
Exit les sénatoriales partielles du 24 avril. Leur report sine die reste l’objet d’interprétations contradictoires et l’opinion mauritanienne scrute l’horizon, en l’attente d’un changement de gouvernement. Cette dernière perspective est, désormais, donnée pour «inévitable» et la rumeur, étayée par quelques indices plus ou moins probants, a fortement enflé, au cours des derniers jours.
Quelles en seraient l’importance et l’ampleur? Les pronostics, fort variables, vont bon train. Les uns donnant pour quasi-certain le départ de l’actuel Premier ministre, en place depuis le coup d’Etat du 6 août 2008. D’autres soutiennent la thèse de son maintien, agrémenté de modifications, à dose homéopathique, au sein de son équipe.
Parmi les signes annonciateurs du remaniement, on accorde une attention particulière au mouvement partiel affectant les représentations diplomatiques mauritaniennes à l’étranger, avec, en tête d’affiche, le poste d’ambassadeur à Paris, place forte parmi nos missions extérieures. La planque échoit à Cheikh Ould Ely, débarqué de son poste de directeur de Cabinet du chef de l’Etat, une station qu’il a occupée quelques mois avant l’arrivée de Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir et qui y a été maintenu après le coup d’Etat du 6 août 2008. C’est un homme du sérail, originaire de l’Est et généralement considéré comme un allié du Premier ministre. Son départ du Cabinet du président est interprété, par certains, comme un signe annonciateur de la fin du «sursis» dont jouissait le chef du gouvernement, depuis l’élection présidentielle. Une analyse qui n’emporte, cependant pas, l’avis d’une bonne frange d’observateurs, toujours impressionnés par le comportement «homme-lige» exemplaire d’Ould Mohamed Laghdaf, depuis près de trois ans.
Quelle place pour les partis alliés?
Un autre indice fiable est lisible dans l’audience accordée, par le président de la République, au bureau de la Coalition de la Majorité Présidentielle (CMP), en début de semaine. Enième discussion sur les places respectives de l’Union Pour la République (UPR) et de tous les alliés de la mouvance «azizienne», des plus anciens au plus récents? Une rude bataille, semble-t-il, entre la formation présidentielle et les acteurs de la première heure, tels l’Union pour la Démocratie et le Progrès (UDP), le Parti Républicain Démocratique pour le Renouveau (PRDR) et quelques autres formations du genre satellite. Autre question: il y aurait-il, dans cette grande bousculade aux portillons du gouvernement, un petit «trou» réservé au Mouvement Pour la Refondation (MPR) du député Kane Hamidou Baba, transfuge du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD)? Et l’on pense, également, aux arrivées, plus tardives, comme le Pacte National pour la Démocratie et Le Développement (PNDD-ADIL), ex-parti du président Sidi Mohamed Ould Abdallahi, qui a, longtemps, contesté le putsch de l’été 2008, avant de prêter allégeance au nouveau locataire du Palais de la République, il y a quelques mois de cela. Cette formation auquel avait été taillée une robe, finalement trop large, de parti-Etat, dans la lignée du PRDS – réduit, quant à lui, à une cylindrée de moindre importance, sous l’appellation «PRDR» – semble se sentir quelque peu à l’étroit, au sein de la Coalition des Partis de la Majorité (CPM), au point d’afficher son soutien à la mise en œuvre du programme du président de la République, tout en précisant n’avoir jamais intégré la CPM. Certains contacts, notamment avec le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), tendent ainsi à démontrer que les amis de Yahya Ould El Waghf chercheraient, plutôt, un ancrage au «centre», avec l’objectif de faciliter le dialogue pouvoir/opposition.
Dans le même ordre d’idées, on pense, également, à l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Réconciliation (AJD/MR) de Sarr Ibrahima Moctar, qui intégré la mouvance majoritaire, quelques semaines après ADIL.
Le prochain gouvernement intégrera-t-il tout ce beau monde, dans une espèce de dosage politique qui viendrait s’ajouter à l’alchimie tribalo-régionalo-ethnique habituelle? A moins qu’une fois de plus, le président de la République ne réussisse un contre-pied parfait, à l’instar de celui du mois de février dernier.
Quelle incidence pour le dialogue inclusif?
Les «rumeurs» et autres extrapolations concernant la formation d’un nouveau gouvernement interviennent dans un contexte politique arabe et international très particulier, marqué, notamment, par une poussée de fièvre populaire. Une lame de fond qui a emporté, au passage, quelques dictatures ayant longtemps régné, sans partage, sur le destin de grands peuples.
L’attente d’un dialogue inclusif, entre toutes les forces politiques du pays, constitue l’autre face, nationale quant à elle, de ce contexte. Une concertation dont la nécessité a été réaffirmée, une fois de plus, par le Premier ministre, en recevant les responsables de plusieurs partis politiques, comme le président du Rassemblement National pour la Réforme et le Développement (RNRD-Tawassoul-mouvance islamiste modérée), Mohamed Jemil Ould Mansour, ou celui du PNDD-ADIL, Yahya Ould El Waghf.
L’option, poussée à fond, du dialogue peut-elle avoir une incidence dans la formation d’un nouvel attelage gouvernemental? Posée de manière plus directe, l’interrogation explore la possibilité de l’avènement, en Mauritanie, d’une équipe de large ouverture, impliquant l’ensemble des forces politiques, la société civile et des technocrates issus de différents bords. Une démarche peu probable, rétorquent bien des observateurs, sceptiques, avec un argument en béton armé: le dialogue politique inclusif, certes souhaité de tous – mais plus ou moins du bout des lèvres – est loin d’être effectif. En conséquence, imaginer une telle formule reviendrait à mettre la charrue devant les bœufs.
Amadou Seck
Source: lecalame
Quelles en seraient l’importance et l’ampleur? Les pronostics, fort variables, vont bon train. Les uns donnant pour quasi-certain le départ de l’actuel Premier ministre, en place depuis le coup d’Etat du 6 août 2008. D’autres soutiennent la thèse de son maintien, agrémenté de modifications, à dose homéopathique, au sein de son équipe.
Parmi les signes annonciateurs du remaniement, on accorde une attention particulière au mouvement partiel affectant les représentations diplomatiques mauritaniennes à l’étranger, avec, en tête d’affiche, le poste d’ambassadeur à Paris, place forte parmi nos missions extérieures. La planque échoit à Cheikh Ould Ely, débarqué de son poste de directeur de Cabinet du chef de l’Etat, une station qu’il a occupée quelques mois avant l’arrivée de Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir et qui y a été maintenu après le coup d’Etat du 6 août 2008. C’est un homme du sérail, originaire de l’Est et généralement considéré comme un allié du Premier ministre. Son départ du Cabinet du président est interprété, par certains, comme un signe annonciateur de la fin du «sursis» dont jouissait le chef du gouvernement, depuis l’élection présidentielle. Une analyse qui n’emporte, cependant pas, l’avis d’une bonne frange d’observateurs, toujours impressionnés par le comportement «homme-lige» exemplaire d’Ould Mohamed Laghdaf, depuis près de trois ans.
Quelle place pour les partis alliés?
Un autre indice fiable est lisible dans l’audience accordée, par le président de la République, au bureau de la Coalition de la Majorité Présidentielle (CMP), en début de semaine. Enième discussion sur les places respectives de l’Union Pour la République (UPR) et de tous les alliés de la mouvance «azizienne», des plus anciens au plus récents? Une rude bataille, semble-t-il, entre la formation présidentielle et les acteurs de la première heure, tels l’Union pour la Démocratie et le Progrès (UDP), le Parti Républicain Démocratique pour le Renouveau (PRDR) et quelques autres formations du genre satellite. Autre question: il y aurait-il, dans cette grande bousculade aux portillons du gouvernement, un petit «trou» réservé au Mouvement Pour la Refondation (MPR) du député Kane Hamidou Baba, transfuge du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD)? Et l’on pense, également, aux arrivées, plus tardives, comme le Pacte National pour la Démocratie et Le Développement (PNDD-ADIL), ex-parti du président Sidi Mohamed Ould Abdallahi, qui a, longtemps, contesté le putsch de l’été 2008, avant de prêter allégeance au nouveau locataire du Palais de la République, il y a quelques mois de cela. Cette formation auquel avait été taillée une robe, finalement trop large, de parti-Etat, dans la lignée du PRDS – réduit, quant à lui, à une cylindrée de moindre importance, sous l’appellation «PRDR» – semble se sentir quelque peu à l’étroit, au sein de la Coalition des Partis de la Majorité (CPM), au point d’afficher son soutien à la mise en œuvre du programme du président de la République, tout en précisant n’avoir jamais intégré la CPM. Certains contacts, notamment avec le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), tendent ainsi à démontrer que les amis de Yahya Ould El Waghf chercheraient, plutôt, un ancrage au «centre», avec l’objectif de faciliter le dialogue pouvoir/opposition.
Dans le même ordre d’idées, on pense, également, à l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Réconciliation (AJD/MR) de Sarr Ibrahima Moctar, qui intégré la mouvance majoritaire, quelques semaines après ADIL.
Le prochain gouvernement intégrera-t-il tout ce beau monde, dans une espèce de dosage politique qui viendrait s’ajouter à l’alchimie tribalo-régionalo-ethnique habituelle? A moins qu’une fois de plus, le président de la République ne réussisse un contre-pied parfait, à l’instar de celui du mois de février dernier.
Quelle incidence pour le dialogue inclusif?
Les «rumeurs» et autres extrapolations concernant la formation d’un nouveau gouvernement interviennent dans un contexte politique arabe et international très particulier, marqué, notamment, par une poussée de fièvre populaire. Une lame de fond qui a emporté, au passage, quelques dictatures ayant longtemps régné, sans partage, sur le destin de grands peuples.
L’attente d’un dialogue inclusif, entre toutes les forces politiques du pays, constitue l’autre face, nationale quant à elle, de ce contexte. Une concertation dont la nécessité a été réaffirmée, une fois de plus, par le Premier ministre, en recevant les responsables de plusieurs partis politiques, comme le président du Rassemblement National pour la Réforme et le Développement (RNRD-Tawassoul-mouvance islamiste modérée), Mohamed Jemil Ould Mansour, ou celui du PNDD-ADIL, Yahya Ould El Waghf.
L’option, poussée à fond, du dialogue peut-elle avoir une incidence dans la formation d’un nouvel attelage gouvernemental? Posée de manière plus directe, l’interrogation explore la possibilité de l’avènement, en Mauritanie, d’une équipe de large ouverture, impliquant l’ensemble des forces politiques, la société civile et des technocrates issus de différents bords. Une démarche peu probable, rétorquent bien des observateurs, sceptiques, avec un argument en béton armé: le dialogue politique inclusif, certes souhaité de tous – mais plus ou moins du bout des lèvres – est loin d’être effectif. En conséquence, imaginer une telle formule reviendrait à mettre la charrue devant les bœufs.
Amadou Seck
Source: lecalame