La crise politique, opposant le Président et son gouvernement à une autre partie de leur majorité, épaulée par la haute hiérarchie militaire, risque de s’installer dans la durée. Le début d’épilogue effleuré dimanche dernier s’est subitement évanoui.
La dernière rencontre tenue entre le Président et les généraux, avant son voyage à Charm el-Cheikh, avait pourtant abouti à un compromis portant sur un arrangement qui sauve la face à chacune des parties. Cette lueur d’espoir s’est éteinte quand l’un des généraux a rendu une visite au PM, dans son bureau, dimanche à dix-huit heures, pour lui signifier le refus des parlementaires acquis au principe de motion de censure d’obtempérer. Pourtant, déjà une consigne a été donnée, côté gouvernement, pour un arrêt systématique des hostilités et des campagnes médiatiques visant à persuader les députés frondeurs.
Lundi dernier, la motion de censure du gouvernement a été finalement déposée. Le Président prenait déjà part, aux côtés des ses homologues africains, au sommet de l’Union Africaine en Égypte. Sidi Mohamed Ould Cheikh avait tenu, malgré le feu qui couve dans le pays, d’assister à ce rendez-vous africain. Un voyage jugé quelque peu inapproprié au moment où le pays traverse une crise dont il est justement juge et partie prenante. Mais, ce déplacement, explique un adversaire de celui-ci, est peut-être un moyen pour lui de nouer des contacts utiles avec quelques dirigeants africains.
Dans ce registre, le député du Rassemblement Démocratique (RD), Moustapha Ould Abeïderrahmane, évoque l’opportunité recherchée par le Président à travers de telles rencontres où il pourrait profiter d’un concours ou d’un conseil éventuel émanant de quelques chefs d’État africains, généralement férus de situations inextricables similaires à la crise mauritanienne, en l’occurrence “le guide de la Jamahiriya et le Burkinabé Blaise Compaoré”. Un conseil qui pourrait lui apporter main forte pour surmonter la crise. L’éventualité de cette hypothèse fortement justifiée par l’état de rapports conflictuels entre le Président et les généraux, qui a fait perdre toute confiance entre ces anciens alliés, aurait poussé d’une certaine manière les généraux, soutient-on, à précipiter les choses. Car, dit-on, le Président n’aurait plus la possibilité d’opérer une quelconque liaison sûre à partir de son palais où toutes les passerelles, pour des raisons de sécurité ou de manque de confiance, nées de cette crise, seraient systématiquement verrouillées, ou du moins, pas du tout sécurisées. Cela est d’autant plus vrai, ajoute-t-on, que ses nouveaux adversaires sont censés être ses protecteurs et informateurs.
Pour Ould Abeïderrahmane, la balle est dans le camp du Président de la République. La crise prendrait, dans le cas échéant, le tournant auquel lui aurait donné celui-ci, à travers son appréciation de la situation et l’action qui serait la sienne.
Il peut, souligne cet ancien chartiste, gérer la crise avec intelligibilité en associant toute sa majorité par le biais d’une concertation tous azimuts (encore une concertation!). Ce qui, précise-t-il, n’est pas une faiblesse. Mais, un courage qui consisterait à destituer le gouvernement conformément à la volonté et à l’aspiration des députés, qui sont de surcroît les élus du peuple. Le Président, renchérit-il, peut au contraire dissoudre l’Assemblée nationale. La loi, dit-il, est de son côté, certes. Mais, il y a la loi, et il y a l’esprit de la loi. Or, dans un tel cas de figure, le Président aura contribué à une crispation de la crise. Et, poursuit-il, envisagerait une consultation législative anticipée. Des élections, qui seraient naturellement gérées par ce gouvernement qui est rejeté par sa majorité. Laquelle n’accepterait, pour une multitude de raisons objectives, la tenue des élections anticipées qui seraient gérées par une équipe gouvernementale contre laquelle une motion de censure a été votée. Par ailleurs, Moustapha Ould Abeïderrahmane, tout en rappelant le rôle indispensable des militaires qu’il considère comme la colonne vertébrale du pays, souligne, toutefois, qu’ils (les députés frondeurs, ndlr) se rencontrent bien, pour une raison d’opportunité politique, avec les généraux, qui sont dans leur droit en demandant au Président d’avoir un œil sur ce qui se passe dans le pays. Cependant, le député RD, pense que celui qui est au pouvoir est appelé à manager correctement et avec doigté. Ould Abeïderrahmane note avec quelque déception, feinte ou naturelle, que l’Union des Forces Progressistes (UFP), nouvelle recrue au sein de la majorité, s’investit à envenimer la crise. Une attitude que ce député juge quelque peu poussant à une réaction putschiste.
Quel que soit l’état d’esprit des uns et des autres, une chose se confirme de plus en plus: Sidi Ould Cheikh Abdallahi est isolé. Isolé, il l’est par lui-même, d’abord, en refusant la posture qui est censée être sienne vis-à-vis des rares soutiens sur lesquels il aurait pu compter, en leur servant de meneur agissant, les envoyant si nécessaire au champ de bataille. Isolé, aussi, il l’est doublement, en quelque sorte, par les généraux qui conquièrent davantage de forteresses, jusque-là considérées, en tout cas, relevant de son domaine politico institutionnel et par bon nombre de ses collaborateurs. Ceux-là mêmes qui demeurent pourtant les premiers bénéficiaires de son système. Ceux qui sont aux premières loges, mais se dérobent de servir, pour celui qui les a promus à cette posture, de boucliers.
Abdelvetah Ould Mohamed
___________
Source: biladi
(M) avomm
La dernière rencontre tenue entre le Président et les généraux, avant son voyage à Charm el-Cheikh, avait pourtant abouti à un compromis portant sur un arrangement qui sauve la face à chacune des parties. Cette lueur d’espoir s’est éteinte quand l’un des généraux a rendu une visite au PM, dans son bureau, dimanche à dix-huit heures, pour lui signifier le refus des parlementaires acquis au principe de motion de censure d’obtempérer. Pourtant, déjà une consigne a été donnée, côté gouvernement, pour un arrêt systématique des hostilités et des campagnes médiatiques visant à persuader les députés frondeurs.
Lundi dernier, la motion de censure du gouvernement a été finalement déposée. Le Président prenait déjà part, aux côtés des ses homologues africains, au sommet de l’Union Africaine en Égypte. Sidi Mohamed Ould Cheikh avait tenu, malgré le feu qui couve dans le pays, d’assister à ce rendez-vous africain. Un voyage jugé quelque peu inapproprié au moment où le pays traverse une crise dont il est justement juge et partie prenante. Mais, ce déplacement, explique un adversaire de celui-ci, est peut-être un moyen pour lui de nouer des contacts utiles avec quelques dirigeants africains.
Dans ce registre, le député du Rassemblement Démocratique (RD), Moustapha Ould Abeïderrahmane, évoque l’opportunité recherchée par le Président à travers de telles rencontres où il pourrait profiter d’un concours ou d’un conseil éventuel émanant de quelques chefs d’État africains, généralement férus de situations inextricables similaires à la crise mauritanienne, en l’occurrence “le guide de la Jamahiriya et le Burkinabé Blaise Compaoré”. Un conseil qui pourrait lui apporter main forte pour surmonter la crise. L’éventualité de cette hypothèse fortement justifiée par l’état de rapports conflictuels entre le Président et les généraux, qui a fait perdre toute confiance entre ces anciens alliés, aurait poussé d’une certaine manière les généraux, soutient-on, à précipiter les choses. Car, dit-on, le Président n’aurait plus la possibilité d’opérer une quelconque liaison sûre à partir de son palais où toutes les passerelles, pour des raisons de sécurité ou de manque de confiance, nées de cette crise, seraient systématiquement verrouillées, ou du moins, pas du tout sécurisées. Cela est d’autant plus vrai, ajoute-t-on, que ses nouveaux adversaires sont censés être ses protecteurs et informateurs.
Pour Ould Abeïderrahmane, la balle est dans le camp du Président de la République. La crise prendrait, dans le cas échéant, le tournant auquel lui aurait donné celui-ci, à travers son appréciation de la situation et l’action qui serait la sienne.
Il peut, souligne cet ancien chartiste, gérer la crise avec intelligibilité en associant toute sa majorité par le biais d’une concertation tous azimuts (encore une concertation!). Ce qui, précise-t-il, n’est pas une faiblesse. Mais, un courage qui consisterait à destituer le gouvernement conformément à la volonté et à l’aspiration des députés, qui sont de surcroît les élus du peuple. Le Président, renchérit-il, peut au contraire dissoudre l’Assemblée nationale. La loi, dit-il, est de son côté, certes. Mais, il y a la loi, et il y a l’esprit de la loi. Or, dans un tel cas de figure, le Président aura contribué à une crispation de la crise. Et, poursuit-il, envisagerait une consultation législative anticipée. Des élections, qui seraient naturellement gérées par ce gouvernement qui est rejeté par sa majorité. Laquelle n’accepterait, pour une multitude de raisons objectives, la tenue des élections anticipées qui seraient gérées par une équipe gouvernementale contre laquelle une motion de censure a été votée. Par ailleurs, Moustapha Ould Abeïderrahmane, tout en rappelant le rôle indispensable des militaires qu’il considère comme la colonne vertébrale du pays, souligne, toutefois, qu’ils (les députés frondeurs, ndlr) se rencontrent bien, pour une raison d’opportunité politique, avec les généraux, qui sont dans leur droit en demandant au Président d’avoir un œil sur ce qui se passe dans le pays. Cependant, le député RD, pense que celui qui est au pouvoir est appelé à manager correctement et avec doigté. Ould Abeïderrahmane note avec quelque déception, feinte ou naturelle, que l’Union des Forces Progressistes (UFP), nouvelle recrue au sein de la majorité, s’investit à envenimer la crise. Une attitude que ce député juge quelque peu poussant à une réaction putschiste.
Quel que soit l’état d’esprit des uns et des autres, une chose se confirme de plus en plus: Sidi Ould Cheikh Abdallahi est isolé. Isolé, il l’est par lui-même, d’abord, en refusant la posture qui est censée être sienne vis-à-vis des rares soutiens sur lesquels il aurait pu compter, en leur servant de meneur agissant, les envoyant si nécessaire au champ de bataille. Isolé, aussi, il l’est doublement, en quelque sorte, par les généraux qui conquièrent davantage de forteresses, jusque-là considérées, en tout cas, relevant de son domaine politico institutionnel et par bon nombre de ses collaborateurs. Ceux-là mêmes qui demeurent pourtant les premiers bénéficiaires de son système. Ceux qui sont aux premières loges, mais se dérobent de servir, pour celui qui les a promus à cette posture, de boucliers.
Abdelvetah Ould Mohamed
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Source: biladi
(M) avomm