Urgence d’un débat national sur la cohabitation intercommunautaire

Au moment où la Mauritanie est confrontée au crucial problème du terrorisme islamiste, l’unité nationale devient plus que jamais une nécessité impérieuse de survie. Sinon comment résister à une menace d’une telle envergure lorsque les Mauritaniens existent en ordre très dispersé, comme ils vivent aujourd’hui. En effet, non seulement les différentes composantes nationales du pays savent à peine communiquer, mais elles ne se sentent en aucune manière liées par quelque lien que ce soit. Nul n’a besoin d’être fin politique pour savoir que lorsque dans les discours officiels, nos dirigeants parlent de « nation mauritanienne », ils font soit de la démagogie, soit il expriment tout simplement un rêve. Car qu’est ce qu’une nation ? C’est un groupement humain dans le quel les individus se sentent unis par un lien à la fois spirituel matériel et sentimental et se conçoivent comme différents des autres groupements nationaux . Dès lors, on comprend sans difficultés que la Peuls, les Soninkés, les Bidanes, les Wolofs et les Haratines, ne constituent pas une seule et même nation . La réalité – même si on ne se l’avoue jamais – est que ces Mauritaniens ne sont unis ni par des liens sociologiques, ni par des liens politiques. Au contraire, ils se regardent d’un aire plein de suspicion de rancune et quelque fois de haine. Haine et suspicion contractées à travers des décennies de conflist dont le dernier et sans doute le plus présent dans les esprits est celui de 1989 où plus de 120 000 Négro mauritaniens déchus de leurs nationalités furent déportés au Sénégal.

Si l’on doit se féliciter de la volonté du chef de l’Etat actuel (Sidi Ol Cheikh Abdallah) de ramener ces martyrs mauritaniens chez eux et dans la dignité, l’honnêteté intellectuelle, ou l’honnêteté tout court doit pousser tout Mauritanien épris de justice et d’égalité à affirmer que le seul retour des déportés et le règlement du passif humanitaire ne feront pas disparaître le problème des inégalités inter raciales! Ils apaisent tout juste l’atmosphère sociale en la rendant plus propice à un débat national franc et progressiste sur la cohabitation entre les différentes communautés.

Qu’on ne me dise pas qu’il n y a pas de racisme en Mauritanie! Ce n’est pas parce que les Noirs et les Maures peuvent monter ensemble dans le même bus, se retrouver dans les mêmes lieux de travail qu’il n’ y a pas de racisme dans notre pays. Il y en a un, et le plus terrible par ce que le plus difficile à vaincre. Il existe un racisme d’Etat à la fois sournois et présent dans le quotidien des Mauritaniens. Sinon comment expliquer que sur un effectif de 25 ministres seuls 5 sont des Noirs( Haratines, Sonikés Peuls) ? Qu’on ne me dise pas que c’est du hasard, car personne ne croirait à un hasard qui s’est répété une cinquantaine de fois rien qu’entre 1980 et 2007 : Les Maures blancs occupent systématiquement 20 postes ministériels sur 25 ! Lorsque l’on décent plus bas et que l’on jette un coup d’œil sur les postes de secrétaires généraux, de directeurs, de gouverneurs, de préfets….

La disproportion deviendra de plus en plus flagrante avec, toujours l’avantage pour cette race blanche! On se rappelle encore de la dite réforme du ministère de l’intérieur sous la transition de Ely où sur 98 nominations seul 8 postes revenaient aux Négro africains. Qu’on ne me dise pas non plus que c’est la compétence qui a prévalu, car ce sera là l’insulte suprême contre les négro mauritaniens et en même temps une couleuvre qu’aucun homme raisonnable n’avalerait.

Une seule solution peut nous préserver la Mauritanie à la fois d’une nouvelle guère civile, renforcer son unité et l’amener à vaincre le terrorisme islamiste et toutes autre menace susceptible de porter atteinte à son existence : la tenue d’un débat national sur la cohabitation pour aboutir à une issue : le partage équitable du pouvoir, de l’avoir et du savoir. En d’autre terme créer les condition de la naissance d’une citoyenneté mauritanienne .



Mamadou Kalidou BA
Porte Palole de l’AJD /MR


(M)