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Le bureau exécutif de l'AVOMM

"L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous." Jean-Paul Sartre

"L'Association d'aides aux veuves et aux orphelins de mauritanie (AVOMM) qui nous rassemble, a été créée le 25/12/95 à PARIS par d'ex-militaires mauritaniens ayant fui la terreur, l'oppression, la barbarie du colonel Mawiya o/ sid'ahmed Taya ......
Ces rescapés des geôles de ould Taya, et de l'arbitraire, décidèrent, pour ne jamais oublier ce qui leur est arrivé, pour garder aussi la mémoire des centaines de martyrs, de venir en aide aux veuves, aux orphelins mais aussi d'engager le combat contre l'impunité décrétée par le pouvoir de Mauritanie."
E-mail : avommavomm@yahoo.fr

Bureau exécutif

*Ousmane SARR, président
*Demba Niang, secrétaire général
*Secrétaire général Adjt; Demba Fall
*Alousseyni SY, Chargé des relations extérieures
*Mme Rougui Dia, trésorière
*Chargé de l’organisation Mariame Diop
*adjoint Ngolo Diarra
*Mme Mireille Hamelin, chargée de la communication
*Chargé de mission Bathily Amadou Birama
Conseillers:
*Kane Harouna
*Hamdou Rabby SY










AVOMM

Au Sénégal, le lac Rose reprend des couleurs, son activité économique aussi


A la suite d’inondations dans la grande banlieue de Dakar, en 2022, le lac Retba avait viré au vert. Le retour de sa célèbre teinte, en mars, annonce de meilleurs jours pour les exploitants de sel et les professionnels du tourisme.


Est-il redevenu rose ? Rose orangé ? Voire rosâtre, persiflent les mauvaises langues ? « Peu importe la teinte tant qu’il y a du rose », admet Ibrahima Mbaye, gérant du Gîte du lac et président de l’association environnementale Ar lac Rose (« protéger le lac Rose », en wolof). A une trentaine de kilomètres à l’est de la capitale sénégalaise, cette étendue d’eau a été rendue célèbre par le rallye Paris-Dakar, dont l’arrivée finale s’est déroulée sur ses berges durant près de trente ans – jusqu’à sa délocalisation hors d’Afrique, en 2009, du fait de l’insécurité au Sahel.


La réapparition de la couleur emblématique du lieu – « le 8 mars », précise Ibrahima Mbaye – a fait sensation à Niague, le principal village bordant le lac Retba – plus connu sous son nom touristique –, dont l’économie dépend largement des visiteurs étrangers et nationaux. Car durant deux ans et demi, le vert a remplacé le rose à la suite d’inondations dans la grande banlieue de Dakar. En août 2022, « les autorités ont ouvert les vannes des bassins de rétention pour éviter une catastrophe dans des zones densément peuplées, relate M. Mbaye. Mais nous n’avons pas été épargnés par cette catastrophe écologique et économique. »

Les eaux du lac doublent alors de volume et le rose, qui dépend de la forte concentration de sel sédimenté au fond du lac, disparaît. Dans un Sénégal déjà agité par des violences politiques, les touristes désertent l’un des atouts majeurs du pays et les milliers de paludiers venus du Mali, du Burkina Faso et de Guinée repartent en un claquement de doigts. « Ces forçats du sel et les commerçants avaient compris que les fortes pluies allaient durablement affecter la salinité exceptionnelle du lac Rose », se souvient Ibrahima Mbaye.

Algues vertes

L’arrivée massive d’eaux usées et pluviales a en effet perturbé la production de sel et la coloration du lac, où des algues vertes (Dunaliella salina) libèrent des pigments rouges sous l’effet de fortes chaleurs et lorsque la salinité est suffisamment élevée. « Lorsque la salinité de l’eau baisse, la coloration vire au vert », explique El Hadji Sow, enseignant-chercheur à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, dans un article paru dans The Conversation.

« Des visiteurs se plaignaient que les tour-opérateurs leur avaient menti car le lac n’était plus rose, raconte un hôtelier. On n’avait plus le choix, on devait agir. » Les riverains se mobilisent et achètent des motopompes, activées jour et nuit. « On a réussi à faire retomber la profondeur de six a trois mètres », se félicite Ibrahima Mbaye. Toutefois, des taux élevés de nitrates dépassant les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont rendu l’eau impropre à la baignade. Des analyses chimiques réalisées fin avril concluent à un retour élevé de la salinité, proche de « 300 g par litre », un seuil suffisant pour la reprise de l’exploitation de sel.


Aujourd’hui, les amas de sel émergent de nouveau sur sa rive sud. « Seule une poignée d’exploitants sont revenus, relève Maguette Ndiour, le président de la coopérative des exploitants de sel. Les fortes chaleurs se font attendre. Or c’est une nécessité pour que le sel soit produit en très forte quantité. »


Planté sur des échasses au milieu du lac, là où la profondeur est la plus grande, Ousmane Dembélé, colosse originaire de Mopti, au Mali, sort des casiers entiers de gros sel avant de les balancer dans sa pirogue en bois. « Avant, c’était beaucoup plus facile, dit-il. Je n’avais pas besoin d’aller aussi loin dans le lac. Sur les berges, nous n’avions qu’à nous pencher pour récolter le sel. » Les meilleures années fourmillait sur les bords du lac une communauté de « 3 000 exploitants pour près de 60 000 tonnes de sel vendues », rappelle Maguette Ndiour.

Ville nouvelle

Côté tourisme, en revanche, « la reprise est palpable », dit Hassan Ndoye, 38 ans, patron d’une entreprise de location de quads. Le temps où son chiffre d’affaires avait chuté de 50 % est révolu. Employeur de onze personnes, il attend désormais l’été « avec impatience, puisque c’est le pic de [son] activité ». « Il est urgent de préserver ce lac, dit-il. Dans cette zone, il n’y a eu aucun départ en mer de jeunes pour émigrer, il faut que cela perdure. »

Malgré le retour d’activités, une inquiétude bien plus grande serait partagée par les « 4 000 personnes vivant du tourisme et du sel », selon Amath Wade, un membre du conseil départemental de Rufisque, dont dépend le lac Rose. Un projet de ville nouvelle avec 18 000 logements construits par le groupe égyptien Orascom provoque un vent de panique sur place. « Si ce mégaprojet voit le jour, le lac va mourir », prévient M. Wade.


Prévu pour s’étendre sur trois kilomètres le long de la plage et deux du côté du lac, ce projet, signé en 2018 sous la présidence de Macky Sall, devrait commencer ses travaux début novembre, selon un cadre d’Orascom ayant requis l’anonymat. Le 11 avril, la Délégation générale à la promotion des pôles urbains de Diamniadio et du lac Rose a présenté aux chefs de villages et aux notables de la zone le plan final, qui prévoit « 40 % de logements sociaux ».

« C’est une aberration écologique de faire une telle ville dans cette zone fragile et menacée de toutes parts, déjà, par la bétonisation, réagit Amath Wade. C’est notre sécurité et l’avenir de nos enfants qui se jouent. » A la veille d’une « opération reboisement » menée par Orascom en lien avec les autorités locales, le préfet de Rufisque aurait même harcelé par téléphone certains habitants : « Si vous vous opposez, vous serez interpellés », aurait-il menacé l’un d’entre eux. Si le lac Retba a repris sa couleur rose, l’horizon semble plus sombre pour ceux qui peuplent ses rives.

Abbas Asamaan (Dakar, correspondance)

Source : Le Monde - (Le 18 mai 2025)
Mardi 20 Mai 2025 - 19:10
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