
OCVIDH : Pensez-vous que l’arrestation des leaders de l’IRA et du FLERE est la réponse adéquate par rapport au problème posé par ces derniers ?
J’avoue que je suis, comme tant de mauritaniens, avec attention la suite des événements. L’arrestation des leaders de l’IRA et du FLERE est la suite logique des activités de mobilisation déployées ces derniers mois par l’IRA. En effet, rare sont les mouvements mauritaniens qui aspirent de manière conséquente à une forte visibilité extérieure accompagnée par un déploiement logique sur le terrain mauritanien lui-même. Au-delà de la sensibilité de la question de l’esclavage et des discriminations, l’IRA était naturellement dans le viseur du régime. Il est impossible de penser un seul moment que l’Etat ne réfléchissait pas sur les moyens et les tactiques « adéquates » pour faire arrêter soit les dirigeants les plus en vue soit les membres de ces organisations.
Il fallait trouver une occasion pour passer à l’acte puisque tout simplement l’IRA « est allée loin » depuis bien longtemps en défiant l’ensemble des acteurs accusés de connivence non seulement avec les tenants de cette pratique mais aussi de l’Etat qui n’allie pas les principes des lois aux actes quotidiens. La jonction entre militants des « causes perdues » ne pouvaient que susciter l’inquiétude des tenants du pouvoir. La « provocation » est allée trop loin et cela n’est pas admissible pour un Etat qui refuse systématiquement de voir la réalité en face pour prendre les mesures idoines afin de combattre ces maux qui gangrènent la société mauritanienne et qui l’empêchent d’user « du langage dans une perspective d’entente » salvatrice pour l’ensemble des Mauritaniens. Cette nouvelle jonction porte bien un nom terriblement évocateur : FLERE. Et qui flaire est bien dans le buisson, mais l’Etat mauritanien est rodé en matière de guet-à-pens. Et le résultat est là.
Mais je pense, sans être cynique, que cette arrestation est aussi de bonne augure pour deux raisons toutes simples. D’abord elle permettra de mesurer le degré d’engagement des uns et des autres (je n’en doute pas un seul moment) et ensuite elle figurera sur le CV militant des ces hommes renforçant du coup leur aura nationale et internationale.
J’avoue que je suis, comme tant de mauritaniens, avec attention la suite des événements. L’arrestation des leaders de l’IRA et du FLERE est la suite logique des activités de mobilisation déployées ces derniers mois par l’IRA. En effet, rare sont les mouvements mauritaniens qui aspirent de manière conséquente à une forte visibilité extérieure accompagnée par un déploiement logique sur le terrain mauritanien lui-même. Au-delà de la sensibilité de la question de l’esclavage et des discriminations, l’IRA était naturellement dans le viseur du régime. Il est impossible de penser un seul moment que l’Etat ne réfléchissait pas sur les moyens et les tactiques « adéquates » pour faire arrêter soit les dirigeants les plus en vue soit les membres de ces organisations.
Il fallait trouver une occasion pour passer à l’acte puisque tout simplement l’IRA « est allée loin » depuis bien longtemps en défiant l’ensemble des acteurs accusés de connivence non seulement avec les tenants de cette pratique mais aussi de l’Etat qui n’allie pas les principes des lois aux actes quotidiens. La jonction entre militants des « causes perdues » ne pouvaient que susciter l’inquiétude des tenants du pouvoir. La « provocation » est allée trop loin et cela n’est pas admissible pour un Etat qui refuse systématiquement de voir la réalité en face pour prendre les mesures idoines afin de combattre ces maux qui gangrènent la société mauritanienne et qui l’empêchent d’user « du langage dans une perspective d’entente » salvatrice pour l’ensemble des Mauritaniens. Cette nouvelle jonction porte bien un nom terriblement évocateur : FLERE. Et qui flaire est bien dans le buisson, mais l’Etat mauritanien est rodé en matière de guet-à-pens. Et le résultat est là.
Mais je pense, sans être cynique, que cette arrestation est aussi de bonne augure pour deux raisons toutes simples. D’abord elle permettra de mesurer le degré d’engagement des uns et des autres (je n’en doute pas un seul moment) et ensuite elle figurera sur le CV militant des ces hommes renforçant du coup leur aura nationale et internationale.

OCVIDH : Abdoul Birane WANE, porte-parole du FLERE, parle lui de racisme. Qu’en pensez-vous ?
Je suis souvent contre ce raccourci qui ôte à la lutte sa saveur. Les gens ne luttent pas seulement parce qu’ils sont noirs. Non je suis en opposition avec cette assertion. Bien sûr que je n’oublie pas une chose : ils sont tous noirs. Mais ils portent en eux les principes de défendre les droits humains partout où ils seront bafoués dans ce monde. Mais chez nous il est très facile de mettre cette marque un peu pathologique. C’est comme ces votes ethniques dont on accuse les Africains. Cette attitude me frustre très souvent même si l’oppression touche les Noirs. Il est hors de question, pour moi, de me laisser piéger par le constat chromatique sinon la valeur intrinsèque de la lute n’aura plus de sens. La lutte tourne autour de la digité humaine et de la reconnaissance cette vertu comme fondement d’un devenir commun et partagé. Je sais qu’en prenant cette posture je risque fort d’être incompris ou tout simplement qualifié de « politiquement correct », mais j’avoue que je ne fonctionne plus en tant que noir dans le sens premier que recouvre ce qualificatif. Je suis un être humain qui abhorre toute forme d’oppression d’où qu’elle et quelque soit la couleur et la nationalité de la personne opprimée et/ou dévalorisée. La focalisation si maladive et maladroite sur ce seul aspect ne rend pas service. Je me surprends en train de penser qu’elle porte en elle un certain vice de forme et de perspective. Il faut que les gens sortent de cette « cachette » pour dire qu’au-delà de cette vérité ce sont bien des êtres humains imbus des réalités démocratiques et des principes humains qui se battent contre l’ensemble des mécanismes qui nous oppressent et qui nous maintiennent dans cette « enfance ». Le porte-parole est libre d’utiliser les termes pour qualifier l’arrestation, mais je me positionne autrement. Ce sont des hommes qui luttent pour la reconnaissance de leurs droits qui se battent au péril de leur santé et de leur vie tout court. Je n’ai pas assez de place, ici, pour épiloguer autour de cette question sur laquelle nous devons sérieusement travailler afin de ne point répondre à cette forme d’assignation.
Je suis souvent contre ce raccourci qui ôte à la lutte sa saveur. Les gens ne luttent pas seulement parce qu’ils sont noirs. Non je suis en opposition avec cette assertion. Bien sûr que je n’oublie pas une chose : ils sont tous noirs. Mais ils portent en eux les principes de défendre les droits humains partout où ils seront bafoués dans ce monde. Mais chez nous il est très facile de mettre cette marque un peu pathologique. C’est comme ces votes ethniques dont on accuse les Africains. Cette attitude me frustre très souvent même si l’oppression touche les Noirs. Il est hors de question, pour moi, de me laisser piéger par le constat chromatique sinon la valeur intrinsèque de la lute n’aura plus de sens. La lutte tourne autour de la digité humaine et de la reconnaissance cette vertu comme fondement d’un devenir commun et partagé. Je sais qu’en prenant cette posture je risque fort d’être incompris ou tout simplement qualifié de « politiquement correct », mais j’avoue que je ne fonctionne plus en tant que noir dans le sens premier que recouvre ce qualificatif. Je suis un être humain qui abhorre toute forme d’oppression d’où qu’elle et quelque soit la couleur et la nationalité de la personne opprimée et/ou dévalorisée. La focalisation si maladive et maladroite sur ce seul aspect ne rend pas service. Je me surprends en train de penser qu’elle porte en elle un certain vice de forme et de perspective. Il faut que les gens sortent de cette « cachette » pour dire qu’au-delà de cette vérité ce sont bien des êtres humains imbus des réalités démocratiques et des principes humains qui se battent contre l’ensemble des mécanismes qui nous oppressent et qui nous maintiennent dans cette « enfance ». Le porte-parole est libre d’utiliser les termes pour qualifier l’arrestation, mais je me positionne autrement. Ce sont des hommes qui luttent pour la reconnaissance de leurs droits qui se battent au péril de leur santé et de leur vie tout court. Je n’ai pas assez de place, ici, pour épiloguer autour de cette question sur laquelle nous devons sérieusement travailler afin de ne point répondre à cette forme d’assignation.

OCVIDH : Tout récemment, dans votre communication lors de la journée-conférence de l’AVOMM à Mantes-la-Jolie, vous parliez du FLERE comme une organisation à soutenir. Quel conseil leur donneriez-vous, et comment peuvent-ils élargir leur base stratégique ?
Je parlais de IRA et non de l’organisation commune née d’une fusion des intelligences stratégiques et programmatiques. Ce serait trop prétentieux de ma part (trop risqué !) de vouloir donner des recettes organisationnelles, d’élargissement de la base et des tactiques de lutte. Je ne suis ni un stratège ni une spécialiste des techniques de l’action collective ou individuelle. Mais je vais néanmoins, pour ne pas fuir devant la question posée, soutenir tout simplement que ce que j’ai voulu dire, en prônant l’accompagnement de IRA, qu’il était indispensable de fédérer les énergies, d’affiner les discours, de réfléchir davantage et avec tact sur les modalités de la lutte commune car la volonté à elle seule ne résout rien. Il faut aller au-delà de la volonté pour effacer le chromatisme (vous voyez je reviens sur la couleur) car à lui seul il ne constitue point un élément de solidarité et de convergence. Je suis encore contre cette idée de stratégie éphémère et fugace qui laisse derrière elle la pensée pour le long terme. Il faut un programme alternatif solide capable de dissiper des malentendus profonds dont l’historicité est non démentie. Il faut qu’on puisse vider de manière intelligente les travers de ce que j’ai appelé le « mensonge utile » qui a longtemps régné en maître entre les acteurs de tous les bords.
Enfin je pense que pour soutenir sérieusement ce mouvement, il faut l’aider dans son discours de tous les jours, ses techniques de recrutement, ses méthodes de communication, renforcer son maillage national pour en faire un mouvement « indécapitable » et qui continuera à fonctionner même si ses dirigeants sont absents de manière momentanée ou longue. C’est cela qui a manqué les années passées et c’est cela qui risque de manquer encore une fois puisque tout simplement le cours terme est la chose la mieux partagée chez nous. Ce mouvement ne doit pas être seulement exclusif, il doit travailler à inclure l’ensemble de ceux qui luttent contre l’oppression même s’ils sont de l’autre bord, pour parler couleur même s’ils sont blancs. Il faut une réelle pédagogie qui puisse toucher un ensemble plus représentatif de la réalité sociologique du pays. Finalement j’ai envie de dire qu’il faut qu’il pense social et qu’il évite politique. Il est certes difficile de tracer cette frontière étanche entre les deux postures, mais c’est possible et cela ne dépend que de la façon d’aborder les questions, des tactiques utilisées pour la diffusion des messages et du traitement de l’information.
Je pense qu’une fois sortis de prison les leaders se concentreront davantage sur la question de stratégie et de comment éviter, justement, qu’ils soient cueillis aussi facilement qu’un simple militant. Vous voyez bien que pratiquement personne n’a manifesté encore dans la rue pour demander leur libération sans condition et cela dénote une chose importante/inquiétante - au-delà des réalités policières du pays – le manque de réactivité de la population concernée. Je vais être un peu dur, mais l’arrestation des leaders devait émouvoir et non susciter une sclérose comme si une lassitude pointait à l’horizon. Les mouvements des Droits humains en Mauritanie sont encore trop bureaucratiques je crois et restent sur la large marge de la « dénonciation » et non sur celle de la formalisation d’un discours cohérent avec des mots rassembleurs et attirants. J’ai envie d’emprunter à l’amour toute sa beauté pour dire qu’il faut qu’ils soient de belles mariées. C’est d’une question de méthode de séduction et d’éducation qu’il s’agit. Finalement pour aider le mouvement, il faut de manière résolue prendre le chemin assez long de ce que nous pourrons appeler la « sagesse pratique ».
Je parlais de IRA et non de l’organisation commune née d’une fusion des intelligences stratégiques et programmatiques. Ce serait trop prétentieux de ma part (trop risqué !) de vouloir donner des recettes organisationnelles, d’élargissement de la base et des tactiques de lutte. Je ne suis ni un stratège ni une spécialiste des techniques de l’action collective ou individuelle. Mais je vais néanmoins, pour ne pas fuir devant la question posée, soutenir tout simplement que ce que j’ai voulu dire, en prônant l’accompagnement de IRA, qu’il était indispensable de fédérer les énergies, d’affiner les discours, de réfléchir davantage et avec tact sur les modalités de la lutte commune car la volonté à elle seule ne résout rien. Il faut aller au-delà de la volonté pour effacer le chromatisme (vous voyez je reviens sur la couleur) car à lui seul il ne constitue point un élément de solidarité et de convergence. Je suis encore contre cette idée de stratégie éphémère et fugace qui laisse derrière elle la pensée pour le long terme. Il faut un programme alternatif solide capable de dissiper des malentendus profonds dont l’historicité est non démentie. Il faut qu’on puisse vider de manière intelligente les travers de ce que j’ai appelé le « mensonge utile » qui a longtemps régné en maître entre les acteurs de tous les bords.
Enfin je pense que pour soutenir sérieusement ce mouvement, il faut l’aider dans son discours de tous les jours, ses techniques de recrutement, ses méthodes de communication, renforcer son maillage national pour en faire un mouvement « indécapitable » et qui continuera à fonctionner même si ses dirigeants sont absents de manière momentanée ou longue. C’est cela qui a manqué les années passées et c’est cela qui risque de manquer encore une fois puisque tout simplement le cours terme est la chose la mieux partagée chez nous. Ce mouvement ne doit pas être seulement exclusif, il doit travailler à inclure l’ensemble de ceux qui luttent contre l’oppression même s’ils sont de l’autre bord, pour parler couleur même s’ils sont blancs. Il faut une réelle pédagogie qui puisse toucher un ensemble plus représentatif de la réalité sociologique du pays. Finalement j’ai envie de dire qu’il faut qu’il pense social et qu’il évite politique. Il est certes difficile de tracer cette frontière étanche entre les deux postures, mais c’est possible et cela ne dépend que de la façon d’aborder les questions, des tactiques utilisées pour la diffusion des messages et du traitement de l’information.
Je pense qu’une fois sortis de prison les leaders se concentreront davantage sur la question de stratégie et de comment éviter, justement, qu’ils soient cueillis aussi facilement qu’un simple militant. Vous voyez bien que pratiquement personne n’a manifesté encore dans la rue pour demander leur libération sans condition et cela dénote une chose importante/inquiétante - au-delà des réalités policières du pays – le manque de réactivité de la population concernée. Je vais être un peu dur, mais l’arrestation des leaders devait émouvoir et non susciter une sclérose comme si une lassitude pointait à l’horizon. Les mouvements des Droits humains en Mauritanie sont encore trop bureaucratiques je crois et restent sur la large marge de la « dénonciation » et non sur celle de la formalisation d’un discours cohérent avec des mots rassembleurs et attirants. J’ai envie d’emprunter à l’amour toute sa beauté pour dire qu’il faut qu’ils soient de belles mariées. C’est d’une question de méthode de séduction et d’éducation qu’il s’agit. Finalement pour aider le mouvement, il faut de manière résolue prendre le chemin assez long de ce que nous pourrons appeler la « sagesse pratique ».

OCVIDH : Actualité sous-régionale oblige, que pensez-vous de la crise ivoirienne ?
Je ne suis que désolé devant ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Je ne suis pas cependant surpris par la tournure. Je m’y attendais depuis toujours même si il y a quelques semaines (dans une émission Radio) répondant à la même question je vendais mon espoir. J’étais optimiste mais pas naïf. En effet, au début du mois d’août dernier, j’ai eu la chance d’assister au colloque sur le centenaire de ce beau pays à Yamoussoukro. A la clôture de ce colloque Gbagbo accompagné de Soro Guillaume est venu annoncer la date de l’élection présidentielle et a clairement dit que s’il gagnait les élections il sait là où mettre l’argent de la Côte d’Ivoire. Au lieu de construire des écoles et des dispensaires, il allait équiper l’armée pour lutter contre l’envahisseur et qu’un pays sans une armée forte est un pays qui est à la merci de ses ennemis. Et tous les généraux étaient en première ligne dans la grande salle de la fondation Houphouët Boigny. J’étais stupéfait et en sortant de la salle j’ai dit à mes collègues ivoiriens et autres africains que je sentais encore l’odeur de la guerre. J’en étais convaincu. D’ailleurs j’ai commis un article sorti dans le second numéro du journal du cinquantenaire intitulé : « Akwaba à quoi bon si on ne s’entend pas ! » Dans ce petit texte je me posais la question de savoir à quoi bon dire bienvenue si la paix n’est pas dans la maison. C’est pour vous dire tout simplement que je suivais et suis encore ce qui se passe dans ce pays. Moi ce qui me préoccupe c’est bien les peuples de la sous-région. Je suivais tout cela à cause du travail que j’exécutais. En effet, la Guinée préoccupait tout le monde et j’ai eu la chance de produire un rapport circonstancié sur les conséquences sociopolitiques de la crise guinéenne sur les 6 pays de la sous-région dont le lancement est prévu en janvier. J’étais convaincu que la Guinée n’allait jamais éclater à cause de l’expérience libérienne, sierra-leonaise et ivoirienne. La Guinée n’a pas éclaté et voilà que la Côte d’Ivoire veut continuer, par la seule volonté d’un entêtement, à s’enliser dans la guerre. Ce qui me rend le plus malade dans cette affaire c’est l’implication des intellectuels de renom que j’admirais. En plus il y a beaucoup d’historiens de renom dans cette histoire.
Je suis contre l’interventionnisme, mais là franchement il y a nécessité de faire actionner le principe de « l’ingérence humanitaire » pour que le pays ne bascule pas dans le chaos et les règlements de compte. Enfin, j’ai honte de nos cinquante ans d’indépendance.
Je ne suis que désolé devant ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Je ne suis pas cependant surpris par la tournure. Je m’y attendais depuis toujours même si il y a quelques semaines (dans une émission Radio) répondant à la même question je vendais mon espoir. J’étais optimiste mais pas naïf. En effet, au début du mois d’août dernier, j’ai eu la chance d’assister au colloque sur le centenaire de ce beau pays à Yamoussoukro. A la clôture de ce colloque Gbagbo accompagné de Soro Guillaume est venu annoncer la date de l’élection présidentielle et a clairement dit que s’il gagnait les élections il sait là où mettre l’argent de la Côte d’Ivoire. Au lieu de construire des écoles et des dispensaires, il allait équiper l’armée pour lutter contre l’envahisseur et qu’un pays sans une armée forte est un pays qui est à la merci de ses ennemis. Et tous les généraux étaient en première ligne dans la grande salle de la fondation Houphouët Boigny. J’étais stupéfait et en sortant de la salle j’ai dit à mes collègues ivoiriens et autres africains que je sentais encore l’odeur de la guerre. J’en étais convaincu. D’ailleurs j’ai commis un article sorti dans le second numéro du journal du cinquantenaire intitulé : « Akwaba à quoi bon si on ne s’entend pas ! » Dans ce petit texte je me posais la question de savoir à quoi bon dire bienvenue si la paix n’est pas dans la maison. C’est pour vous dire tout simplement que je suivais et suis encore ce qui se passe dans ce pays. Moi ce qui me préoccupe c’est bien les peuples de la sous-région. Je suivais tout cela à cause du travail que j’exécutais. En effet, la Guinée préoccupait tout le monde et j’ai eu la chance de produire un rapport circonstancié sur les conséquences sociopolitiques de la crise guinéenne sur les 6 pays de la sous-région dont le lancement est prévu en janvier. J’étais convaincu que la Guinée n’allait jamais éclater à cause de l’expérience libérienne, sierra-leonaise et ivoirienne. La Guinée n’a pas éclaté et voilà que la Côte d’Ivoire veut continuer, par la seule volonté d’un entêtement, à s’enliser dans la guerre. Ce qui me rend le plus malade dans cette affaire c’est l’implication des intellectuels de renom que j’admirais. En plus il y a beaucoup d’historiens de renom dans cette histoire.
Je suis contre l’interventionnisme, mais là franchement il y a nécessité de faire actionner le principe de « l’ingérence humanitaire » pour que le pays ne bascule pas dans le chaos et les règlements de compte. Enfin, j’ai honte de nos cinquante ans d’indépendance.

Moulaye DIOUM
L'OCVIDH vous remercie d'avoir bien voulu répondre à ses questions.
Propos recueillis par Moulaye DIOUM, Responsable de la Communication de l'OCVIDH
Source: ocvidh.fr
Propos recueillis par Moulaye DIOUM, Responsable de la Communication de l'OCVIDH
Source: ocvidh.fr