
Pour le premier conseil des ministres de la nouvelle équipe gouvernementale, c’est surtout la forme qui a retenu l’attention des téléspectateurs.
Le ministre conseiller à la présidence de la république, Bâ Bocar Moussa, n’avait pas devant lui le parapheur habituel. Mais les Mauritaniens ont découvert un ministre moderne avec regards furtifs à son ordinateur portable. Marié à notre compatriote Fama Hane-Bâ qui est directrice de la division « Afrique » au siège du Fonds des Nations Unies pour la Population (Unfpa) à New York depuis janvier 2001, le Premier-vice président de l’UFP a été sollicité pour diverses consultations par divers organismes internationaux mais aussi par l’ANAIR. Extraits d’une interview d’Abou Moktar publiée dans le quotidien « Nouakchott-Infos du 8 avril 2008.
« Nouakchott-Infos : Monsieur le Président, cela fait un bon moment…
Bâ Bocar Moussa : Effectivement, je me suis absenté pendant quelques mois.
NI : Vous revenez à un moment où le chef de l’Etat lance un nouveau plan d’urgence de plus de 28 milliards d’ouguiyas dont l’annonce a été accueillie avec soulagement et qui est soutenu par toute la classe politique, y compris l’UFP. Qu’en dites-vous ?
BBM : Mieux vaut tard que jamais ! En effet, depuis septembre, nous sonnions l’alarme (interview accordée à NI le 21 septembre 2007). Le Président de l’UFP, Mohamed Ould Maouloud en a traité également, au cours de la longue interview qu’il a accordée à la TVM, en février 2008. Nous ne pouvons que saluer un discours qui répond aux exigences de la situation des populations et à nos inquiétudes.
NI : Que dites-vous des mesures concrètes préconisées par le Président de la République ?
BBM : Il faut s’en féliciter ! C’est tout à fait louable d’avoir conçu un plan d’urgence, en envisageant des ressources extraordinaires destinées à faire face à la détresse des populations mauritaniennes, en particulier les plus démunies. Il est possible, cependant, de prendre les mesures supplémentaires pour la réussite de ce plan d’urgence.
NI : En faisant quoi, par exemple ?
BBM : En garantissant que les denrées et les aliments de bétail parviennent aux populations qui en ont le plus besoin. Cela suppose de ne pas s’en tenir, pour la distribution, à la seule administration, sujette à bien des réserves. Dans les quartiers pauvres des villes, dans les villages et les campements nécessiteux, des commissions comprenant des élus, des Imams, des notables et des personnes (hommes et femmes) de toutes conditions, connus pour leur probité et en lesquels les populations se reconnaissent, devraient s’en charger. Le gouvernement pourrait assurer le contrôle des prix dans les boutiques, par l’intermédiaire de ses services et en autorisant la mise à contribution des dites commissions. Dans ces conditions de dénuements particulièrement éprouvants, les populations et le bétail sont soumis à de rudes épreuves, en particulier pour leur santé et leur bien-être. Étant donné les graves insuffisances dont souffrent les services de la santé en Mauritanie, des équipes mobiles de médecins compétents et intègres, pourraient assumer ce devoir, suivant des conditions innovantes.
NI : La « révolution » agricole, seule issue pour le pays, selon le Président, est-elle réalisable à court terme, sachant que les stratégies conçues et appliquées depuis près de deux décennies n’ont pas réussi ?
BBM : Non, la « révolution » n’est pas envisageable à court terme ! Il est possible de dégager des moyens, de prendre des mesures visant à assurer le maximum de succès à la campagne agricole à venir. Il revient aux agronomes et autres spécialistes de se pencher sérieusement sur la question. Sur un tout autre plan, nous devrions procéder au bilan de notre politique agricole, en particulier de nos échecs (exemple : Programme de Développement Intégré de l’Agriculture en Mauritanie - PDIAM). Notre pays a dépensé des milliards pour des résultats que tous s’accordent à considérer comme médiocres. Quelles leçons utiles pourrions-nous en tirer, pour élaborer une nouvelle politique qui garantisse le salut ?
NI : Vous avez participé à une mission qui s’est rendue auprès des rapatriés mauritaniens, au Sénégal et sur des sites mauritaniens. Quelles impressions en retirez-vous ?
BBM : L’Agence Nationale pour l’Assistance et l’Intégration des Réfugiés (ANAIR) et l’Université de Tucson en Arizona (USA) ont effectivement mené une enquête rapide durant la seconde moitié du mois de mars 2008. J’y ai participé avec des cadres de l’ANAIR, de l’Université de Tucson, des enquêteurs et superviseurs mauritaniens de compétences et spécialités diverses. La publication des résultats de cette enquête est attendue prochainement. Je préfère laisser le soin aux responsables de ces institutions d’en révéler, le moment venu, la primeur.
NI : Que pouvez-vous, néanmoins, en dire à nos lecteurs ?
BBM : Nos compatriotes déportés, suite à l’engagement du Président de la République, au consensus national de l’ensemble des Mauritaniens pour leur retour et leur rétablissement dans leurs droits, ont la ferme volonté, pour bon nombre d’entre eux, de rentrer en Mauritanie. D’une manière générale, ils ont repris leurs pièces d’identité et s’apprêtent à revenir. Cependant, ils exigent réparations et restitutions de leurs biens, tout en nourrissant des appréhensions légitimes. Les plus âgés souhaitent rentrer rapidement pour passer leurs derniers jours en Mauritanie et être enterrés parmi leurs ancêtres. Les adultes voudraient bénéficier du soutien nécessaire pour continuer à mener leurs activités pastorales, agricoles et commerciales. Les plus jeunes sont curieux de découvrir la patrie si chère à leurs parents.
NI : Quelles sont les difficultés majeures auxquelles ils sont confrontés ?
BBM : L’accès à l’eau, à la terre, à un habitat salubre, aux pâturages, aux soins de santé et à l’éducation de leurs enfants constituent leurs préoccupations principales.
NI : Est-il possible d’accéder à leurs demandes en ces moments difficiles ?
BBM : Ce ne sera pas facile ! L’important, pour nous, c’est d’être animé de l’esprit de sacrifice qu’exige la réparation des torts que nous assumons, et de faire preuve de franchise et de transparence quant à ce que la situation de notre pays permet. Il est certain qu’en se gardant de tergiversations, de promesses fantaisistes, nous pourrions arriver à des conclusions dont les uns et les autres s’accommoderont.
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Source: www.anair.mr
(M)
Le ministre conseiller à la présidence de la république, Bâ Bocar Moussa, n’avait pas devant lui le parapheur habituel. Mais les Mauritaniens ont découvert un ministre moderne avec regards furtifs à son ordinateur portable. Marié à notre compatriote Fama Hane-Bâ qui est directrice de la division « Afrique » au siège du Fonds des Nations Unies pour la Population (Unfpa) à New York depuis janvier 2001, le Premier-vice président de l’UFP a été sollicité pour diverses consultations par divers organismes internationaux mais aussi par l’ANAIR. Extraits d’une interview d’Abou Moktar publiée dans le quotidien « Nouakchott-Infos du 8 avril 2008.
« Nouakchott-Infos : Monsieur le Président, cela fait un bon moment…
Bâ Bocar Moussa : Effectivement, je me suis absenté pendant quelques mois.
NI : Vous revenez à un moment où le chef de l’Etat lance un nouveau plan d’urgence de plus de 28 milliards d’ouguiyas dont l’annonce a été accueillie avec soulagement et qui est soutenu par toute la classe politique, y compris l’UFP. Qu’en dites-vous ?
BBM : Mieux vaut tard que jamais ! En effet, depuis septembre, nous sonnions l’alarme (interview accordée à NI le 21 septembre 2007). Le Président de l’UFP, Mohamed Ould Maouloud en a traité également, au cours de la longue interview qu’il a accordée à la TVM, en février 2008. Nous ne pouvons que saluer un discours qui répond aux exigences de la situation des populations et à nos inquiétudes.
NI : Que dites-vous des mesures concrètes préconisées par le Président de la République ?
BBM : Il faut s’en féliciter ! C’est tout à fait louable d’avoir conçu un plan d’urgence, en envisageant des ressources extraordinaires destinées à faire face à la détresse des populations mauritaniennes, en particulier les plus démunies. Il est possible, cependant, de prendre les mesures supplémentaires pour la réussite de ce plan d’urgence.
NI : En faisant quoi, par exemple ?
BBM : En garantissant que les denrées et les aliments de bétail parviennent aux populations qui en ont le plus besoin. Cela suppose de ne pas s’en tenir, pour la distribution, à la seule administration, sujette à bien des réserves. Dans les quartiers pauvres des villes, dans les villages et les campements nécessiteux, des commissions comprenant des élus, des Imams, des notables et des personnes (hommes et femmes) de toutes conditions, connus pour leur probité et en lesquels les populations se reconnaissent, devraient s’en charger. Le gouvernement pourrait assurer le contrôle des prix dans les boutiques, par l’intermédiaire de ses services et en autorisant la mise à contribution des dites commissions. Dans ces conditions de dénuements particulièrement éprouvants, les populations et le bétail sont soumis à de rudes épreuves, en particulier pour leur santé et leur bien-être. Étant donné les graves insuffisances dont souffrent les services de la santé en Mauritanie, des équipes mobiles de médecins compétents et intègres, pourraient assumer ce devoir, suivant des conditions innovantes.
NI : La « révolution » agricole, seule issue pour le pays, selon le Président, est-elle réalisable à court terme, sachant que les stratégies conçues et appliquées depuis près de deux décennies n’ont pas réussi ?
BBM : Non, la « révolution » n’est pas envisageable à court terme ! Il est possible de dégager des moyens, de prendre des mesures visant à assurer le maximum de succès à la campagne agricole à venir. Il revient aux agronomes et autres spécialistes de se pencher sérieusement sur la question. Sur un tout autre plan, nous devrions procéder au bilan de notre politique agricole, en particulier de nos échecs (exemple : Programme de Développement Intégré de l’Agriculture en Mauritanie - PDIAM). Notre pays a dépensé des milliards pour des résultats que tous s’accordent à considérer comme médiocres. Quelles leçons utiles pourrions-nous en tirer, pour élaborer une nouvelle politique qui garantisse le salut ?
NI : Vous avez participé à une mission qui s’est rendue auprès des rapatriés mauritaniens, au Sénégal et sur des sites mauritaniens. Quelles impressions en retirez-vous ?
BBM : L’Agence Nationale pour l’Assistance et l’Intégration des Réfugiés (ANAIR) et l’Université de Tucson en Arizona (USA) ont effectivement mené une enquête rapide durant la seconde moitié du mois de mars 2008. J’y ai participé avec des cadres de l’ANAIR, de l’Université de Tucson, des enquêteurs et superviseurs mauritaniens de compétences et spécialités diverses. La publication des résultats de cette enquête est attendue prochainement. Je préfère laisser le soin aux responsables de ces institutions d’en révéler, le moment venu, la primeur.
NI : Que pouvez-vous, néanmoins, en dire à nos lecteurs ?
BBM : Nos compatriotes déportés, suite à l’engagement du Président de la République, au consensus national de l’ensemble des Mauritaniens pour leur retour et leur rétablissement dans leurs droits, ont la ferme volonté, pour bon nombre d’entre eux, de rentrer en Mauritanie. D’une manière générale, ils ont repris leurs pièces d’identité et s’apprêtent à revenir. Cependant, ils exigent réparations et restitutions de leurs biens, tout en nourrissant des appréhensions légitimes. Les plus âgés souhaitent rentrer rapidement pour passer leurs derniers jours en Mauritanie et être enterrés parmi leurs ancêtres. Les adultes voudraient bénéficier du soutien nécessaire pour continuer à mener leurs activités pastorales, agricoles et commerciales. Les plus jeunes sont curieux de découvrir la patrie si chère à leurs parents.
NI : Quelles sont les difficultés majeures auxquelles ils sont confrontés ?
BBM : L’accès à l’eau, à la terre, à un habitat salubre, aux pâturages, aux soins de santé et à l’éducation de leurs enfants constituent leurs préoccupations principales.
NI : Est-il possible d’accéder à leurs demandes en ces moments difficiles ?
BBM : Ce ne sera pas facile ! L’important, pour nous, c’est d’être animé de l’esprit de sacrifice qu’exige la réparation des torts que nous assumons, et de faire preuve de franchise et de transparence quant à ce que la situation de notre pays permet. Il est certain qu’en se gardant de tergiversations, de promesses fantaisistes, nous pourrions arriver à des conclusions dont les uns et les autres s’accommoderont.
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Source: www.anair.mr
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