Nations unies (ONU) pour l’alimentation et l’agriculture ont annoncé que 40 millions de personnes sont venues grossir les rangs des personnes sous-alimentées dans le monde dont le nombre maintenant frôle le milliard » souligne Béatrice Vaugrante. « Pour faire face aux conséquences réelles de la crise économique, il faut une réponse mondialement coordonnée, fondée sur les droits humains et l’État de droit. C’est uniquement ainsi que l’on y parviendra. Le monde a besoin d’un système équitable qui fonctionne pour tous ses habitants. »
« Les milliards trouvés soudainement pour stimuler des secteurs nationaux financiers et économiques, qui nourrissent une consommation effrénée au prix de privations pour un grand nombre, sont indécents quand on ne peut plus ignorer que l’insécurité, l’injustice et la perte de dignité sont le lot de milliards d’êtres humains. Il nous faut, au contraire, des solutions mondiales portées par des leaders de la stature de ceux qui ont signé la Déclaration universelle des droits de l‘homme en 1948. C’est en ce moment que le rôle historiquement joué par le Canada, en matière de protection des droits humains, devrait se faire valoir. Malheureusement, sur le plan national comme sur celui international, nous assistons à un recul dramatique envers nos engagements ».
« L’ONU a présenté de nombreuses recommandations importantes au Canada, dans les dernières décennies, touchant un vaste éventail de préoccupations quant aux droits fondamentaux, mais le Canada ne les a pas mises en application » rappelle Béatrice Vaugrante.
La mondialisation économique s’est accompagnée d’une modification des rapports de force géopolitiques. Une nouvelle génération d’États, représentés par le G20, revendique aujourd’hui le droit de diriger le Monde. Mais s’ils veulent vraiment être des leaders mondiaux, les États membres du G20 doivent adhérer aux valeurs universelles, regarder en face leurs propres bilans, peu reluisants, et en finir avec leur politique du « deux poids, deux mesures » dans le domaine des droits humains. L’insécurité, l’injustice et l’avilissement sont aujourd’hui le lot de milliards d'êtres humains. La crise actuelle est faite de pénuries de nourriture, d’emplois, d’eau salubre, de terrains et de logements, ainsi que de privations et de discrimination, d’une inégalité croissante, de xénophobie et de racisme, de violence et de répression partout dans le monde. De nombreux exemples nous sont fournis tous les jours :
• Des communautés indigènes et des groupes marginalisés ont été privés de certains de leurs droits fondamentaux à une vie décente, et cela malgré la croissance économique constatée dans des pays comme le Brésil, le Mexique et l’Inde.
• Des centaines de milliers de personnes, vivant dans des bidonvilles et des zones rurales, ont été déracinées de force au nom du développement économique.
• La flambée des prix des denrées alimentaires a aggravé la faim et favorisé les maladies, et certains gouvernements – notamment en Corée du Nord, au Myanmar ou encore au Zimbabwe – ont fait de la nourriture une arme politique.
• La discrimination et les violences contre les femmes ont perdurés.
• En réaction aux pressions migratoires, les pays d’accueil et de transit ont adopté des mesures encore plus restrictives afin de maintenir les personnes hors de leurs frontières. L’Union européenne ouvre la marche en collaboration avec des États tels que le Maroc, la Mauritanie et la Libye.
Le rapport annuel d’Amnistie internationale souligne combien les signes de tension et de violence politique se multiplient, en notant la dureté avec laquelle les autorités ont réagi à certaines manifestations contre la situation économique, sociale et politique dans des pays comme la Tunisie, l’Égypte, le Cameroun et d’autres nations d’Afrique. L’impunité de la police et des forces de sécurité a été généralisée. La récession risque de donner lieu à une répression accrue.
« La Chine et la Russie sont la preuve que les marchés ouverts ne font pas des sociétés ouvertes. Un peu partout dans le monde, l’an dernier, des défenseurs des droits humains, des journalistes, des avocats, des syndicalistes et d’autres responsables de la société civile ont été harcelés, agressés ou tués en toute impunité » souligne Béatrice Vaugrante.
Les dirigeants du monde se focalisent sur les moyens de relancer l’économie mondiale, mais ne prêtent pas attention aux conflits meurtriers. De Gaza au Darfour ou de l’est de la RDC au nord du Sri Lanka, le nombre de victimes des conflits est terrifiant, et la tiédeur avec laquelle la communauté internationale a réagi est choquante. De vastes ressources sont consacrées à la lutte contre la piraterie au large de la Somalie, mais rien n’est fait pour empêcher l’entrée d’armes qui tuent des civils dans ce même pays. L’intervention militaire est renforcée en Afghanistan et au Pakistan, mais les conséquences des conflits sur le plan humanitaire et en termes de droits humains sont minimisées.
« Ignorer une crise pour se concentrer exclusivement sur une autre est la meilleure façon d’aggraver les deux, observe Béatrice Vaugrante. Il ne peut y avoir de reprise économique sans stabilité politique. Or, les mêmes dirigeants de la planète qui s’affairent à mettre en place des trains de mesures destinées à relancer l’économie mondiale continuent d’ignorer les conflits qui, sur toute la surface du globe, engendrent des atteintes massives aux droits humains, font s’enfoncer les gens dans la misère et mettent en péril la stabilité régionale. »
« La nouvelle orientation du G20 est gâchée par de vieilles approches qui ont échoué en matière de droits humains. Les violations, les discours non suivis d’action, le fait de défendre les droits humains à l’étranger mais de ne leur accorder aucune considération chez soi ou de préserver des alliés de leur obligation de rendre des comptes – tout cela ne donne pas confiance en l’orientation collective du G20 pour les droits humains. »
Amnistie internationale a précisé qu’une nouvelle donne mondiale pour les droits humains devait rejeter toute approche sélective de ceux-ci. En faisant valoir que la crise des droits humains souligne l’urgence d’un changement radical, Béatrice Vaugrante annonce le lancement de la prochaine campagne mondiale d’Amnistie internationale intitulée Exigeons la dignité. Cette campagne aura pour objectif de lutter contre les atteintes aux droits humains qui participent à l’extension et à l’aggravation de la pauvreté. Le rapport annuel 2009 d’Amnistie internationale, bilan des droits humains dans le monde dressé par l’organisation, examine l’évolution de la situation des droits humains dans 157 pays de janvier à décembre 2008. L’avant-propos analyse l’impact de la crise économique et d’autres événements relatifs aux droits humains. Les résumés régionaux mettent en évidence des exemples de dénuement, d’exclusion et d’insécurité ainsi que de répression des personnes qui cherchent à se faire entendre. La campagne Exigeons la dignité d’Amnistie internationale aura pour but de donner, à ceux qui vivent dans la pauvreté, les moyens de faire valoir leurs droits. Amnistie internationale Canada francophone mettra l’accent sur :
• Le droit au logement et le respect des droits économiques, sociaux et culturels (DESC) ;
• les bidonvilles, en demandant que cessent les expulsions forcées ;
• la mortalité maternelle, en réclamant le respect du droit des femmes à la santé en matière de sexualité et de procréation, et à la santé maternelle ;
• les industries extractives, en tentant d’obtenir que les entreprises concernées soient amenées à rendre des comptes pour les atteintes aux droits humains commises ;
• le respect de tous les droits humains, en appelant les États-Unis à ratifier le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) et la Chine à ratifier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP).
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http://www.amnistie.ca/index.php
À l’occasion du lancement de l’édition 2009 du rapport annuel d’Amnistie internationale, qui souligne qu’au-delà de la crise économique existe une crise profonde des droits humains, Béatrice Vaugrante, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone, interpelle le Canada dont le leadership mondial en termes de droits humains est en déclin.
« L’Organisation des Nations unies (ONU) pour l’alimentation et l’agriculture ont annoncé que 40 millions de personnes sont venues grossir les rangs des personnes sous-alimentées dans le monde dont le nombre maintenant frôle le milliard » souligne Béatrice Vaugrante. « Pour faire face aux conséquences réelles de la crise économique, il faut une réponse mondialement coordonnée, fondée sur les droits humains et l’État de droit. C’est uniquement ainsi que l’on y parviendra. Le monde a besoin d’un système équitable qui fonctionne pour tous ses habitants. »
« Les milliards trouvés soudainement pour stimuler des secteurs nationaux financiers et économiques, qui nourrissent une consommation effrénée au prix de privations pour un grand nombre, sont indécents quand on ne peut plus ignorer que l’insécurité, l’injustice et la perte de dignité sont le lot de milliards d’êtres humains. Il nous faut, au contraire, des solutions mondiales portées par des leaders de la stature de ceux qui ont signé la Déclaration universelle des droits de l‘homme en 1948. C’est en ce moment que le rôle historiquement joué par le Canada, en matière de protection des droits humains, devrait se faire valoir. Malheureusement, sur le plan national comme sur celui international, nous assistons à un recul dramatique envers nos engagements ».
« L’ONU a présenté de nombreuses recommandations importantes au Canada, dans les dernières décennies, touchant un vaste éventail de préoccupations quant aux droits fondamentaux, mais le Canada ne les a pas mises en application » rappelle Béatrice Vaugrante.
La mondialisation économique s’est accompagnée d’une modification des rapports de force géopolitiques. Une nouvelle génération d’États, représentés par le G20, revendique aujourd’hui le droit de diriger le Monde. Mais s’ils veulent vraiment être des leaders mondiaux, les États membres du G20 doivent adhérer aux valeurs universelles, regarder en face leurs propres bilans, peu reluisants, et en finir avec leur politique du « deux poids, deux mesures » dans le domaine des droits humains. L’insécurité, l’injustice et l’avilissement sont aujourd’hui le lot de milliards d'êtres humains. La crise actuelle est faite de pénuries de nourriture, d’emplois, d’eau salubre, de terrains et de logements, ainsi que de privations et de discrimination, d’une inégalité croissante, de xénophobie et de racisme, de violence et de répression partout dans le monde. De nombreux exemples nous sont fournis tous les jours :
• Des communautés indigènes et des groupes marginalisés ont été privés de certains de leurs droits fondamentaux à une vie décente, et cela malgré la croissance économique constatée dans des pays comme le Brésil, le Mexique et l’Inde.
• Des centaines de milliers de personnes, vivant dans des bidonvilles et des zones rurales, ont été déracinées de force au nom du développement économique.
• La flambée des prix des denrées alimentaires a aggravé la faim et favorisé les maladies, et certains gouvernements – notamment en Corée du Nord, au Myanmar ou encore au Zimbabwe – ont fait de la nourriture une arme politique.
• La discrimination et les violences contre les femmes ont perdurés.
• En réaction aux pressions migratoires, les pays d’accueil et de transit ont adopté des mesures encore plus restrictives afin de maintenir les personnes hors de leurs frontières. L’Union européenne ouvre la marche en collaboration avec des États tels que le Maroc, la Mauritanie et la Libye.
Le rapport annuel d’Amnistie internationale souligne combien les signes de tension et de violence politique se multiplient, en notant la dureté avec laquelle les autorités ont réagi à certaines manifestations contre la situation économique, sociale et politique dans des pays comme la Tunisie, l’Égypte, le Cameroun et d’autres nations d’Afrique. L’impunité de la police et des forces de sécurité a été généralisée. La récession risque de donner lieu à une répression accrue.
« La Chine et la Russie sont la preuve que les marchés ouverts ne font pas des sociétés ouvertes. Un peu partout dans le monde, l’an dernier, des défenseurs des droits humains, des journalistes, des avocats, des syndicalistes et d’autres responsables de la société civile ont été harcelés, agressés ou tués en toute impunité » souligne Béatrice Vaugrante.
Les dirigeants du monde se focalisent sur les moyens de relancer l’économie mondiale, mais ne prêtent pas attention aux conflits meurtriers. De Gaza au Darfour ou de l’est de la RDC au nord du Sri Lanka, le nombre de victimes des conflits est terrifiant, et la tiédeur avec laquelle la communauté internationale a réagi est choquante. De vastes ressources sont consacrées à la lutte contre la piraterie au large de la Somalie, mais rien n’est fait pour empêcher l’entrée d’armes qui tuent des civils dans ce même pays. L’intervention militaire est renforcée en Afghanistan et au Pakistan, mais les conséquences des conflits sur le plan humanitaire et en termes de droits humains sont minimisées.
« Ignorer une crise pour se concentrer exclusivement sur une autre est la meilleure façon d’aggraver les deux, observe Béatrice Vaugrante. Il ne peut y avoir de reprise économique sans stabilité politique. Or, les mêmes dirigeants de la planète qui s’affairent à mettre en place des trains de mesures destinées à relancer l’économie mondiale continuent d’ignorer les conflits qui, sur toute la surface du globe, engendrent des atteintes massives aux droits humains, font s’enfoncer les gens dans la misère et mettent en péril la stabilité régionale. »
« La nouvelle orientation du G20 est gâchée par de vieilles approches qui ont échoué en matière de droits humains. Les violations, les discours non suivis d’action, le fait de défendre les droits humains à l’étranger mais de ne leur accorder aucune considération chez soi ou de préserver des alliés de leur obligation de rendre des comptes – tout cela ne donne pas confiance en l’orientation collective du G20 pour les droits humains. »
Amnistie internationale a précisé qu’une nouvelle donne mondiale pour les droits humains devait rejeter toute approche sélective de ceux-ci. En faisant valoir que la crise des droits humains souligne l’urgence d’un changement radical, Béatrice Vaugrante annonce le lancement de la prochaine campagne mondiale d’Amnistie internationale intitulée Exigeons la dignité. Cette campagne aura pour objectif de lutter contre les atteintes aux droits humains qui participent à l’extension et à l’aggravation de la pauvreté. Le rapport annuel 2009 d’Amnistie internationale, bilan des droits humains dans le monde dressé par l’organisation, examine l’évolution de la situation des droits humains dans 157 pays de janvier à décembre 2008. L’avant-propos analyse l’impact de la crise économique et d’autres événements relatifs aux droits humains. Les résumés régionaux mettent en évidence des exemples de dénuement, d’exclusion et d’insécurité ainsi que de répression des personnes qui cherchent à se faire entendre. La campagne Exigeons la dignité d’Amnistie internationale aura pour but de donner, à ceux qui vivent dans la pauvreté, les moyens de faire valoir leurs droits. Amnistie internationale Canada francophone mettra l’accent sur :
• Le droit au logement et le respect des droits économiques, sociaux et culturels (DESC) ;
• les bidonvilles, en demandant que cessent les expulsions forcées ;
• la mortalité maternelle, en réclamant le respect du droit des femmes à la santé en matière de sexualité et de procréation, et à la santé maternelle ;
• les industries extractives, en tentant d’obtenir que les entreprises concernées soient amenées à rendre des comptes pour les atteintes aux droits humains commises ;
• le respect de tous les droits humains, en appelant les États-Unis à ratifier le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) et la Chine à ratifier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP).
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