LA TRAHISON QUI FINIRA MAL
Où les masques tombent
Dimanche 11 mai, le nouveau premier ministre mauritanien Yahya Ould Ahmed El Waghef communique la liste de son gouvernement qu’intègrent deux formations de l’opposition, l’Union des Forces du Progrès (centre-gauche, 3 éléments) et Tawassoul (Islamistes modérés, 2 portefeuilles). Les 29 autres sont tous membres de la majorité présidentielle, en premier le Pacte National pour la Démocratie et le Développement (PNDD-Adil), principale composante de celle-ci. L’annexe, dessous, dresse l’analyse statistique du retour à l’équilibrage des clans selon les constantes de l’hégémonie maure, une rationalité de régulation où prévaut le souci de dépecer l’Etat au profit de réseaux centrifuges.
Des collaborateurs controversés de l’ex Chef de l’Etat Ould Taya regagnent des responsabilités substantielles; les réactions enregistrées à Nouakchott expriment le scepticisme quant à la fiabilité d’un pouvoir où siègent, en si bonne place, des symboles avérés du trafic d’influence et du tribalisme, depuis toujours solidaires des violations massives des droits de l’Homme entre 1986 et 1991, à l’encontre de la composante négro-africaine. Ainsi, l’espoir de la bonne gouvernance, l’attente de la répression de l’esclavage et l’aspiration à la fin de l’impunité des crimes racistes se trouvent amplement déçus. Le 19 avril 2007, lors de son discours d’investiture, le Président de la République déclamait, solennellement, devant ses pairs et les corps constitués, la volonté de « moralisation de la vie publique par l'éradication des pratiques de corruption et de mauvaise gestion administrative et financière, par l'instauration d'un contrôle juste et efficace et par la prise en considération dans le choix des responsables publics, des critères de mérite, d'intégrité et de compétence. »
L’on s’interroge désormais sur la direction réelle du pays par Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, tout au moins sa marge d’autonomie vis-à-vis du leadership des forces armées et de sécurité, en particulier les deux généraux artisans de sa victoire lors des élections de mars 2007, Mohamed Ould Abdel Aziz Chef du Cabinet Militaire, commandant du bataillon de la sécurité présidentielle (BASEP) et Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed Ould Ghazouani, Directeur Général de la Sûreté Nationale (DGSN). Encore jeunes, guère des plus anciens au grade de Colonel, leur promotion, en avril passé, entretient l’indignation et l’acrimonie des collègues et dans le rang. Instigateurs de la candidature de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abddallahi, ils ont supervisé, physiquement, la mise en place du gouvernement. Le 11 mai, sitôt achevée son audience à Ould Abdel Aziz, le Premier Ministre déjeune, dans le même bureau, avec Ould Ghazouani. Le surlendemain, ce dernier devient Chef d’Etat Major National, en apparence la plus haute autorité parmi ses pairs.
Dans la foulée, les autres allocations de postes statutaires confirment la réhabilitation des partisans de la dictature, restés plus ou moins en disgrâce depuis la chute du Colonel Ould Taya, le 3 août 2005 et son exil au Qatar. La parentèle, jusque-là discrète par défaut, se réjouit de la nomination du Colonel Mohamed Ould El Hadi, ex attaché militaire au Maroc, bref gouverneur du Tiris Zemmour, ancien directeur du Contre-espionnage, le Bureau d’Etudes et de Documentation, poste dont il sera évincé en 2001, suite à une querelle de préséance avec son cousin Directeur de la Sûreté de l’Etat, actuel Directeur de la Déontologie et de l’Ethique (sic) de la police, le Commissaire divisionnaire Deddahi Ould Abdalllahi. Tous deux figurent sur la plupart des listes de tortionnaires présumés.
Le choix du Premier Ministre Ould Ahmed El Waghef, hier congédié du Programme Alimentaire Mondial (PAM) au motif d’une insolvabilité morale, en d’autres temps comptable de la banqueroute de la SOMAGAZ, de la disparition d’Air Mauritanie, incarne l’abandon du dessein technocratique à l’avantage des coteries d’intérêts. L’option du renoncement aux réformes intervient alors que la Mauritanie enregistre un déficit alarmant de ses réserves de sécurité alimentaire et la baisse de sa production de pétrole. La banalité structurelle des malversations sous couvert d’un appareil de justice ultra vénal, l’endémie du terrorisme depuis la fin de l’année 2007 et la désaffection des touristes et investisseurs assombrissent la perspective. A terme, l’économie globale la fraude - détournement des biens de la collectivité, contrebande de cigarettes, transit de la drogue et commerce des stocks d’armes de la Mauritanie - devront connaître un regain substantiel. Il semble légitime de supputer, d’ici un délai de moins d’un an, l’essor des insatisfactions, d’où l’échec de la nouvelle équipe et une déstabilisation séditieuse du régime.
En conséquence de quoi, Conscience et Résistance, association à caractère politique, après une année perdue à attendre le sursaut civique et devant les signes précurseurs d’une remise à sac du pays :
- Retire, sans nuance, le soutien conditionnel au Président de la République Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi et à son gouvernement et dénonce, l’existence, de l’intérieur de l’Etat, d’un plan de contrôle autoritaire du pouvoir et des ressources du pays ;
- S’engage à combattre le retour de l’impunité, par ses méthodes propres, en conformité à la non-violence et dans le souci de préserver les institutions démocratiques, point de tolérer leur dévoiement par l’Armée et les tribus, encore au dessus de la loi.
- Réitère sa requête en reconnaissance, bloquée, depuis plus de trois mois, par des échelons successifs du Ministère de l’Intérieur.
Elarby Ould Saleck, Porte-parole
Le 20 mai 2008
Où les masques tombent
Dimanche 11 mai, le nouveau premier ministre mauritanien Yahya Ould Ahmed El Waghef communique la liste de son gouvernement qu’intègrent deux formations de l’opposition, l’Union des Forces du Progrès (centre-gauche, 3 éléments) et Tawassoul (Islamistes modérés, 2 portefeuilles). Les 29 autres sont tous membres de la majorité présidentielle, en premier le Pacte National pour la Démocratie et le Développement (PNDD-Adil), principale composante de celle-ci. L’annexe, dessous, dresse l’analyse statistique du retour à l’équilibrage des clans selon les constantes de l’hégémonie maure, une rationalité de régulation où prévaut le souci de dépecer l’Etat au profit de réseaux centrifuges.
Des collaborateurs controversés de l’ex Chef de l’Etat Ould Taya regagnent des responsabilités substantielles; les réactions enregistrées à Nouakchott expriment le scepticisme quant à la fiabilité d’un pouvoir où siègent, en si bonne place, des symboles avérés du trafic d’influence et du tribalisme, depuis toujours solidaires des violations massives des droits de l’Homme entre 1986 et 1991, à l’encontre de la composante négro-africaine. Ainsi, l’espoir de la bonne gouvernance, l’attente de la répression de l’esclavage et l’aspiration à la fin de l’impunité des crimes racistes se trouvent amplement déçus. Le 19 avril 2007, lors de son discours d’investiture, le Président de la République déclamait, solennellement, devant ses pairs et les corps constitués, la volonté de « moralisation de la vie publique par l'éradication des pratiques de corruption et de mauvaise gestion administrative et financière, par l'instauration d'un contrôle juste et efficace et par la prise en considération dans le choix des responsables publics, des critères de mérite, d'intégrité et de compétence. »
L’on s’interroge désormais sur la direction réelle du pays par Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, tout au moins sa marge d’autonomie vis-à-vis du leadership des forces armées et de sécurité, en particulier les deux généraux artisans de sa victoire lors des élections de mars 2007, Mohamed Ould Abdel Aziz Chef du Cabinet Militaire, commandant du bataillon de la sécurité présidentielle (BASEP) et Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed Ould Ghazouani, Directeur Général de la Sûreté Nationale (DGSN). Encore jeunes, guère des plus anciens au grade de Colonel, leur promotion, en avril passé, entretient l’indignation et l’acrimonie des collègues et dans le rang. Instigateurs de la candidature de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abddallahi, ils ont supervisé, physiquement, la mise en place du gouvernement. Le 11 mai, sitôt achevée son audience à Ould Abdel Aziz, le Premier Ministre déjeune, dans le même bureau, avec Ould Ghazouani. Le surlendemain, ce dernier devient Chef d’Etat Major National, en apparence la plus haute autorité parmi ses pairs.
Dans la foulée, les autres allocations de postes statutaires confirment la réhabilitation des partisans de la dictature, restés plus ou moins en disgrâce depuis la chute du Colonel Ould Taya, le 3 août 2005 et son exil au Qatar. La parentèle, jusque-là discrète par défaut, se réjouit de la nomination du Colonel Mohamed Ould El Hadi, ex attaché militaire au Maroc, bref gouverneur du Tiris Zemmour, ancien directeur du Contre-espionnage, le Bureau d’Etudes et de Documentation, poste dont il sera évincé en 2001, suite à une querelle de préséance avec son cousin Directeur de la Sûreté de l’Etat, actuel Directeur de la Déontologie et de l’Ethique (sic) de la police, le Commissaire divisionnaire Deddahi Ould Abdalllahi. Tous deux figurent sur la plupart des listes de tortionnaires présumés.
Le choix du Premier Ministre Ould Ahmed El Waghef, hier congédié du Programme Alimentaire Mondial (PAM) au motif d’une insolvabilité morale, en d’autres temps comptable de la banqueroute de la SOMAGAZ, de la disparition d’Air Mauritanie, incarne l’abandon du dessein technocratique à l’avantage des coteries d’intérêts. L’option du renoncement aux réformes intervient alors que la Mauritanie enregistre un déficit alarmant de ses réserves de sécurité alimentaire et la baisse de sa production de pétrole. La banalité structurelle des malversations sous couvert d’un appareil de justice ultra vénal, l’endémie du terrorisme depuis la fin de l’année 2007 et la désaffection des touristes et investisseurs assombrissent la perspective. A terme, l’économie globale la fraude - détournement des biens de la collectivité, contrebande de cigarettes, transit de la drogue et commerce des stocks d’armes de la Mauritanie - devront connaître un regain substantiel. Il semble légitime de supputer, d’ici un délai de moins d’un an, l’essor des insatisfactions, d’où l’échec de la nouvelle équipe et une déstabilisation séditieuse du régime.
En conséquence de quoi, Conscience et Résistance, association à caractère politique, après une année perdue à attendre le sursaut civique et devant les signes précurseurs d’une remise à sac du pays :
- Retire, sans nuance, le soutien conditionnel au Président de la République Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi et à son gouvernement et dénonce, l’existence, de l’intérieur de l’Etat, d’un plan de contrôle autoritaire du pouvoir et des ressources du pays ;
- S’engage à combattre le retour de l’impunité, par ses méthodes propres, en conformité à la non-violence et dans le souci de préserver les institutions démocratiques, point de tolérer leur dévoiement par l’Armée et les tribus, encore au dessus de la loi.
- Réitère sa requête en reconnaissance, bloquée, depuis plus de trois mois, par des échelons successifs du Ministère de l’Intérieur.
Elarby Ould Saleck, Porte-parole
Le 20 mai 2008